LE SYNDROME DE LA FÉE CLOCHETTE

« Les fées adorent danser, voyez-vous ; et bien qu’elles oublient les pas, quand elles sont tristes, elles ont tôt fait de les retrouver quand elles redeviennent gaies. C’est la raison pour laquelle les fées ne disent jamais : « Nous nous sentons heureuses », mais : « Nous avons envie de danser ». Je suis sûr que vous avez remarqué que cela veut dire presque la même chose. La joie vous descend très facilement dans les pieds. »

Peter Pan, Sir J.-M. Barrie

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Après le syndrome de Peter Pan, et celui de Wendy, il apparaît incontournable d’évoquer le troisième, l’inséparable, le collatéral des précédents : le syndrome de la Fée Clochette. On le doit à Sylvie Tenenbaum, thérapeute, qui a identifié une nouvelle typologie « représentative de quantité de jeunes femmes actuelles », ainsi qu’indiqué en 4eme de couverture de son livre éponyme : Le syndrome de la fée Clochette, ces femmes qui font du mal et se font mal (Le Moment éditeur).

Et elle définit ainsi ces Clochette modernes : « Aussi charmante qu’insupportable, aussi enchanteresse qu’ensorceleuse, agressive et jalouse. Aussi intelligente que manipulatrice et cruelle. »

Petit retour en arrière, sur la Clochette la plus connue, la plus populaire pour tous : celle de Walt Disney. Clochette suit partout Peter. Où qu’il aille. Quoiqu’il fasse. Elle ne dit rien, elle secoue ses ailes, elle boude, elle fait la moue, elle ne répond à ses demandes que si celles-ci lui conviennent, elle le punit, elle s’éloigne et revient. Elle se fait enfermer et se cogne entre les parois de cette lanterne qui la maintient prisonnière (la lumière serait-elle un piège ?) Elle se montre d’une jalousie féroce, elle complote, elle s’en veut – mais jamais longtemps. Elle se montre espiègle et prépare des tours pendables. Elle pleure, aussi, elle se replie sur elle-même, et elle s’éteint lorsqu’elle ne fait plus rire.

« Chaque fois qu’un enfant dit: «Je ne crois pas aux fées», il y a quelque part une petite fée qui meurt. » (J.-M. Barrie)

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Clochette est donc absolument insupportable. Capricieuse, orgueilleuse et colérique. Exigeante et autoritaire. Pour autant, elle est charmante, séduisante, séductrice, mutine et coquine. Et Clochette (celle du conte et non celle du syndrome) en souffre. Car elle sait que non seulement elle a besoin de Peter Pan pour exister, qu’elle ne peut vivre sans lui et sa fantaisie, mais qu’elle est tout de même condamnée à être abandonnée par le même Peter s’il lui prenait l’idée de grandir, de mûrir. Aussi, et sans en comprendre le sens ou la raison, elle alterne ses sentiments, usant de l’un ou de l’autre, tout comme elle le fait avec ses comportements. Elle agit plus par instinct et impulsion que par réflexion… sa réflexion la menant le plus souvent au calcul stratégique.

Et le corollaire est vite fait. Si elle est stratège pour ses intérêts et seuls intérêts, la voilà manipulatrice. Le cercle se referme. Peter Pan, cet enfant qui ne grandit jamais, a besoin pour se protéger de l’âge adulte de sa Clochette, de sa fée. Elle le guide et veille sur lui, et le maintient dans ce monde imaginaire sans lequel il serait perdu. Quant à Clochette, elle vit dans une relation tout autant faite de dépendance. Si Peter, cet enfant impatient qui semble par instants lui appartenir, la quitte, elle n’est plus rien. Elle disparaît.

Dans ce même monde imaginaire où l’âge adulte est un danger tout autant qu’une crainte – puisqu’il mène aux responsabilités et à la mort – Clochette se sert de ce qu’elle fait le mieux : semer sa poussière d’étoiles et permettre de voler. Elle titille et pinaille et fait des blagues, et les enfants perdus en rient, et Peter applaudit. Quant à l’ego de Clochette, il ne fait que gonfler.

Peter Pan, comme Clochette, ne vivent pas leurs émotions, ne les ressentent pas profondément, et sont même incapables de les nommer.

