VICTIME DE MALVEILLANCE

VICTIME DE MALVEILLANCE

Lorsqu’il s’agit de défendre une juste cause – celle des personnes victimes de violence psychologique – il ne faut pas s’étonner de se retrouver victime de malveillance.
C’est ce qui est arrivé à l’association CVP en décembre 2016.
La violence psychologique est également présente dans certains univers comme celui du casino en ligne. Mental, de Nolimit City, est un jeu qui fait référence à certains problèmes psychologiques. D’ailleurs, vous pourrez l’essayer, mais aussi profiter de belles promotions pour jouer aux machines à sous.
L’accès, en tant qu’administrateur au site a été bloqué pendant plusieurs semaines, empêchant toute publication d’article ou d’information, tout relai d’actualité.
D’où le silence de CVP ces derniers jours.

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Afin de ne pas perdre le contenu des articles et parutions existant sur ce blog, un autre site a pris le relai de celui-ci : Et si l’on parlait de vous ? .
Face à ces difficultés dues à un évident piratage, une réflexion a également été menée sur le contenu du site.
Sur Et si l’on parlait de vous ? , vous pourrez trouver, outre les articles concernant la violence psychologique, la violence intrafamiliale, le comportement de l’auteur de ces violences, les réactions et souffrances de la victime, … , des articles sur la confiance en soi à retrouver et reconstruire, sur le développement personnel, sur l’intérêt indispensable à porter à la personne afin de lui rendre pleinement son individualité.

Le site Et si l’on parlait de vous a également sa page .

Vous pourrez continuer à suivre l’association CVP et ses informations sur ce nouveau site, et vous y abonner afin de recevoir la newsletter.

Tous les articles présents sur le site CVP peuvent encore être consultés.

N’hésitez pas à nous adresser vos suggestions, remarques… par mail à

Nous vous remercions pour votre confiance renouvelée, et pour le soutien que nous avons reçu ces dernières semaines.
Et puisqu’il n’est pas trop tard, nous vous adressons tous nos voeux pour cette nouvelle année. Qu’elle apporte à chacun sérénité, apaisement, partages et douceur.

Anne-Laure Buffet

CONFERENCE : L’EMPRISE – LA COMPRENDRE POUR S’EN LIBÉRER

CONFERENCE : L’EMPRISE – LA COMPRENDRE POUR S’EN LIBÉRER

Vendredi 25 novembre 2016 Anne-Laure Buffet était invitée par la mairie d’Issy les Moulineaux à donner une conférence sur : 

Voir et écouter la conférence :

Voir sur 

Un commentaire reçu suite à cette conférence : « J’ai rarement entendu une conférence aussi pertinente. L’analyse est selon moi, fine, juste et suffisamment analogique pour faire sens. La mise en place de l’emprise, l’apparition des symptômes, les conséquences, sont clairement expliquées. Conférence bien menée par Mme Anne-Laure Buffet qui a su aborder cette problématique sous divers angles. »

VOTRE REPUTATION EN APPLICATION(S)

Extrait du nouvel article paru sur le site Anne-Laure Buffet Accompagnements & Formations

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Tout commence entre Truman Show et Bienvenue à Gattaca. C’est beau, c’est propre, c’est frais, c’est pastel, c’est souriant, c’est chamallow et bubble gum. Et même si je trouve aux personnages croisés dès les deux premières minutes un comportement allant du niais au parfaitement ridicule (hormis un…), je regarde puisque je suis docile et qu’on m’a dit de regarder. L’héroïne de l’épisode, Lacie, vit dans un monde merveilleux. Pas de bruit, pas de cris, pas de dénigrement (…), pas de mauvais jugement (…), on s’aime, on s’apprécie, et on se le dit.

Non.
On se l’écrit.
Non non non.

On se note. On s’étoile. On se tient bien parce que si on ne le fait pas, on chute. Cette version policée du monde est aussi privative de liberté qu’angoissante pour l’authenticité de chacun.

