LE SILENCE DES VICTIMES (2)

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Nouvel extrait de l’entretien entre Roland André et Anne-Laure Buffet, suite au Silence des victimes. 

RA : Les victimes ont-elles des points communs ? 

ALB : Toutes sont meurtries, abîmées, souillées. Toutes se sentent salies. Elles ont peur et cette peur se démultiplie et se divise, tout autant qu’elle s’empare, envahit les victimes, comme une mérule s’installe dans la cave de la maison pour la grignoter petit à petit. Certaines peurs sont fondées, liées à des évènements, des mots ou des gestes si agressifs qu’ils en deviennent mortifières. D’autres peurs sont des projections, des anticipations, une utilisation de la puissance de l’imagination restreinte à concevoir un nombre incalculable de plans diaboliques, machiavéliques, mis en place par la personnalité toxique pour détruire encore plus.

RA : C’est donc la peur qui domine le plus ? 

ALB : C’est en tout cas le sentiment – et le mot – le plus fréquemment utilisé. Peur de ce qui va être dit, pensé, jugé. Peur des décisions qu’une juge va prendre. Peur de ne pas être compris, de ne pas savoir dire, de trop en dire, de perdre ses moyens devant un tribunal. Peur d’entendre un discours qui viendrait conforter celui de la personnalité toxique. Peur de ne pas savoir ou de ne pas pouvoir protéger ses enfants. Peur d’avoir mal fait, de continuer à mal faire. Peur de devoir éternellement se justifier. Peur de ne pas s’en sortir.

RA : Une victime de violence psychologique sait-elle ce qu’elle vit ? 

ALB : Elle le ressent. Elle sait intuitivement que c’est un viol psychique, une entreprise de destruction. Mais elle ne sait pas le qualifier, elle n’arrive pas à le décrire, elle ne peut rien verbaliser ou formuler clairement. Car la violence détient de nombreuses armes redoutables, dont le brouillard, l’écran de fumée opaque, épaisse, intense, que crée la personnalité toxique. En perpétuel balancement entre chaud et froid, vérité et mensonge, compliments et reproches, la victime ne sait plus ce qui est réel, factuel, ou inventé exagérément pour la mettre à terre. Elle a tendance à minimiser, à s’accrocher aux bons moments, à essayer d’y croire. Il est extrêmement difficile d’admettre qu’on est l’objet d’une arnaque mortelle, qu’on s’est trompé sur l’autre, qu’on a été trompé. Que l’on n’a pas été aimé, mais utilisé. Et cette douleur se renforce quand c’est à un enfant qu’il appartient de comprendre que son parent n’est pas un « bon » parent.

RA : Vous parlez de « bon » parent. Un parent qui fait preuve d’autorité est-il un bon ou un mauvais parent ? 

ALB : Tout dépend de ce que vous entendez par « autorité ». Si c’est une autorité bienveillante, expliquée, cadrante, déterminant des règles et des limites avec l’objectif de permettre à l’enfant de s’y épanouir, de se socialiser, d’être reconnu pour ce qu’il est en tant qu’individu ; si c’est l’accompagner dans des choix sans lui forcer la main mais en indiquant les obstacles, les pièges qui peuvent se dresser ; si l’autorité consiste à rappeler la place que chacun a dans une famille, mais qu’elle ne s’appuie ni sur la critique méprisante, ni sur le dénigrement, ni sur la contrainte psychologique, ni sur la fermeté physique, l’autorité a un sens. Elle mène l’enfant à se responsabiliser, elle lui ouvre la route pour devenir adulte. Elle sait s’adapter et évoluer en fonction des âges et de la personnalité de enfants.
En revanche, si l’autorité est utilisée pour réduire à néant la personnalité de l’enfant, pour en faire une reproduction de l’adulte, des envies, des désirs et des frustrations de celui-ci, si elle oublie le respect du à chaque individu, si elle supprime la liberté de dire, ou de faire, sans raison, sans argument, par simple contrainte et volonté de soumettre, ce n’est dès lors plus de l’autorité, mais de la dictature.
L’autorité n’est pas quelque chose de négatif dans l’éducation, quand elle laisse une place , qu’elle intervient pour être cadrante ou protectrice. Mais quand elle est utilisée dans le seul intérêt de celui qui s’en sert, elle devient destructrice.

