CONFERENCE : L’EMPRISE – LA COMPRENDRE POUR S’EN LIBÉRER

CONFERENCE : L’EMPRISE – LA COMPRENDRE POUR S’EN LIBÉRER

Vendredi 25 novembre 2016 Anne-Laure Buffet était invitée par la mairie d’Issy les Moulineaux à donner une conférence sur : 

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Un commentaire reçu suite à cette conférence : « J’ai rarement entendu une conférence aussi pertinente. L’analyse est selon moi, fine, juste et suffisamment analogique pour faire sens. La mise en place de l’emprise, l’apparition des symptômes, les conséquences, sont clairement expliquées. Conférence bien menée par Mme Anne-Laure Buffet qui a su aborder cette problématique sous divers angles. »

LE SYNDROME DE PETER PAN

« Je ne veux pas devenir un homme … jamais, dit-il avec passion. Je veux rester pour toujours un petit garçon et m’amuser. Alors, je me suis sauvé à Kensington Gardens et j’ai vécu longtemps avec les fées. »

Peter Pan – James Matthew Barrie

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Peter Pan. Un conte soi-disant destinés aux enfants, mais pas qu’aux enfants. Un conte dont Walt Disney s’est emparé, pour le vider en partie de sa substance. La mort, bien présente dans le récit de J.M. Barrie, n’apparaît que peu. Comme celle que Peter Pan donne aux enfants perdus lorsqu’ils décident de grandir ; celle de Crochet et du crocodile dont l’apparition est plus grotesque qu’effrayante ; celle de la jeunesse qui est vouée, en principe, non à disparaître mais à construire une personnalité.

Peter s’obstine à rester un enfant pour toujours afin d’échapper aux devoirs et obligations du vieillissement. Il se mure alors dans un monde imaginaire qui est la représentation du monde de l’enfance.

La psychanalyste Kathleen Kelley-Laîné (1) éclaire l’histoire de J.M. Barrie sous l’angle de l’absence d’une mère endeuillée et donne à Peter le visage d’un enfant perdu c’est à dire abandonné ou mort, dans tous les cas, maltraité par des parents négligents.

Peter Pan souffrirait dès lors de « confusions handicapantes » dont l’une d’elles serait le fait que Peter agit tel un adolescent et se dit être « un garçon qui refuse de grandir ».

Régis Loisel (2), décèle la cruauté d’un monde enfantin car il n’y a pas de concept du Bien ou du Mal. Il n’y a pas de culpabilité, ni d’embarrassants souvenirs et encore moins de compassion et reconnaissance. Ce monde est « juste une société enfantine qui instaure des lois sans principe. Ici nous pouvons voir les dédales des passages sombres de l’enfance. Donc Régis Loisel nous dévoile les restrictions de ce monde enfantin par leurs sentiments égocentriques. Pour autant, cette bande-dessinée ne peut être considérée comme un préquelle du Peter Pan de J.M. Barrie.

Le terme « handicapant » est bien loin d’être exagéré. Peter Pan souffre de handicaps. Cet enfermement dans le monde de l’enfance lui permet ainsi d’éviter toutes les responsabilités inhérentes au monde de l’adulte.

Par analogie, le syndrome de Peter Pan désigne les enfants angoissés par l’idée de grandir et surtout les adultes qui ne se sentent pas à l’aise dans le monde des adultes. Il a été défini pour la première fois en 1983 par le psychanalyste Dan Kiley (3). Bien loin d’une psycho-pathologie ou d’une maladie, le syndrome de Peter Pan est une tendance de certains individus, « hommes de par leur âge, et enfants par leurs actes ».

Un enfant dans un corps d’adulte, voilà qui pourrait résumer le syndrome de Peter Pan. Autrement dit: la personne, de sexe masculin, passe directement de l’enfance à l’âge adulte, sans franchir les étapes qui jalonnent l’adolescence et permettent d’acquérir la maturité.

Il s’agit d’un ensemble de symptômes, plus ou moins intenses. Le plus souvent, le syndrome de Peter Pan se dévoile au début de l’âge adulte, quand l’individu est confronté à ses premières responsabilités. Les « Peter Pan » sont souvent décrits comme immatures, égocentriques et parfois manipulateurs. Ils sont toujours dans le déni, et rejettent avec virulence toute forme de critique. En listant rapidement ces symptômes au nombre de 7, on trouve :