Et ce n’est pas le Meilleur des mondes. Ce n’est pas un monde parfait. C’est  un monde, une société qui petit à petit vous dépersonnalise, vous oblige à vous conformer tel qu’il faut être et être vu(e) pour pouvoir y vivre. Sinon, vous êtes grillé. Désétoilé. Vous chutez. Vous n’êtes plus rien.

Lire la suite sur le site Anne-Laure Buffet, Accompagnements & Formations

©Anne-Laure Buffet

LA VIOLENCE CONJUGALE : (PETIT) ETAT DES LIEUX

Dans sa Déclaration pour l’Élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, l’Assemblée générale des Nations Unies définit la violence à l’égard des femmes comme  « tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
L’adoption de cette Déclaration en 1993 atteste de la reconnaissance internationale du fait que la violence à l’égard des femmes, résultant des inégalités historiquement constituées entre les femmes et les hommes, constitue une violation des droits de la personne humaine et des libertés fondamentales.

Or, en France, chaque année, 216 000 femmes au moins sont victimes de violences conjugales et une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups d’un conjoint violent.

216 000 femmes, âgées de 18 à 75 ans, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire intime (mari, concubin, pacsé, petit-ami…). Il s’agit d’une estimation minimale. L’enquête n’interrogeant que les personnes vivant en ménages ordinaires, elle ne permet pas d’enregistrer les violences subies par les personnes vivant en collectivités (foyers, centres d’hébergement, prisons…) ou sans domicile fixe. Ce chiffre ne couvre pas l’ensemble des violences au sein du couple puisqu’il ne rend pas compte des violences verbales, psychologiques, économiques ou administratives.

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Peut-on jouer aux apprentis humoristes en toute impunité quand il s’agit de violences faites aux femmes ? Pour le journal Le Berry républicain, il semblerait que oui, du moins si l’on s’en tient à l’article intitulé « Il passe par le toit pour exiger un rapport sexuel de son ex », publié le 26 juin dernier dans la rubrique « à la Une » de l’édition du Cher.

Accumulation de métaphores et de clichés douteux, cet article, sous des dehors humoristiques, relate avec une rare complaisance un cas de violences conjugales. Et si le quotidien a depuis supprimé l’article de son site (), la tonalité générale du propos n’en est pas moins d’une légèreté édifiante et déplacée au regard de la gravité des faits [1].
(Source : Acrimed)

En octobre 2015, lors d’un jeudi de l’Acrimed, le traitement médiatique de la violence faite aux femmes était exposé et discuté. ()

Aussi 11 propositions sont faites aux journalistes afin de modifier le traitement médiatique des violences faites aux femmes. Afin de mettre un terme à l’utilisation d’expression inappropriées, fausses, de métaphores et jeux de mots tendant à « dramatiser » des situations qui, elles, sont TOUJOURS dramatiques.

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Jacqueline Sauvage a enduré, ainsi que ses enfants, 47 ans de coups, sévices et viols de la part de son mari et a fini par le tuer. Elle est encore en prison et ne connaîtra la décision quant à sa remise en liberté que le 24 novembre prochain.
Les lois et leur application ne sont pas à la hauteur de l’enjeu que représentent ces violences. 
La France a signé et ratifié en 2014 la « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique » dite Convention d’Istanbul . Cette Convention, que les États doivent obligatoirement transposer dans le droit national, contient des dispositions plus favorables que le droit français. Cette transposition n’est toujours pas effective dans le droit français.

Les clichés sexistes sont véhiculés par une publicité complaisante, et qui n’émeut pas grand monde et jamais longtemps. Cette chosification de la femme est aujourd’hui dénoncée, et l’on peut suivre le hashtag #WomenNotObject sur Twitter.
A voir également, le spot .
Mais bien que dénoncée, elle perdure et véhicule des comportements, et des discriminations qui interviennent comme des injonctions : la « femme » doit être ainsi, et « l’homme », doit être untel. Untel / ainsi. Humain / Objet.

