MOI VICTIME JE MENE UN COMBAT DE TITAN – TÉMOIGNAGE

shhhh

19/7 1h45 et je n’arrive pas à m’endormir …. Je suis pourtant si fatiguée , trop fatiguée et je n’arrive pas à trouver le sommeil.

Plus les jours passent et plus je me dis que rien ne sera jamais plus pareil.

Comme si la prise de conscience n’était pas suffisante, en plus du victimologue je suis désormais suivie par un psy qui m’aide à reconstruire ma vie, la mienne avec mes idées, mes valeurs, mes envies, mes besoins, pas ceux de l’autre « machin » (c’est ainsi que je l’appelle) ! « Machin » m’a volé ma vie pour me faire vivre la sienne !

Il m’a totalement aliénée mentalement, il est allé si loin qu’il a fait de moi un pantin, une marionnette dont il tirait toutes les ficelles !

Peu importe la façon, peu importe la manière , il fallait que je file droit, sinon gare a moi !

Aujourd’hui j’en ai vraiment assez de devoir tenir debout, de devoir me faire soigner de tout ce qu’il m a infligée, alors que lui est toujours en liberté et qu’il n a même pas encore été convoqué ! J en ai assez d’attendre , c’est insupportable ! Personne ne peut imaginer à quel point.

J’en ai assez d avoir peur , de faire des cauchemars , alors que pendant 18 ans j’en ai vécu un. J’en ai assez de voir mon corps se décharner, mon visage se creuser, mes yeux se cerner .

J’en ai assez de masquer ma souffrance, ma peur et mes angoisses derrière un sourire laissant à penser que je vais mieux. Et comme pour mieux convaincre et dissimuler que je suis en train de sombrer , je ne cesse de faire mon clown , de faire rire , de toujours user de mon sens de l’humour, de faire des jeux de mots, des imitations.

L’ humour… La seule chose qu’il n a pas réussi à m arracher ,

C’est ce petit rien , selon les médecins et les psys, qui m’aurait permis de tenir le coup durant tant d’années.

C’est ce petit rien qui serait ma force , ma seule ressource. Qui m’ aide encore a tenir debout. Qui peut croire cela ?

Encore aujourd’hui je me demande comment je fais pour me lever, m’ habiller, aller travailler, me concentrer, être celle qui a toujours fait semblant que tout allait bien et qui ne cessait de défendre et protéger « machin » , mon bourreau, mon assassin !!!

Oui un assassin , car tout ce qu’il m’a infligé, fait endurer, était calculé, prémédité, mûrement réfléchi. 

Tous ses mots. Ses actes, ses gestes, cruels ,violents et malsains étaient conscients, sans aucun regret ni aucun remord, bien au contraire. Car non satisfait de m’avoir laminée , la cause était toujours la même : c’était de ma faute, j’avais tort et je l’avais poussé à bout !

Moi qui était à genou, à terre, je l’ai poussé à bout ?

Oui ! « Machin » est un assassin ; il a tout fait pour me tuer et il y est parvenu !

Alors quand sera t-il entendu ?

Je n’en peux vraiment plus ; les médecins, victimologue, psy , me disent qu’il faut du lâcher prise … Oui c’est sûr, je crois que je vais finir par lâcher prise…. Le moyen le plus simple de me libérer de l’emprise diabolique, perverse et tyrannique de « machin » pour qu’enfin je puisse me sentir bien.

Jai tellement dérouillé qu’aujourd’hui je me dis que je préfère mourir debout que de continuer à vivre à genou. S’éteindre petit à petit est pire que tout .

Mieux vaut s’en aller apaisée une bonne fois pour toutes. Fini les peurs, les craintes, les angoisses et la douleur.

Je fais tout pour tenir le coup en attendant que la justice aille jusqu’au bout pour me redonner confiance et réparer mes souffrances.

Je n’ai aucun désir de vengeance ; je veux juste éviter le pire, qu’il recommence.

Le seul moyen de l’arrêter dans sa folie meurtrière et dans sa conviction de toute puissance est que la justice le condamne à enfin prendre conscience qu’il est grand temps qu’il se fasse soigner et j’ose même penser :  Qu il soit condamné !

Je m’accorde encore ce droit de rêver que ma cause sera entendue et ce pour toutes les victimes qui n’ont pu l’être soit parce qu’elles ne sont plus là, soit parce qu’ elles n’ont pas pu, alors qu’elles auraient toutes voulu!

Il n’est pas facile d’être une victime , c’ est plus aisé d’être le coupable parce qu’il bénéficie de la présomption d’innocence !

La victime, elle, se sent coupable de son silence !

Moi, Victime, je mène un combat de titan pour tenir chaque instant et lui, coupable, se pavane tranquillement !

Le vent de la vérité va- t- il enfin souffler ou va t’on me laisser crever ?!

Et il pourra alors dire : « Vous voyez je vous l’avais dit, ce n’est pas moi, c’est elle ! Pas étonnant. Je vous l’avais dit  : elle est complètement cinglée! » Et là la boucle sera bouclée !

J’AI PRIS CONSCIENCE DE TOUTE L’INCOMPÉTENCE DES SERVICES DE POLICE ET DE LA JUSTICE – TÉMOIGNAGE

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Le témoignage ci-dessous a été communiqué à l’association CVP par une victime de violence conjugale, psychologique, physique, sexuelle, économique. Les victimes sont au nombre de quatre : elle, et ses trois enfants. L’incompréhension des forces de l’ordre, des magistrats, des avocats, l’absence de soutien, l’abandon manifeste de la société, l’ont conduite à une situation de précarité à laquelle s’est ajoutée une détérioration de son état de santé et des manifestations invalidantes et douloureuses.
Cette situation n’est pas unique.
Cette situation traduit le manque de temps, de moyens, de formation, d’implication des professionnels.
Cette situation met en danger non seulement des familles, des enfants, mais l’équilibre de la société fondée sur des valeurs piétinées chaque jour, à huis-clos, dans les commissariats, dans les bureaux des professionnels, dans les tribunaux et salles d’audience.
Et il est à craindre que si personne ne réagisse, cela n’aille qu’en se dégradant encore plus.

A celles et ceux qui pensent que la justice, le droit et le respect de la vie humaine sont des valeurs essentielles à respecter, je dis : Ne baissez pas les bras. Ne soyez pas innocents. Il faut se battre et continuer se combat, chaque jour.

Anne-Laure Buffet, Présidente de l’association CVP – Contre la Violence Psychologique    

J’ai été mariée 13 ans à un pervers manipulateur.

J’ai rencontré M. en mai 1989. Il effectuait son service militaire dans la ville où je vivais.

Il faisait un « service long » et je devais entrer dans l’armée, aussi je suis allée à la caserne qui organisait un week-end porte-ouverte. J’étais en compagnie de ma soeur cadette et nous nous sommes très vite faites abordées par un groupe de jeunes militaires. Parmi eux, il y a avait M.

Je lui trouvais beaucoup de charme, il était de plus souriant et il avait beaucoup d’humour.

Il avait 21 ans et moi 22.

Nous nous sommes très vite mis en couple (4 mois après notre rencontre). Je l’ai fait entrer dans l’agence de voyages où je travaillais. Il est devenu G.O , tout en préparant son concours de gardien de la paix , pour lequel je l’aidais à se préparer.

Il venait d’un milieu modeste, d’une famille recomposée. Ses parents avaient divorcés alors qu’il avait 6 ou 7 ans et sa mère s’est très vite remariée avec un « célibataire endurci » plus âgé qu’elle. J’apprendrai bien plus tard que son père biologique avait été évincé de sa vie.

Je venais d’un milieu aisé, avec une fratrie de 7 enfants, mes parents sont restés mariés 66 ans jusqu’à la mort de mon père en septembre 20xx.

M et moi nous sommes mariés en mai 1991 et notre 1er enfant est né en février 1992.

LIRE LE TÉMOIGNAGE 

TÉMOIGNAGE : MADAME, IL NE FAUT PAS LUI DIRE QUE VOUS L’AIMEZ

Woman standing behind cloth sheet, silhouette (B&W)

Woman standing behind cloth sheet, silhouette (B&W)

Demain, samedi 9 avril, groupe de discussion : « Les mots qui font mal ».
Avant ce groupe, un témoignage :

« C’est très récent, car ma petite XXX est suivie depuis quelques mois pour des troubles du sommeil dans un CMP par une infirmière psychologue.
J’avais rencontré cette infirmière afin qu’elle connaisse mon histoire, notre histoire… Comme la situation n’évoluait pas et je me sentais exclue du suivi de XXX, j’ai envoyé un courrier dans lequel je souhaitais pouvoir rencontrer le pédopsychiatre.
Après quelques semaines d’attente, j’ai enfin obtenu un rendez-vous mais il fallait que ce docteur voit Monsieur avant moi !!!
Je suis donc arrivée au RDV, confiante car je n’avais rien à me reprocher jusque là.
Elle m’a tout de suite dit qu’elle ne comprenait pas pourquoi je n’avais pas demandé la garde principale de XXX. Je lui ai donc expliqué la situation (vécue pendant 20 ans avec un PN qui me battait…). Elle m’a alors dit que je n’étais pas logique dans mon raisonnement et qu’elle ne comprenait pas ce que je disais.
Ensuite nous avons parlé des relations que j’avais avec ma mère, des relations que j’ai décrites comme fusionnelles. Elle me répond qu’elle ne comprend pas que si j’avais de telles relations, pourquoi je ne lui ai pas dit que j’étais battue, je lui dis que c’est parce que je voulais la préserver mais selon elle, on ne préserve pas les gens qu’on aime !!!!
Elle me parle de l’éducation que j’ai eue, est-ce que ma mère était autoritaire, je lui dis que non car j’étais une enfant facile, sans problème. Elle me répond que non, c’est parce que ma mère cédait à tous mes caprices que j’étais facile !!! Comment peut-elle juger sans connaître ?
– Un jour, XXX m’a dessinée dans un cercueil, je l’explique à ce docteur et voilà son retour :

« Vous êtes une personne toxique, si j’étais juge je vous empêcherais de voir la petite, elle aura de graves problèmes de comportement plus tard … ».
Voici quelques charmantes citations de sa part :
– Si vous étiez battue, pourquoi avez-vous eu un enfant ?