« Clochette n’était pas totalement mauvaise ou, plutôt, elle était totalement mauvaise à ce moment-là tandis qu’à d’autres, elle était entièrement bonne. Les fées doivent être une chose ou l’autre: elles sont si petites qu’elles ne peuvent malheureusement héberger qu’un sentiment à la fois. » Sir J.-M. Barrie

Qui seraient alors ces femmes de notre monde actuel vivant en souffrant de ce syndrome ?
Si nous ne pouvons vivre sans nous ranger dans des cases au nom prédéfini, que contient celle de la fée Clochette ? En revenant sur ces grands traits de caractère de cette fée de conte, on peut penser à des femmes perfectionnistes, ambitieuses, d’apparence à la fois distante, et séductrices. Qu’on ne peut ni ne doit ignorer, sous peine de subir leurs foudres, et non leurs étoiles, mais qui vont jeter aux yeux de celles et ceux qui les admirent cette poudre qui « fait voler ». Stratagème pour endormir. Et de là à ce qu’un petit malin roublard crée une nouvelle analogie entre cette poudre aux yeux, cette poussière d’étoiles, et une autre poudre bien plus toxique, il n’est pas loin.

Elles sont donc forcément instables, sur le plan affectif. Elles séduisent, charment, ensorcellent, mais sont perpétuellement insatisfaites, courent (ou plutôt volent) derrière un absolu et une perfection qui, comme tout absolu et toute perfection, sont toujours inatteignables.

Et si elles se perdent autant dans cette quête d’absolu, c’est bien pour ne pas penser. Ni à elles, ni à leur histoire, ni à leur passé (bien sûr douloureux et pas réglé), ni à cette peur de ne plus être aimée, de ne plus être désirée.

Elles vont apparaître (ou laisser comme souvenir) comme des femmes insensibles, tyranniques, despotiques, instables, insensibles et jalouses. Le tableau manque de charme, puisque le charme est contenu dans cette illusion qu’elles projettent mais qui demeure bien loin de leur réalité.

Et bien sûr, elles sont inconscientes de tout cela. Si elles en souffrent, elles en projettent la cause sur les autres. Sur ce Peter qu’elles ont croisé, mais qui, lui, a décidé devenir un homme. Sur cette Wendy qui a su amadouer Peter, s’en occuper, et le retenir.
Certains pourraient, par une déduction d’une rapidité extrême, les voir comme des Amazones. Sauf qu’elles ne cherchent pas l’homme pour se reproduire ou combattre, elles le quêtent pour exister, tout en le détestant d’exister lui aussi.

Bien évidemment, c’est dans leur enfance que la cause de ce comportement sera cherchée. Une enfance où l’on croisera forcément un parent « toxique », une place « à part » d’enfant mal aimé ou moins aimé, une violence psychique ou physique refoulée, un besoin de se venger pour exister, une peur de perdre et d’être abandonnée, un besoin d’exister et d’être reconnue, une dissociation du moi… et que sais-je encore.

L’apparence prime, le décor l’emporte sur la réalité. Ce culte esthétique pourrait conduire à une nouvelle comparaison : ces femmes cherchant à être remarquables et remarquées à tout prix se transformeraient peu à peu et sans s’en rendre compte en femme – objet, prête à tous les sacrifices physiques pour peu qu’ils lui apportent le sentiment d’être.

Et au-delà de tout ça demeure une profonde et inévitable colère.

Colère contre tous, colère contre elles-mêmes.

Colère qu’elles contrôlent ou croient contrôler, comme elles imaginent tout contrôler, tout gérer. Ou comme elles le souhaitent, ce qui seraient pour elles tant un moyen de s’affirmer, que de prendre cette fameuse revanche sur la vie dont elles semblent avoir tant besoin.

C’est souvent face à la solitude que la colère se développe. Le désespoir aussi,

A la fois femme – enfant (ou adolescente) car trop immature pour mettre un nom sur ses émotions, pour les appréhender et les affronter, avec un besoin cruel de s’affirmer dans des « Non » répétés à qui mieux-mieux, et à la fois femme méprisante, castratrice, qu’on pourrait dire misandre, ce sont avant tout des personnes en souffrance. Et qui ont besoin d’aide même si elles ne le disent pas ou ne le demandent pas.
Parce que leur confiance en elles est et a été entamée voir interdite. Et que leur moyen de l’exprimer ressort dans cette dépendance affective inavouée et dans cette affirmation brutale d’un moi pas construit et non consolidé.