 

 

Un rapport du Conseil de l’Europe (2008) mentionne que« la violence conjugale serait la principale cause de décès et d’invalidité des femmes de 16 à 44 ans, avant le cancer, les accidents de la route et la guerre ». Une étude, menée par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur et rendue public en 2008 par le secrétariat d’État à la solidarité, dénombre, pour l’année 2007, que 192 homicides ont été commis au sein du couple. Cette étude a mis en exergue que:

  • En 2007 l’incidence de l’homicide conjugal sur la population générale en France a été de l’ordre de 0,0005 % pour une femme et de l’ordre de 0,0001 % pour un homme
  • la majorité des homicides ont lieu dans les couples dont la situation matrimoniale est établie.
  • la séparation est le mobile principal du passage à l’acte (35 %).
  • cette violence s’exerçant dans le cadre familial entraîne des victimes collatérales, en général les enfants.

Selon l’Étude nationale sur les décès au sein du couple, menée par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur, 146 femmes et 28 hommes ont été tués en 2010 par leur compagnon ou compagne. Ainsi:

  • 18 % de toutes les morts violentes recensées en France et dans lesquelles l’auteur a été identifié ont eu lieu dans le cadre du couple.
  • 35 % des crimes conjugaux sont liés à la séparation (commission par des « ex » ou séparation en cours)
  • 34 % des auteurs d’homicides, uniquement masculins, se sont suicidés après leur acte.
  • En France une femme a une probabilité de mourir sous les coups de son compagnon de l’ordre de 0,0005 %, soit un décès tous les 2.5 jours.
  • En France un homme a une probabilité de mourir sous les coups de sa compagne de l’ordre de 0,0001 % soit un décès tous les 13 jours.

Le 16 novembre 2016, on décomptait la 99e femme décédée sous les coups de son compagnon. Mais combien depuis le début de l’année, sans qu’elles soient prises en compte, le décès suivant une maladie, un suicide, un accident « inévitable » ?
Le 25 novembre prochain aura lieu la Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Il est temps de réagir.

25 novembre 2016, à 20H, Espace Icare, à Issy les Moulineaux. 
Conférence : L’emprise, la comprendre pour s’en libérer. Entrée libre sur réservation téléphonique :
Conférence donnée par Anne-Laure Buffet

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LE SYNDROME DE LA FÉE CLOCHETTE

« Les fées adorent danser, voyez-vous ; et bien qu’elles oublient les pas, quand elles sont tristes, elles ont tôt fait de les retrouver quand elles redeviennent gaies. C’est la raison pour laquelle les fées ne disent jamais : « Nous nous sentons heureuses », mais : « Nous avons envie de danser ». Je suis sûr que vous avez remarqué que cela veut dire presque la même chose. La joie vous descend très facilement dans les pieds. »

Peter Pan, Sir J.-M. Barrie

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Après le syndrome de Peter Pan, et celui de Wendy, il apparaît incontournable d’évoquer le troisième, l’inséparable, le collatéral des précédents : le syndrome de la Fée Clochette. On le doit à Sylvie Tenenbaum, thérapeute, qui a identifié une nouvelle typologie « représentative de quantité de jeunes femmes actuelles », ainsi qu’indiqué en 4eme de couverture de son livre éponyme : Le syndrome de la fée Clochette, ces femmes qui font du mal et se font mal (Le Moment éditeur).

Et elle définit ainsi ces Clochette modernes : « Aussi charmante qu’insupportable, aussi enchanteresse qu’ensorceleuse, agressive et jalouse. Aussi intelligente que manipulatrice et cruelle. »

Petit retour en arrière, sur la Clochette la plus connue, la plus populaire pour tous : celle de Walt Disney. Clochette suit partout Peter. Où qu’il aille. Quoiqu’il fasse. Elle ne dit rien, elle secoue ses ailes, elle boude, elle fait la moue, elle ne répond à ses demandes que si celles-ci lui conviennent, elle le punit, elle s’éloigne et revient. Elle se fait enfermer et se cogne entre les parois de cette lanterne qui la maintient prisonnière (la lumière serait-elle un piège ?) Elle se montre d’une jalousie féroce, elle complote, elle s’en veut – mais jamais longtemps. Elle se montre espiègle et prépare des tours pendables. Elle pleure, aussi, elle se replie sur elle-même, et elle s’éteint lorsqu’elle ne fait plus rire.

