CAMPAGNE HUIT COUPLES – PARCE QUE LES APPARENCES SONT TROMPEUSES

La fédération Wallonie-Bruxelles et la Direction pour l’Égalité des Chances a développé et diffuse une nouvelle campagne d’information contre les violences conjugales. 

Après les spots « choc » Fred et Marie (www.fredetmarie.be), cette campagne rappelle que de l’extérieur, rien ne se sait, rien ne se voit, rien ne se dit. Mais qu’en revanche, comme le souligne l’adage, « il ne faut pas se fier aux apparences ».

Rester attentif, rester ouvert, être, toujours à l’écoute, est l’invite implicite de ce spot.

CAMPAGNE HUIT COUPLES 

 

Dangereux médias

Il ne sera jamais assez dit combien la banalisation est dangereuse, combien les amalgames sont possibles lorsqu’une information est mal donnée. Mal, de façon incomplète, travestissant ou minimisant la gravité des faits. 

Parler des pervers narcissiques et du harcèlement moral est malheureusement beaucoup trop à la mode. Hier déjà dans l’article : Faire entendre la voix des victimes, je mettais fortement en garde sur le sort des victimes justement, qui ne peuvent se faire entendre par défaut de JUSTE information. Or, le sort des victimes est particulièrement préoccupant.
Mais c’est un sujet à la mode, c’est l’évidence, et chacun s’en sert et glose sur le sujet sans le connaître vraiment, se contentant de survoler un livre ou de faire une vague interview constituée de quelques questions si peu sérieuses, si peu consistantes, qu’au lieu d’apporter des éléments concrets permettant aux victimes d’espérer un progrès, une meilleure compréhension et surtout une meilleure protection , elles nuisent aux personnes réellement en souffrance.

Preuve en est, l’article paru dans Marie-Claire : Votre homme est-il un pervers narcissique ? (vous remarquerez que je ne cite pas, volontairement, la rédactrice de l’article)

Rien que le titre fait hurler : Votre homme… Or, comme je le dis, et le répète régulièrement : les PN ne sont pas forcément des hommes. Mais avec ce seul titre, la journaliste nie la possibilité qu’une femme le soit. La possibilité qu’une femme détruise lentement mais sûrement sa famille, un proche, un collègue. Non, la femme n’est pas évoquée, il s’agit bien de l’homme qui est visé – et il faut s’amuser à faire le test ridicule de 9 questions qui est proposé… À défaut d’homme, le test évoque le Prince charmant… Mais de princesse cachant la sorcière il n’est pas fait état.

Se protégeant derrière la référence qu’est Jean-Charles Bouchoux et son livre : Les pervers narcissiques. Qui sont-ils ? Comment fonctionnent-ils ? Comment leur échapper ? (Ed. Eyrolles. ), elle en extrait quelques vagues descriptions, quelques maigres principes, quelques trop légers conseils, pour conclure avec cette phrase : « Le seul moyen de s’en sortir est de réellement couper la relation en changeant de numéro de téléphone, d’email….afin de pouvoir retrouver une bonne image de soi, et de prendre conscience qu’en aucun cas on ne mérite d’être traité comme cela. »

Et sur ce, le test si futile et léger qu’on se croit un instant à la plage à se demander si l’on est au top de son charme estival.

C’est avec de tels articles que non seulement les victimes ne peuvent être entendues, mais, bien plus grave, bien plus terrifiant, que beaucoup vont chercher à dire, faire dire, ou deviner, si leur « homme » est PN ou non… Et l’on imagine facilement telle ou telle personne un peu malheureuse en couple remplir le test, y trouver la réponse qu’elle ne peut comprendre, et le montrer à ses collègues en disant : « Regarde regarde, je te l’avais dit, c’est un PN ».
Si le livre de JC Bouchoux est un livre justement, et non un article constitué de 5 malheureux paragraphes, c’est que le sujet est bien plus complexe que cet article ne le dit; C’est que les caractéristiques du PN sont bien plus nombreuses que la journaliste ne l’indique. C’est que les risques, les dangers, les conséquences sont bien plus graves, allant jusqu’à la mort psychique, ou physique, des victimes. La perte de confiance en soi est vaguement évoquée dans l’article. Mais qu’en est-il de la perte d’un emploi, de la privation de droits, de la perte de repères, de familles, d’amis, de biens matériels… et d’espoir.
Lorsqu’il faut agir, il est souvent déjà trop tard. Quant à la justice, on le sait, elle ne se prononce pas. Se défendre contre un PN est un combat de chaque instant qui demande bien plus que de résilier une ligne de téléphone. Qui envahit toute une vie.