Il n’est donc absolument ni ludique, ni facétieux ni charmant de se retrouver sous l’étiquette du syndrome de la fée Clochette. De petite fée virevoltante, les femmes ainsi qualifiées deviennent des prédatrices manipulatrices et vengeresses. En s’alliant à une Wendy, on retrouve presque la caractérologie des personnages féminins du film Les diaboliques, de Henri-Georges Clouzot.

Et le risque demeure qu’en lisant rapidement ce type de terminologie, une femme en souffrance continue de se fuir, niant la réalité, ou sombre en dépression, croyant se reconnaître et ne sachant que faire.

Peut-on en guérir ?

Pour en guérir, il faudrait avant tout que ce soit une maladie.
Or, ce n’en n’est pas une, et il faut arrêter de voir et de mettre de la maladie, du pathologique, partout. Les fées Clochette, les Wendy, les Peter Pan ne sont pas malades, ils n’ont pas de troubles psychiatriques. Ils souffrent d’un trouble du comportement, d’un défaut d’estime d soi, d’une personnalité mal construire, d’un dysfonctionnement et d’une inadéquation entre réel, réalité, et vécu.

En revanche, si la lecture inquiète, surprend, rappelle « quelque chose que je connais très bien », elle est alors un signal. Non pas d’un « Mais qu’est-ce qui ne va pas chez moi (ou chez elle) ? » mais d’un « Il existe une solution, une aide, un soutien possible et constructif ». Si une, voir des prise(s) de conscience sont nécessaires, si elles vont être difficiles car génératrices de culpabilité (en soulignant que d’autres ont pu souffrir du fait de ces comportements instables), la construction de la personnalité effective est possible.

La fée Clochette souffre d’une faille. Narcissique, affective, abandonnique… Ce n’est ni en un article ni et encore moins en restant dans la théorie qu’il est possible de la déterminer, puisque nous parlons d’individus, de personnes, d’histoires personnelles et familiales, parfois de transgénérationel. Nous parlons aussi de relations interpersonnelles, d’affect et d’émotions. La personne en souffrance, en demande d’aide – même si elle n’en est pas consciente – doit pouvoir recevoir cette aide, et qu’elle lui soit bénéfique. A elle en tout premier lieu. Il ne s’agit pas de construire un monde individualiste, égoïste, ou chacun agit dans l’indifférence la plus complète et en ne se préoccupant en rien de ce qui l’entoure.

Il s’agit de se confronter, à soi, de se mettre face à son miroir, de chercher à être entendu(e), mais aussi d’entendre.

Alors syndrome de Peter Pan, de Wendy, ou de Clochette, que faut-il en retenir ?

Nous sommes aujourd’hui confrontés, de manière assez générale, à un paradoxe. On peut presque le comparer à cette double injonction qui détruit et est une arme de la violence psychologique. Il faut aller bien – c’est obligé puisque les clés sont distribuées facilement dans un certain nombre de périodiques. Mais si vous allez bien, si vous avez du caractère, si vous vous affirmez, si vous osez dire non ainsi qu’on vous y invite ; ou si encore vous êtes une personne « gentille », empathique, bienveillante ; ou encore, si vous avez un caractère joueur, espiègle… bref, qui que vous soyez, vous risquez d’aller mal si vous ne le vivez pas encore. Vous risquez de vous effondrer si vous ne l’avez pas déjà fait. Vous voilà prévenu.

Aussi, déterminer ce type de syndromes (qui n’ont, il faut encore une fois le répéter, aucune reconnaissance médicale mais reposent sur des analogies typologiques ou comportementales), communiquer sur ces syndromes a le mérite de mettre un nom sur une situation, une relation ou un comportement. Et c’est à la fois tout l’avantage et tout le danger des lectures. Elles sont éclairantes, mais insuffisantes. Elles s’adressent à tous, mais ne résolvent pas une situation. Elles peuvent également induire un autre danger : à défaut de s’y « reconnaître » et de mettre en place une démarche active pour « s’aider, soi », elles autorisent à se concentrer sur l’autre, et de ce fait à déplacer tant le problème que la difficulté. Ce qui maintient la personne en souffrance dans sa souffrance sans lui permettre d’aider qui que ce soit d’autre, puisque ses comportements seront toujours instables, disproportionnés ou inadaptés. Ce qui parfois peut même justifier ce qui sera ressenti comme une absence de progrès, d’évolution : se concentrant uniquement sur « l’autre », la personne en demande d’aide ne fera aucun travail réel sur elle.

