Selon Warshak (psychologue et chercheur américain, spécialisé dans les conséquences d’un divorce conflictuel, et dans l’aliénation parentale), le parent aliéné doit prendre conscience de sa part de responsabilité dans le phénomène du SAP (non pas tant au niveau de son apparition mais au niveau de son maintien). Un chapitre entier de son ouvrage décrit une série d’actions à entreprendre pour le parent aliéné (mais ne concerne que les cas où le contact est toujours maintenu) :
Empathie
Quand l’enfant exprime des sentiments négatifs à propos du parent aliéné, celui-ci doit les entendre ; bien que ces sentiments aient été influencés par le parent aliénant, ils sont néanmoins bien réels. Le parent aliéné doit accepter la réalité de l’enfant avant de vouloir la modifier, faute de quoi l’enfant a l’impression de ne pas être pris au sérieux.
Communication indirecte
Les enfants et les adolescents parlent difficilement de leurs craintes et de leurs peurs. Quand les adultes essaient de les aider, ils éludent la conversation. Le parent aliéné doit donc rendre cette expression plus confortable par une communication indirecte.
Écoute provoquée
Il s’agit de laisser « accidentellement » l’enfant écouter une conversation qui le concerne. N’ayant aucune chance de corriger les distorsions de l’enfant de manière directe, le parent aliéné fait passer un message qu’il veut que l’enfant entende via une conversation « privée » (par exemple au téléphone). Le message ne doit jamais être centré sur la colère ressentie envers le parent aliénant.
« Deux pas déplacés »
L’enfant aliéné n’a pas conscience d’être influencé. Il est par ailleurs vivement déconseillé d’exprimer à l’enfant qu’il a fait l’objet d’une manipulation (ceci équivaut à lui dire que ses propres sentiments et pensées ne lui appartiennent pas). Le parent aliéné peut, au lieu de cela, approcher le problème en abordant un thème général tournant autour de l’influence. L’enfant ne peut éventuellement accepter l’idée d’une manipulation le concernant que s’il a préalablement intégré l’idée que tout individu est susceptible de tomber sous une influence.
Tiers
L’enfant n’accorde aucun crédit à la parole du parent aliéné. Il est utile de faire intervenir des tiers (respectés par l’enfant) : amis, professeurs, etc. De nouveau, ce tiers doit être capable d’entendre l’enfant, avant de le confronter trop vite à sa réalité falsifiée.
« Battre le fer tant qu’il est chaud »
Il est préférable d’aborder des sujets délicats avec l’enfant lorsque celui-ci est d’humeur réceptive. Si l’enfant s’amuse avec le parent aliéné, il est moins à même de rejeter ce qu’il lui dit.
Ponts
En s’entourant d’individus le traitant avec respect, le parent aliéné permet à l’enfant de se rendre compte que l’opinion du parent aliénant (à l’égard du parent aliéné) n’est pas partagée par le reste du monde.
Expériences correctrices
Le SAP peut être renversé par des expériences chaleureuses entre le parent aliéné et l’enfant. Les activités préconisées font intervenir l’interaction directe (par exemple, de la cuisine). Le parent aliéné ne doit pas s’attendre à ce que l’enfant participe volontairement à l’activité ; aussi, lui dira-t-il qu’il a besoin d’une aide. Durant l’activité, le parent aliéné doit focaliser son attention sur le plaisir de l’échange relationnel. De manière générale, plutôt que d’adresser à l’enfant une critique directe sur ses distorsions, le parent aliéné montre de manière indirecte qu’il n’est pas le mauvais parent qu’imagine son enfant.
Mémorisation du positif
Le parent aliéné peut focaliser l’attention de l’enfant sur l’amusement qu’il vit sur le moment. Une autre manière de mémoriser l’expérience positive est d’utiliser les photos et la vidéo. Néanmoins, il ne s’agit pas de « prêcher », d’exagérer.
Remémoration
Se rappeler les bons moments passés autrefois ensemble constitue une puissante expérience liante. Encore une fois, cette méthode ne doit pas être employée brusquement ; à cet égard l’usage de tiers peut être utile (par exemple montrer des photos à un tiers en présence de l’enfant).
Isolements dans la fratrie
Combattre un PAS est plus accessible avec un enfant seul que face à un groupe de frères et sœurs. Un enfant se conforme à ses frères et sœurs. A l’inverse, il est plus difficile pour un enfant d’être rejetant s’il est placé dans un milieu où personne ne partage sa position. Il ne s’agit pas de créer un conflit entre les enfants ni de demander à l’enfant « conquis » de convertir les autres enfants à sa nouvelle position. Le parent peut discuter de la possibilité qu’aura l’enfant de subir la désapprobation à son retour chez le parent aliénant.
Apprentissage de la neutralité
Le parent aliéné doit tenter d’inculquer à l’enfant qu’il a le droit d’avoir une relation saine avec ses deux parents (sans prendre parti pour l’un aux dépens de l’autre).
Religiosité revisitée
Si la technique de religiosité a été utilisée pour manipuler l’enfant, le parent aliéné peut s’en défendre en utilisant la même « arme ». Par exemple dans le christianisme, un des dix commandements est « Honore ton père et ta mère » ; le mensonge est un péché, … Dans le judaïsme, La Lashon Hara (« mauvaise langue ») considère qu’un discours médisant est pire qu’un vol (un objet volé peut être restitué, tandis qu’une parole malveillante ne peut être annulée).
