LES DANGERS DU VIRTUEL (3) : L’OBSESSION

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Le monde virtuel rend dépendant. Les possibilités d’être en permanence relié, en communication, en interaction avec l’autre, sont multiples.
Simple constat : dans les transports en commun, au restaurant, dans les files d’attente, dans la rue à l’arrêt du bus, à la pause cigarette entre deux réunions, le premier réflexe est de regarder son téléphone. De vérifier ses mails.

Lorsque l’enjeu est relationnel, affectif, le réflexe est d’autant plus important. Celui ou celle qui cherche un lien, un réconfort, une présence, va vérifier aussi souvent que possible si « vous avez un nouveau message ». Celui, ou celle, qui se sert de ce biais pour capter une proie, va jouer du message, sur le fond, la forme, et dans la fréquence. Cet écran de fumée qu’est le virtuel devient pour la proie un cordon ombilical la reliant sans cesse à cette personne qu’elle ne connait pas, qu’elle croit connaître, dont elle se pense l’ami(e), l’amoureux(se), dont, bien vite, elle ne peut se passer. Ce qui compte n’est plus tant le contenu du message que la fréquence de celui-ci.

Inversement, la personnalité toxique va user de cette liberté, tout autant que cette dépendance, que crée Internet. « Je n’avais pas de réseau… J’étais pris en réunion… Je ne pouvais VRAIMENT pas te parler mais pourtant sois sûr(e) que je le VOULAIS… Tu me manques, j’aime tes mots, j’aime ton intelligence, j’aime notre relation, mais je ne peux pas me connecter en permanence… »

La proie, séduite, confiante, qui s’est livrée sur ses horaires, ses habitudes, ses goûts, ses désirs, comprend. La proie est toujours compréhensive. Patiente. Amicale. Si elle s’énerve, elle garde ses énervements pour elle, de peur de perdre le contact. Si elle a de la peine, elle le tait également. Ne pas se montrer dépendante, envahissante. Ne pas réclamer, ne pas pleurnicher.

L’inquiétude face au silence rend celui-ci d’autant plus angoissant. La colère ronge et paralyse. Chaque minute est employée à vérifier sa connection. À reposer le téléphone. À couper l’accès à tout réseau, puis à se reconnecter, au cas où…
Les heures au bureau, les dîners entre amis, les sorties au cinéma, au restaurant, les moments devant un film ou consacrés à la lecture, ne comptent plus. L’esprit est absorbé ailleurs. « Que fait-il (elle) ? Pense t’il (elle) à moi ? »
Tout perd en intérêt. Seul compte le message qui va arriver. C’est certain. Message qui aura été dosé. Bien souvent creux, ponctué d’un « Pardonne mon absence… Excuse-moi c’était compliqué d’envoyer un message mais je pensais à toi… »

Tout ressentiment est effacé chez la victime.
Elle existe à nouveau.
La personnalité toxique l’a rendue obsessionnelle. Elle n’existe plus autrement que virtuellement.
La victime commence à être dépersonnalisée.

 

 

@Anne-Laure Buffet

PELUCHE

AVANT UNE LETTRE OUVERTE

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Un enfant de 5 ans pris dans un divorce.
Un droit de visite dit « classique » : un week-end sur deux chez le père, et la moitié des vacances, le reste du temps chez la mère.

Une union qui s’était soldée par un divorce suite à des violences conjugales.

Un enfant qui, dès l’âge de trois ans, se plaint des comportements de son père. Qui les décrit, sans en comprendre la portée. Dont l’intégrité psychologique, physique, et sexuelle, est mise en jeu.
Des médecins qui constatent et font des attestations.
Une assistante sociale qui soutient l’enfant et atteste en sa faveur.

Les actes du père qui, loin de cesser, s’amplifient. L’enfant devient l’objet des « jeux » de son père.
Une mère qui veut protéger son enfant. Qui demande des visites médiatisées. L’idée n’est pas d’empêcher le père et l’enfant d’avoir un lien ; mais que ce lien ne mette pas en danger l’enfant, au moins physiquement, sexuellement.

Un enfant – toujours le même – qui décrit de façon précise ce qu’il vit. Qui le dessine. Le raconte.
Une demande d’audition de l’enfant qui n’a pas lieu.