– Je ne comprends pourquoi vous êtes restée 20 ans avec quelqu’un qui vous traitait mal ?

J’explique que je dis à XXX à chaque fois que je la voit que je l’aime et que je ne l’ai pas abandonnée. « Madame il ne faut pas lui dire que vous l’aimer, de l’amour tout le monde en a revendre. XXX n’attend pas ça de vous !!!
« Vous êtes une bonne maman mais une mauvaise mère , il faut vous faire soigner, suivre une thérapie pour apprendre à être une bonne mère. XXX est une poupée pour vous !!!!
Cet entretien a duré 2 heures, j’avais tort sur tout.
C’était affreux, je me suis revue quelques années en arrière, à baisser la tête et à lui dire qu’elle avait raison et que j’allais me soigner. Le mécanisme, après 3 longues années de reconstruction, s’est réenclenché rapidement : c’est moi la coupable, c’est moi le problème !!!
Ce médecin a écouté la version de mon ex mari et ne m’a pas laissé m’exprimer.
Aujourd’hui, elle m’a détruite à nouveau, je vais me relever pour continuer de me battre pour XXX. Mais quand et comment, je n’en sais rien. »

JE TE L’AVAIS DIT QUE TU CRÈVERAIS SEULE À FORCE DE FAIRE LA FIÈRE – TÉMOIGNAGE

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Un long témoignage d’une victime ayant connu la violence psychologique, physique, et sexuelle.
Etat de sidération, soumission, incompréhension, doutes, peur, dénigrements, mensonges, humiliations, remises en cause permanentes, impossibilité d’agir, isolement…

Une relation, comme toute relation violente et perverse, fondée sur le mensonge, l’utilisation du passé, la transformation des faits et de la réalité, et la contrainte – un témoignage précis qui décrit l’évolution de cette relation et la toxicité à laquelle la victime n’a pas pu résister.

Bonjour Madame,

Je viens de terminer la lecture de votre ouvrage. Je m’adresse à vous pour témoigner car je me trouve complètement détruite psychiquement, physiquement et je m’enfonce chaque jour davantage.

Après être restée 12 ans à Paris pour des raisons professionnelles, j’ai regagné ma ville natale en province en juin 2014, une leucémie myéloïde aigüe ayant été diagnostiquée chez ma mère, seulement trois ans après le décès brutal de mon père. Dès mon arrivée, j’ai dû faire face à l’accompagnement de ma mère dans tous les traitements qui lui ont été proposés pour son cancer (échouant tous successivement), à me refaire une place professionnellement. Et tout cela en me trouvant totalement isolée dans une grande ville où je ne connaissais plus personne, où je n’arrivais même plus à m’orienter, et étant fille unique, célibataire, sans enfant.

A ce moment, j’ai été contactée par un ancien camarade de lycée qui avait trouvé mes coordonnées par un organigramme professionnel. Il se disait divorcé depuis 8 ans et père de deux enfants de 10 et 16 ans dont la garde avait été confiée à leur mère et qu’il voyait un week-end sur deux. Nous nous sommes revus et nous avons entamé une relation très vite, trop vite à mon goût en février 2015. Mais il me donnait l’impression d’être enfin vivante, de n’être plus seule pour faire face à tout ce que j’endurais. Il m’inondait de texto, d’appels téléphoniques, de mails, d’invitations au restaurant, à l’opéra… Très vite, mes journées n’ont été rythmées que par lui. Il m’offrait des fleurs ainsi qu’à ma mère malade, proposant son aide en tout, me disant qu’il était amoureux de moi depuis le lycée, qu’il m’avait toujours eu dans le cœur, que son mariage était un «  accident », qu’il était tombé sur une manipulatrice et une profiteuse ( précisant qu’il avait dû verser une prestation compensatoire de 200 000 euros et en plus devoir une pension importante tous les mois) mais que notre relation était unique.

Il est vrai qu’au lycée, nous étions restés des amis inséparables pendant deux ans et lui, avait tenté un petit flirt mais je n’étais pas dans les mêmes émotions ni dans les mêmes envies. Puis la vie nous a séparés, j’ai voulu faire des études longues car j’étais une passionnée (j’aimais apprendre, je voulais découvrir, évoluer…) et lui avait eu péniblement son bac et a voulu partir pour un service militaire long («  pour voir », disait-il). Il a continué à chercher à me revoir, à m’écrire, à m’envoyer des cartes pendant des années. Il est vrai que je ne lui avais pas répondu ou pas dans le sens qu’il le souhaitait parce que quelque chose ne me plaisait pas dans cette situation et que j’avais un mauvais ressenti.

                 Lorsque nous nous sommes revus, il a commencé directement à me reprocher de ne pas lui avoir répondu. Je lui ai dit en riant que c’étaient maintenant de (très) vieilles histoires et que d’ailleurs, çà ne l’avait pas empêché de se marier et d’avoir des enfants. Là, il m’a répondu que justement si j’avais répondu à ses lettres et que notre relation soit allée plus loin, il n’aurait jamais épousé cette femme et que ce divorce qui avait ruiné sa vie affectivement et financièrement n’aurait jamais eu lieu. Il m’a dit que son échec était de ma faute. J’ai cru à une plaisanterie, je trouvais presque romantique qu’il évoque ces souvenirs. Après tant d’années, j’étais flattée…Puis, il devenait récurrent dans nos conversations que le fait que je n’avais pas répondu à ses sollicitations sentimentales d’un lointain passé me rendait responsable et comptable du gâchis de sa situation actuelle.

Un jour, il a ajouté «  à cause de toi et de ton indifférence à mes lettres, je suis tombé sur cette femme narcissique perverse qui m’a escroqué sentimentalement et financièrement». J’ai été très étonnée de ces mots employés qui n’appartenait pas du tout à son vocabulaire habituel. Et il m’a dit qu’après tout moi aussi j’avais fait ma vie et qu’il ne voyait pas ce que je lui reprochais. Je lui ai dit que je ne lui reprochais rien mais que nous n’étions pas dans la même situation.

Je ne m’étais pas mariée, je n’avais pas eu encore d’enfants. Ma réponse n’avait rien d’injurieux mais il fallait qu’il comprenne que nos ressentis, que nos attentes n’étaient peut-être pas les mêmes.

Il m’a répondu d’un ton glacial, hyper-susceptible, «  tu veux dire que maintenant je suis « sur le second marché. Tu me traites «  d’occasion ». Et bien oui, avant j’étais un bon parti et maintenant, je suis une enclume pour tout, je l’assume… ». Je n’ai pas compris qu’il interprète aussi mal mes propos et qu’il soit aussi violent.

Puis, je me suis aperçue toute seule sans qu’il ne m’en parle que l’appartement qu’il occupait et dans lequel nous étions souvent était situé directement au-dessus de celui qu’occupaient son ex-femme et de ses enfants (l’ex-domicile conjugal). Je me suis étonnée de cette situation depuis 8 années de divorce. Il m’a dit alors que cela ne faisait pas 8 ans mais 5 ans et qu’il avait vécu avec plusieurs femmes successives (précisant qu’elles étaient toutes « très chères à son cœur ») au-dessus de son ex-femme sans que ses conquêtes ne s’en offusquent comme moi. Il a ajouté qu’il descendait d’ailleurs tous les matins chercher ses enfants (je pars très tôt et ne le savais pas) et voyait son ex-femme. Il ajoutait que je ne devais pas lui demander de choisir entre ses enfants ou moi (ce que je n’aurais jamais osé faire !) car ce n’est pas moi qu’il choisirait. Je ne comprenais pas comment de pareilles idées lui germaient dans la tête. Puis il entrait dans une rage folle me disant que son ex-femme était la mère de ses enfants et que je ne pouvais rien comprendre car je n’étais pas mère, que j’avais peut-être des diplômes (lui n’en a finalement obtenu aucun) mais que je connaissais rien de la vie. J’étais sonnée par tant de violence et me sentait humiliée en tant que femme.

Il m’a dit qu’il avait hérité d’une maison en dehors de la ville et qu’il l’aménagerait pour nous. Mais je commençais à ressentir un mal-être. Puis au mois de mai 2015 nous sommes partis en Italie. Ce fut une vraie lune de miel. Il m’a offert une magnifique bague de fiançailles et un séjour merveilleux dans une ambiance italienne de printemps. Tout repartait.