  • L’incapacité d’exprimer les émotions telles qu’elles sont ressenties, car les «Peter Pan» ne savent pas ce qu’ils ressentent.
  • La procrastination, qui consiste à remettre au plus tard possible les tâches à accomplir.
  • La difficulté à se faire de vrais amis, malgré le grand désir d’appartenir à un groupe et l’angoisse de la solitude.
  • Le recours aux faux-fuyants pour ne pas avoir à admettre sa responsabilité («ce n’est pas ma faute!»). Ce comportement peut aboutir à la consommation de drogues pour tenter de faire disparaître les problèmes.
  • Un sentiment de colère et de culpabilité envers la mère. La personne «atteinte» du syndrome de Peter Pan voudrait se libérer de l’influence de celle-ci, mais culpabilise en le faisant. Les plus jeunes essaient d’apitoyer leur mère pour obtenir de l’argent.
  • Un désir d’être proche du père tout en ayant le sentiment que ce père ne pourra jamais offrir son approbation. Lorsqu’ils sont plus âgés, de 30 à 40 ans, les «Peter Pan» admirent leur père et n’admettent pas qu’il commette des fautes ou ait des limites.
  • De fréquents problèmes avec les femmes. Le «Peter Pan» peut cacher sa peur d’être rejeté et sa sensibilité derrière un masque cruel. Il ne supporte pas les femmes indépendantes, il a besoin de pouvoir protéger une femme dépendante. L’impuissance sociale se retrouve sur le plan sexuel.

Mais attention : un Peter Pan réunit plus ou moins ces symptômes, ou ne les laisse apparaître qu’en cas de nécessité. Par exemple, son rapport aux femmes et sa sexualité varient selon ses attentes, ses besoins, et même le moment. Sexualité et tendresse peuvent se confondre et il va donner dans une relation sexuelle presque mécanique, libératrice pour lui, ce qu’il ne peut donner autrement. Et si le risque de perdre une femme-mère se présente, il reprendra avec celle-ci un rôle séducteur, tout en cherchant ailleurs à conforter son image virile et puissante.

Confusions, mauvaise répartition des rôles, déni, cruauté vis-vis de ceux qui ne veulent plus être enfant, narcissisme et égoïsme, possessivité exagérée de ceux qui l’entourent, l’aiment, ou le protègent, exigences insatisfaites et permanentes. Moqueur, ironique, tout à tour joyeux ou méchant, il se moque de ce qui ne le concerne pas directement, rejette la responsabilité sur les autres, se précipite en sauveur tout en exigeant une reconnaissance et une soumission totales. À la fin de l’histoire, il finit par oublier ses anciens amis (et ennemis), et les anciennes aventures qu’il a vécues sont perpétuellement remplacées par de nouvelles. Tout, à part lui, est interchangeable ; il va chercher les enfants génération après génération et oublie à chaque fois les précédents. « Ainsi, les enfants, dès qu’une nouveauté les sollicite, sont-ils toujours prêts à abandonner aussitôt ceux qu’ils aiment le plus. »

Bien qu’ils soient prompts à blâmer les autres, il demeure extrêmement sensible au rejet. Reprocher ? Oui. Subir le reproche ? Non. Il a toujours une bonne excuse, une bonne raison. Et la tête penchée, œil de cocker en coin, il interdit toute contre argumentation le temps d’expliquer pourquoi il fut si cruel. Pause. Rémission. Et il recommence.

De fait il va avoir tendance à pousser les limites au-delà du raisonnable afin de « tester » cet amour. Ce besoin est tel qu’il ressent beaucoup de vide sauf quand il est entouré et au centre de l’attention.

Il pense que l’amour d’une compagne doit être comme un amour maternel inconditionnel et positif. C’est une pensée inconsciente et dont il se cache. Peter Pan mais dans un corps d’adulte, il retient les codes nécessaires et utiles qui trompent le monde, son monde, et lui avant tout. Mais livré à lui-même, il oublie tout, et les codes en premier lieu. S’il vous plait, merci ? Du superfétatoire sous-entendu et qui ne mérite pas d’être dit, puisque forcément son interlocuteur doit savoir qu’il le pense. En revanche, flatterie, amabilité, sourire et plaisanterie font de lui un homme à l’apparence sociable et conviviale. Plus les années passent et plus la culpabilité est grandissante, celle de n’avoir « rien fait » de sa vie pendant de nombreuses années, celle de dépendre des autres, d’une autre, généralement une femme, la Wendy du conte qui se voit alors attribuée un rôle de mère. Rôle qu’elle supportera à son corps défendant, ou non. Il y a alors interaction de deux personnalités.

