VOTRE REPUTATION EN APPLICATION(S)

Extrait du nouvel article paru sur le site Anne-Laure Buffet Accompagnements & Formations

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Tout commence entre Truman Show et Bienvenue à Gattaca. C’est beau, c’est propre, c’est frais, c’est pastel, c’est souriant, c’est chamallow et bubble gum. Et même si je trouve aux personnages croisés dès les deux premières minutes un comportement allant du niais au parfaitement ridicule (hormis un…), je regarde puisque je suis docile et qu’on m’a dit de regarder. L’héroïne de l’épisode, Lacie, vit dans un monde merveilleux. Pas de bruit, pas de cris, pas de dénigrement (…), pas de mauvais jugement (…), on s’aime, on s’apprécie, et on se le dit.

Non.
On se l’écrit.
Non non non.

On se note. On s’étoile. On se tient bien parce que si on ne le fait pas, on chute. Cette version policée du monde est aussi privative de liberté qu’angoissante pour l’authenticité de chacun.

Et ce n’est pas le Meilleur des mondes. Ce n’est pas un monde parfait. C’est  un monde, une société qui petit à petit vous dépersonnalise, vous oblige à vous conformer tel qu’il faut être et être vu(e) pour pouvoir y vivre. Sinon, vous êtes grillé. Désétoilé. Vous chutez. Vous n’êtes plus rien.