DEVANT LE JAF, ÊTRE SOI

12-hommes-en-colere-1957-08-gHenry Fonda – 12 hommes en colère

« Connaissez-vous un avocat spécialisé dans les PN ? »
« Vous pensez qu’il va être assez combattif pour attaquer le monstre ? »
« C’est un bourreau, il faut que le juge l’entende ! »
« Il me faut un avocat qui puisse attaquer ce pervers narcissique qui me détruit… »

Voici le genre de demandes ou de réflexions que j’entends très régulièrement. « Spécialisé PN », « attaquer »… juger et condamner.
Aussi, il me semble important de préciser un point. Lorsque vous vous retrouvez devant le JAF, celui-ci n’est pas destiné à faire un procès à l’une ou l’autre des parties. Vous êtes au civil, non au pénal. Ce n’est pas d’un crime ou d’un délit dont il est question, mais d’une séparation, d’un divorce, du règlement de ceci, des conditions du partage, de la garde des enfants.

Bien sûr, la personnalité toxique fera en sorte de dire que VOUS êtes un(e) escroc, un(e) usurpateur, que vous l’avez spolié, dupé, ruiné, que vous êtes monstrueux(se) avec les enfants et totalement destructeur(trice). Et tant d’autres choses encore, dont vous n’avez pas la moindre idée. Parce que la personnalité toxique a bien plus d’imagination que vous, et ne recule devant rien, dépourvue de toute empathie, de toute bonne foi, et de toute crainte devant la justice, et devant les autres (et je pourrais dire : devant Dieu). Vous allé(e) être complètement remis(e) en cause en tant qu’humain, que compagnon ou compagne, parent…
Vous allez lire des attestations faites contre vous des plus mensongères aux plus cruelles. Vous allez découvrir « votre » vie, celle qui est créée de toutes pièces, dans le seul but de vous détruire.
Et ceci n’est que résumé… Car il est possible de détailler longuement ou de donner de multiples exemples. Si je ne le fais pas dans cet article, c’est par souci de ne pas en « rajouter ». À celles et ceux qui sont actuellement en procédure ou s’y préparent, il est important de faire entendre que le pire est souvent à prévoir. Et qu’une fois que le pire a été prévu, il faut imaginer ce que le Diable y ajouterait comme ingrédients personnels.

Et il vous faut contre attaquer. Il vous faut une fois de plus argumenter. Et présenter une réalité. LA réalité. La VRAIE histoire. Comment ? Comment prouver ces comportements violents et destructeurs ? Comment prouver la toxicité de l’autre ? EN commençant par s’attacher aux comportements à proprement parler et non à la personnalité de l’autre. Bien sûr, des enquêtes médico psy sont toujours possibles, et dans ce cas la victime a le désir plus ou moins secret que l’expert mette en avant une personnalité psychopathe, pathologiquement destructrice, mythomane, mégalomane, schizoïde, perverse, pulsionnelle… Bref, que l’expert puisse écrire et affirmer : untel(unetelle) est un Hannibal Lecter en puissance, un Hannibal Lecter de l’âme, de la pensée, du cerveau.
Bien souvent les victimes sont déçues par ces rapports et d’autant plus déçues qu’elles y ont mis un espoir immense, celui d’être reconnue comme victime, et que le crime dont elles sont victimes soit dénoncé. Qu’enfin, l’autre soit qualifié pour ce qu’il est.
Or, en affaires familiales, ce genre de rapport se présente bien peu souvent.
On trouvera des termes comme « personnalité très réactive », « psychorigide », « instable »… Mesure fois encore et à quelques exceptions près, la perversion narcissique, la psychopathie, la dangerosité ne seront pas soulignées.

Bien souvent aussi les victimes se retiennent de dire, de raconter la vérité. Par peur que leur bourreau ne le sache, et ne s’en prenne à nouveau à elles. Elles le protègent par défaut, en pensant se protéger.

Aussi, il est important de se présenter devant le JAF en étant préparé. Préparé(e) à ne pas faire condamner l’autre, mais à faire constater des actes et des comportements, ainsi que la conséquence de ceux-ci. Conséquences matérielles, financières, professionnelles, conséquences sur les enfants, conséquences sur l’estime de soi. Conséquences sur SOI.
Oui, mais comment ?
Quel avocat peut comprendre ?

Un avocat peut toujours comprendre. Ce qu’il faut préparer, c’est ce qui va lui être dit. Ce sont les demandes qui lui seront faites et qu’il devra plaider. Ce sont les arguments dont vous allez disposer.