Cette solitude et cette souffrance peuvent conduire à une dépendance alcoolique ou toxicologique. Il y a toujours une quête d’un absolu que lui seul peut déterminer, et qui varie selon les époques, les périodes, les nécessités. Il peut aller jusqu’à l’abandon total de toute responsabilité, s’en remettant complètement à cette Wendy qui lui tient lieu de mère. Comme un enfant de 4 ans, il se mettra dans des colères insupportables lorsqu’il n’obtiendra pas satisfaction, mais sa peur du rejet le conduira à se montrer, par la suite, doublement gentil – comme l’enfant de 4 ans, toujours, qui après avoir dit à sa mère « je ne t’aime plus » va lui dessiner un joli paysage et un cœur en espérant recevoir un baiser. « D’après l’opinion générale, Peter se conduisait pour l’instant d’une façon correcte uniquement pour endormir les soupçons de Wendy, mais on sentait qu’il ne tarderait pas à changer d’attitude, dès que serait prêt le nouveau costume que la fillette lui taillait contre son gré dans les plus méchants habits de Crochet. »

Il est très difficile de guérir du syndrome de Peter Pan, car il s’agit d’un cercle vicieux. « Bas les pattes, madame! Personne ne va m’attraper et faire de moi un adulte. » L’incompréhension du monde des adultes pousse la personne à s’isoler dans un monde d’abstraction, ce qui renforce encore le décalage et fait monter l’angoisse. Les personnes atteintes sont tellement dans le déni de leur problème qu’elles ne voient pas la nécessité de se prendre en charge. Seule la souffrance va pousser le malade à faire un travail sur lui-même, volontairement. Un travail long et difficile dans tous les cas, mais qui en vaut largement la peine

Face au syndrome de Peter Pan, Dan Kiley, suivi par le psychologue Jaime Lira, développe .

Le syndrome de Wendy se manifeste par une nécessité absolue de satisfaire les autres, et plus particulièrement en couple. La femme qui connaitra ce syndrome va surinvestir son rôle. Plus maternante que femme, elle sera séduite par le côté joueur, innocent, léger, de son compagnon, et prendra à sa charge toutes les responsabilités. Lorsqu’il faudra le confronter à la réalité, elle se heurtera à un mur, et continuera ce qu’elle faisait auparavant, cherchant à dédouaner son compagnon ou espérant un « mieux », toujours promis. « C’est la coutume, le soir, chez toutes les bonnes mères, une fois leurs petits endormis, d’aller fureter dans leurs esprits et d’y faire du rangement pour le lendemain matin, remettant à leurs places respectives les innombrables choses et notions qui se sont égaillées, égarées durant la journée. Si vous pouviez rester éveillés (ce qui, bien sûr, est impossible), vous surprendriez votre propre mère se livrant à cette activité et vous l’observeriez avec le plus vif intérêt. C’est un peu comme mettre de l’ordre dans un tiroir. Vous la verriez à genoux, je suppose, pensée, souriante, sur tout ce que vous recelez, se demandant où diable vous avez pris cette idée, allant de surprise en surprise — pas toujours agréable — pressant ceci contre sa joue qui lui paraît aussi doux qu’un chaton, rejetant en hâte cela hors de ça vue.

Quand vous vous réveillez le matin, le mal et les passions mauvaises avec lesquels vous vous êtes endormis au lit ont été pliés avec soin et relégués au fond de votre esprits ; et par dessus, bien aérées, sont étalées vos plus jolies pensées, prêtes à vous servir. »

Les comparaisons ou analogies au syndrome de Wendy seraient le parent qui a fait le travail de l’enfant, accompagne dans tous les projets, a pour objectifs de faciliter toujours la vie. Ou un membre d’un couple qui assume ou se voit contraint d’assumer sans s’opposer toutes les fonctions et décisions. La personne, en raison de sa crainte de rejet ou d’abandon, cherche trop à satisfaire.

Dans le conte Peter Pan, il ne faut pas oublier le rôle de la fée Clochette. « Clochette n’était pas totalement mauvaise ou, plutôt, elle était totalement mauvaise à ce moment-là tandis qu’à d’autres, elle était entièrement bonne. Les fées doivent être une chose ou l’autre: elles sont si petites qu’elles ne peuvent malheureusement héberger qu’un sentiment à la fois. »

Fée que Peter Pan recherche, dont il a besoin même à son corps défendant, qui lui permet de chasser ses angoisses et ses peurs. Elle est à la fois son tuteur, son ange gardien, et son contrôle. Et d’ailleurs, elle n’hésite pas à se fâcher (ce que Walt Disney transforme en bouderies), à s’éloigner pendant un temps, à le quitter. Peter Pan ne le supporte pas, il se désespère, ressent le rejet, se met en colère. Et lui fait payer. Très cher. Ce qui l’arrête ? Si Clochette plie. Sinon, il fuit, drapé dans sa superbe enfantine.