Une enquête medico-psychologique de décidée, pendant laquelle l’enfant, malgré ses dires, malgré les nombreuses attestations, doit continuer à aller chez le père.

Une mère qui finit, par épuisement, par inquiétude, par désespoir, à se mettre hors la loi. Non représentation d’enfant pendant quelques mois. Qui dépose une plainte. Réponse du berger à la bergère : plainte du père pour NRE.

Un procureur qui, sans entendre l’enfant, classe sans suite la plainte de la mère, comme la plainte pour NRE.
Qui met la mère en garde à vue.
Qui souligne que l’enfant peut être placé.

Un enfant qui supplie. Qui dit « pleurer dans sa tête » quand il est chez son père, pour ne pas être puni.

Un juge qui condamne la mère. Qui rejette la demande de faire appel suite à la dernière décision, obligeant au respect du droit de garde. Qui condamne la mère aux dépens, pour une somme équivalente à trois fois son salaire.

Une justice qui prend le temps des procédures. Et des procédures qui s’installent dans le temps, n’offrant ni soutien, ni écoute, ni aide, ni protection.

Un enfant qui doit continuer à aller chez son père. Malgré ce qu’il dit. Malgré les constats médicaux d’un petit sexe tuméfié.

Faut-il que cette mère en vienne à la grève de la faim ? Lui faut-il sa propre grue, son monument pour grimper, et hurler pour être entendue ? Jusqu’où doit-elle se mettre en danger, jusqu’où son enfant doit-il être en danger, pour qu’un jour il soit protégé?

Quand le système juridique n’est plus là, démissionne ou est aveuglé, où est le respect du droit des enfants ? Où est la protection de l’enfant ?

Ce post n’est que l’extrait d’une lettre qui va être adressée à Madame la Ministre Najat Vallaud-Belkacem, à Madame Dominique Bertinotti, déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée de la Famille, à Madame Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, à Madame Christiane Taubira, garde des Sceaux, ainsi qu’aux instances et pouvoirs publics et médiatiques.
Il n’y a pas à mettre en cause un homme, ou une femme. Il y a urgence à faire évoluer un système qui déclare protéger les enfants et les livre en pâture à ceux, et celles, qui en abusent.