En rentrant, il a commencé à avoir des exigences de pratiques sexuelles que je trouvais dégradantes et à exprimer ses demandes dans des termes obscènes mais il insistait puis riait en disant qu’il aimait juste me choquer. Il voulait également laisser la porte des WC ouvertes et que je le regarde si possible et commentait parfois ses excréments, ce qui n’était pas très excitant pour moi…

Il m’a alors dit qu’il avait souffert suffisamment de privations sexuelles de la part de son épouse et qu’il n’osait pas la forcer car elle était la mère de ses enfants mais qu’en revanche, s’il prenait maintenant d’autres femmes, ce n’était pas pour se restreindre et qu’il était d’ailleurs intolérant à la frustration (curieux encore ce vocabulaire sans rapport avec son registre de langage habituel) qu’elle qu’en soit la nature. Je me soumettais pour ne pas le perdre. Mais les rapports sexuels qu’il m’imposait le matin et le soir étaient très brutaux. Les douleurs que j’éprouvais ensuite duraient parfois plusieurs jours. Je lui en parlais mais il ne m’écoutait pas et recommençait parfois plusieurs fois par jour et de façon tout aussi brutale en dépit des douleurs causées. J’ai également multiplié les infections urinaires. J’ai commencé à me sentir agressée par ce type de rapports sexuels et à me sentir même violée par ces rapports imposés au gré de ses pulsions sans aucun souci de mon ressenti. J’ai consulté un gynécologue deux fois en un mois ( !) car je commençais à souffrir de sécheresse, de blocage et de micro lésions causées par la brutalité. La gynécologue qui me suivait depuis des années et était une amie ne m’avait jamais vue dans un pareil état psychique et physique. Je lui ai raconté quelques bribes de ma relation. Elle m’a dit qu’il était normal qu’en étant aussi maltraitée, je n’ai plus de désir et que cet homme était destructeur. Elle m’avait dit que, sous réserve d’examen, selon elle il avait un problème psychopathologique qui le faisait souffrir de compulsions sexuelles. Effectivement, avec lui, il n’était plus question de désir mais de compulsion.

J’avais des doutes mais tout cela oscillait avec des périodes merveilleuses. Il avait emménagé dans sa maison en dehors de la ville. Il s’agissait d’une très grande bâtisse de caractère héritée de sa famille et qu’il avait entièrement fait restaurer à grands frais. Il m’avait demandé d’être là à la réception des travaux en précisant que ce serait ainsi la preuve que je serais la première femme à y pénétrer, me portant dans ses bras pour passer le seuil de la porte et ayant choisi ma date de naissance comme code d’entrée. Personne n’avait jamais eu de tels gestes pour moi, c’était un conte de fées. Je sentais des vibrations positives comme si ces lieux m’acceptaient comme une promesse de bonheur et d’avenir. La maison était encore vide, comme si un monde nouveau s’ouvrait pour nous.

Mais la réalité fut toute autre. Il a emmené au fur et à mesure les meubles qu’il avait partagés avec sa femme avant leur divorce et que je ne connaissais pas (ils étaient jusqu’alors au garde-meubles) puis des meubles de l’appartement situé au-dessus de celui de sa femme qu’il disait avoir occupé avec ses nombreuses «  conquêtes », notamment le canapé sur lequel il insistait lourdement…Enfin, sur chaque parcelle d’étagère de la salle à manger et du salon contigu, il avait installé des photos de ses enfants à tous les âges posant de préférence avec lui, clichés pris par son ex- femme, puis des photos de famille sur lesquelles figurait encore l’intéressée. Ce fut de même pour le rebord de la superbe cheminée, le réfrigérateur, tout autour du meuble TV ainsi lorsque nous regardions le home cinéma, notre regard était contraint de se poser également sur ces photos… Il disait qu’il était heureux que ses enfants aient parlé à leur mère de ce home cinéma car elle depuis, elle était jalouse ainsi que de la maison en général et de ce grand train de vie qu’elle perdait. Enfin, il avait acheté de grandes vitrines d’exposition (extrêmement « kitsch » et sans m’en parler) où figuraient encore des trophées de son passé (familiaux de préférence…). Et pour finir, il avait installé en pleine salle à manger une table de billard et un «  flipper » des années 80 qui occupaient tout l’espace.

A l’étage du dessus, cette magnifique maison d’époque avait été en fait reconfigurée avec de toutes petites chambres mais une immense salle de bains qui tenait la moitié de l’étage avec spa, bains à remous, jacuzzi, immenses miroirs… Mon ami m’expliquait alors qu’il y envisageait des jeux sexuels, ajoutant toujours «  je plaisante… ». Au second étage, régnait un bric-à-brac innommable d’objets de brocante dont certains étaient à la limite de l’insalubrité et dont il tentait de me persuader qu’il s’agissait d’objets de famille car il se prétendait d’ascendance royale. Or, je connaissais sa famille qui disait que c’était une pure invention de sa part et qui n’avait jamais pris ses élucubrations au sérieux. Pourtant ses origines faisaient partie de ses obsessions. Il prétendait tantôt être un descendant direct d’Edouard VII d’Angleterre (par une de ses maîtresses), tantôt être de petite noblesse normande, tantôt appartenir à un clan noble écossais (il disait d’ailleurs avoir le droit de porter le kilt correspondant).

Enfin, je n’avais jamais été consultée une seule fois sur la décoration. Je n’avais eu droit qu’à occuper une petite penderie murale pour mes affaires. Aucune place pour moi. La seule chose qu’il avait eu le culot de me dire était que je pouvais choisir les rideaux !! Je n’avais le droit de circuler dans la maison qu’en portant des patins et devait obligatoirement me déchausser à l’entrée sous peine de réflexions désagréables. Par ailleurs, hormis la cheminée dans la salle à manger, la maison ne disposait d’aucun chauffage (qui avait, prétendait-il, été oublié dans la réfection de la maison… !), ce qui laissait planer un froid glacial et nécessitait de traîner un petit chauffage d’appoint partout où l’on se déplaçait. Et encore, mon ami contrôlait l’utilisation du petit chauffage par mesure d’économies. Egalement pour ce même motif, le réfrigérateur était toujours vide et je devais apporter la nourriture (pour deux évidemment) si je voulais manger le soir. Très vite, le charme du départ avait disparu. Il avait massacré cette maison dans son âme.

Le soir, nous nous y retrouvions pour donner un semblant de respect de son engagement de vivre ensemble dans un «  chez nous ». Mais en réalité il continuait à aller vivre au-dessus de son ex-femme dans la journée pendant que je travaillais.

Il avait des horaires plus qu’élastiques, s’occupant « un peu d’immobilier » (je n’ai jamais très bien compris ses fonctions, il était toujours très flou) tout en louant pour son compte trois ou quatre appartements T2 hérités de famille et son ex-femme ne travaillait pas. Il ne manquait pas de m’envoyer des texto pour me dire qu’il s’y trouvait même s’il savait que cela me perturbait, je devais vivre avec… Je suis directrice juridique d’une grande entreprise et j’avais besoin de beaucoup d’énergie et de concentration pour ma prise de fonctions et pour y rester car la pression y était très dure et au lieu de me sécuriser, il me fragilisait.

Cette villa était à environ 1 heure de mon lieu de travail, non desservie par des transports en commun et ayant vendu ma voiture à Paris, j’étais contrainte d’en passer par lui. Il m’accompagnait le matin et venait me chercher à la sortie de mon travail. Je n’avais plus aucun «  sas de décompression » et si je voulais voir ma mère je devais le lui signaler puisqu’il venait me chercher avec son véhicule à la sortie de l’hôpital. Il niait complètement mes réels besoins et malgré «  sa comédie » qui lui donnait un masque humain vis-à-vis de nos proches, il était totalement indifférent à la souffrance de ma mère et à la mienne qui l’accompagnait dans sa douleur. Bien au contraire, après m’avoir rendue dépendante de son véhicule, il se victimisait et en se faisant passer pour le «  chauffeur de Madame ».

Dans les dépendances de la villa, il hébergeait également la «  copine » d’un «  ami » (qui était malheureux dans son troisième mariage) qui nous regardait avec insistance passer en voiture et rentrer dans la maison. Chaque fois, je ne pouvais m’empêcher de trouver l’environnement malsain. Mais chaque fois je tentais de me rassurer.

Puis il a avoué que son divorce ne datait finalement que de deux ans et qu’il avait été prononcé à la demande de son épouse car «  avec sa femme, au début c’était bien, puis c’était moins bien et donc il  s’était barré avec une autre ». Il précisait aussi qu’il avait cohabité avec cette « autre femme » dans l’appartement situé au-dessus de son domicile conjugal alors qu’il n’était pas encore divorcé. Je lui ai dit que je ne voulais plus qu’il me raconte rien à ce sujet, je lui ai même coupé la parole à plusieurs reprises mais il continuait à parler, dans une espèce de besoin permanent, presque de jouissance libératoire, de m’imposer ces révélations dont je ne voulais pas comme pour m’inoculer au forceps ce passé malsain. Il avait un comportement compulsif autant pour avoir des relations sexuelles que pour me transférer ce vécu négatif. Enfin il devenait évident que nous étions trois dans la relation (elle, lui et moi), en partie pour me maintenir sous tension mais en partie également parce que son ego avait été blessé que ce soit elle qui demande le divorce et encore elle qui le « mette à genou » devant le tribunal en portant des accusations très graves contre lui, et qu’il se soit senti perdant. D’ailleurs, il ajoutait souvent qu’avec elle, la partie juridique n’était pas encore finie…

Je n’arrivais pas à trouver un rythme à cette relation et j’étais sans cesse sur le qui-vive par rapport à de nouvelles révélations. Ce d’autant que parallèlement ma mère subissait des chimiothérapies, j’avais beaucoup de mal à supporter de voir sa souffrance. Je faisais de gros efforts pour tout gérer, pour m’adapter à ma nouvelle vie professionnelle, accompagner ma mère dans l’aggravation de son cancer et répondre aux exigences croissantes de mon compagnon. Alors que j’avais l’impression de faire le maximum, il disait qu’était en train de « baisser les bras dans notre relation » car je ne me montrais pas suffisamment « compréhensive » face à ses conflits internes et aux problèmes personnels qu’il étalait sans limite. Parfois dans les moments les plus intimes que nous partagions, il parlait (encore !) de son divorce avec un luxe de détails (y compris de la nature des actes sexuels qu’il pratiquait avec son épouse et la date de leurs relations intimes insistant sur celle où ils avaient conçu leurs enfants puis sur les derniers rapports sexuels). J’avais l’impression qu’il transférait sur moi tous ses ressentis négatifs pour que je les porte à sa place, que le fait de me contaminer avec tout çà et de me voir souffrir et de mettre la «  panique » dans ma tête le soulageait.

