Enfants, parents, conjoints… Chacun de ces membres d’une même « famille » peut un jour, malheureusement, connaître une situation d’emprise. Un parent bienveillant ne l’est pas toujours ; un conjoint aimé peut dissimuler sa « vérité » et s’en servir des années avant qu’elle ne devienne claire pour sa proie ; un enfant peut devenir un étranger.
Le schéma est malheureusement souvent classique. Deux personnes. Une histoire d’amour… mais quel amour ? L’un dupé, l’autre usurpateur. Une lente descente aux enfers, faite d’incompréhensions, d’incertitudes, de violences insidieuses, d’actes répétés ayant pour seul objet de mettre à terre la victime. De lui laver le cerveau, ou la décerveler, au point de faire d’elle la marionnette de son conjoint agresseur.
Des enfants pris en porte-à-faux dans cette situation dramatique. Qui croire ? Qui entendre ? Quel parent devient un repère… et quel repère ? Il est entendu que, malheureusement à nouveau, l’enfant se tournera presque toujours vers le plus fort. Tel que dit par Jean de laFontaine : « La raison du plus fort est toujours la meilleure » (1) Il convient de souligner l’ironie de la formule, la loi du plus fort souligne bien l’inexistence de loi, et seule la prudence, et non la raison, commande de se résigner à l’existence de ce principe non-écrit. La prudence, la peur, la soumission naturelle à l’autorité parentale, aussi faussée soit-elle.
Pour le parent victime, le drame se joue sous ses yeux : sous l’emprise d’un conjoint toxique, il n’a pas ou plus la force de réagir, de s’opposer, de faire respecter des normes positives, des principes, un équilibre bienveillant et favorable à la construction de l’enfant.
Le conjoint finit parfois par fuir cette situation. « C’était ma seule chance de survie possible. J’étais prête à tout accepter, pourvu que je m’en sorte. Pourvu que je sois tranquille. Je n’ai pas réfléchi. J’ai accepté ses conditions, pour pouvoir divorcer ».
Ses conditions… le plus souvent quand il s’agit des enfants, ce sera accepter une garde alternée « dans l’intérêt majeur des enfants » et afin d’éviter « qu’ils ne souffrent d’une séparation déjà brutale ».
La séparation est décidée, le divorce prononcé. Il n’est pas possible de dire que la vie reprend ses droits, bien malmenés. C’est une autre vie qui commence, avec ce souci tout autant que cette nécessité d’essayer de se reconstruire.
L’ancien conjoint, malveillant, destructeur, toxique, n’en reste pas là.
L’emprise sur les enfants ne fait que croître.
Les enfants changent.
Leurs attitudes, leurs comportements, leurs regards changent.
Ils s’éloignent, sont distants, méfiants, critiques. Les remises en cause commencent et s’accélèrent.
Le toxique, de son côté, continue de vivre sa « belle » vie.
Et, en bon toxique, il ne le fera pas seul.
Un nouvel « autre » s’installe dans votre vie lorsque la personnalité toxique « refait sa vie ». Il, ou elle, vous sera présenté, ou en tout cas il vous en sera fait le portrait d’une personne parfaite. Qui, elle, fait preuve d’intelligence, de gentillesse, de patience, d’équilibre (pas comme vous, qui êtes sacrément malade). Qui est un répère pour vos enfants. Qui d’ailleurs s’entend très bien avec vos enfants. Et vos enfants ne manquent pas de vous le rappeler.
Qui est cette personne si parfaite, tellement parfaite qu’il vous devient interdit de parler d’elle ? Si vous l’évoquez c’est que, forcément, vous êtes jaloux(se), malade (à nouveau), inconscient(e), et nocif(ve) pour vos enfants qui, comme va vous l’expliquer le toxique, sont enfin (!) heureux.
Qui est cette personne ?
Pour beaucoup de victimes de toxiques, après la séparation, c’est le pire ennemi. La projection de ce qu’elles pensent être leur erreur et leur échec. Une souffrance qui survient en cauchemard la nuit et en obsession dans la journée. Que dit-elle à vos enfants, que fait-elle avec eux ?
Vous n’en saurez rien, ou si peu.
Vos enfants ont la langue muselée.
Votre ancien(ne) conjoint(e) vous tiendra à l’écart de toute circonstance pouvant vous amener à la rencontrer. Au prétexte qu’il veut la protéger de vous, comme il se doit de protéger les enfants.
Cet(te) autre envahit votre vie. Souvent, sans le savoir elle-même. Parfois, en vivant à son tour ce que vous avez pu vivre. Toujours, en étant une nouvelle projection de ce que vous avez déjà subi.
(à suivre, un nouvel article sur le sujet de ce nouvel autre : lorsque le nouvel autre est toxique)
L’enfant est trop souvent l’enjeu dans ce drame familial. Devenant l’arme dont le parent toxique se servira pour détruire son ancien conjoint, il est positionné de fait en tant que victime. La principale victime est et demeure le parent soumis à la violence psychologique.
L’enfant se retrouve alors confronté à divers états psychologiques possibles comme le conflit de loyauté et le déni parental.
©Anne-Laure Buffet
1 Le loup et l’agneau, Jean de la Fontaine
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