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©Anne-Laure Buffet

LA DIFFAMATION NE DOIT JAMAIS ÊTRE IGNORÉE

« S’il est au monde quelque chose de plus fâcheux que d’être quelqu’un dont on parle, c’est assurément d’être quelqu’un dont on ne parle pas. »
Oscar Wilde
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Photo Seokmin Ko
L’opinion affirmée amène toujours des réflexions, des remerciements, et des critiques.
En faisant le choix d’informer sur les violences psychologiques intrafamiliales et sur leurs conséquences souvent destructrices, parfois mortelles, je savais que je m’exposais à la censure, à la colère, à la haine de certains. Parce que dans notre société politiquement correcte, où il est cependant de bon aloi de s’opposer à tout, vigoureusement, sans pour autant proposer d’alternative ; où le citoyen reste l’enfant qui commence à dire « non » et refuse de dire « oui », se dresse lorsque le nombre le suit mais baisse la tête lorsqu’il n’a pas de soutien ; où les combats se répètent et les antagonismes se creusent ; où la justice est souvent piétinée, appelée au secours et critiquée à la même minute parce « qu’elle ne fait rien » ; où l’on confie aux instances un rôle maternel, pouvant ainsi leur demander protection, et s’y opposer comme un ado qui claque la porte ; parce que dans une telle société, on réclame de dénoncer le coupable, le criminel, le monstre, de protéger la veuve et l’orphelin, l’opprimé et le faible ; mais que pour le faire, il faudrait dans un même discours défendre plusieurs positions, souvent opposées, afin de ne choquer personne et de plaire à tout le monde.
Et si ce n’est pas le cas, on s’expose à la vindicte, à la critique.
Parfois pire : au jugement inique, à la calomnie et la diffamation.
Je viens, ou plutôt mon travail, celui de CVP, celui d’information, de soutien et d’accompagnement auprès de victimes de violences psychologiques, vient d’en faire les frais.
Et publiquement, puisque c’était sur un réseau social.
Diffamation : « La diffamation est une fausse accusation qui porte atteinte à l’honneur et à la considération d’une personne. La diffamation peut être raciste, sexiste, homophobe. Elle relève d’une procédure spécifique permettant de protéger la liberté d’expression. »
Il y a trois jours, je postais sur Facebook quelques lignes relatant une situation préoccupante laissant à supposer un inceste, sans qu’une décision de justice ne soit prise, malgré les signalements faits au procureur, les plaintes… pour mener une enquête sociale, pour protéger l’enfant le temps de l’enquête, pour vérifier les dires de l’enfant et de la mère et décider des mesures à prendre. Ce post a été plusieurs fois partagé. J’aurais pu m’abstenir de l’écrire, ou encore donner tous les éléments du dossier.
Dans un cas, je ne dénonçais pas le fait que la présomption d’inceste est encore trop rarement entendue. Dans l’autre je trahissais la confidentialité du dossier.
Bref. Alertée par ce post, une jeune femme voulant bien faire l’a mis dans un groupe privé pour demander, je crois, comment aider cette mère et son enfant. C’était public – mais je ne vais pas cacher ce que je fais, pense et dis – et visible par tous. Bons et mauvais pensants. Un mauvais s’en saisit, tel un mauvais renard – mais je ne sais pas s’il a tout compris à La Fontaine, puisqu’il se montre surtout corbeau – et lut, complètement de travers, le message. Pour en conclure dans un délire qui ne regarde que lui que je réfute la réalité de l’inceste et n’en fais qu’une fable utilisée par des personnes malveillantes pour en accuser d’autres de perversions sexuelles, de déviances criminelles et d’agressions sur enfants, le tout n’ayant jamais existé.
Fort de ses inacceptables certitudes, mon détracteur diffamant s’est empressé de conclure que je prône sans en comprendre les risques, tenants, aboutissants et conséquences, le SAP (syndrome d’aliénation parentale). Et que je remets en cause la parole de l’enfant ou de la mère. Et donc, forcément mais c’est bien sûr, je suis masculiniste. Heureusement que mon accusateur me le dit puisque je ne m’en étais pas rendue compte. (“Les masculinistes partent du postulat selon lequel l’égalité entre les femmes et les hommes serait atteinte. Suivant ce constat, les hommes seraient susceptibles de vivre autant de discriminations que les femmes. Plusieurs vont jusqu’à dire que les hommes seraient victimes des « excès » des femmes, plus particulièrement des féministes, voire qu’ils subiraient un système matriarcal. De fait, non seulement les masculinistes ne reconnaissent pas la discrimination systémique que vivent les femmes, mais ils tentent souvent de se l’approprier à leur avantage.” )
Et comme ce monsieur sait chercher, il a trouvé une preuve irréfutable, en cet article : Au sujet du déni parental :  En effet j’y écris que : « Le terme d’aliénation parentale est sujet à de fortes polémiques. Nous reviendrons sur ces polémiques ; nous adhérons au sein de CVP à l’idée de l’aliénation, qui revient à dire que l’autre, l’un des deux parents, est rendu étranger à l’enfant, est mis en dehors du lien biologique et naturel. » Et là, la tête sur le billot, les pieds dans les fers, et soumise à un écartèlement, je dirai encore que le terme aliénation a un sens dans la mesure où un enfant, et un parent sont rendus étrangers l’un à l’autre et à eux-mêmes, par les manoeuvres, manipulations… de l’autre parent. Pour rappel : la notion d’aliénation (du latin : alienus, qui signifie « autre », « étranger ») est généralement comprise, en philosophie, comme la dépossession de l’individu, c’est-à-dire la perte de sa maîtrise, de ses forces propres au profit d’un autre (individu, groupe ou société en général). Il renvoie ainsi fréquemment à l’idée d’une inauthenticité de l’existence vécue par l’individu aliéné.
Zut, je n’ai pas précisé de quel sexe est tel ou tel parent. Parce que je ne crois pas qu’en la matière il soit question d’un sexe en particulier qui serait méchant et l’autre gentil. Quant au SAP, Dieu et ceux qui me connaissent en sont témoins, je refuse son utilisation, car bien trop dangereux, déformé, et nourrissant des théories qui ont permis des abus et des dérives… Jusqu’à Outreau.