Elle sera alors doublement en souffrance, le vivra comme une double peine, et se bloquera dans une forme de déni : y aurait-il tout de même un avantage à ne pas parler de soi, un « profit » à ne pas avancer ? Car la découverte de soi oblige toujours à une rupture : celle avec la personne que l’on était « avant ». Et accepter cette séparation est aussi difficile que salvateur. Accepter ouvre surtout la porte à une réalité : Je n’étais pas (plus) moi, je me retrouve, et je m’aime ainsi. Je suis un(e) humain(e), et non l’étoile que l’autre doit contempler, admirer, ou tenter de décrocher.

« Les étoiles sont très jolies mais elles ne peuvent prendre part à aucune action; elles se contentent de regarder sans fin. C’est une punition qu’on leur a imposée pour quelque chose qu’elles ont fait il y a si longtemps qu’elles-mêmes ne se rappellent plus ce que c’était. »
Sir J.-M. Barrie

©Anne-Laure Buffet

 

SYMPTOMES, DOULEURS, PATHOLOGIES

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Les maltraitances répétitives et systématiques, inscrites dans le temps, faisant alterner périodes de calme et périodes plus violentes, semant doute et confusion, honte et culpabilité, sont génératrice de stress, d’angoisses et de divers troubles cognitifs et physiques.

Le plus fréquent est l’amnésie traumatique. Elle est souvent liée au déni de la victime qui doit surmonter la violence, et au déni de l’entourage qui ne peut pas ou ne veut pas voir. L’amnésie est une stratégie de défense. C’est un processus de survie. Elle peut être totale ou partielle sur les faits et les détails les plus intolérables. Elle dure des années ou se manifeste épisodiquement. Les souvenirs remontent fragmentés ou en intégralité lors de faits ayant un impact émotionnel très intense et fortement lié symboliquement aux violences vécues. L’amnésie sera levée soit par un nouveau choc faisant écho au premier, soit lors de soins, d’une thérapie. Les agressions vécues pendant l’enfance peuvent entraîner cette amnésie totale, laissant l’impression douloureuse d’être sans passé et sans repère[1].

La manifestation de la mémoire traumatique est toujours douloureuse pour la victime : absences, crises d’angoisse, sentiment d’hallucination, sentiment soudain d’effroi. Cela peut engendrer une paralysie, psychique ou motrice. Les facultés sont fortement amoindries. Certaines victimes perdent l’usage de la parole, ne peuvent plus manger, ne peuvent plus faire un usage normal de leurs membres, n’arrivent plus à écrire. Elles vont donner l’impression d’être anesthésiées ou indifférentes, laissant leur interlocuteur douter de la véracité des faits, ou les empêchant de mener une action thérapeutique ou juridique.

Les confusions, doutes, violences et menaces, ont d’autres répercussions visibles, même si souvent incomprises : les victimes elles-mêmes deviennent confuses, hésitantes. Les repères spatio-temporels peuvent s’effacer voir disparaître. La chronologie des évènements se trouble. L’amnésie traumatique « permet aux victimes de survivre »[2].

Les victimes peuvent également présenter un état de stress post-traumatique* (ESPT). Il peut provoquer un syndrome d’évitement, comportement consistant à ne pas être confronté avec l’objet, la situation, la personne ou l’animal phobogène, la simple anticipation déclenchant une réaction anxieuse importante.

Ces comportements peuvent devenir très invalidants, la victime refusant par exemple de sortir de chez elle, et semblent paradoxalement anodins. Pourtant ils mettent les victimes dans des situations de plus en plus compliquées. Ainsi, repousser le moment de passer un appel, d’ouvrir un courrier administratif, laissant en suspens des décisions à prendre, des factures à régler, jusqu’au moment souvent trop tard, où la victime ne peut plus éviter. Elle se sent alors petit enfant coupable, incapable de prendre sa vie en main. L’adulte en elle s’efface un peu plus.

