Madame et Monsieur se sont rencontrés, aimés, épousés.
Ont eu des enfants.
Le temps passe… Et comme il est dit dans la chanson, « Avec le temps, …, avec le temps va, tout s’en va… ». On compte les assiettes, on évalue l’état d’un canapé, on se dispute pour un week-end, on ouvre la porte du bureau d’un juge, on jette l’alliance, on pleure, on sourit. C’est fini.
Ces séparations et divorces après quelques années de mariage sont aujourd’hui monnaie courante et il suffit de voir ô combien les tribunaux ne désemplissent pas pour se demander si l’amour ne serait pas devenu qu’un simple produit de consommation.
Je précise que je parle bien ici d’une séparation classique, non conflictuelle, où la tension existe puis s’estompe. Où les discussions concernant les enfants sont sans conflit.
Madame et Monsieur « refont » leur vie.
Madame et / ou Monsieur présentent à leurs enfants un nouvel homme, une nouvelle femme. Et comme il (elle) est maintenant dans leur vie, les enfants vont devoir s’adapter à ce nouvel équilibre.
Ils vont devoir accepter, malgré eux, de nouvelles règles.
Et pour certains, ils vont devoir constater, au nom de l’amour que leur parent porte à cet(te) inconnu(e), que les choses changent…
Heureusement, chaque parent divorcé ne rencontre pas une personnalité toxique.
Malheureusement, certains parents divorcés en rencontrent.
Et comme la personnalité toxique se nourrit de sa proie, elle s’installe bien vite, et commence son travail de vampirisation.
Elle a déjà séduit le parent. Il lui reste à capter les enfants.
Championne en séduction, mensonges, détournements de la vérité, ordres dissimulés, dénigrements au prétexte de motiver, insinuations, critiques fallacieuses formulées avec de grands sourires, la personnalité sème le doute et la confusion.
Le parent extérieur à cela constate des changements. Des changements dans le comportement de ses enfants. Il entend une colère sourde contre cet étranger qui perturbe l’équilibre si difficilement atteint. Ou, au contraire, il n’entend que compliment. L’étranger est tout simplement parfait.
Les enfants en colère s’éloignent peu à peu de leur parent qui a laissé pénétrer un intrus dans la maison. Bien loin de comprendre et particulièrement lorsqu’ils sont petits que l’étranger est dangereux, ils ne vivent que les conséquences de cette « histoire d’amour ». Malgré lui, le parent devenu proie met ses enfants de côté. Malgré lui, il reproduit ce que son nouveau compagnon, ou sa nouvelle compagne, lui dit de faire – ou lui fait comprendre. Malgré lui, il ne réfléchit plus, il ne pense plus, il est conditionné, et les enfants deviennent petit à petit un obstacle dans sa vie. Malgré lui, il voit ses enfants partir… mais soumis inconditionnellement à son nouveau compagnon (ou nouvelle compagne), il ne réagit pas.
C’est l’invasion de l’agresseur dans une famille existant qui détruit ce qu’il en restait : le lien qui semble indéfectible entre parents et enfants. Et le parent soumis, ne comprenant pas pourquoi il perd ses enfants, ne peut que s’accrocher à son bourreau, pour ne pas tout perdre.
Dans l’autre cas, la personnalité toxique aura pour objectif de s’approprier les enfants d’un autre. Jamais avare en séduction, souvent alimentée par une générosité de façade, elle va glisser dans leurs cerveaux en pleine construction que l’équilibre, le bien-être, la sécurité, le bonheur… et l’amour sont auprès du parent (devenu victime) et … d’elle.
L’autre parent est petit à petit dépeint comme un monstre.
Le discours n’est jamais direct. Il ne s’agit que d’allusions, d’insinuations, de remarques faites de doutes, de suppositions. De petits gestes, de soupirs, de réflexions apparemment anodines « Je ne veux pas m’en mêler, vous n’êtes pas mes enfants… mais si vous l’étiez, j’agirais autrement… enfin, c’est votre mère (votre père)… je n’ai rien à dire… »
La confusion s’installe dans l’esprit des enfants. Pourquoi une personne si gentille mentirait-elle ? Pourquoi une personne si dévouée leur voudrait du mal ? Pourquoi critiquerait-elle leur autre parent, si ce n’était vrai ?
Les insinuations augmentent. « Votre père est alcoolique »… alors au premier verre que le père se versera devant ses enfants, il sera déjà condamné.
« Votre mère est tout de même un peu légère »… et lorsque la mère déjà condamnée sortira, un soir, dîner avec des amis, les enfants seront convaincus qu’elle ne fait que prendre du « bon » temps…
Ces doutes, ce malaise, ces dénigrements conduisant à une perte de repères mais aussi de toute confiance dans le parent-cible, ne se font pas en quelques jours. La personnalité toxique prend son temps. Elle a le temps; Elle a un objectif : détruire. L’autre. Elle a une arme : les enfants de l’autre. Et elle a un pouvoir : sa toxicité sans faille.
Un jour, les enfants, dont le système de pensée s’est dévoué bien malgré eux à la personnalité toxique, s’éloignent du parent devenu cible. S’éloignent et le critiquent. S’éloignent et le détestent. Le jugent. Le condamnent.
Et le parent – victime devient un étranger. Un danger. Qu’il faut fuir…
L’enfant est trop souvent l’enjeu dans ce drame familial. Devenant l’arme dont le parent toxique se servira pour détruire son ancien conjoint, il est positionné de fait en tant que victime. La principale victime est et demeure le parent soumis à la violence psychologique.
L’enfant se retrouve alors confronté à divers états psychologiques possibles comme le conflit de loyauté et le déni parental.
©Anne-Laure Buffet
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