J’ai commencé à éprouver un état de tension permanent, une hyper-vigilance, une peur chronique de ne pas employer le mot juste ou une expression pouvant être interprétée et à adopter des attitudes d’évitement pour éviter les crises et récupérer un peu d’énergie car j’étais épuisée. A ce moment, il redevenait gentil, attentionné, se mettait au petit soin pour moi. La vie redevenait plus douce et je me culpabilisais de ne pas savoir le rendre plus heureux. J’analysais tout, je me méfiais de tout, traquant les indices par peur de le perdre car malgré tout je tenais à notre « couple ». Même lorsque je sortais de soutenir ma mère au centre anti-cancéreux les larmes aux yeux, je me voulais souriante, disponible pour ne pas lui faire subir les conséquences de sa maladie. Lui ne se questionnait pas du tout sur ma souffrance et me faisait vivre dans une insécurité affective chronique. Il ajoutait de façon assez abjecte d’ailleurs que de toute façon au décès de ma mère, j’allais me retrouver toute seule (n’ayant plus de famille). Il sous-entendait que c’était lui ou le vide alors que je devais tout supporter pour le garder !

Nous devions partir en vacances avec ses enfants au mois de juillet 2015 (j’avais déposé des congés en conséquence avec grand peine pour pouvoir réaliser ce projet) lorsqu’il m’a annoncé que nous ne partions pas car il voulait faire des travaux de peinture dans l’appartement au-dessus de son ex-épouse. Là j’ai disjoncté. J’étais à bout. Il est entré en rage, me disant que je lui « pourrissais la vie », que je ne lui « balançais » que des propos pour l’humilier. Affolée, je lui ai demandé lesquels. Il m’a répondu que je le savais (je n’en avais aucune idée). Et a ajouté que si ses précédentes histoires avaient réussi avec son épouse ou ses précédentes conquêtes, il ne serait pas avec moi et que je ne serai pas là. Et sans cesse revenait ce leitmotiv qu’il « baissait les bras dans notre relation », cela sonnait de plus en plus comme une menace à laquelle je ne savais plus quelle réponse apporter en actes et en paroles pour qu’il voit à quel point je tenais à lui.

Après cinq mois de relation, j’étais en pleine confusion, perdue, en proie à des crises d’angoisses jour et nuit. Je n’ai plus répondu à ses appels téléphoniques pendant une seule matinée. Il a alors immédiatement harcelé téléphoniquement ma mère en lui expliquant que je le punissais d’avoir des relations avec son ex-femme mais qu’il ne comprenait pas car cela était nécessaire pour leurs enfants (je ne lui avais pas du tout parlé des enfants mais il mettait ses enfants au milieu pour rendre sa version présentable et acceptable). Je lui en ai voulu de mêler ma mère qui était très gravement malade à toutes ces histoires, de plus en manipulant la vérité. C’était aussi mon droit de vouloir la protéger et son droit à elle de vivre ses derniers jours en paix à l’abri de cet individu.

Le fait qu’il ait touché à ma mère m’a rendu folle. J’étais tellement en colère et blessée à la fois que j’étais bloquée envers lui. Je ne pouvais plus ni lui parler ni le voir. Je suis partie un week-end à Paris voir une amie que je connaissais du cours de danse depuis des années et qui était psychothérapeute pour lui demander conseil. Nous nous étions vues pour déjeuner quelques mois avant d’entamer cette relation. Elle ne me reconnaissait plus. Elle m’a conseillé de continuer à ne plus lui parler puisque j’avais eu le courage de commencer à fuir, et de persévérer pour ne plus le revoir en rentrant. Elle m’a même dit que j’étais «  entre les mains d’un bourreau » et en « pleine descente aux enfers ».

                 Mais cela a été impossible, il me manquait trop. Pendant mon week-end à Paris, il ne m’a passé un seul coup de téléphone pour me punir. J’étais dans un tel état qu’en retournant chez ma mère, j’ai fait une sygmoïdite aiguë liée au choc émotionnel de la peur de ne plus jamais le revoir et qu’il m’abandonne ( !). Je suis partie aux urgences. N’ayant plus de cycles de règles non plus (qui s’étaient arrêtées d’un coup, en fait également sous le coup du stress), on a d’abord soupçonné une grossesse extra-utérine. J’ai alors rappelé mon ami. Ce fut une erreur car nous avons repris contact. Au début, il a joué l’homme hyper-inquiet, déboulant dans le service des urgences, se présentant aux soignants comme mon futur époux, me suppliant de ne plus jamais le laisser, m’implorant de lui dire ce qu’il devait faire pour qu’il s’améliore, jurant qu’il sentait qu’à mon contact il deviendrait meilleur.

Et dès que je suis retourné dans sa villa, j’ai vu que sur les seules deux photos qu’il avait de moi chez lui (et qui était au deuxième étage avec le bric-à-brac des bibelots, pas dans le salon à la vue de tout le monde, naturellement..), l’une était déchirée, l’autre avait disparu. Il avait également une photo de moi dans son portefeuille qu’il avait enlevée (« parce que je ne le méritais plus depuis la matinée où je ne lui avais pas répondu au téléphone et mon week-end à Paris »).

Par contre, il avait ajouté de nouvelles photos de sa fille où il avait mis son visage dans le cou de celle-ci l’embrassant comme un amoureux, leurs cheveux mêlés…Je n’ai pas pu m’empêcher de lui faire une réflexion sur cette pose tant cette pose ne me semblait pas appropriée pour un père et sa fille. Il m’a dit qu’il s’agissait d’un photographe d’art et que je ne comprenais rien. Puis il a commencé à recevoir des texto dont il disait qu’il venait de sa fille et qu’il lisait en souriant amoureusement (et en s’assurant du coin de l’œil que je le remarquais bien) mais sans jamais en dire le contenu. Il utilisait également sa fille depuis longtemps comme intermédiaire entre son ex-femme et lui.

Et après m’avoir dit cela, il exigeait encore un rapport sexuel. Après tout ce qui venait de se dérouler entre nous et mon passage aux urgences, je lui exprimais que j’avais besoin d’un peu de temps. Il m’a alors dit que si je restais pour dormir chez lui sans coucher avec lui, je n’étais qu’une profiteuse. Là encore, le terme m’a fait « disjoncter ». Une profiteuse ? Je ne vivais même pas complètement dans sa villa mais le plus souvent dans ma maison de famille, hélas laissée vide par l’absence de ma mère dont les hospitalisations devenaient de plus en plus fréquentes. Lorsque je venais dans sa villa le soir, c’était pour lui faire plaisir car je me demandais chaque fois ce que j’allais y trouver ( tantôt il laissait traîner «  par hasard » dans son salon sachant qu’il allait m’y recevoir, son jugement de divorce, tantôt des papiers administratifs où figuraient encore le nom de son épouse, tantôt des photos…). J’apportais quasi-systématiquement la nourriture pour tous les deux sans qu’il contribue, j’offrais des cadeaux à ses enfants, je payais le restaurant (oui, je l’avoue, c’est moi qui sortait la CB à la fin du repas et la tendait au serveur. Sur moins d’un an de relation, il a dû payer trois fois le restaurant. J’ai même payé dans des fast-food car même là il ne voulait rien débourser). Une profiteuse, moi ? alors qu’il venait de verser une prestation compensatoire de plus 200 000 euros à son ex-femme tandis que j’assumais les frais quotidiens ? alors qu’il dilapidait son argent dans des quantités de collections et d’objets ridicules pour accumuler et donner l’idée qu’il s’agissait d’héritage de famille provenant de prétendus origines nobles ?

Je lui ai répondu que j’avais l’occasion de louer un appartement à 10 minutes à pied de mon travail et qu’ainsi je ne profiterai plus de sa «  généreuse » hospitalité, réglant par la même occasion mes problèmes de transport.

Là, il m’a dit que j’allais lui payer ce mois de juillet d’une façon dont je ne me doutais même pas. En effet, je ne m’en doutais effectivement pas puisque j’étais une victime et qu’il me reprochait ce qu’il me faisait subir. J’étais une victime et selon lui, j’étais sa persécutrice. C’était à n’y rien comprendre. Tout était inversé !

C’était tellement irrationnel que j’ai cru (bien à tort) à des paroles en l’air. Ce d’autant que mon nouveau petit appartement super moderne et raffiné était près de mon travail mais également dans la même rue que le lycée de sa fille et à une rue de distance de l’école de son fils, je pensais lui faire plaisir en le rapprochant de ses enfants. Il m’a dit que c’était génial mais dès qu’il y est entré alors qu’objectivement tous mes visiteurs avaient trouvé les lieux vraiment agréables et charmants, j’ai senti que quelque chose n’allait pas, comme si une arrière-pensée venait de germer dans son esprit. Et le chaud et le froid continuait… De temps en temps, comme çà, sans rapport avec la conversation, il me rappelait le prix de la bague de fiançailles et le sacrifice financier que cela avait représenté pour lui de me l’offrir.