Le syndrome d’évitement constitue une sorte de « zapping » des pensées, images, sensations et situations rappelant ou symbolisant les circonstances du traumatisme initial. La conduite d’évitement dissimule souvent le refus du conflit.

La violence psychologique provoque également de nombreuses pathologies plus ou moins invalidantes : paralysie temporaire, alopécie (perte de cheveux), dérèglements hormonaux, ménopause précoce, diminution ou perte d’un ou plusieurs sens, tremblements… Des liens ont été établis entre violence psychologique et problèmes respiratoires (asthme, allergies), problèmes cutanés (eczéma, psoriasis) et les affections se rapportant à paralysie du système immunitaire due au stress (troubles digestifs, ulcères, problèmes cardio-vasculaires, hypertension, cancers…).

Les troubles du sommeil, les troubles alimentaires sont légion. Une mauvaise alimentation cumulée avec un stress prononcé entraîne une décalcification, des problèmes musculaires, des problèmes dentaires. Une pathologie apparaît de plus en plus et commence à être prise en compte par certains professionnels comme résultant de la violence psychologique et un traumatisme : La fibromyalgie, syndrome caractérisé par des douleurs diffuses dans tout le corps, douleurs associées à une grande fatigue et à des troubles du sommeil.

Les victimes et les médecins ne font pas toujours un lien direct entre un symptôme communément partagé (migraine, mal de dos, maux de ventre, insomnie…) et la violence. La victime vient consulter mais ne parle que du symptôme. Elle ne ressent pas directement la violence, et quand bien même elle la ressent, elle n’imagine pas que celle-ci l’atteigne physiquement. Aussi le symptôme est traité, puis revient, ou encore ne cesse pas. La victime va alors d’examens en examens complémentaires. Elle s’y épuise et se crée une nouvelle peur, celle d’avoir une maladie bien plus grave, incurable, et indétectable. La personnalité toxique en profite pour lui dire qu’elle est bien fragile, bien douillette, qu’elle s’écoute beaucoup trop au lieu de se consacrer aux autres, c’est-à-dire à lui. En l’absence de traitements capables de soulager, puisque la cause n’est pas identifiée, la victime compense. Pour contrer le mal de dos, elle change de posture et se crée des douleurs au niveau des hanches, du bassin. Pour ne plus avoir mal à la tête, elle se nourrit d’anti douleurs. Et ainsi de suite. Mais la cause étant toujours bien présente et de plus en plus présente, la victime ne cesse pas de souffrir. Et entendant la personnalité toxique l’accuser d’être trop faible et douillette, elle finit par y croire, jusqu’à cesser de se soigner.

[1] En juillet 1977, Cécile B. avait 5 ans. Elle a été violée plusieurs fois par un cousin éloigné, un père de famille qui prétendait lui apprendre à faire du vélo. Pour survivre au traumatisme que les parents ignorent, Cécile enfouit ces viols dans son inconscient. Ils ressurgissent 32 ans plus tard. C’est l’amnésie post traumatique. Quand ses souvenirs ont refait surface, Cécile a vécu dans la honte, la colère, le désir de mourir. Pendant trois ans, elle a mis sa vie entre parenthèses : pour se soigner, et pour tenter de faire juger son agresseur, sachant pourtant que, dans son cas, les faits étaient prescrits.

[2] Dr Muriel Salmona

SOIRÉE POÉSIE & PSYCHANALYSE – MERCREDI 18 MARS 2015

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©Richard Unglick

Avec JEAN-LUC MAXENCE, poète salué par Aragon, éditeur (Le Nouvel Athanor) et essayiste. Il est aussi Psychanalyste et spécialiste de la franc-maçonnerie. I

Il est l’auteur de « Psychanalyse et poésie contemporaine » , Castor astral éditeur.

Installant sur le divan analytique quelques poètes majeurs contemporains (Yves Martin, Yves Bonnefoy, Bernard Noël, Frank Venaille, André Laude, Jean-Louis Giovannoni, Michel Leiris, André Breton, Henry Bauchau, Daniel Biga, etc.), Jean-Luc Maxence, en psychanalyste d’inspiration jungienne (n’oubliant jamais l’apport de Freud), revisite les connivences et les rapports souvent incestueux entre la cure d’âme et les aveux violents de la poésie d’aujourd’hui. Il bouscule avec force et vigueur les idées reçues et l’angle de vue sociétal. Il ouvre de nouveaux paradigmes essentiels pour mieux comprendre un monde en menace de psy- chonévrose générale.