L’accumulation et la tentation modernes de « créer » des syndromes n’a pas épargné Clochette. La psychanalyste Sylvie Tenenbaum dans « Le syndrome de la fée Clochette » décrit ce syndrome et les femmes qui en seraient atteintes ou porteuses. « Clochette » est brillante, travailleuse, perfectionniste, enjôleuse, romantique parfois. Mais cette séductrice, experte en manipulation, n’est jamais satisfaite de ses conquêtes. En réalité, à force d’exigences forcément déçues, elle est tout le temps en proie à une colère intérieure qu’elle doit s’employer à cacher. Elle sait si bien « jeter de la poudre » aux yeux. C’est une fée, ne l’oublions pas !

Ainsi, nous nous retrouvons avec un adulte-enfant-tyran, une femme-mère-dépendante et une autre autoritaire-manipulatrice-possessive. Terrible trio, ou double duo, toujours dévastateur. Je ne positionne pas ainsi Clochette, dans cet article. Clochette assume le rôle de mère. Elle surveille, protège, met en garde, contrôle, punit. Elle n’est pas la maman que Wendy doit être. Selon Kathleen Kelley-Laîné : « Comme toutes les autres fées, Clochette symbolise la mère morte, celle qui ne vous quitte jamais car elle est toujours auprès de vous par son esprit. C’est ce qu’on dit. Clochette est ainsi : elle est l’ange gardien de Peter ; c’est elle qui trouve son ombre, et dans votre histoire, elle le découvre et le ramène sur l’île du Jamais-Jamais. D’une certaine manière, c’est elle qui met au monde Peter Pan. Elle est jalouse des autres femmes qui s’approchent de son Peter, comme le font les mères…« 

Elle a donc bien le rôle de mère – à la nuance près que dans le conte, elle ne veut pas voir son enfant, Peter Pan, s’envoler.
Mais dans la vie ? Dans la vie, elle sera celle qui succombera – elle aussi – au charme de Peter Pan. Tout en sentant qu’elle peut imposer une forme d’autorité bienveillante. Reste à savoir ce que son Peter Pan décidera. Grandir – souffrir pour grandir et renoncer à son pays imaginaire. Ou la rejeter, et conserver ce qu’il connaît le mieux : l’immaturité souvent cruelle.

©Anne-Laure Buffet

  • Peter Pan ou l’enfant triste – K. Kelley-Laine, Calmann-Levy
  • Peter Pan, bande dessinée, 6 volumes, Vents d’Ouest – Régis Loisel
  • – Ces hommes qui ont refusé de grandir» ; Dan Killey – Odile Jacob

PARLER DE L’INCESTE : UNE URGENCE SOCIALE ET INDIVIDUELLE

Inceste : Relations sexuelles entre un père et sa fille, une mère et son fils, un frère et une sœur.

L’inceste, lorsqu’il est mis en actes dans une famille, résonne comme la mort psychique des membres qui la composent. Analogue à un crime de sang pernicieux, le meurtre incestueux anéantit l’esprit et la pensée de la victime. L’enfant victime d’inceste est comme l’objet sacrificiel symbolisant le parjure d’une passion dévorante et destructrice. C’est au sein de la filiation entre les générations que s’installe la confusion de langue et de culture. Entre l’enfant et son parent  » inces-tueur « , l’énigme du non-sens engendre un grand désarroi, une incompréhension et une indicible souffrance. (De la séduction traumatique à la violence sexuelle – Yves-Hiram Haesevoets)

Concernant l’inceste, La seule étude de référence date de l’an 2000. A l’époque, 11% des femmes se disaient avoir été victimes de viol un jour dans leur vie. La moitié d’entre elles évoquaient des faits remontant avant leurs 18 ans. Aujourd’hui, nous nous basons sur une enquête de l’Association internationale des victimes d’inceste (AIVI) qui, en 2009, a estimé à deux millions le nombre de victimes en France avec l’aide d’un sondage Ipsos. A partir de ces différentes études et en extrapolant, on considère qu’au moins un enfant sur vingt-quatre est ou a été victime d’inceste. Cela signifie que dans chaque classe, il y a un enfant victime. (extrait de l’article de 20minutes.fr, du 21 janvier 2014)

Selon un sondage Harris interactive de décembre 2015, 6% des Français auraient été victimes d’inceste. 27% des personnes interrogées déclarent connaître au moins une victime dans leur entourage.

Les victimes ont besoin de parler du traumatisme, de nommer les faits. Toute l’ambiguïté c’est qu’on n’ose pas parler des choses, de la réalité. L’inceste ne doit pas être considéré comme un concept mais comme un fait, au même titre qu’un viol est un fait et non un concept.