AU SUJET DU DÉNI PARENTAL

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Le terme d’aliénation parentale est sujet à de fortes polémiques. Nous reviendrons sur ces polémiques ; nous adhérons au sein de CVP à l’idée de l’aliénation, qui revient à dire que l’autre, l’un des deux parents, est rendu étranger à l’enfant, est mis en dehors du lien biologique et naturel.
Afin de sortir de ces polémiques qui vont jusqu’à provoquer des débats et des discussions que nous jugeons à la fois stériles et extrémistes au regard de l’intérêt de l’enfant, nous choisissons au sein de CVP de parler de déni parental.
Le déni parental peut est observé sous trois angles.
D’une part, il est le déni de ses propres responsabilités en tant que parent lorsque l’on est un parent toxique, agissant en manipulateur – destructeur tout en faisant en sorte que l’entourage soit convaincu d’avoir affaire à un bon père ou une bonne mère.
Or, la manipulation entraine maltraitance, rejet de l’enfant, dénigrement, empêchement d’une construction autonome, libre, et consciente… La manipulation peut prendre pour forme de « parentaliser » l’enfant, retirant à ses parents l’autorité naturelle que celui-ci doit avoir sur l’enfant, celle qui permet de se construire autour de valeurs et avec des limites normales de protection. Ainsi l’enfant qui devient le confident, l’alter ego de son parent, ainsi également de l’enfant dont la présence est réclamée comme nécessaire à un équilibre « Je suis si triste sans toi, j’ai besoin que tu sois là pour aller bien, tu manques à papa, à maman… », ainsi encore de celui qui est choisi comme allié contre l’autre parent « Tu préfères ton père ou ta mère ? Si ton  père avait fait autrement, s’il était moins méchant… Si ta mère était moins bête… Ce n’est pas ce que je voulais, ne m’en veux pas… »
C’est aussi le déni de l’autre parent, de son rôle, de ses facultés éducatives, du lien à maintenir avec le (les) enfant(s) de la potentialité d’un danger dans l’évolution de cette relation. L’interdiction de communiquer, l’empêchement à téléphoner, le refus d’informer sur un lieu de vacances, sur une inscription dans une école, sur une situation médicale sont des comportements niant l’existence de l’autre parent en tant que parent.
De même de ces parents qui, une fois qu’ils ont refait leur vie, confie à leur nouveau conjoint(e) un rôle d’éducateur auprès de leurs enfants, les investissant totalement dans le quotidien des enfants, et permettant à l’enfant de croire que l’autre parent n’a plus sa place, ou ne veut pas de cette place…. que, en définitive, l’autre parent le rejette.
Ainsi de cet enfant qui dit à sa mère, décrivant son week-end chez son père « Avec les parents on est allé à la campagne. » ; ainsi encore de cet autre enfant qui confond les parents de sa belle-mère avec ses grands-parents, puisqu’on lui a appris que dorénavant, ce serait ses grands-parents.
Le cadre familial, déjà disloqué, explose un peu plus ; l’image de la famille n’existe plus. Les rôles se mélangent. L’enfant ne sait plus quelle est sa place, et n’arrive pas à donner une place à chacun.
Enfin, et conséquence des deux premiers points, le déni parental peut venir de l’enfant manipulé qui rejette voir exclut de sa vie un de ses parents… en l’espèce le parent protecteur. L’enfant croyant le manipulateur agit sans conscience mais en repoussant l’aide et la protection offerte par le parent autrefois sous emprise. Chosifié par le parent manipulateur, il devient alors complice sans le vouloir de la destruction entreprise contre le parent protecteur. Il agit sans capacité de recul et de réflexion, soumis et contraint, sans distanciation possible.
©Anne-Laure Buffet

CES MÈRES TROP « AIMANTES »

Les mères trop aimantes ou abusives

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Loin des débats culturels, confessionnels ou idéologiques, il n’en reste pas moins que certaines mères, et ce pour de multiples causes, sont des mères « abusives ».

À l’inverse de la « good enough mother » (voir Winnicott), la mère abusive contraint son enfant – le plus souvent son fils – à être un prolongement d’elle-même. En psychanalyse, certains parlent de l’importance phallique qu’elle possède – enfin ! – complexée par une castration naturelle.

La mère abusive est exigeante, mais elle est aussi inconsciente du caractère anormal de son amour. C’est presque toujours en toute bonne foi que la tyrannie affective maternelle entre en jeu. L’amour maternel abusif est captatif, elle ne peut comprendre ni satisfaire correctement les besoins de l’enfant. Elle agit le plus souvent à contre-temps sur le plan éducatif. Elle a tendance à interpréter comme des offenses contre elle les erreurs que l’enfant fait sans malice. Une mère normale sait qu’élever son enfant, c’est lui apprendre à se passer d’elle. C’est précisément ce que redoute et refuse la mère abusive, qui s’efforce de pérenniser chez lui le bébé qui était entièrement sous son pouvoir.[1]

On peut rapprocher par certains de leurs comportements les mères abusives des MPN. Pour autant il demeure une distinction majeure : si la mère abusive peut avoir pour désir d’assouvir sa propre satisfaction au travers de son enfant sans tenir compte de l’identité propre à celui-ci, et de ses besoins naturels, elle peut l’être aussi par anxiété, perfectionnisme, culpabilité, avec l’unique désir d’être vue comme une mère parfaite. Mais la perfection n’est pas de ce monde…[2]


[1] Voir à ce sujet : Marie-Noël Tardy-Ganry et Thérèse Durandeau, Les troubles de la personnalité chez l’adolescent. Comment réagir en tant que parent ?

[2] Ainsi certaines mères (mais c’est également vrai pour certains pères) tireront une gloire très personnelle des résultats et progressions de leurs enfants. Le moindre échec, la première difficulté, devient leur échec, leur difficulté, et ils n’auront de cesse de le taire, et de chercher le moyen pour y pallier, en oubliant alors l’intérêt propre de leur enfant.

©Anne-Laure Buffet