RENCONTRE AVEC SOPHIE CHAUVEAU LE 23 JUIN 2016

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Je serai le 23 juin 2016 , à 19H, à la librairie Gallimard, 15 boulevard Raspail, 75006 Paris, pour une rencontre dédicace avec Sophie Chauveau. 

Les violences psychologiques et sexuelles et particulièrement les agressions sexuelles sur mineurs, l’inceste, et les schémas familiaux destructeurs, seront au coeur de cet échange.
La discussion se poursuivra avec vous, et autour d’un verre, si vous souhaitez nous rejoindre.

Anne-Laure Buffet

 

SOUS L’EMPRISE D’UN NOUVEL AUTRE

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Enfants, parents, conjoints… Chacun de ces membres d’une même « famille » peut un jour, malheureusement, connaître une situation d’emprise. Un parent bienveillant ne l’est pas toujours ; un conjoint aimé peut dissimuler sa « vérité » et s’en servir des années avant qu’elle ne devienne claire pour sa proie ; un enfant peut devenir un étranger.

Le schéma est malheureusement souvent classique. Deux personnes. Une histoire d’amour… mais quel amour ? L’un dupé, l’autre usurpateur. Une lente descente aux enfers, faite d’incompréhensions, d’incertitudes, de violences insidieuses, d’actes répétés ayant pour seul objet de mettre à terre la victime. De lui laver le cerveau, ou la décerveler, au point de faire d’elle la marionnette de son conjoint agresseur.
Des enfants pris en porte-à-faux dans cette situation dramatique. Qui croire ?  Qui entendre ? Quel parent devient un repère… et quel repère ? Il est entendu que, malheureusement à nouveau, l’enfant se tournera presque toujours vers le plus fort. Tel que dit par Jean de laFontaine : «  La raison du plus fort est toujours la meilleure » (1) Il convient de souligner l’ironie de la formule, la loi du plus fort souligne bien l’inexistence de loi, et seule la prudence, et non la raison, commande de se résigner à l’existence de ce principe non-écrit. La prudence, la peur, la soumission naturelle à l’autorité parentale, aussi faussée soit-elle.

Pour le parent victime, le drame se joue sous ses yeux : sous l’emprise d’un conjoint toxique, il n’a pas ou plus la force de réagir, de s’opposer, de faire respecter des normes positives, des principes, un équilibre bienveillant et favorable à la construction de l’enfant.
Le conjoint finit parfois par fuir cette situation. « C’était ma seule chance de survie possible. J’étais prête à tout accepter, pourvu que je m’en sorte. Pourvu que je sois tranquille. Je n’ai pas réfléchi. J’ai accepté ses conditions, pour pouvoir divorcer ».
Ses conditions… le plus souvent  quand il s’agit des enfants, ce sera accepter une garde alternée « dans l’intérêt majeur des enfants » et afin d’éviter « qu’ils ne souffrent d’une séparation déjà brutale ».

La séparation est décidée, le divorce prononcé. Il n’est pas possible de dire que la vie reprend ses droits, bien malmenés. C’est une autre vie qui commence, avec ce souci tout autant que cette nécessité d’essayer de se reconstruire.
L’ancien conjoint, malveillant, destructeur, toxique, n’en reste pas là.
L’emprise sur les enfants ne fait que croître.
Les enfants changent.
Leurs attitudes, leurs comportements, leurs regards changent.
Ils s’éloignent, sont distants, méfiants, critiques. Les remises en cause commencent et s’accélèrent.

Le toxique, de son côté, continue de vivre sa « belle » vie.
Et, en bon toxique, il ne le fera pas seul.

Un nouvel « autre » s’installe dans votre vie lorsque la personnalité toxique « refait sa vie ». Il, ou elle, vous sera présenté, ou en tout cas il vous en sera fait le portrait d’une personne parfaite. Qui, elle, fait preuve d’intelligence, de gentillesse, de patience, d’équilibre (pas comme vous, qui êtes sacrément malade). Qui est un répère pour vos enfants. Qui d’ailleurs s’entend très bien avec vos enfants. Et vos enfants ne manquent pas de vous le rappeler.
Qui est cette personne si parfaite, tellement parfaite qu’il vous devient interdit de parler d’elle ? Si vous l’évoquez c’est que, forcément, vous êtes jaloux(se), malade (à nouveau), inconscient(e), et nocif(ve) pour vos enfants qui, comme va vous l’expliquer le toxique, sont enfin (!) heureux.
Qui est cette personne ?