A début du mois d’août, nous avons organisé une soirée de rêve dans sa villa. Il avait invité tous les anciens du lycée pour me faire une surprise. Moments mémorables de retrouvailles et de bonheur partagés entre tous… Une ambiance de groupe sympa reprenait entre tous, nous recommencions à échanger des texto, mails…

Le 14 août (j’avais travaillé toute la journée, pas lui, bien entendu passant ses journées toujours au-dessus de son ex-femme), je préparais une petite soirée avec une ambiance intime dans mon appartement et lui demandais ce que nous faisons le lendemain. J’avais des idées pour une sortie. Il m’a dit qu’il rentrait ce soir à sa villa et qu’il ne savait pas quand on se reverrait. Là, le choc. Je n’ai rien compris. Il m’a répondu de ne pas insister qu’il avait besoin de «  se désintoxiquer de moi » et il est parti, fuyant dans la nuit sans un regard. J’étais totalement en panique, déboussolée, en larmes…J’ai essayé de l’appeler sur son portable, il laissait sonner mais ne répondait plus.

Le 16 août, il m’a rappelée me demandant s’il on pouvait se parler. Il m’a annoncé que finalement il n’arrivait pas à se passer de moi et qu’il voulait qu’on reprenne le cours de notre relation. Il m’indiquait d’ailleurs que le week-end suivant nous étions invités au mariage de la fille de l’un de ses meilleurs amis et qu’en tant que sa compagne, il était normal que je vienne.

Le samedi 23 août, le mariage se déroule dans un département voisin. J’avais acheté une jolie tenue pour l’accompagner, heureuse et fière d’être présentée à ses amis et de partager ces moments avec lui. Le samedi du mariage était idyllique. Sur le trajet, nous nous sommes arrêtés pour faire un peu de tourisme, se filmer ensemble. La soirée de mariage, il a fait devant ses amis des démonstrations publiques d’attachement à mon égard, se montrant amoureux, prévenant, racontant qu’il m’aimait depuis le lycée et que les prochains mariés pourraient bien être nous… Ses amis disant que cela leur faisait plaisir de le voir tout à ce bonheur et me complimentant. Le dimanche, il m’avait promis de m’emmener visiter un château sur le chemin du retour avant de rentrer fêter la soirée d’anniversaire de sa mère. Je lui avais juste fait remarquer que je ramènerai à sa mère un objet de la région pour marquer l’occasion car je n’avais rien prévu. Il m’a répondu «  ne t’inquiète pas pour le cadeau de ma mère, j’ai toujours des cadeaux d’avance à la maison pour les femmes ». La réflexion m’avait gâché la soirée car je ne savais plus au fond qui il était et à qui j’avais affaire.

Puis curieusement, le lendemain matin, alors que tout le monde se reposait, il a voulu retourner à la salle de mariage car me disait-il ses amis l’avaient invité à «  terminer les restes de la soirée »… Nous sommes arrivés, ses amis et quelques parents finissaient de «  nettoyer » la salle. Mon ami a alors commencé à faire semblant de se rendre utile à la tâche puis très vite a demandé où étaient les restes de nourriture. Il s’est «  goinfré » puis ses amis se sont assis près de nous par politesse sur l’unique table qui restait dans la salle.

Ils m’ont dit que c’était gentil d’être venue car ils savaient que j’avais un emploi du temps très chargé vu l’actualité juridique lourde de mon entreprise. Mon ami leur a répondu du tac au tac «  que de toute façon, il serait venu avec ou sans compagnie ». Ses amis sont restés étonnés puis le père de le mariée, a enchaîné en lui disant «  tu dois être heureux d’avoir retrouvé ta copine de lycée qui a bien réussi comme çà, juriste, directrice, belle entreprise… ». Il lui a répondu «  heureux, je le serais si j’avais une femme comme la tienne. Je me souviens qu’il y a des années, elle s’était levée de son lit pour m’accueillir alors qu’elle était prête à accoucher et que j’étais arrivé chez vous à l’improviste en pleine nuit. Elle m’avait fait cuire des pâtes parce que j’avais faim. Celle-là (en me désignant), elle ne sert vraiment à rien». Un silence s’est fait d’un coup. Je ne savais plus où me mettre et puis un convive est reparti sur un autre sujet. Je me suis levée peu de temps après pour faire semblant de me dégourdir les jambes et m’éloigner à cause de la honte et de la gêne que ses propos avaient instaurées.

Les autres personnes se sont levées progressivement et lui restait assis refusant de bouger et continuant à manger alors que tout le monde donnait le mouvement vers la sortie et le parking. J’ai salué les personnes et suis allée discrètement attendre près de la voiture, les larmes aux yeux.

Il m’a fait attendre une bonne demi-heure avant de me rejoindre puis il a démarré violemment en me disant «  il faut vraiment toujours que tu me fasses remarquer avec tes conneries ». Encore une fois il me reprochait un acte qu’il venait de commettre. Je lui ai demandé ce qu’il lui était passé par la tête de revenir aujourd’hui pour m’humilier devant ces personnes. Il m’a dit tout en roulant «  écoute, je crois que c’est mieux que l’on reste des amis finalement ». Je lui ai demandé ce qu’il lui prenait d’un seul coup pour me faire çà, il a arrêté son véhicule net sur une aire de stationnement et m’a dit «  tu m’humilies devant les autres et en plus, tu t’es mise à t’éloigner de moi hier en courant alors que je m’approchais de toi ». En effet, en réfléchissant vraiment, je me suis souvenue d’un moment la veille où je m’étais dépêchée de regagner la voiture car il commençait à pleuvoir et je ne voulais pas être décoiffée pour la cérémonie. Mais ce n’était pas du tout destiné à le fuir…Comment pouvait-il l’interpréter de cette façon ?

Il m’a dit «  de toute façon maintenant que je t’ai dit que ce serait mieux que l’on reste des amis, là c’est un moment où tu dois crier, donc crie, vas-y, crie ». Puis, il ajoutait «  je te dis de pleurer, c’est comme çà que çà doit se passer. Tu dois pleurer ! ».

J’avoue que là sur une aire de stationnement au beau milieu de nulle part, je trouvais que ce type tenait vraiment des propos de fou. C’était irréel.

Par ailleurs, j’avais souvent eu cette impression qu’il me tenait des propos mais comme s’il parlait à une autre personne, en faisant référence à un vécu qui n’était pas notre vécu commun. Comme s’il voulait (re)jouer avec moi des scénarios écrits avec d’autres ou pour d’autres.

Ensuite, il m’a menacé de me laisser là et que je me « casse à pied » avec ma valise. Je n’ai rien dit pour calmer le jeu. J’avais le cœur lourd. Pendant les deux heures de trajet retour, il a d’abord commencé à me parler de son frère qui avait de la chance d’avoir une relation fusionnelle avec sa femme, puis il a recommencé avec la litanie toutes ses «  ex » qui lui étaient très chères et dont la liste s’allongeait un peu plus chaque fois. C’était épouvantable. Bien sûr, il n’a pas voulu aller à la soirée d’anniversaire de sa mère car je lui avais «  pourri sa journée » encore plus que d’habitude et qu’il rentrait se coucher.

Après cet épisode, nous sommes restés une semaine sans nous voir. J’ai passé une semaine terrible d’attente, d’angoisse, me demandant ce qu’il tramait encore dans sa tête… Puis il m’a rappelée. C’était mon anniversaire. Il voulait m’inviter à dîner le soir au bord de mer et me suppliait de « nous » donner de nouveau cette chance. Et c’était reparti ! Déjà, pas de cadeau, le cadeau, c’était le repas. Et au milieu du repas, il m’a demandé sans transition quel est le montant de mon salaire. Je ne lui ai pas répondu, estimant que çà ne le regardait pas, bottant en touche. Il est revenu à la charge, me disant sur un ton sec «  j’ai posé une question, je veux une réponse ». Je ne lui ai pas répondu, lui demandant de changer de conversation. Alors bien sûr, il parlait de nouveau de son ex-femme ainsi que d’autres amies «  qu’il trouvait charmantes ». Une soirée tiède de fin d’été avait encore viré au cauchemar…

Une semaine après, il m’a téléphoné sur mon numéro de poste fixe professionnel en pleine matinée (lui n’avait aucun horaire de travail, je ne savais même pas ce qu’il faisait de ses journées). Je me suis inquiétée, croyant à une urgence car cela ne c’était jamais produit.

Des collaborateurs étaient présents dans mon bureau en face de moi. J’ai pris le téléphone. Là il m’a annoncé qu’il était préférable que l’on mette fin à notre relation. J’ai pris comme un coup de poing dans l’estomac. J’ai dû demander aux personnes de quitter mon bureau en m’excusant de devoir reporter notre séance de travail. Je lui ai demandé ce que cela signifiait. Il m’a dit qu’il n’en pouvait plus de ma «  cruauté mentale » et que cela ne pouvait plus durer. Encore une fois, tout ce qu’il me faisait subir était systématiquement inversé et m’était reproché.

Puis, il m’a dit qu’il avait venir me chercher tout de suite et que nous allions partir faire un tour «  avec sa moto » et trouver un coin pour parler de tout çà. J’ai quitté mon travail (et oui !) pour partir en moto en pleine matinée devant des équipes de travail qui faisaient semblant de ne pas voir mais qui étaient médusées ! Et là, nous sommes allés discuter dans un endroit un peu en retrait. Il m’a dit que depuis le mois de juillet, plus rien n’était pareil et que je lui en faisais « trop voir ». Je ne comprenais rien. Là encore, je me retrouvais désorientée géographiquement, « extirpée » par force de mon bureau où l’on devait peut-être être en train de me chercher, entendant des propos totalement déconnectés du réel… A « bout de tout », je lui ai dit que j’étais d’accord, qu’on ne se verrait plus mais qu’il me ramène vite à mon travail. En me déposant devant les grilles du siège de l’entreprise, il a commencé à me crier «  mais regarde comme nous sommes ridicules, nous nous aimons, alors pourquoi NOUS faire tout ce mal. Pardonne-moi de ce que je te fais subir… ».