Pour les victimes, l’inceste est une dure réalité dont le traumatisme laisse souvent des stigmates à vie. Sentiment fréquent de culpabilité, déni, mauvaise estime de soi… Les personnes qui ont subi un inceste sont beaucoup plus vulnérables. Elles sont plus exposées à un certain nombre de pathologies : risque accru de TCA (troubles du comportement alimentaire), risque de dépression, tentative de suicide…

Pour sortir de cette spirale infernale, il est important d’en parler et de se faire accompagner. Il s’agit pour les professionnels de santé d’identifier les victimes d’inceste en posant des questions précises aux patientes.

 

Quel est aujourd’hui l’encadrement juridique de l’inceste ? Pourquoi vouloir l’inscrire dans le code pénal ?
(Combattre l’inceste et le silence qui l’entoure. Institut pour la justice)

L’inceste a été supprimé du code pénal en 1791. Il était considéré comme un trouble à l’ordre public ; cette suppression était donc un pas en avant. Maintenant, l’inceste est puni sous trois chefs d’accusation : le viol, l’agression sexuelle ou l’atteinte sexuelle par ascendant ou personne ayant autorité. cela pose problème car, contrairement aux idées reçues, l’inceste ne se limite pas aux relations père lle. Le deuxième agresseur est le frère par exemple, et ce dernier n’est pas forcément considéré comme une personne ayant autorité. c’est au juge d’en décider. Même problème pour le cousin, oncle, tante, bref, le reste de la famille. De plus, que ce soit un viol ou une agression sexuelle, l’inceste est un crime de lien avant d’être un crime physique, il ne peut pas être éclaté dans notre loi de cette façon. D’ailleurs, qu’il y ait pénétration ou attouchements, l’échelle de gravité ne se situe pas là mais dans la trahison que l’enfant va vivre pour sa vie entière. Tous ses repères vont s’écrouler, la con ance en ceux qui devaient le protéger aussi, le traumatisme prend place au niveau psychique et non physique.

Mais le pire est la notion de consentement de la victime. pour qu’un viol ou une agression sexuelle soit quali és, il faut prouver la menace, violence, contrainte ou surprise, soit le non consentement de la victime. Malheureusement, la plupart du temps, l’acte incestueux est commis sous emprise, le statut de l’agresseur suf t à pétri er l’enfant qui ne dira rien. Il peut alors être considéré comme « consentant ». Il faut en nir en inscrivant dans notre loi en positif qu’un enfant ne peut pas être consentant à l’inceste.

Le documentaire :  offre le regard de victimes et de professionnels sur le drame de l’inceste, le tabou qui demeure, le silence qui tue encore la victime, la nécessité de l’écoute, de la prise en charge, de la plainte.

 

 

 

 