Pour beaucoup de victimes de toxiques, après la séparation, c’est le pire ennemi. La projection de ce qu’elles pensent être leur erreur et leur échec. Une souffrance qui survient en cauchemard la nuit et en obsession dans la journée. Que dit-elle à vos enfants, que fait-elle avec eux ?
Vous n’en saurez rien, ou si peu.
Vos enfants ont la langue muselée.
Votre ancien(ne) conjoint(e) vous tiendra à l’écart de toute circonstance pouvant vous amener à la rencontrer. Au prétexte qu’il veut la protéger de vous, comme il se doit de protéger les enfants.

Cet(te) autre envahit votre vie. Souvent, sans le savoir elle-même. Parfois, en vivant à son tour ce que vous avez pu vivre. Toujours, en étant une nouvelle projection de ce que vous avez déjà subi.

(à suivre, un nouvel article sur le sujet de ce nouvel autre : lorsque le nouvel autre est toxique)

L’enfant est trop souvent l’enjeu dans ce drame familial. Devenant l’arme dont le parent toxique se servira pour détruire son ancien conjoint, il est positionné de fait en tant que victime. La principale victime est et demeure le parent soumis à la violence psychologique. 
L’enfant se retrouve alors confronté à divers états psychologiques possibles comme le conflit de loyauté et le déni parental. 

 

 

©Anne-Laure Buffet

1 Le loup et l’agneau, Jean de la Fontaine

LES DANGERS DU VIRTUEL (1) – LA SÉDUCTION

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Premier opus des articles concernant les dangers du virtuel, c’est de séduction qu’il va tout d’abord être traité. 

La personnalité toxique dans une relation de couple en devenir commence toujours par le même procédé : la séduction. Elle enjolive, flatte, console, écoute, « comprend » – car elle se montre volontiers très compréhensive. Elle ne veut pas « précipiter » les choses mais elle « ressent de la douleur, de la souffrance », chez son interlocuteur, la proie. Elle fait mine de s’oublier, elle parle peu d’elle, elle invite en revanche à parler. À se confier, se raconter. Les pleurs et la timidité ne la gênent pas, bien au contraire. Là encore, elle « comprend ». Elle fait montre de patience – déguisement pour mieux dresser ses filets autour de sa proie.

Elle s’adapte à ce qu’elle entend, et répond de façon anticipée aux demandes qui lui sont faites. Elle écoute les blessures qu’on lui livre, y cherche le moyen matériel de les combler, le moyen concret, visible, et en profite.

Par pur intérêt.

Elle va avoir un comportement qui sera en apparence le total contre exemple de ce que sa proie a connu auparavant, et des souffrances ou failles qu’elle doit réparer.

Sur Internet, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur les sites de rencontre, ce comportement est d’autant plus pernicieux. Les premiers contacts sont écrits.  Le téléphone, Skype, les webcam ne sont pas le premier outil utilisé par la personnalité toxique. Bien au contraire elle peut encourager à prendre du temps. « Ne nous pressons pas, laissons-nous le temps de parler, d’échanger… après tout, une voix, un physique, est-ce si important ? «  Rassurant ainsi sa proie qui se sentira loin de tous les dragueurs des bacs à sable et autres malheureux en amour, celle-ci va tomber dans le piège, en pensant simplement qu’elle a enfin trouvé un confident(e), une oreille, quelqu’un sur qui elle peut compter. Il ne faut pas oublier que la proie souffre en général d’un manque évident de confiance en elle, et la fausse assurance soudain donnée par la personnalité toxique devient un miroir aux alouettes dans lequel elle aime à se regarder pour se convaincre qu’elle « vaut quelque chose ».

La proie est séduite, confiante. C’est elle le plus souvent qui proposera le premier échange, la première rencontre « réelle », se sentant totalement hors de danger. « S’il avait une idée derrière la tête, il m’aurait proposé qu’on se voit depuis longtemps… »
Et même en proposant que l’échange soit plus concret, elle n’aura pas toujours droit à une réponse positive. La personne toxique fait trainer. Tous les arguments sont bons, amenant peu à peu la proie à se poser des questions, à se demander si elle est trop entreprenante, à vouloir en savoir plus. Ce comportement de la personnalité toxique développe chez la proie à la fois curiosité, impatience, et doute. Doute sur elle-même : « Peut-être sis-je dit ou fait quoi que ce soit qui ne lui plait pas ? Peut-être que j’en demande trop ? »

C’est au moment où la proie s’y attendra le moins, où elle ne demandera rien, que la personnalité toxique à son tour va demander cette rencontre « réelle ». Et la proie accepte.