Il criait dans la rue «  mais faisons aussi beaucoup l’amour, encore plus… ». Je me suis demandé s’il avait un but en ayant ce comportement devant mon travail ou s’il était tout simplement dingue. Et il a ajouté «  et puis, je ne suis pas encore prêt pour cette rupture, je n’ai pas la force.. ». Ce qui dans son mental diabolique signifiait surtout qu’il ne s’était pas encore attaché de façon assez solide une autre proie mais à ce moment je ne l’avais pas compris. Et j’ai pardonné encore et encore…tandis qu’il me transfusait sa négativité de façon de plus en plus cruelle.

Par contre, je n’ai plus voulu porter sa bague qui était pour moi le symbole de l’amour et de l’attachement dont je ne savais plus s’il existait «  au passé au présent et au futur ». Il a remarqué que je ne l’avais plus au doigt un jour où il est venu me chercher au travail. Il est entré en fureur mais s’est rapidement repris et m’a dit qu’il n’y avait pas de problème pour que je la lui rende. Il pensait la mettre en vente sur « le bon coin ». Franchement, j’ai cru à de l’humour de second degré. Je lui ai dit «  tu le penses vraiment ? «  «  Il m’a répondu «  oui, elle n’a pas servi à grand-chose alors que je récupère au moins un peu de ce que je l’ai payé ». J’étais atterrée devant autant de bassesse mentale.

Puis au début du mois de septembre, ma mère a fait une septicémie et on l’a cru perdue. Elle a été transportée en urgence à l’hôpital où le médecin m’a annoncé que le pronostic vital était engagé et que les 48 prochaines heures seraient décisives. Le soir, j’ai demandé à mon ami de m’accompagner à l’hôpital car j’étais folle d’angoisse et je voulais soutenir ma mère qui luttait pour vivre. Il m’a répondu qu’il ne pouvait pas car il avait trouvé une affaire sur «  le bon coin » et qu’il avait rendez-vous à l’autre bout de la ville avec un particulier pour un achat qu’il ne pouvait pas manquer : un « serviteur muet » à 15 euros. Evidemment un bout de bois contre la vie de ma mère, çà ne se discute pas !

Puis, il a commencé à découvrir qu’avec « le bon coin » ou des sites de ce type, on pouvait se rendre chez des particuliers. Et là s’introduire chez les autres au prétexte de ventes est devenu une vraie passion. Tous les soirs, il disait avoir des rendez-vous «  bon coin ». C’est ainsi qu’il m’a raconté qu’au prétexte de vendre une glace de salle de bains dont il ne se servait plus, il s’était retrouvé, à 23 heures, seul avec une femme qu’il ne connaissait pas dans la salle de bains de cette dernière et il riait.

Ensuite comme il faisait profession de louer de petits appartements et studios, il passait sa vie à faire visiter les lieux à de potentiels locataires. Lesquels étaient le plus souvent des femmes, assez jeunes vu le type de produit proposé, des étudiantes, parfois des personnes en difficultés passagères ou non, ce qui constituait autant de proies. Il s’est mis à recevoir des coups de fil à 22 heures, 23 heures le soir.

Selon ses versions, c’était tantôt…la femme de ménage, tantôt des jeunes locataires en détresse aux prises avec le chauffage ou la douche en pleine nuit… D’ailleurs, il ne précisait jamais qu’il n’était pas seul et qu’il devait abréger la conversation. Cela durait des demi-heures…

Enfin, bref, je me rendais très vite compte qu’il s’était transformé en « tête chercheuse » de femmes et qu’il était en chasse permanente pour me remplacer avant de me quitter afin de ne pas se lâcher d’une main sans se tenir d’une autre. C’était çà qu’il appelait «  être prêt à la rupture ».

Et tout çà, en se cachant à peine… Il m’a même dit soi-disant en riant, comme toujours, «  j’espère que la prochaine me cassera moins les c… ». Mais il me disait que c’était de ma faute depuis le mois de juillet (encore et toujours…), j’avais tout cassé, qu’il voulait être «  tout pour moi » et qu’il voyait que ce n’était pas le cas. Je lui demandais « qui » il y avait d’autre. Il me disait chaque fois « que je savais » et qu’avec moi, il «  baissait vraiment les bras », cette dernière expression revenant sans cesse…

Ma mère avait survécu à sa septicémie et j’étais heureuse mais elle était en chambre stérile car toujours infectée. Je lui faisais signe à travers des vitres, devait mettre des équipements stériles complets pour l’approcher sans même pouvoir la toucher.

Et lui, au lieu d’être présent et protecteur, ne cessait de resserrer la pression sur moi. Il ne m’accompagnait plus du tout en voiture à l’hôpital, me disant que je devais désormais acheter un véhicule, qu’un de ses « copains » cherchait justement à vendre une voiture ancienne de 17 ans… et que ce serait sympa que je la lui achète car comme cet ami lui rendait des services, c’était une façon de le remercier «  en lui faisant une petite rentrée ». Je n’écoutais même plus…

Ensuite, un midi, il m’a dit qu’il viendrait déjeuner dans mon appartement car il arriverait de l’école de son fils, juste à côté. Je préparais le repas comme je pouvais, rentrant rarement chez moi entre midi et deux mais heureuse de le voir. Il frappait, entrait et dégrafait directement son pantalon pour obtenir une faveur sexuelle. J’ai cru à une blague. Je lui ai dit que je n’avais aucune envie à ce moment-là et de cette façon-là. Il m’a dit que s’il venait chez moi le midi c’était pour manger, regarder la télé «  tranquille » et faire du « quick sex ».

Je n’ai plus voulu le recevoir le midi. Il a alors commencé à me dire que c’était dommage car lui ne pouvait me voir que le midi et pas le soir… Il me disait que le soir, il allait manger chez des ami(e)s où je ne l’accompagnais jamais… Il me laissait seule des week-ends entiers sans même un coup de fil ni un texto. Tous les prétextes y passaient : des salons de collectionneurs, des foires à la brocante, des séances de ménage où il lavait les draps dans sa villa ( ?).

Sa nouveauté était aussi de franchir le seuil de la porte de mon appartement et avant même de m’avoir dit bonjour, d’envoyer sa main à mes seins ou pire directement au sexe.

Il aimait bien aussi tenter de me mettre la main aux fesses devant la grille de mon entreprise par là où tout le monde rentre.

A la fin du mois de septembre, il m’a dit qu’il avait reçu des redressements fiscaux d’un montant élevé et qu’il avait des soucis. Il est devenu odieux. Il a commencé à ne parler que de ses dettes fiscales alors qu’il était propriétaire d’une magnifique villa, d’appartements, que le fait générateur des dettes en question datait de l’époque où il était marié et qu’il venait de verser 200 000 euros à sa femme. De plus compte tenu de son attitude envers moi par laquelle il en était arrivé à nier mon existence sauf pour venir manger chez moi, se faire payer des restaurants et «  faire du sexe », il ne m’était même pas venu à l’esprit de lui proposer de l’argent.

Et là, ce fut encore pire, alors que j’avais le souci de faire transférer ma mère d’établissement, il a pris sa trousse de toilette me disant qu’il ne la laisserait désormais plus chez moi puisque nous ne partagions rien et qu’il allait passer le week-end chez sa mère. Puis ce fut l’épisode où il voulait «  se casser » dans un pays anglo-saxon et me quitter. Il avait soi-disant des offres là-bas et avait 12 jours pour donner sa réponse, laquelle dépendrait de mon comportement jusque-là. Si mon comportement ne lui convenait pas, il accepterait l’offre et m’abandonnerait… Puis ce furent les texto de dernière minute pour me dire qu’il ne viendrait pas (y compris les dimanches) alors que j’avais tout préparé, les RDV où j’attendais 1 heure au point de rencontre. Si j’avais la maladresse de dire que mon positionnement dans mon travail devenait meilleur, que je faisais ma place, les représailles étaient immédiates en me parlant de telle copine sexy, de celles qui étaient des «  vraies femmes » (donc des mères). Mes tee-shirt pour dormir (pourtant sympa) étaient des «  tue l’amour ». Il partait en pleine nuit sur un coup de crise inexpliqué sauf dans sa tête. Ses mots étaient de plus en plus obscènes.

La pression montait d’un cran chaque jour…Il n’avait plus aucune limite, aucune…

En octobre 2015, j’ai fait un début de dépression et le médecin de famille m’a arrêté pour le travail. Lui qui m’avait toujours connue souriante, bonne copine, laborieuse, dévouée, appliquée n’en revenait pas. J’étais détruite, épuisée, incohérente dans ma tête, incapable de me concentrer sur rien que sur cet homme. Il occupait toute mes pensées, avait colonisé mon esprit alors même que les maltraitances pleuvaient sans cesse, toujours plus cruelles (pendant que j’étais au fond de ces abysses, il m’envoyait sur mon téléphone portable, des photos de lui-même qui s’éclatait en soirée, ne prenait aucune nouvelle…). Même l’un de mes supérieurs hiérarchiques pourtant peu suspect d’être complaisant à mon égard m’a téléphoné pour me dire que les personnes au travail m’appréciaient et étaient sérieusement inquiètes pour moi, que si j’avais besoin d’aide, tout le monde était là. J’ai eu des tas de texto de soutien auxquels je ne m’attendais pas pour me dire «  tiens bon, ne plonge pas ! ». J’ai été orientée vers un psychiatre.

Je pleurais, me sentant honteuse d’être tombée dans cette dépendance affective qui m’entraînait toujours plus bas. Je n’avais plus d’estime de moi-même. Je me culpabilisais car mon cerveau était tellement broyé et douloureux que je pensais même plus à ma mère. J’ai décidé de tout lui avouer. Je le regrette maintenant car j’ai gâché ces dernières semaines à lui parler de moi au lieu de lui parler d’elle qui était en train de mourir. Et cette culpabilité, je la porte encore aujourd’hui. J’ai dit à ma mère que je supportais toute cette destruction de moi-même pour sauver ma relation avec cet individu car j’avais peur d’être seule lorsqu’elle me quitterait. Ma peur du vide, du manque, de l’abandon, de la solitude ma faisait endurer tout cela.