Face à la violence psychologique, se faire aider et accompagner est indispensable, et même en amont d’un travail avec un avocat. La première chose à établir, en travaillant sur la reconstruction de soi, est le discours à tenir. Pour une fois, vous allez devoir parler de vous, et non de l’autre. Le laisser « sujet » de la discussion vous met à nouveau en retrait, vous laisse « objet ». C’est à votre tour de prendre les choses en main et parler de VOUS.
Il faut également refaire le cours de sa vie. Penser, en se faisant aider s’il le faut, à l’écrire, pour remettre en situation les faits. Pour estimer la répétition de la violence. Même tue, même silencieuse, même ignorée par l’entourage, c’est cette chronologie qui va permettre à votre avocat de comprendre que vous êtes bien face à ce qui constitue la violence psychologique : la répétition des faits visant à vous nuire et vous détruire.
Il faut aussi fouiller sa propre vie. Vous l’ignorez. Mais il existe toujours des preuves, des éléments qu’on peut apporter pour montrer la violence, la souligner. Pour montrer les incohérences, les paradoxes, les compromis que vous avez du faire. Pour montrer les silences auxquels vous êtes confronté(s). Vous allez devoir sans doute reprendre des contacts. Il vous faudra oser demander de l’aide, ce que vous pensez tout aussi impossible qu’interdit.
Là encore, ce ne sont que quelques pistes.

Ce qui est essentiel, c’est de vous attacher à montrer et démontrer votre vécu. Votre histoire. À parler de vous, et non de l’autre. Il n’est pas question d’épargner cet autre. Il est question de ne pas se présenter avec l’idée de faire condamner un coupable déjà jugé.
Il est question de faire entendre votre état. Pas d’obtenir réparation parce que l’autre sera déclaré « fou », « malade », ou « bourreau ».

Il est question de justice. La justice applique le droit. De de fait, elle est considérée comme juste, puisqu’objective en fonction des éléments qui lui sont donnés.
Elle tranche sur des faits. Sur des éléments précis. Elle n’aime pas les suppositions. Elle n’aime pas qu’on juge à sa place. Elle n’aime pas être dépossédée de son droit… à dire le Droit.

Pour toute information : ou

©Anne-Laure Buffet

QUESTION DE TEMPS

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©Agnes Baillon

« J’ai honte,  je ne vous ai pas donné de nouvelles depuis longtemps. »

« Vous devez penser que la folle c’est moi, puisque je vous ai demandé des conseils, et ensuite j’ai disparu… »

« Vous avez raison, mais je n’ai pas voulu vous écouter. Aujourd’hui, je me rends compte que j’ai pris beaucoup de retard, et que j’aurais pu agir beaucoup plus rapidement. Peut-être que mes enfants auraient été plus protégés. »

« je vous ai beaucoup sollicitée l’année dernière ; après je suis resté silencieuse. Pourtant j’ai appliqué vos conseils et les choses ont changé. Est-il possible de reprendre un rendez-vous et d’en parler… »

À quelque chose près, voici le genre de phrase qu’il m’arrive d’entendre régulièrement au téléphone, lorsqu’une personne en souffrance, ou au moment de sa prise de conscience, me contacte à nouveau.

Il faut admettre, que ce soit en tant que thérapeute, en tant qu’avocat, entend que personnel soignant, ou encore tout simplement comme proche comme membre de la famille ou en tant qu’ami, une personne qui se retrouve confrontée à de la violence psychologique a besoin de temps pour admettre que ce qu’elle perçoit est LA vérité. Lorsque l’on commence à comprendre la situation que l’on traverse face un conjoint ou un parent dont les comportements sont toxiques, l’acceptation prend nécessairement du temps, et d’autant plus de temps que la relation d’emprise s’est installée dans la durée, ou encore qu’elle est liée un affect particulier. L’acceptation en tant que conjoint, compagne, ou amis, ne peut être la même que celle d’un enfant, même devenu adulte, qui prend conscience des comportements maltraitants et toxiques d’un de ses parents, ou des deux.