LA DIFFAMATION NE DOIT JAMAIS ÊTRE IGNORÉE

« S’il est au monde quelque chose de plus fâcheux que d’être quelqu’un dont on parle, c’est assurément d’être quelqu’un dont on ne parle pas. »
Oscar Wilde
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Photo Seokmin Ko
L’opinion affirmée amène toujours des réflexions, des remerciements, et des critiques.
En faisant le choix d’informer sur les violences psychologiques intrafamiliales et sur leurs conséquences souvent destructrices, parfois mortelles, je savais que je m’exposais à la censure, à la colère, à la haine de certains. Parce que dans notre société politiquement correcte, où il est cependant de bon aloi de s’opposer à tout, vigoureusement, sans pour autant proposer d’alternative ; où le citoyen reste l’enfant qui commence à dire « non » et refuse de dire « oui », se dresse lorsque le nombre le suit mais baisse la tête lorsqu’il n’a pas de soutien ; où les combats se répètent et les antagonismes se creusent ; où la justice est souvent piétinée, appelée au secours et critiquée à la même minute parce « qu’elle ne fait rien » ; où l’on confie aux instances un rôle maternel, pouvant ainsi leur demander protection, et s’y opposer comme un ado qui claque la porte ; parce que dans une telle société, on réclame de dénoncer le coupable, le criminel, le monstre, de protéger la veuve et l’orphelin, l’opprimé et le faible ; mais que pour le faire, il faudrait dans un même discours défendre plusieurs positions, souvent opposées, afin de ne choquer personne et de plaire à tout le monde.
Et si ce n’est pas le cas, on s’expose à la vindicte, à la critique.
Parfois pire : au jugement inique, à la calomnie et la diffamation.
Je viens, ou plutôt mon travail, celui de CVP, celui d’information, de soutien et d’accompagnement auprès de victimes de violences psychologiques, vient d’en faire les frais.
Et publiquement, puisque c’était sur un réseau social.
Diffamation : « La diffamation est une fausse accusation qui porte atteinte à l’honneur et à la considération d’une personne. La diffamation peut être raciste, sexiste, homophobe. Elle relève d’une procédure spécifique permettant de protéger la liberté d’expression. »
Il y a trois jours, je postais sur Facebook quelques lignes relatant une situation préoccupante laissant à supposer un inceste, sans qu’une décision de justice ne soit prise, malgré les signalements faits au procureur, les plaintes… pour mener une enquête sociale, pour protéger l’enfant le temps de l’enquête, pour vérifier les dires de l’enfant et de la mère et décider des mesures à prendre. Ce post a été plusieurs fois partagé. J’aurais pu m’abstenir de l’écrire, ou encore donner tous les éléments du dossier.
Dans un cas, je ne dénonçais pas le fait que la présomption d’inceste est encore trop rarement entendue. Dans l’autre je trahissais la confidentialité du dossier.
Bref. Alertée par ce post, une jeune femme voulant bien faire l’a mis dans un groupe privé pour demander, je crois, comment aider cette mère et son enfant. C’était public – mais je ne vais pas cacher ce que je fais, pense et dis – et visible par tous. Bons et mauvais pensants. Un mauvais s’en saisit, tel un mauvais renard – mais je ne sais pas s’il a tout compris à La Fontaine, puisqu’il se montre surtout corbeau – et lut, complètement de travers, le message. Pour en conclure dans un délire qui ne regarde que lui que je réfute la réalité de l’inceste et n’en fais qu’une fable utilisée par des personnes malveillantes pour en accuser d’autres de perversions sexuelles, de déviances criminelles et d’agressions sur enfants, le tout n’ayant jamais existé.
Fort de ses inacceptables certitudes, mon détracteur diffamant s’est empressé de conclure que je prône sans en comprendre les risques, tenants, aboutissants et conséquences, le SAP (syndrome d’aliénation parentale). Et que je remets en cause la parole de l’enfant ou de la mère. Et donc, forcément mais c’est bien sûr, je suis masculiniste. Heureusement que mon accusateur me le dit puisque je ne m’en étais pas rendue compte. (“Les masculinistes partent du postulat selon lequel l’égalité entre les femmes et les hommes serait atteinte. Suivant ce constat, les hommes seraient susceptibles de vivre autant de discriminations que les femmes. Plusieurs vont jusqu’à dire que les hommes seraient victimes des « excès » des femmes, plus particulièrement des féministes, voire qu’ils subiraient un système matriarcal. De fait, non seulement les masculinistes ne reconnaissent pas la discrimination systémique que vivent les femmes, mais ils tentent souvent de se l’approprier à leur avantage.” )
Et comme ce monsieur sait chercher, il a trouvé une preuve irréfutable, en cet article : Au sujet du déni parental :  En effet j’y écris que : « Le terme d’aliénation parentale est sujet à de fortes polémiques. Nous reviendrons sur ces polémiques ; nous adhérons au sein de CVP à l’idée de l’aliénation, qui revient à dire que l’autre, l’un des deux parents, est rendu étranger à l’enfant, est mis en dehors du lien biologique et naturel. » Et là, la tête sur le billot, les pieds dans les fers, et soumise à un écartèlement, je dirai encore que le terme aliénation a un sens dans la mesure où un enfant, et un parent sont rendus étrangers l’un à l’autre et à eux-mêmes, par les manoeuvres, manipulations… de l’autre parent. Pour rappel : la notion d’aliénation (du latin : alienus, qui signifie « autre », « étranger ») est généralement comprise, en philosophie, comme la dépossession de l’individu, c’est-à-dire la perte de sa maîtrise, de ses forces propres au profit d’un autre (individu, groupe ou société en général). Il renvoie ainsi fréquemment à l’idée d’une inauthenticité de l’existence vécue par l’individu aliéné.
Zut, je n’ai pas précisé de quel sexe est tel ou tel parent. Parce que je ne crois pas qu’en la matière il soit question d’un sexe en particulier qui serait méchant et l’autre gentil. Quant au SAP, Dieu et ceux qui me connaissent en sont témoins, je refuse son utilisation, car bien trop dangereux, déformé, et nourrissant des théories qui ont permis des abus et des dérives… Jusqu’à Outreau.