Ma mère m’a dit que quel que soit ce que j’endurerais, cet individu me laisserait tomber au pire moment de ma vie parce que c’était un psychopathe malsain qui ne se nourrissait que de détruire les autres. Elle m’a dit que le peu de force qui lui restait, elle me la transmettrait pour m’aider à décrocher de cette dépendance.

Au début du mois de novembre 2015, il a tenté un come-back, recommençant à vouloir me séduire comme au premier jour. Il est arrivé avec un bouquet de roses rouges, se mettant à mes genoux pour me demander pardon… Il m’a même dit qu’il n’avait pas été si méchant puisqu’il aurait pu me demander de l’argent pour payer ses impôts mais qu’il ne l’avait pas fait, c’était donc bien qu’il me respectait… Mais j’étais encore en dépression et trop vide pour lui répondre.

Vers la fin du mois de novembre, il a attaqué de nouveau, en me téléphonant, il reconnaissait avoir «  fait le con » mais quand même, il me demandait de reconnaître aussi que j’étais coupable de ne pas l’avoir aimé mieux. Je ne répondais même plus.

Il me reprochait aussi de ne pas avoir supporté qu’il parle de son ex-femme en permanence et qu’il cherche à la voir plusieurs fois par jour. Car, disait-il, si j’aimais ses enfants, je devais aimer leur mère car ils étaient indissociables, leur mère «  vivait en eux ». Il oubliait de dire que son ex-épouse n’avait plus aucune envie de le revoir. Elle envisageait même de déménager pour ne plus le croiser.

Il me suppliait de venir vivre avec lui «  en plein », de lui redonner une chance. Il recommençait à dire qu’il m’avait eu depuis le lycée dans son cœur, qu’il m’aurait encore pour les années à venir. La seule chose dont je me souviens de cette conversation, c’est à quel point, ses propos sonnaient faux. Puis, il m’a dit qu’il était sous pression parce qu’il était soucieux de voir que ses enfants présentaient des problèmes psychologiques sérieux.

En décembre, il a menacé de se suicider si je ne revenais pas, appelant les amis…

Malheureusement, la veille de Noël, j’ai été appelée par l’hôpital en urgence. Un médecin m’a reçu debout dans le couloir pour m’annoncer que ma mère que ma mère venait de faire une rechute grave qui serait fatale et qu’elle était entrée en phase de fin de vie. Je me suis retrouvée seule dans un couloir d’hôpital désert, une veille de Noël avec ma mère qui allait mourir. Déjà que mon équilibre était précaire, j’ai craqué en plein.

Et là, alerté de la situation par des amis communs, il est revenu dans ma vie. Se rendant disponible pour l’hôpital, m’inondant de texto de soutien lorsque j’étais prêt d’elle pour veiller.

Il m’a juré que de toute façon, il serait toujours près de moi, qu’après cette épreuve, reconstruire notre bonheur ne dépendrait que de nous.

Pendant les quinze jours, il ne me lâchait pas, se rendant indispensable, à tel point que le peu de famille proche que j’avais sur place (sœur de ma mère, cousins germains) se demandait qui était ce garçon si charmant et si prévenant qu’il apercevait (étant précisé qu’eux, ne se sont occupé de rien, à aucun moment). Mais ne connaissaient pas l’histoire, ils se félicitaient que quelqu’un reste pour veiller sur moi. Et inconsciemment, parce que trop fragilisée, je me suis laissée gagné par ce discours ambiant, si élogieux à son égard. J’étais très fusionnelle avec ma mère et c’était comme un peu de moi qui mourrais en même temps. Après je n’aurais plus personne. Alors, pourquoi pas lui, au fond…

Lorsque ma mère est décédée, il est venu veiller le corps, m’aider dans la préparation des funérailles, se présentant, serrant les mains, se comportant comme l’homme de la maison. Il faisait naître non seulement dans ma tête qui était broyée par le chagrin mais en chacune des personnes présentes un espoir d’un accompagnement pour moi dans cette épreuve. Je n’étais pas seule, le chevalier blanc serait là !

Le soir après les obsèques, j’ai souhaité rester seule, ce qu’il a respecté. Puis le week-end suivant, il recevait ses enfants. J’ai préféré ne pas y aller bien que m’entendant très bien avec eux et lui ayant donné des cadeaux pour eux. Mais je pleurais sans cesse et ce n’était pas pour des enfants.

Il m’a donc rappelé la semaine suivante pour venir m’aider à transporter des affaires qui appartenaient à ma mère et que j’avais du mal à manipuler sans pleurer.

Une fois, ce transport fait, pour le remercier, je lui ai dit que nous pourrions aller dîner dehors car avec ces circonstances, les placards étaient vides et j’avais peu envie de cuisiner (j’avais perdu 5 kilos en 15 jours). Là, il était dans ma salle à manger et il m’a dit «  mais je n’ai absolument aucun moment à te consacrer ». Je lui ai dit que je ne comprenais pas bien. J’étais très fatiguée, je devais rester assise car ma tension avait chuté, mon visage ravagé par le chagrin. Il m’a dit «  je suis étonné de te voir comme çà car en principe tu es quelqu’un de fort. Tu as eu de la force quand il s’est agi de me repousser en novembre et de ne pas me répondre au téléphone au mois de juillet. Et bien maintenant c’est moi qui te quittes».

Je n’y croyais pas. En fait, il avait été jusqu’à instrumentaliser la mort de ma mère pour revenir dans ma vie pour ne pas rester sur l’idée que je l’avais laissé tomber mais que c’était lui qui me larguait. Il s’appuyait sur ma détresse immense du fait de la mort de ma mère pour faire sur moi un meurtre psychologique.

J’ai ressenti un coup d’une violence immense. Il a ajouté «  je te l’avais dit que tu crèverais seule à force de faire la fière. Voilà, maintenant, que tu n’as plus personne dans la vie, tu es contente. Et tout çà par ta faute ». Jusqu’au bout il me blâmait de ses propres fautes et partait dans un délire…

Mon seul regret est d’avoir été tellement sidérée que je n’ai pas eu la force de l’insulter, de le jeter dehors.

Alors comme je ne réagissais pas parce qu’assommée et en plein deuil, il a complété en disant «  tandis que ma vie à moi, elle continue. Je vois quelqu’un d’autre que toi depuis déjà plusieurs semaines. Je l’ai rencontrée par hasard ( !). Et je n’ai aucune envie de la laisser tomber comme je le fais maintenant avec toi ». Et il faisait «  non, non, non » avec le doigt et esquissait un sourire. « Elle a pris ta place dans la villa qui devait être la tienne et dont tu n’as pas voulu. La vie continue. Et pour moi, elle s’annonce belle avec mes affaires qui s’arrangent. Alors que toi, tu n’as plus rien… ».

J’ai juste dit «  mais qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? »

Il m’a dit : « je pourrais quitter la fille avec laquelle je sors et revenir avec toi. Je suis dans un entre-deux et il va peut-être falloir que je prenne le temps d’y réfléchir pour savoir qui je choisis. En tout cas, je ne la quitterai pas tout de suite. Je te ferai signe, je te téléphonerai. Mais franchement je crois qu’avec toi, j’ai été assez échaudé avec ce que tu m’as fait subir. ». Et la conclusion «  et la raison pour laquelle je t’en veux le c’est que tu n’as pas été COMPREHENSIVE vis-à-vis de mes dettes fiscales ».

Et il est sorti en courant et en riant.

Un mois après, je n’en suis toujours pas revenue. J’ai l’impression d’avoir vu le mal à l’état pur : oser se servir de la mort d’une mère avec laquelle j’étais très proche pour m’atteindre et m’achever! Aucun regret, aucun remord d’avoir eu un tel comportement. Il continue joyeusement sa vie avec ses nouvelles copines et nos amis communs qui ont pris fait et cause pour lui, la pauvre, sans se poser de question… Quand je pense qu’il n’aurait pas été choqué de me pousser au suicide…

Ce traumatisme final s’est ajouté à toute la destruction qu’il avait déjà perpétrée pendant des mois. Et s’ajoute pour moi à la mort de ma mère. Je traverse une période où je suis dévastée. Je ne sais pas si je guérirai vraiment un jour.

J’EN APPELLE À LA JUSTICE – TÉMOIGNAGE

Justice

Aujourd’hui, 8 mars 2016, journée internationale du droit des femmes.
A cette occasion, nous partageons ce témoignage d’une femme abîmée, abusée par la violence conjugale, sous toute ses formes ; et surtout avec elle nous en appelons à la Justice bien trop lente, longue, qui n’entend pas, qui refuse de voir, qui trop souvent laisse des femmes – des familles – dans une situation de grande souffrance sans agir et juger de quoi que ce soit.

La prise de conscience, si longue et douloureuse.

« Aujourd’hui je suis ou plutôt je ne suis pas…J’ai honte de ce que je vais écrire, mais la seule issue qui pourrait me délivrer c’est la mort : la mienne ou la sienne ! Cette pensée est horrible mais à la hauteur de ma souffrance et de ma peur. 

Et s’il était le plus fort ? Et pourquoi cela changerait ?

Si j’osais je porterais plainte, car même si je suis toujours terrorisée par son emprise et ses réactions, même si l’affect n’est pas totalement effacé, cette démarche me semble légitime. Il m’a démolie, vidée de toute substance de vie, de mon énergie…mais aurais-je la force et le courage de l’affronter, je ne sais pas, cela fait si peur, comment faire, comment croire que l’on me croira ?