Le livre cible le public de la poésie d’aujourd’hui comme celui de la psychanalyse (Freud, Jung, Lacan).

Poète, éditeur et essayiste, JEAN-LUC MAXENCE est né en 1946 à Paris. Psychanalyste d’inspiration jungienne, il a dirigé le centre Didro, mythique association de prévention et de soins pour toxico- manes. Son premier recueil de poèmes, Le Ciel en cage (1969), a été salué par Pierre Seghers et Louis Aragon. Depuis une vingtaine d’années, il anime avec Danny-Marc les éditions Le Nouvel Athanor et la revue Les Cahiers du sens. Auteur de nombreux recueils de poésie, il a publié des pamphlets et des essais consacrés à René Guénon, Jean Grosjean (coll. « Poètes d’aujourd’hui », Seghers) et Carl Gustav Jung (Dervy). Il a collaboré au Livre des déserts publié dans la collection « Bouquins » aux éditions Robert Laffont. On lui doit également Un pèlerin d’Éros (Le Rocher), Anthologie de la poésie mystique contemporaine et L’Appel du désert (Presses de la Renaissance), ainsi que Le Désert, états d’âme (avec le photographe Jean-Marc Durou, Éditions Ouest-France). Et récemment, La Franc-maçonnerie, histoire et dictionnaire (« Bouquins », Robert Laffont, 2013) et Au tournant du siècle, regard critique sur la poésie française contemporaine (Seghers, 2014).

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La soirée se déroule à Boulogne Billancourt

RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS AU ou par mail :

TROUBLES PSYCHOTRAUMATIQUES CHEZ L’ENFANT

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L’ESPT (Etat de Stress Post Traumatique), chez l’enfant comme chez l’adulte, est une « réponse différée ou prolongée à une situation ou à un évènement stressant exceptionnellement menaçant ou catastrophique et qui provoqueraient des symptômes de détresse évidents chez la plupart des individus », selon la CIM-10 (classification internationale des maladies).
Chez l’enfant, les caractéristiques sont propres : syndrome intrusif qui se manifeste par des activités ludiques répétitives ou par des mises en actes agressives vous sexuelles lors desquelles ils remettent en scène le ou les évènements traumatiques.
Au-delà de trois mois, l’ESPT est dit »chronique ».
Le diagnostic se heurte parfois aux conduites d’évitement : l’enfant submergé par ses affects émotionnels se dissocie ou se tait.

Les troubles psychodramatiques chez l’enfant sont aussi fréquents que l’est la maltraitance infantile. Ils se manifestent plus par des comorbidités et des troubles complexes de la gestion des émotions, comme le « trouble de développement traumatique », que par un classique ESPT.

À long terme, selon la recherche scientifique, les troubles psychodramatiques sont corrélés avec les états limites ou borderlines.

Les conséquences sociales, particulièrement lourdes en termes de conséquences personnelles et sociales, constituent un problème de santé publique largement sous estimé en raison du déni de la maltraitance et de ses conséquences.

Les troubles dissociatifs peuvent devenir un mode de défense habituellement utilisé contre les intrusions psychotraumatiques pour éviter les phénomènes de reviviscence anxieuse : ils sont des états de conscience modifiée se manifestant par des pseudo-absences, des troubles dysmnésiques (trouble de la mémoire, amnésie partielle), des comportements automatiques, des symptômes de dépersonnalisation ou de déréalisation.
Certaines tentatives de suicide, actes d’automutilation, conduites auto-agressives, comportements sexuels à risque, conduites addictives sont destinées à déconnecter le cortex frontal (1) du système émotionnel limbique. Ceci permet de créer un état d’anesthésie émotionnelle procurant un soulagement transitoire, aggravant encore davantage les délabrements narcissiques de l’enfant ou de l’adolescent.

In Violence et famille, ed.Dunod

(1) cortex frontal : regroupe l’ensemble de fonctions motrices, exécutives et cognitives supérieures, telles que la mémoire de travail, le raisonnement, la planification de tâches… Il est de manière générale très sollicité et utilisé pour structurer des processus cognitifs complexes, comme coordonner une série d’actions exécutées en vue d’un objectif.