Non content de cette judicieuse trouvaille, un autre article est venu en aide à mon accusateur pour forger sa théorie selon laquelle je serais : « une dangereuse manipulatrice proche des réseaux masculinistes et pédophiles, ainsi que de l’extrême-droite soralienne (1) » : Violence conjugale : les hommes battus  Alors là, ce n’est plus la cerise sur le gâteau, c’est toute la cerisaie dans la pâtisserie. J’OSE dire qu’il y a des hommes battus. J’OSE même dire qu’il existe des femmes violentes. Et bien, c’est mal et mensonger et manipulateur. Parce que les femmes, elles ne font pas ça. Et si on le dit, on s’en prend aux femmes, aux féministes, au combat des femmes, on ne comprend rien à la violence systémique des hommes, on est extrêmement dangereux, réactionnaire facho et tout et tout. Chouette. Un post, deux articles ; l’affaire est dans le sac et elle y est solidement enfermée. Ce que je fais, dis, écris, pense, n’est ni vu ni lu ni commenté ni considéré. C’est un peu court, jeune homme, car on peut dire bien des choses en somme, aurait commenté un Edmond de ma connaissance.
Forte de cette leçon gracieusement offerte par cet individu qui avait plongé tête baissée dans la diffamation et l’injure, je me suis tout de même interrogée. Les mères qui maltraitent leurs enfants d’une façon ou d’une autre, sont-ce des femmes ? Les mères infanticides, sont-ce des femmes ? Les mères qui abandonnent un beau matin mari et enfant pour courir la prétentaine et le reste, sont-ce des femmes ? Faut-il, pour ne pas rompre avec l’ordre moral et attenter aux droits que les femmes se battent pour obtenir et défendre, nier certaines vérités ? Ais-je dit que c’était 50/50 et les femmes elles sont aussi méchantes que les hommes ? C’est un match de tennis, une partie de foot, il faut être à CETTE égalité pour ouvrir sa bouche ? Rêve-je ? Ou cauchemarde-je ? Suis-je en train de remettre en cause le combat féministe indispensable et loin d’avoir pris fin en parlant de ces femmes maltraitantes ?
Non. Je dis que ça existe, oui. Je dis qu’un homme a le droit d’être entendu parce qu’il est en souffrance, et non parce que c’est un homme et donc youpi ça permet de pointer du doigt les vilaines vilaines femmes. Je dis qu’un garçon de 11 ans qui est maltraité par sa mère sera un jour un homme et risque de reproduire la maltraitance vécue, ou de la vivre à nouveau. Je dis qu’une femme peut avoir des comportements incestuels, et même incestueux. Je dis que certaines épouses de pères incestueux vont couvrir leurs maris et nier l’inceste. Je dis que la justice manque de moyens, de formations, de connaissances, de soutien. Je dis que la société est en déséquilibre et que ce déséquilibre est dangereux. Je dis qu’il ne faut faire ni amalgames ni généralités. Je dis que chaque cas est particulier et que si la loi existe et pose des règles, des fondements et des bases, elle ne peut être appliquée réellement qu’en tenant compte individuellement de chaque situation.
Je dis également que : à chacun son combat. Je dénonce la culture du viol ; je dénonce l’inceste trop souvent banalisé, nié et réfuté ; je dénonce le harcèlement sous toutes ses formes. Je revendique le droit de pouvoir porter la tenue que l’on veut, où l’on veut, au poste que l’on veut, sans risquer de se faire chahuter d’une manière ou d’une autre. Je revendique d’avoir le droit à un salaire égal pour un poste égal. J’approuve la manifestation du 24 octobre, en Islande, organisée par des femmes qui ont cessé le travail à cette heure-là. La raison? À cet horaire, une femme a travaillé le même nombre d’heures qu’un homme à salaire égal, sur une base de huit heures de travail quotidiennes. Je ne suis pas dans le combat féministe. Et mes ami(e)s féministes le savent. Je ne le suis pas car je laisse à d’autres plus éclairé(e)s, plus informé(e)s, plus à même que moi d’en débattre le soin de le faire et ce avec suffisamment d’intelligence, de convictions et d’arguments qu’ils sont en mesure (d’essayer) de se faire entendre. A condition de pouvoir nettoyer les esgourdes de certains hommes bien trop coincés dans leurs privilèges et leur machisme dégradant, tant pour les femmes que pour les hommes.
En revanche je refuse de croire que mes propos serviraient la cause de ceux qui s’acharnent à détruire. J’affirme que jeter au panier ce que je dis est une régression tant intellectuelle que sociale, dangereuse et dégradante quant au regard que nous nous portons les uns aux autres. Et j’affirme être tous les jours auprès de personnes, d’être humains, d’individus bien faits de chair, de sang, et d’âme, pour les aider à mettre des mots sur leurs maux, ainsi que le dit l’expression. Pour leur permettre de sortir d’un enfermement, d’une emprise psychologique, physique également, économique souvent. J’affirme accompagner lors de procédures juridiques difficiles. J’affirme ne pas me porter en garante de la morale féminine et/ou masculine, mais humaine, s’il en est encore une. J’affirme avoir envie de vomir en entendant certains témoignages. J’affirme que nier le fait qu’un enfant puisse être utilisé comme objet de pouvoir et de jouissance ou comme arme par un individu, homme ou femme, est un aveuglement proche de l’obscurantisme primaire, du négationnisme, qui fait dramatiquement résonner le bruit de certaines bottes.
J’affirme qu’il est à chaque fois, dans chaque situation question d’une personne en souffrance et d’une autre qui a pour intention de détruire.
J’ai fait l’objet d’accusations et de diffamation. Je ne suis ni la première ni la dernière qui ai à subir ce type d’attaques, parce que le discours dérange. Je comprends l’opposition, je propose l’échange et le dialogue, j’admets la critique et l’emportements. Je m’oppose à l’agression sous toutes ses formes. Et parce que je m’y oppose chaque jour, j’ai répondu à celle qui m’était faite, en proportion de ce qu’elle a été.
Et je continuerai ainsi que je le fais déjà à dire que chacun a le droit d’être entendu, que si la présomption d’innocence existe, elle a un sens et mérite d’être respectée. Et que, dans ces cas de violences intrafamiliales où tout demeure si invisible et si tu, il faut d’autant plus s’interroger, aider, protéger et accompagner, lorsqu’une personne ose prendre la parole pour dénoncer.
La diffamation est une arme de violence psychologique. Il ne faut jamais l’ignorer.
La diffamation. Une idée excellente. Le banal assassinat ne tue qu’une fois, mais la diffamation tous les jours.
Terry Pratchett
Et chaque fois que je serai confrontée à la diffamation, j’agirai.
Et chaque fois que j’aurai vent de diffamation, j’agirai.
Et ne laisserai jamais une personne qui me fait confiance en faire les frais ou en subir les conséquences.
(1) Ainsi que ce monsieur l’a écrit dans un message adressé en privé à un certain nombre de ses contacts.
Anne-Laure Buffet

