Dans sa Déclaration pour l’Élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, l’Assemblée générale des Nations Unies définit la violence à l’égard des femmes comme « tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
L’adoption de cette Déclaration en 1993 atteste de la reconnaissance internationale du fait que la violence à l’égard des femmes, résultant des inégalités historiquement constituées entre les femmes et les hommes, constitue une violation des droits de la personne humaine et des libertés fondamentales.
Or, en France, chaque année, 216 000 femmes au moins sont victimes de violences conjugales et une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups d’un conjoint violent.
216 000 femmes, âgées de 18 à 75 ans, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire intime (mari, concubin, pacsé, petit-ami…). Il s’agit d’une estimation minimale. L’enquête n’interrogeant que les personnes vivant en ménages ordinaires, elle ne permet pas d’enregistrer les violences subies par les personnes vivant en collectivités (foyers, centres d’hébergement, prisons…) ou sans domicile fixe. Ce chiffre ne couvre pas l’ensemble des violences au sein du couple puisqu’il ne rend pas compte des violences verbales, psychologiques, économiques ou administratives.
Peut-on jouer aux apprentis humoristes en toute impunité quand il s’agit de violences faites aux femmes ? Pour le journal Le Berry républicain, il semblerait que oui, du moins si l’on s’en tient à l’article intitulé « Il passe par le toit pour exiger un rapport sexuel de son ex », publié le 26 juin dernier dans la rubrique « à la Une » de l’édition du Cher.
Accumulation de métaphores et de clichés douteux, cet article, sous des dehors humoristiques, relate avec une rare complaisance un cas de violences conjugales. Et si le quotidien a depuis supprimé l’article de son site (), la tonalité générale du propos n’en est pas moins d’une légèreté édifiante et déplacée au regard de la gravité des faits [1].
(Source : Acrimed)
En octobre 2015, lors d’un jeudi de l’Acrimed, le traitement médiatique de la violence faite aux femmes était exposé et discuté. ()
Aussi 11 propositions sont faites aux journalistes afin de modifier le traitement médiatique des violences faites aux femmes. Afin de mettre un terme à l’utilisation d’expression inappropriées, fausses, de métaphores et jeux de mots tendant à « dramatiser » des situations qui, elles, sont TOUJOURS dramatiques.
Jacqueline Sauvage a enduré, ainsi que ses enfants, 47 ans de coups, sévices et viols de la part de son mari et a fini par le tuer. Elle est encore en prison et ne connaîtra la décision quant à sa remise en liberté que le 24 novembre prochain.
Les lois et leur application ne sont pas à la hauteur de l’enjeu que représentent ces violences.
La France a signé et ratifié en 2014 la « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique » dite Convention d’Istanbul . Cette Convention, que les États doivent obligatoirement transposer dans le droit national, contient des dispositions plus favorables que le droit français. Cette transposition n’est toujours pas effective dans le droit français.
Les clichés sexistes sont véhiculés par une publicité complaisante, et qui n’émeut pas grand monde et jamais longtemps. Cette chosification de la femme est aujourd’hui dénoncée, et l’on peut suivre le hashtag #WomenNotObject sur Twitter.
A voir également, le spot .
Mais bien que dénoncée, elle perdure et véhicule des comportements, et des discriminations qui interviennent comme des injonctions : la « femme » doit être ainsi, et « l’homme », doit être untel. Untel / ainsi. Humain / Objet.
Un rapport du Conseil de l’Europe (2008) mentionne que« la violence conjugale serait la principale cause de décès et d’invalidité des femmes de 16 à 44 ans, avant le cancer, les accidents de la route et la guerre ». Une étude, menée par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur et rendue public en 2008 par le secrétariat d’État à la solidarité, dénombre, pour l’année 2007, que 192 homicides ont été commis au sein du couple. Cette étude a mis en exergue que:
- En 2007 l’incidence de l’homicide conjugal sur la population générale en France a été de l’ordre de 0,0005 % pour une femme et de l’ordre de 0,0001 % pour un homme
- la majorité des homicides ont lieu dans les couples dont la situation matrimoniale est établie.
- la séparation est le mobile principal du passage à l’acte (35 %).
- cette violence s’exerçant dans le cadre familial entraîne des victimes collatérales, en général les enfants.
Selon l’Étude nationale sur les décès au sein du couple, menée par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur, 146 femmes et 28 hommes ont été tués en 2010 par leur compagnon ou compagne. Ainsi:
-
18 % de toutes les morts violentes recensées en France et dans lesquelles l’auteur a été identifié ont eu lieu dans le cadre du couple.
- 35 % des crimes conjugaux sont liés à la séparation (commission par des « ex » ou séparation en cours)
- 34 % des auteurs d’homicides, uniquement masculins, se sont suicidés après leur acte.
- En France une femme a une probabilité de mourir sous les coups de son compagnon de l’ordre de 0,0005 %, soit un décès tous les 2.5 jours.
- En France un homme a une probabilité de mourir sous les coups de sa compagne de l’ordre de 0,0001 % soit un décès tous les 13 jours.
Le 16 novembre 2016, on décomptait la 99e femme décédée sous les coups de son compagnon. Mais combien depuis le début de l’année, sans qu’elles soient prises en compte, le décès suivant une maladie, un suicide, un accident « inévitable » ?
Le 25 novembre prochain aura lieu la Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Il est temps de réagir.
25 novembre 2016, à 20H, Espace Icare, à Issy les Moulineaux.
Conférence : L’emprise, la comprendre pour s’en libérer. Entrée libre sur réservation téléphonique :
Conférence donnée par Anne-Laure Buffet
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