Non content de cette judicieuse trouvaille, un autre article est venu en aide à mon accusateur pour forger sa théorie selon laquelle je serais : « une dangereuse manipulatrice proche des réseaux masculinistes et pédophiles, ainsi que de l’extrême-droite soralienne (1) » : Violence conjugale : les hommes battus  Alors là, ce n’est plus la cerise sur le gâteau, c’est toute la cerisaie dans la pâtisserie. J’OSE dire qu’il y a des hommes battus. J’OSE même dire qu’il existe des femmes violentes. Et bien, c’est mal et mensonger et manipulateur. Parce que les femmes, elles ne font pas ça. Et si on le dit, on s’en prend aux femmes, aux féministes, au combat des femmes, on ne comprend rien à la violence systémique des hommes, on est extrêmement dangereux, réactionnaire facho et tout et tout. Chouette. Un post, deux articles ; l’affaire est dans le sac et elle y est solidement enfermée. Ce que je fais, dis, écris, pense, n’est ni vu ni lu ni commenté ni considéré. C’est un peu court, jeune homme, car on peut dire bien des choses en somme, aurait commenté un Edmond de ma connaissance.
Forte de cette leçon gracieusement offerte par cet individu qui avait plongé tête baissée dans la diffamation et l’injure, je me suis tout de même interrogée. Les mères qui maltraitent leurs enfants d’une façon ou d’une autre, sont-ce des femmes ? Les mères infanticides, sont-ce des femmes ? Les mères qui abandonnent un beau matin mari et enfant pour courir la prétentaine et le reste, sont-ce des femmes ? Faut-il, pour ne pas rompre avec l’ordre moral et attenter aux droits que les femmes se battent pour obtenir et défendre, nier certaines vérités ? Ais-je dit que c’était 50/50 et les femmes elles sont aussi méchantes que les hommes ? C’est un match de tennis, une partie de foot, il faut être à CETTE égalité pour ouvrir sa bouche ? Rêve-je ? Ou cauchemarde-je ? Suis-je en train de remettre en cause le combat féministe indispensable et loin d’avoir pris fin en parlant de ces femmes maltraitantes ?
Non. Je dis que ça existe, oui. Je dis qu’un homme a le droit d’être entendu parce qu’il est en souffrance, et non parce que c’est un homme et donc youpi ça permet de pointer du doigt les vilaines vilaines femmes. Je dis qu’un garçon de 11 ans qui est maltraité par sa mère sera un jour un homme et risque de reproduire la maltraitance vécue, ou de la vivre à nouveau. Je dis qu’une femme peut avoir des comportements incestuels, et même incestueux. Je dis que certaines épouses de pères incestueux vont couvrir leurs maris et nier l’inceste. Je dis que la justice manque de moyens, de formations, de connaissances, de soutien. Je dis que la société est en déséquilibre et que ce déséquilibre est dangereux. Je dis qu’il ne faut faire ni amalgames ni généralités. Je dis que chaque cas est particulier et que si la loi existe et pose des règles, des fondements et des bases, elle ne peut être appliquée réellement qu’en tenant compte individuellement de chaque situation.
Je dis également que : à chacun son combat. Je dénonce la culture du viol ; je dénonce l’inceste trop souvent banalisé, nié et réfuté ; je dénonce le harcèlement sous toutes ses formes. Je revendique le droit de pouvoir porter la tenue que l’on veut, où l’on veut, au poste que l’on veut, sans risquer de se faire chahuter d’une manière ou d’une autre. Je revendique d’avoir le droit à un salaire égal pour un poste égal. J’approuve la manifestation du 24 octobre, en Islande, organisée par des femmes qui ont cessé le travail à cette heure-là. La raison? À cet horaire, une femme a travaillé le même nombre d’heures qu’un homme à salaire égal, sur une base de huit heures de travail quotidiennes. Je ne suis pas dans le combat féministe. Et mes ami(e)s féministes le savent. Je ne le suis pas car je laisse à d’autres plus éclairé(e)s, plus informé(e)s, plus à même que moi d’en débattre le soin de le faire et ce avec suffisamment d’intelligence, de convictions et d’arguments qu’ils sont en mesure (d’essayer) de se faire entendre. A condition de pouvoir nettoyer les esgourdes de certains hommes bien trop coincés dans leurs privilèges et leur machisme dégradant, tant pour les femmes que pour les hommes.
En revanche je refuse de croire que mes propos serviraient la cause de ceux qui s’acharnent à détruire. J’affirme que jeter au panier ce que je dis est une régression tant intellectuelle que sociale, dangereuse et dégradante quant au regard que nous nous portons les uns aux autres. Et j’affirme être tous les jours auprès de personnes, d’être humains, d’individus bien faits de chair, de sang, et d’âme, pour les aider à mettre des mots sur leurs maux, ainsi que le dit l’expression. Pour leur permettre de sortir d’un enfermement, d’une emprise psychologique, physique également, économique souvent. J’affirme accompagner lors de procédures juridiques difficiles. J’affirme ne pas me porter en garante de la morale féminine et/ou masculine, mais humaine, s’il en est encore une. J’affirme avoir envie de vomir en entendant certains témoignages. J’affirme que nier le fait qu’un enfant puisse être utilisé comme objet de pouvoir et de jouissance ou comme arme par un individu, homme ou femme, est un aveuglement proche de l’obscurantisme primaire, du négationnisme, qui fait dramatiquement résonner le bruit de certaines bottes.
J’affirme qu’il est à chaque fois, dans chaque situation question d’une personne en souffrance et d’une autre qui a pour intention de détruire.
J’ai fait l’objet d’accusations et de diffamation. Je ne suis ni la première ni la dernière qui ai à subir ce type d’attaques, parce que le discours dérange. Je comprends l’opposition, je propose l’échange et le dialogue, j’admets la critique et l’emportements. Je m’oppose à l’agression sous toutes ses formes. Et parce que je m’y oppose chaque jour, j’ai répondu à celle qui m’était faite, en proportion de ce qu’elle a été.
Et je continuerai ainsi que je le fais déjà à dire que chacun a le droit d’être entendu, que si la présomption d’innocence existe, elle a un sens et mérite d’être respectée. Et que, dans ces cas de violences intrafamiliales où tout demeure si invisible et si tu, il faut d’autant plus s’interroger, aider, protéger et accompagner, lorsqu’une personne ose prendre la parole pour dénoncer.
La diffamation est une arme de violence psychologique. Il ne faut jamais l’ignorer.
La diffamation. Une idée excellente. Le banal assassinat ne tue qu’une fois, mais la diffamation tous les jours.
Terry Pratchett
Et chaque fois que je serai confrontée à la diffamation, j’agirai.
Et chaque fois que j’aurai vent de diffamation, j’agirai.
Et ne laisserai jamais une personne qui me fait confiance en faire les frais ou en subir les conséquences.
(1) Ainsi que ce monsieur l’a écrit dans un message adressé en privé à un certain nombre de ses contacts.
Anne-Laure Buffet