« Chaque fois qu’un enfant dit: «Je ne crois pas aux fées», il y a quelque part une petite fée qui meurt. » (J.-M. Barrie)

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Clochette est donc absolument insupportable. Capricieuse, orgueilleuse et colérique. Exigeante et autoritaire. Pour autant, elle est charmante, séduisante, séductrice, mutine et coquine. Et Clochette (celle du conte et non celle du syndrome) en souffre. Car elle sait que non seulement elle a besoin de Peter Pan pour exister, qu’elle ne peut vivre sans lui et sa fantaisie, mais qu’elle est tout de même condamnée à être abandonnée par le même Peter s’il lui prenait l’idée de grandir, de mûrir. Aussi, et sans en comprendre le sens ou la raison, elle alterne ses sentiments, usant de l’un ou de l’autre, tout comme elle le fait avec ses comportements. Elle agit plus par instinct et impulsion que par réflexion… sa réflexion la menant le plus souvent au calcul stratégique.

Et le corollaire est vite fait. Si elle est stratège pour ses intérêts et seuls intérêts, la voilà manipulatrice. Le cercle se referme. Peter Pan, cet enfant qui ne grandit jamais, a besoin pour se protéger de l’âge adulte de sa Clochette, de sa fée. Elle le guide et veille sur lui, et le maintient dans ce monde imaginaire sans lequel il serait perdu. Quant à Clochette, elle vit dans une relation tout autant faite de dépendance. Si Peter, cet enfant impatient qui semble par instants lui appartenir, la quitte, elle n’est plus rien. Elle disparaît.

Dans ce même monde imaginaire où l’âge adulte est un danger tout autant qu’une crainte – puisqu’il mène aux responsabilités et à la mort – Clochette se sert de ce qu’elle fait le mieux : semer sa poussière d’étoiles et permettre de voler. Elle titille et pinaille et fait des blagues, et les enfants perdus en rient, et Peter applaudit. Quant à l’ego de Clochette, il ne fait que gonfler.

Peter Pan, comme Clochette, ne vivent pas leurs émotions, ne les ressentent pas profondément, et sont même incapables de les nommer.

« Clochette n’était pas totalement mauvaise ou, plutôt, elle était totalement mauvaise à ce moment-là tandis qu’à d’autres, elle était entièrement bonne. Les fées doivent être une chose ou l’autre: elles sont si petites qu’elles ne peuvent malheureusement héberger qu’un sentiment à la fois. » Sir J.-M. Barrie

Qui seraient alors ces femmes de notre monde actuel vivant en souffrant de ce syndrome ?
Si nous ne pouvons vivre sans nous ranger dans des cases au nom prédéfini, que contient celle de la fée Clochette ? En revenant sur ces grands traits de caractère de cette fée de conte, on peut penser à des femmes perfectionnistes, ambitieuses, d’apparence à la fois distante, et séductrices. Qu’on ne peut ni ne doit ignorer, sous peine de subir leurs foudres, et non leurs étoiles, mais qui vont jeter aux yeux de celles et ceux qui les admirent cette poudre qui « fait voler ». Stratagème pour endormir. Et de là à ce qu’un petit malin roublard crée une nouvelle analogie entre cette poudre aux yeux, cette poussière d’étoiles, et une autre poudre bien plus toxique, il n’est pas loin.

Elles sont donc forcément instables, sur le plan affectif. Elles séduisent, charment, ensorcellent, mais sont perpétuellement insatisfaites, courent (ou plutôt volent) derrière un absolu et une perfection qui, comme tout absolu et toute perfection, sont toujours inatteignables.

Et si elles se perdent autant dans cette quête d’absolu, c’est bien pour ne pas penser. Ni à elles, ni à leur histoire, ni à leur passé (bien sûr douloureux et pas réglé), ni à cette peur de ne plus être aimée, de ne plus être désirée.