Avant même la prise de conscience, il existe un sentiment, diffus, et pour autant étouffant. La personne confrontée à la violence psychologique ressent cette violence sans pouvoir la nommer, sans pouvoir la palper. Elle sait que ce qu’elle vit n’est pas normale, elle s’est que les choses devraient être autrement, et pour autant elle semble paralysée. L’un des facteurs qui causent cette paralysie elle a peur. L’autre, le plus important à ce stade, elle doute. La question qui revient le plus fréquemment est : « ai-je raison de me méfier ? Ai-je vraiment conscience de ce que je vis ? Ai-je raison de me sentir victime ? Est-ce qu’on est victime toute sa vie ?… »

C’est souvent à ce stade que les premières interrogations sont formulées. La personne en souffrance se tourne alors vers ses proches, quand elles le pourront encore, vers sa famille, vers des professionnels. Pour autant elle a encore du mal à exprimer ce qu’elle ressent. Il faut alors être particulièrement à l’écoute, savoir entendre entre les mots, ou comprendre entre les lignes, pour tenter d’apporter la première réponse la plus réaliste et la plus objectif possible à celui ou celle qui se trouve alors dans le questionnement. Il ne faut jamais non plus perdre de vue que cette personne vient avec un questionnement, mais que la réponse à son questionnement peut bouleverser l’intégralité de sa vie, de ce qu’elle a mis en place, de ce qu’elle a construit, même si cela la fait souffrir au quotidien.

Aussi, lorsqu’il est dit à cette personne qu’elle a parfaitement compris ce qu’elle vit, qu’elle a parfaitement raison de vouloir de nommer comme de la maltraitance ou de la violence psychologique, ou encore comme de la manipulation et du harcèlement, quand il faut lui dire qu’elle est effectivement victime de comportement toxique qui à terme l’amèneront à une destruction psychique voire physique, qui dans certains cas la pousseront aux tentatives de suicide, il faut à la fois être lucide, prudent, patient, toujours dans l’écoute, essentiellement dans la compréhension et l’acceptation du temps qu’il va falloir à  ladite victime pour être dans l’action positive et combative dans son intérêt, et souvent celui de ses enfants.

Si les paroles formulées par un proche ou encore par un professionnel peuvent être brusque pour la victime, il n’est pas pour autant question de la brusquer. Il est question de l’amener à une prise de conscience, de l’amener à accepter que ce qu’elle ressent est la réalité. Il n’est pas question de la forcer à une action dont elle n’est pas encore capable.

Aussi, il peut arriver que des victimes se présentent, avec une bonne conscience de ce qu’elle traverse, capable d’exprimer leurs souffrances, leurs craintes, et leurs besoins que la situation, leur situation, soit qualifiée.  Elles en ont besoin car c’est un premier pas vers la réhabilitation, vers le sentiment d’exister, ce qui est totalement retiré à une victime de violences psychologiques.
Cela dit, une victime en grande souffrance qui prend conscience ou qui est amenée à prendre conscience de ce qu’elle traverse, se retrouve face à un abîme : que faire ? Quelle action doit être menée ? Comment agir ? Comment sera demain ? Et ce qui contraint essentiellement sa réflexion c’est la peur, et même la terreur, que le harcèlement et les violences ne cessent jamais, et au-delà de ça être incapable de pouvoir se reconstruire.

C’est pour cela que de nombreuses victimes, alors que l’entourage ou les professionnels les informes, les accompagnent, tente de leur offrir les conseils et l’aide des plus judicieux possible, semble s’enfermer dans une situation de souffrance pourtant exprimée, et donne le sentiment à ce qui les observe de ne rien faire, voir même de se complaire dans cette situation.

Porter un tel regard sur les victimes : « finalement, ça doit bien lui convenir. Elle devrait arrêter de gémir, elle devrait se prendre en main. Il y a sûrement des choses à faire, mais elle ne le fait pas… » ne fait qu’aggraver la souffrance, ne fait que participer à la violence psychologique déjà en place, ne fait que condamner une fois de plus ladite victime. Entre le moment où pour la première fois l’exprimer sa souffrance et sa peur, et le moment où elle va mettre en action et en œuvre ce qui va lui permettre de se libérer de se reconstruire, il peut se passer des mois, parfois des années. Des mois, des années qui seront alors faites de silence, de repli, pendant lesquelles la victime peut se renfermer d’autant plus. C’est souvent dans cette période-là que les proches se retirent ou s’éloignent, paradoxalement c’est dans cette période-là qu’il faudrait qu’il soit le plus présent, aussi difficile que ce soit, aussi incompréhensible que ce soit.

Et si parfois la victime peut se montrer un peu « envahissante » par ce qu’elle a particulièrement besoin d’aide à un moment précis, et que la même victime, semble ensuite se renfermer ou se taire, lui fermer la porte ne plus vouloir l’écouter lorsqu’elle revient, c’est la condamnée. Il faut essayer de se mettre un petit instant à la place de cette victime, essayer de comprendre son fonctionnement et son psychisme. L’un des sentiments les plus présents chez les victimes de violences psychologiques et le doute. L’incompréhension. Et la honte. Honte de vivre, de « supporter » ce qu’elle supporte, honte de ne pas réagir, (car elle pense qu’elle devrait en avoir les moyens…), Honte d’avoir demandé de l’aide, d’avoir le sentiment d’avoir dérangé, et en ces temps tu d’avoir fait preuve d’ingratitude ou de lâcheté.