PRÉSERVEZ NOTRE PETITE VIE DE VOTRE VIE DE COUPLE – TÉMOIGNAGE

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Elle a 12 ans. Elle subit le divorce de ses parents. Un divorce très conflictuel. Violent.
Elle, elle demande simplement une chose : avoir le droit de vivre et d’aimer ses deux parents.

« Bonjour Je m’appelle XXX et j’ai 12 ans.
Mes parents se sont séparés il y a 3 ans. Ma famillle s’est déchirée et mes 5 frères et sœurs ont pris partie pour un de mes parents. Pour moi LE cauchemar a commencé parce que sur 6 enfants j’étais la seule à dire que je voulais voir autant mon papa que ma maman que je voulais avoir le droit d’aimer mes 2 parents sans avoir plein de reproches ….. Mes frères et sœur ma Grand mère personne ne comprenait ma position et ma souffrance.Ils ont tenté de me faire changer d’avis 5 interrogatoires où ils m’ont dit que j’allais avoir une mauvaise éducation que j’allais regretté ma décision que je trahissais mon père que je les abandonnais.
C’était si difficile qu un soir à bout de force j’ai pris une lame et je me suis entaillée l avant bras . Rien à changer pour autant je me suis confiée à la CPE du collège qui à téléphoné à mes parents et ça a été encore pire en pression plus LE temps avançait plus c’était compliqué… J’ai écrit au juge j’ai demandé à lui parler J’ai pris un avocat….mais rien ne changeait …..Bien au contraire
Je sais que du haut de mes 12 ans j’ai fait le bon choix Jaime mes parents de tout mon cœur …même si je ne comprends pas toujours leur réaction …Après ma lettre au juge J’ai été obligé d’aller chez ma grand mère qui M à reprochée pendant 15 jours ma décision disant que par ma faute mon père souffrait ….que je devais prendre un partie .. C’était si difficile qu’il y a un mois j’ai DE nouveau pris une lame et à nouveau j’ai entaillé mon avant bras …

J’ai envie DE hurler n’y a t il aucun adulte dans ce monde en capacité de protéger les enfants pour qu’ils aient le droit d’aimer leur 2 parents aucune loi qui puisse nous protéger parce qu’un enfant ne divorce jamais de ses parents pourquoi est ce si compliqué d’avoir LE droit d aimer ses 2 parents ?

Parents ne nous mêlée pas à votre séparation

Préservez notre petite vie de votre vie de couple ….

Madame Buffet j’espère qu’un jour les enfants comme moi n’auront plus à se battre pour avoir le droit d’aimer ses 2 parents s est si difficile qu’il m’est arrivée DE regretter d avoir fait ce choix d’aimer mes deux parents … »