Elles vont apparaître (ou laisser comme souvenir) comme des femmes insensibles, tyranniques, despotiques, instables, insensibles et jalouses. Le tableau manque de charme, puisque le charme est contenu dans cette illusion qu’elles projettent mais qui demeure bien loin de leur réalité.

Et bien sûr, elles sont inconscientes de tout cela. Si elles en souffrent, elles en projettent la cause sur les autres. Sur ce Peter qu’elles ont croisé, mais qui, lui, a décidé devenir un homme. Sur cette Wendy qui a su amadouer Peter, s’en occuper, et le retenir.
Certains pourraient, par une déduction d’une rapidité extrême, les voir comme des Amazones. Sauf qu’elles ne cherchent pas l’homme pour se reproduire ou combattre, elles le quêtent pour exister, tout en le détestant d’exister lui aussi.

Bien évidemment, c’est dans leur enfance que la cause de ce comportement sera cherchée. Une enfance où l’on croisera forcément un parent « toxique », une place « à part » d’enfant mal aimé ou moins aimé, une violence psychique ou physique refoulée, un besoin de se venger pour exister, une peur de perdre et d’être abandonnée, un besoin d’exister et d’être reconnue, une dissociation du moi… et que sais-je encore.

L’apparence prime, le décor l’emporte sur la réalité. Ce culte esthétique pourrait conduire à une nouvelle comparaison : ces femmes cherchant à être remarquables et remarquées à tout prix se transformeraient peu à peu et sans s’en rendre compte en femme – objet, prête à tous les sacrifices physiques pour peu qu’ils lui apportent le sentiment d’être.

Et au-delà de tout ça demeure une profonde et inévitable colère.

Colère contre tous, colère contre elles-mêmes.

Colère qu’elles contrôlent ou croient contrôler, comme elles imaginent tout contrôler, tout gérer. Ou comme elles le souhaitent, ce qui seraient pour elles tant un moyen de s’affirmer, que de prendre cette fameuse revanche sur la vie dont elles semblent avoir tant besoin.

C’est souvent face à la solitude que la colère se développe. Le désespoir aussi,

A la fois femme – enfant (ou adolescente) car trop immature pour mettre un nom sur ses émotions, pour les appréhender et les affronter, avec un besoin cruel de s’affirmer dans des « Non » répétés à qui mieux-mieux, et à la fois femme méprisante, castratrice, qu’on pourrait dire misandre, ce sont avant tout des personnes en souffrance. Et qui ont besoin d’aide même si elles ne le disent pas ou ne le demandent pas.
Parce que leur confiance en elles est et a été entamée voir interdite. Et que leur moyen de l’exprimer ressort dans cette dépendance affective inavouée et dans cette affirmation brutale d’un moi pas construit et non consolidé.

Il n’est donc absolument ni ludique, ni facétieux ni charmant de se retrouver sous l’étiquette du syndrome de la fée Clochette. De petite fée virevoltante, les femmes ainsi qualifiées deviennent des prédatrices manipulatrices et vengeresses. En s’alliant à une Wendy, on retrouve presque la caractérologie des personnages féminins du film Les diaboliques, de Henri-Georges Clouzot.

Et le risque demeure qu’en lisant rapidement ce type de terminologie, une femme en souffrance continue de se fuir, niant la réalité, ou sombre en dépression, croyant se reconnaître et ne sachant que faire.

Peut-on en guérir ?

Pour en guérir, il faudrait avant tout que ce soit une maladie.
Or, ce n’en n’est pas une, et il faut arrêter de voir et de mettre de la maladie, du pathologique, partout. Les fées Clochette, les Wendy, les Peter Pan ne sont pas malades, ils n’ont pas de troubles psychiatriques. Ils souffrent d’un trouble du comportement, d’un défaut d’estime d soi, d’une personnalité mal construire, d’un dysfonctionnement et d’une inadéquation entre réel, réalité, et vécu.