Les premières heures, les premières semaines peuvent prolonger le temps de la séduction. Mais que la proie soit prudente, si elle le peut encore – et elle le peut trop rarement. À la première remarque qu’elle osera faire, manifestant une incompréhension, un reproche, une interrogation, elle se fera répondre : « Je ne comprends pas… C’est toi qui voulais qu’on se connaisse. Je t’avais dit que ce n’était pas utile. Qu’on pouvait être amis, juste ainsi, derrière nos écrans. Tu as insisté. J’ai fini par céder. Et aujourd’hui, tu me le reproches… »

Les filets sont resserrés. La proie est prise au piège. Et convaincue d’être responsable de cette situation. Alors, elle baisse la tête, se tait… et se plie aux exigences de son nouveau maître.

©Anne-Laure Buffet

VICTIME, VOUS AVEZ DIT VICTIME ?

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Dans les livres spécialisés, les revues, les articles scientifiques ou de vulgarisation, les liens sur les réseaux sociaux, on parle de victime. Comme on parle de bourreau.
Au sein de l’association CVP, nous utilisons également le terme de « victime »… car il est incontournable.

Quelles que soient les raisons, les constructions, les modes de fonctionnement ayant conduit un individu, homme, femme, enfant, à se retrouver en situation de victime, quelle que soit la part de responsabilité, ou de complicité, qui lui incomberait (relire Alberto Eiguer, le Pervers narcissique et son complice) , il n’en demeure pas moins qu’à un moment T une personne sous emprise d’une autre, toxique, devient sa victime. Consentante, ou non. Consciente, ou non. (Nous indiquons ces deux adjectifs sans les développer pour le moment. Il reste bon cependant de préciser que certaines personnes y trouvent une sorte de satisfaction. L’état de victime semble alors justifier leurs failles, leurs difficultés. Dans l’incapacité de se remettre en cause, manquant de motivation ou d’accompagnement, elle s’installent dans l’état de victime qui les détruit tout autant qu’il les qualifie. Nous reviendrons sur ce constat dans d’autres articles.)

Cependant, au sein de CVP, nous ne voulons pas utiliser le terme « victime » à outrance. Il doit n’être justement qu’un état à un moment donné, une photographie d’un instant, et non une carte d’identité. Il est le terme pour qualifier cette étape de la prise de conscience – je suis en position de victime – qui précède la mise en place de process pour sortir de cet état, et se reconstruire – je suis un être humain et j’ai le droit d’Être.

La personnalité toxique choisit comme proie un individu doué d’empathie, de compétences et de potentiels, de générosité, d’intelligence intellectuelle et humaine. C’est vers une personne forte que la personnalité toxique va se tourner. Forte ne veut pas dire qu’elle n’a pas de faille, de cicatrices, de blessures à guérir. Ce sont également ces failles et ces blessures que le toxique va détecter et dans lesquelles il va s’engouffrer. Il sait donc utiliser tout à la fois les forces et les faiblesses de la personne qui va se retrouver sous emprise, s’appuyant et utilisant les premières tout en développant et rendant insupportables les secondes.

Contrainte à agir et penser en fonction du seul mode de fonctionnement de la personnalité toxique, la personne sous emprise perd tout contrôle sur ses actes, son raisonnement, sa volonté. À cet instant, elle devient victime, tout autant de son « bourreau » que d’une situation.

Le propos de CVP n’est pas – loin de là – de critiquer les personnes sous emprise qui n’arrivent pas à la prise de conscience, car c’est un constat souvent très difficile voir impossible à faire. C’est le plus souvent la goutte d’eau qui va faire réaliser. Comme on claque des doigts pour sortir de l »hypnose, la personne sous emprise se réveille brutalement, difficilement. Elle doit réaliser que ce qu’elle vit n’est pas sa vie, mais une souffrance qui lui est imposée.