Mourir serait moins épuisant pour moi. Alors lui ou moi ?

L’appréhension, l’inquiétude, l’angoisse, de devoir à nouveau raconter mon histoire, mes silences, mes souffrances, mes non-dits…Mon incompréhension devant cette violence infligée petit à petit par celui que je croyais être l’homme de ma vie !

La prise de conscience devrait être une délivrance, mais l’évidence du traumatisme me donne envie de disparaître tellement la honte et la culpabilité sont présentes. Mais au fond, honte et coupable de quoi ? De n’avoir rien vu, d’avoir accepté, d’avoir douté, d’avoir tenté de fuir et de m’être laissée mieux rattrapée, sans menotte, ni chaîne, mais pourtant complètement ligotée, ficelée, cadenassée, tout en croyant disposer d’une grande liberté ! Même les chaînes enfin brisées, je n’ai toujours pas retrouvé la liberté qui au fond il y a longtemps s’est égarée.

Un prince charmant est censé venir vous délivrer, celui que je croyais être le mien n’a fait que m’emprisonner, me façonner, me modeler à coups de « je t’aime mais… » ou « mais tu sais bien que je t’aime… ». Alors, telle une figurine en pâte à modeler, je le laisse me rouler, m’aplatir, m’étaler ou m’étirer, m’admirer ou me flatter, me caresser, me toucher, me secouer ou me jeter…de toute façon, quoi qu’il dise ou quoi qu’il fasse, il finira par me récupérer, et j’irai même jusqu’à le supplier.

Aujourd’hui, j’ai mis des mots sur mes maux : c’est un manipulateur pervers, le malade, c’est lui, c’est une pathologie !

…Quoi, lui, le malade ? Mais c’est moi qui suis hospitalisée, c’est moi qui me fais suivre par un psy ! A ça, le corps médical me répond : mais vous n’êtes pas malade, vous, vous êtes suivie car vous avez subi un gros traumatisme psychologique, vous êtes une victime.

La victime se fait soigner, le pervers est en liberté…mais où est la logique, où est la justice ? En clair, je vais devoir guérir en silence car la violence psychologique est improuvable…En clair, il faut guérir mais sans prévenir, sans se reconstruire, en sachant qu’il récidivera. Il faut ouvrir les tiroirs que j’ai fermés mais sans pour autant les vider de toute leur vérité qui de toute façon ne sera pas écoutée.

Il cherchera une autre proie qui lui permettra d’exister, car sans proie il n’existe pas. »

 

La plainte, tellement difficile…

« Une nouvelle étape voit le jour et quelle étape ! Il y a quelques jours j’ai écrit au procureur de la république et j’ai osé porter plainte contre mon bourreau, contre mon mari. Une démarche qui, bien que terrorisante pour moi, est totalement légitime et essentielle pour peut-être enfin tenter de me reconstruire.

Comment ai-je pu me laisser autant berner, autant duper, je ne parviens pas encore à l’admettre. C’est insoutenable, insupportable, injustifiable, inacceptable, et totalement incroyable. Pourtant c’est la triste vérité et réalité, si j’ai mis 18 ans avant d’en prendre conscience, preuve à l’appui, ce n’est pas en quelques minutes qu’un juge qui ne l’a pas vécu en sera convaincu. 

Et puis, j’ai mis si longtemps avant d’en parler qu’il y a vraiment de quoi douter.

Ce n’est pas possible, comment ai-je pu ne rien voir, ne rien comprendre, tant le préserver, et comment ai-je pu résister autant d’années sans vouloir m’évader ? Quoique j’ai essayé. Mais je ne savais pas, je ne comprenais pas, je ne pouvais pas, je croyais que le problème c’était moi.

C’est dur d’être victime, même entourée, même soutenue, toujours cette peur de ne pas être crue par ceux qui ne l’ont pas vécue, et qui n’ont rien vu parce que je me suis tue. Qui ne dit mot consent…C’est faux, je ne pouvais que me taire sans être consentante. Je n’ai pas choisi ma vie, il m’a imposé la sienne, lui le maître, moi sa chienne.

Mon sort n’est plus entre ses mains, mais entre celles de la Justice, s’il en existe une, tout comme le sien.

 

La convocation et l’audition : espoir et angoisse.

Les gendarmes sont passés à la maison…Ni ma fille, ni ma nièce, alors présentes, n’ont compris cette arrivée en renfort. Elles ont eu peur : mais qu’avais-je bien pu faire ? Moi, j’étais au travail, et ma fille de m’appeler : « maman, la police est venue à la maison, ils étaient 4, j’ai eu peur, mais qu’est-ce qu’il se passe ? »

Mon audition durera 3 heures. Trois heures de questions très précises, souvent dures, très dures, crues, très crues…Et je ferai de mon mieux pour y apporter des réponses précises. 

J’ai mis le temps, trop de temps, mais aujourd’hui je ne regrette pas d’avoir enfin brisé le mur du silence. Il m’a vendu du rêve et m’a fait vivre un cauchemar. Je ne cesse désormais de me dire : ce n’est pas de ma faute, ce n’est pas de ma faute, ce n’est pas de ma faute…

Mais ça le deviendra si je baisse les bras et si je le laisse faire en continuant de me taire. Alors je ne me tais plus, alors j’ose parler, quitte à prendre le risque de ne pas être crue, moi je sais que tout ce que je dis, ce que j’ai subi, est vrai. 

Je suis coupable de n’avoir pas pu ou su agir plus tôt, coupable de m’être laissée emprisonner, coupable de l’avoir aimé au point d’en crever. 

Depuis mon audition, la machine s’est enclenchée, au début très rapidement, mais depuis, même si de nouvelles auditions ont eu lieu, je trouve le temps long, très long, trop long…Il n’a toujours pas été entendu.

Et là encore, en tant que victime, je devrais me sentir libérée et protégée, mais il n’en est rien. Cette attente interminable n’est source que de peur, d’angoisse, de doute, de cauchemars à répétition. Mon calvaire est toujours présent. Le paradoxe, c’est que j’aimerais qu’il soit rapidement convoqué, mais la peur de sa réaction me tétanise : et s’il pétait un plomb ? »

 

L’attente de la décision de justice : un enjeu au-delà des mots.

« Je dois y arriver et je vais y arriver parce qu’après tant d’années, j’ai enfin pris conscience de la vérité, celle que j’ai réussi à évacuer, celle qu’aujourd’hui j’ose aborder, j’ose évoquer sans me sentir coupable. Même si la démarche est longue et douloureuse, j’ai fait ce qu’il fallait faire, j’ai porté plainte. Cela fait un mois que je me suis adressée par courrier recommandé au procureur de la république. L’attente est longue, très longue. Eprouvante, très éprouvante, angoissante, très angoissante. Mais ma démarche est légitime, et même si je m’interroge et même si je doute de la suite que la Justice voudra y donner, je garde un espoir d’être enfin entendue, écoutée et respectée.

Même si j’ai peur, moi la victime…C’est un comble. Il est temps et important qu’il cesse d’agir en toute impunité. Une telle cruauté ne doit pas perdurer encore pendant des années. 

Bientôt un an que j’ai été auditionnée suite à la plainte que j’ai osé déposer…Une interminable et épouvantable attente. Une infernale attente. Qu’enfin il soit entendu…

Un an, ce n’est pas si long aux dires des enquêteurs, le dossier n’a pas stagné, il n’a fait qu’avancer, à la demande du procureur, de nombreuses auditions ont eu lieu tant mon dossier serait pris au sérieux.

Un an…moi j’ai le sentiment que cela fait 10 ans, mon corps crie au secours. J’ai beau manger et remanger, le poids n’a fait que dégringoler.

En plus de victime, je me sens clandestine, pas de changement d’adresse, pas de nom sur l’interphone ni sur la boîte aux lettres…

Je fais tout pour tenir le coup en attendant que la justice aille jusqu’au bout pour me redonner confiance et réparer mes souffrances. Je n’ai aucun désir de vengeance, je veux juste éviter le pire, qu’il recommence.

Le seul moyen de l’arrêter dans sa folie meurtrière et dans sa conviction de toute puissance, c’est que la Justice le condamne à enfin prendre conscience qu’il est grand temps qu’il se fasse soigner et j’ose même penser qu’il soit condamné. 

Je m’accorde encore ce droit de rêver que ma cause sera entendue et ce pour toutes les victimes qui n’ont pu l’être, soit parce qu’elles ne sont plus là, soit parce qu’elles n’ont pas pu alors qu’elles auraient toutes voulu. 

Il n’est pas facile d’être une victime, c’est très difficile, plus aisé d’être le coupable parce qu’il bénéficie de la présomption d’innocence.

Aujourd’hui je le dis encore il est plus facile d’être coupable, le coupable lui se sent invulnérable, ne doute de rien, n’a peur de rien, alors que moi victime je me sens coupable d’avoir subi ces maltraitances dans le silence de cette spirale infernale et diabolique.

Moi victime j’ai peur de tout, moi victime je ne vis pas je survis, alors que lui ne s’est vu poser aucun interdit. Je ne suis ni folle, ni menteuse, ni perverse, je n’attends pas d’argent, mais que ma cause soit entendue. Mon bourreau aura tout le temps et peut continuer tranquillement à se sentir tout puissant, pendant que moi sa victime je m’éteins doucement et que j’inflige cela à mes enfants. J’ai vécu l’enfer et l’horreur à cause de mon mari pervers et manipulateur, ma punition est de ne plus avoir droit au bonheur. 

J’ai bien conscience qu’il s’agit d’un dossier long et complexe, mais pour autant, épuisée, à bout de force, j’en appelle à la Justice… »