DÉNIGREMENT SUR INTERNET – APPEL À TÉMOINS

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Patricia Elkrief, journaliste pour France 2, pour l’émission « Toute une histoire », présentée par Sophie Davant, prépare une émission sur « le dénigrement sur internet ». Elle souhaite contacter des victimes de harcèlement sur internet afin de leur donner la parole.
Si les victimes sont mineurs, ce sont les parents qui seront leur porte-paroles sur le plateau de l’émission.

Vous pouvez la contacter au :

LES DANGERS DU VIRTUEL (3) : L’OBSESSION

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Le monde virtuel rend dépendant. Les possibilités d’être en permanence relié, en communication, en interaction avec l’autre, sont multiples.
Simple constat : dans les transports en commun, au restaurant, dans les files d’attente, dans la rue à l’arrêt du bus, à la pause cigarette entre deux réunions, le premier réflexe est de regarder son téléphone. De vérifier ses mails.

Lorsque l’enjeu est relationnel, affectif, le réflexe est d’autant plus important. Celui ou celle qui cherche un lien, un réconfort, une présence, va vérifier aussi souvent que possible si « vous avez un nouveau message ». Celui, ou celle, qui se sert de ce biais pour capter une proie, va jouer du message, sur le fond, la forme, et dans la fréquence. Cet écran de fumée qu’est le virtuel devient pour la proie un cordon ombilical la reliant sans cesse à cette personne qu’elle ne connait pas, qu’elle croit connaître, dont elle se pense l’ami(e), l’amoureux(se), dont, bien vite, elle ne peut se passer. Ce qui compte n’est plus tant le contenu du message que la fréquence de celui-ci.

Inversement, la personnalité toxique va user de cette liberté, tout autant que cette dépendance, que crée Internet. « Je n’avais pas de réseau… J’étais pris en réunion… Je ne pouvais VRAIMENT pas te parler mais pourtant sois sûr(e) que je le VOULAIS… Tu me manques, j’aime tes mots, j’aime ton intelligence, j’aime notre relation, mais je ne peux pas me connecter en permanence… »

La proie, séduite, confiante, qui s’est livrée sur ses horaires, ses habitudes, ses goûts, ses désirs, comprend. La proie est toujours compréhensive. Patiente. Amicale. Si elle s’énerve, elle garde ses énervements pour elle, de peur de perdre le contact. Si elle a de la peine, elle le tait également. Ne pas se montrer dépendante, envahissante. Ne pas réclamer, ne pas pleurnicher.