En revanche, si la lecture inquiète, surprend, rappelle « quelque chose que je connais très bien », elle est alors un signal. Non pas d’un « Mais qu’est-ce qui ne va pas chez moi (ou chez elle) ? » mais d’un « Il existe une solution, une aide, un soutien possible et constructif ». Si une, voir des prise(s) de conscience sont nécessaires, si elles vont être difficiles car génératrices de culpabilité (en soulignant que d’autres ont pu souffrir du fait de ces comportements instables), la construction de la personnalité effective est possible.

La fée Clochette souffre d’une faille. Narcissique, affective, abandonnique… Ce n’est ni en un article ni et encore moins en restant dans la théorie qu’il est possible de la déterminer, puisque nous parlons d’individus, de personnes, d’histoires personnelles et familiales, parfois de transgénérationel. Nous parlons aussi de relations interpersonnelles, d’affect et d’émotions. La personne en souffrance, en demande d’aide – même si elle n’en est pas consciente – doit pouvoir recevoir cette aide, et qu’elle lui soit bénéfique. A elle en tout premier lieu. Il ne s’agit pas de construire un monde individualiste, égoïste, ou chacun agit dans l’indifférence la plus complète et en ne se préoccupant en rien de ce qui l’entoure.

Il s’agit de se confronter, à soi, de se mettre face à son miroir, de chercher à être entendu(e), mais aussi d’entendre.

Alors syndrome de Peter Pan, de Wendy, ou de Clochette, que faut-il en retenir ?

Nous sommes aujourd’hui confrontés, de manière assez générale, à un paradoxe. On peut presque le comparer à cette double injonction qui détruit et est une arme de la violence psychologique. Il faut aller bien – c’est obligé puisque les clés sont distribuées facilement dans un certain nombre de périodiques. Mais si vous allez bien, si vous avez du caractère, si vous vous affirmez, si vous osez dire non ainsi qu’on vous y invite ; ou si encore vous êtes une personne « gentille », empathique, bienveillante ; ou encore, si vous avez un caractère joueur, espiègle… bref, qui que vous soyez, vous risquez d’aller mal si vous ne le vivez pas encore. Vous risquez de vous effondrer si vous ne l’avez pas déjà fait. Vous voilà prévenu.

Aussi, déterminer ce type de syndromes (qui n’ont, il faut encore une fois le répéter, aucune reconnaissance médicale mais reposent sur des analogies typologiques ou comportementales), communiquer sur ces syndromes a le mérite de mettre un nom sur une situation, une relation ou un comportement. Et c’est à la fois tout l’avantage et tout le danger des lectures. Elles sont éclairantes, mais insuffisantes. Elles s’adressent à tous, mais ne résolvent pas une situation. Elles peuvent également induire un autre danger : à défaut de s’y « reconnaître » et de mettre en place une démarche active pour « s’aider, soi », elles autorisent à se concentrer sur l’autre, et de ce fait à déplacer tant le problème que la difficulté. Ce qui maintient la personne en souffrance dans sa souffrance sans lui permettre d’aider qui que ce soit d’autre, puisque ses comportements seront toujours instables, disproportionnés ou inadaptés. Ce qui parfois peut même justifier ce qui sera ressenti comme une absence de progrès, d’évolution : se concentrant uniquement sur « l’autre », la personne en demande d’aide ne fera aucun travail réel sur elle.

Elle sera alors doublement en souffrance, le vivra comme une double peine, et se bloquera dans une forme de déni : y aurait-il tout de même un avantage à ne pas parler de soi, un « profit » à ne pas avancer ? Car la découverte de soi oblige toujours à une rupture : celle avec la personne que l’on était « avant ». Et accepter cette séparation est aussi difficile que salvateur. Accepter ouvre surtout la porte à une réalité : Je n’étais pas (plus) moi, je me retrouve, et je m’aime ainsi. Je suis un(e) humain(e), et non l’étoile que l’autre doit contempler, admirer, ou tenter de décrocher.

« Les étoiles sont très jolies mais elles ne peuvent prendre part à aucune action; elles se contentent de regarder sans fin. C’est une punition qu’on leur a imposée pour quelque chose qu’elles ont fait il y a si longtemps qu’elles-mêmes ne se rappellent plus ce que c’était. »
Sir J.-M. Barrie

©Anne-Laure Buffet