Acceptation du désaccord
Lorsque l’enfant détient un point de vue négativiste (et probablement faussé) à l’égard du parent aliéné, l’argumentation (voire la confrontation) n’a pas de prise. Le parent aliéné ne doit pas essayer de convaincre l’enfant qu’il a tort (notamment dans le cas d’allégations d’abus sexuel) ; le mieux est d’exprimer à l’enfant le droit à chacun d’avoir sa vision des faits, et de ne plus se concentrer sur ce désaccord insoluble.
Imperfection humaine
L’enfant doit être aidé dans la compréhension du fait que les deux parents ont chacun leurs points positifs et leurs faiblesses (plutôt qu’un vilain parent versus un héros), et qu’il est normal d’avoir des sentiments mélangés (positifs et négatifs) envers les personnes que l’on aime.
Pensée indépendante
Il arrive à l’enfant de rapporter les dires du parent aliénant au parent aliéné. La réponse « Ce n’est pas vrai » est inefficace (car elle disqualifie le discours du parent préféré aux yeux de l’enfant). Par contre : « Qu’est-ce que toi tu penses ? » amène l’enfant à penser par lui-même.
Media
Certaines histoires développées dans les films peuvent faire passer un message à l’enfant. Par exemple, dans Hook, le capitaine Crochet tente de détourner un enfant de son père. Après la vision du film, une discussion ne doit pas être entamée d’emblée, le film pourra par contre être pris comme exemple dans des conversations futures.
Meilleur parentage
Le parent aliéné peut être à tel point obnubilé par les attitudes néfastes du parent aliénant, qu’il en oublie ses propres contributions au phénomène. Des parents autocentrés ou rigides doivent apprendre les centres d’intérêt et les besoins de l’enfant. Il se peut également que le parent aliéné soit trop rude, en attende trop de l’enfant, lui accorde peu d’attention ou fasse preuve de manque de patience.
Évitement des erreurs communes
La faute générale typique du parent aliéné est de rester passif. Il ne doit pas espérer que l’enfant se dégagera seul de l’aliénation. Ceci dit, la possibilité de contact avec l’enfant ne suffit pas à elle seule, la façon dont le parent aliéné va se comporter est primordiale. Voici les erreurs à éviter :
– L’enfant aliéné dit généralement beaucoup de méchancetés. « Se battre » avec l’enfant ne résout
pas le problème. De plus, toute agression servira d’argument au parent aliénant.
– Certains parents « contre-rejettent » leurs enfants, espérant un revirement de situation de leur part.
– Les sermons font rarement effet sur les sentiments négatifs.
– Ne pas accorder de crédit aux sentiments de l’enfant (« Tu ne me détestes pas vraiment ») pousse
l’enfant à croire qu’il n’est pas entendu ni compris.
– Si l’enfant rapporte au parent aliéné des propos provenant du parent aliénant, le parent aliéné peut
interpréter ce fait directement comme étant de l’aliénation. Or, il se peut que l’enfant relate ces
propos car cela le met mal à l’aise. Il faut alors montrer à quel point il doit être difficile pour lui
d’entendre de telles choses.
– Quand le parent aliéné dénigre le parent aliénant (par surenchère), cela ne produit rien d’autre
qu’une bonne raison pour l’enfant de désaimer ce parent (aliéné). Au contraire, passer à côté de ce
genre d’interventions permet à l’enfant de connaître un lieu à l’écart des hostilités (par opposition au
lieu de vie du parent aliénant).
Selon Stuart-Mills , le parent aliéné ne doit pas s’attendre à ce que ses enfants respectent son autorité. Car les enfants aliénés ont perdu tout sens de la discipline et de l’autorité. L’auteur préconise la catharsis. Lorsque les enfants insultent ou violentent le parent aliéné, la réaction spontanée de ce dernier est de vouloir les forcer à arrêter. Or, l’expression des affects négatifs est un besoin pour ces enfants. Il est nécessaire de permettre des moments de catharsis, même s’il paraissent contre-intuitifs sur le moment.
D’après Major, les parents qui ont combattu avec succès le SAP sont ceux qui:
– ont fait des efforts dans l’amélioration de leur parentage,
– ont contrôlé leurs émotions sans jamais user des représailles,
– ont songé à renoncer mais ne l’ont jamais fait,
– ont pris un avocat de la famille ayant de l’expérience avec le SAP,
– se sont moins concentrés sur les douleurs subies que sur les actions à mettre en place (ils ont évité
le profil de victime),
– ont tenu un journal contenant les évènements clés,
– ont toujours téléphoné, sont toujours venus chercher les enfants, mêmes lorsque ceux-ci montraient
de la réticence,
– se sont focalisés sur l’amusement avec l’enfant sans leur faire partager leurs peines ou parler
négativement de l’autre parent,
– n’ont jamais violé les décisions judiciaires, et ont toujours payé les pensions alimentaires à temps.
Ressource pour cet article : Le Syndrome d’Aliénation Parentale, par Didier Erwoine
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