L’inquiétude face au silence rend celui-ci d’autant plus angoissant. La colère ronge et paralyse. Chaque minute est employée à vérifier sa connection. À reposer le téléphone. À couper l’accès à tout réseau, puis à se reconnecter, au cas où…
Les heures au bureau, les dîners entre amis, les sorties au cinéma, au restaurant, les moments devant un film ou consacrés à la lecture, ne comptent plus. L’esprit est absorbé ailleurs. « Que fait-il (elle) ? Pense t’il (elle) à moi ? »
Tout perd en intérêt. Seul compte le message qui va arriver. C’est certain. Message qui aura été dosé. Bien souvent creux, ponctué d’un « Pardonne mon absence… Excuse-moi c’était compliqué d’envoyer un message mais je pensais à toi… »

Tout ressentiment est effacé chez la victime.
Elle existe à nouveau.
La personnalité toxique l’a rendue obsessionnelle. Elle n’existe plus autrement que virtuellement.
La victime commence à être dépersonnalisée.

 

 

@Anne-Laure Buffet

LES DANGERS DU VIRTUEL (2) : L’INTRUSION

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Il est bien loin le temps où chaque être humain n’était pas en permanence relié à l’autre.

Aujourd’hui, ordinateurs, tablettes, téléphones, montres pour certains, que sais-je encore, nous « permet » d’être en contact 24h/24 avec nos « amis ». Nos « contacts » Nos « relations ». Et le virtuel y a une bonne part. Entre les réseaux sociaux, les mails, les forums, les sites de rencontre divers et variés, le sentiment de solitude peut vite disparaitre, laissant la possibilité illusoire de pouvoir parler à quelqu’un, facilement.

Et plus la personne se sent seule, plus elle va chercher à se relier au monde. Sans le connaitre, sans le voir, sans échanges réels, sans la voix ou le regard, bien souvent. L’écrit prédomine.

La personnalité toxique fait partie de ces vampires du net qui vont y chasser leur proie. Sachant manier à merveille l’art de la séduction, elle aguiche, appâte, intrigue, puis retient. Le petit point vert de Facebook (Ah ! Il / elle est connecté(e)…) est entre autres l’ami, ou l’ennemi, de la victime. Lorsqu’il s’allume, le sourire revient. Il/ elle est là… le dialogue est possible. La future victime l’est déjà de cette connexion voulue ou repoussée par l’agresseur.

Trop heureuse de pourvoir échanger, elle va se livrer, se confier, se croyant protégée derrière son écran, imaginant que son interlocuteur ne devine rien d’elle sauf ce qu’elle en dit, pensant ne pas lui ouvrir grand la porte.
C’est FAUX.

La personnalité toxique décortique, analyse, déduit et comprend. Bientôt, elle sait où vous habitez, ce que vous mangez, à quelle heure vous vous levez, ce que vous faites en vous couchant, ce qui vous fait sourire ou pleurer, ce que vous ferez le week-end prochain. Elle connait le nom de vos amis, pose un jugement sur eux, selon ce que vous racontez, vous conseille, vous oriente et vous console.
Elle vous laisse des messages anodins. « Pas en ligne ? Dommage, j’avais envie de te parler… Pas là ? Tu me fais signe dès que tu te connectes ?… »
Elle vous rend dépendant de ces messages.
Parallèlement elle semble s’intéresser à vous. Elle vous parle de vous. De votre vie. Elle brode autour de ce que vous lui avez dit.

Vient parfois le jour où vous ne voulez plus lui parler, ou moins. Ou une petite remarque de sa part, une petite critique, tombent « J’ai attendu que tu te connectes, tu m’avais dit à minuit… tu aurais pu juste m’envoyer un message pour me dire que tu ne serais pas là ce soir… C’est pas grave, mais préviens-moi, je en savais pas si tu allais bien. Et si je devais m’inquiéter, je n’ai personne à joindre pour avoir de tes nouvelles… »
Vous êtes mal à l’aise, vous vous sentez coupable, vous êtes gêné(e), vous ne savez pas quoi dire.
Vous rappelez que tout de même, il s’agit de votre vie, vous êtes libre.

Alors l’agresseur continue… Il ne fallait pas dans ce cas lui parler autant. Il ne fallait pas le prendre pour un jouet. Il ne fallait pas s’en servir en bouche-trou.

Culpabilisation, quand tu nous tiens….

©Anne-Laure Buffet