Ce qui doit rester essentiel, c’est cette volonté qu’elles manifestent de nouveau non seulement de comprendre, mais aussi et surtout d’être aidée, d’être accompagné, de s’en sortir, de mettre en œuvre l’essentiel pour dire enfin stop ! à la violence subie.

Ainsi, à toutes celles et ceux qui ont prient contact avec des amis, avec de la famille, avec des professionnels, à toutes celles et ceux qui ont demandé  de l’aide, qui ont appelé « au secours », puis qui se sont tus, il est urgent de dire : « n’ayez pas honte ! N’ayez pas honte du doute qui vous a habité, n’ayez pas honte du temps passé, n’ayez pas honte d’être devenu mutique ou taiseux. » et ce qu’il est encore plus urgent de leur dire, c’est : « bravo ! Le temps passé est passé, ce qui compte aujourd’hui c’est que tu veuilles transformer ton présent et ton avenir. Et n’oublie pas si on ne peut modifier le passé, le futur construit le présent. »

N’ayez pas honte. La famille, les amis, mais encore plus et surtout les professionnels, avant tout, sont à même de comprendre. Et doivent comprendre. Ils ne sont pas là pour juger, ils ne doivent jamais juger. Ils doivent répondre présent.

©Anne-Laure Buffet

GROUPES DE DISCUSSION & FORMATIONS – DATES À VENIR

1° GROUPES DE DISCUSSION
Les groupes de discussion et de réflexion du 1er trimestre 2015 portent sur le thème :
« PARENTS TOXIQUES – ENFANTS EN SOUFFRANCE »

21 MARS 2015 : PARENTS TOXIQUES – ENFANTS EN SOUFFRANCE – LA DIFFICILE NOTION DU PARDON

Parents toxiques , enfants en souffrance
Nous recevrons Virginie Megglé, psychanalyste, auteur du livre :
« Aimer ses parents même quand on en a souffert », ed Harmonie Solar

GROUPE COMPLET

11 AVRIL 2015 : PARENTS TOXIQUES – ENFANTS EN SOUFFRANCE – INCESTUEL ET INCESTE

9 MAI 2015 : PARENTS TOXIQUES – ENFANTS EN SOUFFRANCE – LE DÉNI PARENTAL

6 JUIN 2015 : PARENTS TOXIQUES – ENFANTS EN SOUFFRANCE – ÊTRE À L’ÉCOUTE DE SES ENFANTS

INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS À CES GROUPES :

2° FORMATIONS : (RÉ) APPRENDRE À COMMUNIQUER & À EXISTER

25 MARS 2015 : COMMUNIQUER AVEC UN NOUVEAU COMPAGNON

1er AVRIL 2015 : COMMUNIQUER AVEC SES ENFANTS

27 MAI 2015 : CONFIANCE EN SOI – ESTIME DE SOI – AMOUR DE SOI

24 JUIN 2015 : COMMUNIQUER AVEC L’AUTRE

INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS À CES GROUPES : 

L’ESPT ET LE SYNDROME D’ÉVITEMENT

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ESPT. État de stress post traumatique. Une des conséquences pour les victimes d’avoir vécu en étant soumises à un comportement toxique. L’état de stress post traumatique, connu pour les victimes d’attentats, de guerre, de prises d’otages, de catastrophes naturelles, aériennes… commence à être pris en compte pour les victimes de personnalités toxiques et de pervers narcissiques.

L’État de stress post-traumatique (ÉSPT) est un trouble anxieux se caractérisant principalement par le développement de symptômes spécifiques faisant suite à l’exposition à un événement particulièrement stressant ou à un événement traumatique extrême qui a impliqué la mort, une menace de mort, des blessures graves et/ou une menace à l’intégrité physique de la personne et/ou à celle d’autrui.

L’état de stress post traumatique, en fait, c’est l’impossibilité de contrôler des sentiments, des comportements, des réactions. C’est ce que provoque, entre autres, la « mauvaise madeleine ». Les victimes souffrant d’ESPT sont en souffrance. Elles peuvent être victimes pour avoir directement vécu le trauma ou pour en avoir été témoin.