Et la prise de conscience ne permet pas derechef la guérison. La personnalité toxique a su rendre sa proie addict à ses comportements. Aussi sa victime – car à ce moment là elle est bien victime – doit à la fois réaliser, réagir, et apprendre à refuser ce qui lui a été appris pendant des mois, parfois des années, comme étant un fonctionnement normal.
Il lui faut alors dépenser une énergie, une motivation, immenses. Il lui faut mettre en place des protections, des barrières, des limites.
Il lui faut se retrouver. Comprendre qui elle est. Comprendre aussi pourquoi elle a vécu cette emprise. Comprendre ce qui, dans sa personnalité, a autorisé la mise en place de cette relation destructrice.

L’objectif premier est bien sûr de se sortir de cette relation. Mais l’objectif principal est et doit être d’éviter tout schéma de reproduction. Pour soi-même, et pour ses enfants. Interdire la mise en place d’une nouvelle relation toxique. Or la personne qui a été victime une fois ne l’a pas été sans raisons; Ce sont ces raisons qu’elle doit comprendre et connaître afin d’entamer sa reconstruction. Le but ? Être elle-même, tout en étant plus forte qu’elle-même. Ne pas détruire son humanité, mais construire sa résistance.

Au terme de victime, CVP préfère de loin celui de combattant. Être victime est un état inconscient. Lorsque la conscience est à nouveau autorisée à parler et agir, la personne passe de victime à combattante. Pour elle. Pour les autres. Pour elle en tant qu’enfant qui se construit ou se reconstruit ; en tant qu’adulte qui dirige sa vie… et doit souvent protéger ses enfants, et leur permettre, à eux aussi, d’Être, et non de subir.

©Anne-Laure Buffet
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PAS DE TRÊVE DES CONFISEURS

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Dans la rue, les décorations de fin d’année ; les étoiles et les guirlandes, et les père Noël qui grimpent le long des façades.
Dans les vitrines, les jouets, les paquets, les papiers cadeaux et les rubans de couleur.
Et les voeux qui arrivent, par carte, par sms, par mail. Au téléphone.

« Joyeux Noël ! J’espère que cette année, vous pourrez enfin passez un bon Noël, de bonnes fêtes…. Nous pensons bien à vous ! »

Merci. Merci, oui, mais… Mais c’est sans compter,pour ceux qui souhaitent leurs meilleurs voeux, sincères, amicaux, affectueux, sans la résistance d’une personnalité toxique. Alors que chacun parle de la trêve des confiseurs, de la période des fêtes qui devrait apporter réconfort, soutien, amour… qui est souvent destinée à réunir, à rapprocher, la personnalité toxique use et abuse de cette période.

C’est sa semaine de garde ? Elle en profitera d’autant plus pour vous couper de tout contact avec vos enfants. Avec votre famille. Vous allez devoir agir en fonction d’elle, de ses décisions, de ses choix, de ses caprices, et de ses colères. Vous êtes réunis, vous avez prévu un repas de fête ? Elle critiquera, elle ne viendra pas à table, elle gâchera l’ambiance, elle quêtera le moindre petit détail qui ne lui convient pas pour vous le faire remarquer.

Vous avez l’espoir de vous reposer ? Elle aura besoin de vous, tout le temps, à chaque instant, puis vous fera remarquer votre fatigue, et votre incapacité à prendre sur vous, lorsque tout le monde essaie de se réjouir et d’oublier ses soucis.

Vous pensez être serein(e), avec vos enfants ? Elle vous glissera des messages vous obligeant à vous remettre en cause. Avez-vous bien fait attention à tout, et surtout à eux ? Et la culpabilité que la personnalité toxique fait naître, la crainte d’être à ses yeux, donc aux yeux de tous, un mauvais parent, remonte et ressurgit d’autant plus qu’en cette période de fête, cette période réservée aux enfants, il semble qu’aucune erreur ne soit permise.

Vous vous observez. Vous perdez en naturel. Vous redoutez Noël. La fin de l’année vous laisse un gout amer.

C’est normal. La personnalité toxique ne peut admettre que vous preniez du plaisir, le moindre plaisir, en quoi que ce soit; Incapable de se réjouir, incapable de ressentir une part de bonheur, elle s’emploie à détruire ce qui peut satisfaire sa « victime » et l’entourage de celle-ci.

La personnalité toxique abîme tout. C’est ce qui la contente. C’est ce qui la nourrit.

©Anne-Laure Buffet