Niveaux d’état de stress post traumatique ESPT aigu = symptômes persistant moins de 3 mois ESPT chronique = symptôme persistant 3 mois et plus ESPT avec survenue différée = au moins 6 mois se sont écoulés entre l’événement traumatique et le début des symptômes .

Noter que les symptômes et l’importance relative de la reviviscence ou réexpérience (revivre l’événement traumatisant), de l’évitement, de l’hyperactivité neurologique et de la détresse peuvent varier dans le temps. La durée des symptômes est variable avec une guérison complète survenant en trois mois dans environ la moitié des cas alors que de nombreuses autres personnes ont des symptômes qui persistent plus de douze mois après le traumatisme, voir même, durant plusieurs années. Tant et aussi longtemps que la personne ne prendra pas la décision de se prendre charge et aller consulter pour recevoir l’aide nécessaire à son rétablissement.

Le syndrome d’évitement est consécutif de l’ESPT. Syndrome d’évitement : Comportement qui consiste à éviter la confrontation avec l’objet, la situation, la personne ou l’animal phobogène, la simple anticipation déclenchant une réaction anxieuse importante.

Ces comportements, qui font partie intégrante de la névrose phobique, peuvent devenir très invalidants, le patient refusant de sortir de chez lui de peur d’être confronté à sa phobie. Ils permettent de lutter contre l’angoisse, mais celle-ci est susceptible de réapparaitre à la simple idée d’avoir à affronter la situation phobogène. À un degré moindre, chez les personnalités anxieuses ou évitantes (dites classiquement phobiques), l’évitement de toute relation propre à impliquer des engagements d’ordre affectif, sexuel ou agressif, se traduit par des comportements de timidité, d’inhibition et de trac. Un traitement psychothérapique est indiqué.

Le syndrome d’évitement constitue une sorte de « zapping » des pensées, images, sensations et des situations rappelant ou symbolisant les circonstances du traumatisme initial. Parfois, le traumatisé lutte contre le sommeil pour éviter les cauchemars. Cela peut devenir un réel handicap social Les conduites d’évitement ne sont pas des phobies, car là aussi il s’agit d’éviter une situation bien précise en rapport avec un événement récent bien identifié. (1) La conduite d’évitement dissimule souvent le refus du conflit, fréquent pour les victimes souffrant d’ESPT.

Pour exemple, ces témoignages :  » Je sursaute pour un rien, je suis très solitaire, souvent sur mes gardes, je suis toujours très anxieuse, j’évite d’aller faire mes courses aux heures de pointe, je n’ai pas de vie sociale ou si peu… »  » Je pleure pour un rien, j’ai peur d’aller me coucher, je suis comme une enfant, il me faut de la lumière. Et un doudou… »  » Dès que l’on me fait une remarque, je la prends comme un reproche, je me renferme et ne sais jamais quoi dire ou comment réagir… »  » Je ne supporte pas qu’on me demande mon avis. Il va être jugé ; je vais être jugée. »

Pour les personnes qui n’ont pas été soumises à un trauma, il est difficile de comprendre l’ESPT. Pourquoi un évènement anodin, pourquoi quelque chose d’aussi simple que d’aller ou acheter du pain ou répondre au téléphone, entraîne des blocages, de l’anxiété, cette « paralysie » du mouvement et de la pensée ? Les victimes, confrontées au trauma puis à la souffrance, sont en plus exposées au jugement extérieur et aux difficultés à se faire entendre et comprendre. Déjà confrontées à l’isolement, elles s’enferment de plus en plus sans savoir comment se sortir de cette impasse complète.

Guérir de l’ESPT est heureusement possible, en se faisant accompagner par des thérapies adaptées et des professionnels formés à la victimologie ou / et à la souffrance des victimes. Il faut en premier lieu identifier le trauma. Or le trauma tel qu’exprimé par la victime ne sera pas toujours le trauma ayant causé l’ESPT. Identifier la cause permet d’évaluer la conséquence. Pour pouvoir identifier cette cause et de ce fait travailler en thérapie sur le comportement d’évitement et le trouble anxieux, il est indispensable que la victime se sente en confiance, écoutée et comprise, sans jugement extérieur. « Le travail que j’ai fait avec vous m’a aussi beaucoup aidée ces derniers temps, peut-être parce que vous vous êtes spécialisée dans le suivi des victimes et il me semble (mais je demande rarement à un psychanalyste son CV… ) que c’est la formation qui manque souvent aux psy traditionnels qui ne sont pas des « victimologues »… »

 

(1) Institut de Victimologie

©Anne-Laure Buffet