Chaque jour je reçois des mails de victimes désespérées. Qui ont perdu toute envie, tout désir. Qui ne voient plus leurs enfants. Qui n’ont plus les moyens psychiques et financiers de se défendre. Qui sont atteintes de pathologies, qui souffrent de dépression. Qui sont terrorisées. Qui ne savent plus vers qui se tourner.

Votre homme est-il un pervers narcissique… Je lis encore le titre et redoute le pire, ces confusions qui sont inévitables si les médias à large audience traitent ce sujet avec autant de légèreté.

Je ne crois pas que ce soir, en se couchant, la rédactrice de cet article pensera à cette victime qui se bat chaque jour depuis presque 10 ans pour voir ses enfants. Je ne crois pas qu’elle pensera à celui-ci, diminué physiquement, ayant perdu son emploi, dont la famille et les collègues se sont détournés, suite aux diffamations dont il a été victime. Je suis certaine qu’elle n’imagine pas cette femme qui se crée une bulle d’oxygène en s’étourdissant sur le net pour oublier que ce qu’elle a construit pendant des années lui a été entièrement repris. Son esprit ne se tournera pas vers ces enfants qui ne savent plus qui croire, qui écouter, et qui, déchirés entre deux parents, finissent par n’entendre que les critiques, et surtout, par les croire, se détournant du parent qui ne dit rien.

Et je regrette l’époque où le mot « journalisme » avait un sens : informer. Enquêter. Dénoncer. Faire avancer la pensée.

Un ou une PN n’est pas un séducteur des bac à sable ou une allumeuse de boîte de nuit. Ce sont des monstres. De tels articles si banalisants sont dangereux. Très dangereux.

Informer, oui. Mais complètement. Et non pour faire vendre un journal, et placer son nom en bas de quelques colonnes.

PREMIER GROUPE DE PAROLE

L’association CVP – Contre la Violence Psychologique

vous propose un premier groupe de parole

le DIMANCHE 23 JUIN 2013, de 15 heures à 18 heures.

Cette réunion aura lieu à Boulogne Billancourt (92)

 

 

Lors de la prise de conscience de l’existence d’une personnalité toxique dans notre vie, le réveil et l’envie de s’en sortir ne se font qu’avec un juste et bon accompagnement. Échanger autour de son vécu, de ses expériences, de ses questionnements, des stratégies mises en place, est une démarche importante pour pouvoir progresser positivement et réapproprier sa vie, sa confiance en soi, son quotidien.

 

Déroulement de cet après-midi:

–       Un premier temps sera consacré à présenter l’association CVP et à  faire connaissance. Un portrait des personnalités toxiques et de leurs victimes, ainsi que des victimes collatérales (enfants, entre autres), sera dressé.

–       Un deuxième temps, sous forme de table ronde, sera destiné à présenter des stratégies pour réagir, pour « réveiller sa conscience », pour acquérir quelques réflexes de défense et de réponses.

 

Attention : En fonction de la composition du groupe, et des attentes de chacun, le programme de l’après-midi peut-être modifié.

 

 

Merci de vous inscrire par mail avant le 15 juin auprès de :

 

Vous recevrez alors en retour une confirmation de votre inscription ainsi que l’adresse et le plan d’accès.

 

Amicalement à tous

 

L’association CVP

QUEL QUE SOIT LE NOM QU’ON LEUR DONNE…

39309_555727757793218_1492329038_n

On les appelle « pervers narcissiques ». Ou encore, pervers narcissique manipulateur. Bourreau. Vampire. Monstre. Champion toute catégorie du harcèlement.

Je retiendrai le terme : « personnalité toxique ».

Parce qu’il est toujours difficile et dangereux de qualifier, de manière catégorique et définitive, un individu, aussi néfaste soit-il. Attribuer une étiquette ne soigne pas le mal, ne diminue ni le syndrome, ni les symptômes, n’allège pas les souffrances. C’est à peine un moyen de se rassurer en pensant avoir compris. Et c’est au risque de généraliser une déviance particulière.

Parce que, également, une personnalité toxique peut se retrouver sous divers visages. Bien évidement, le pervers narcissique semble remporter la palme au concours de la cruauté. Mais un jaloux (ou une jalouse) pathologique, un manipulateur aguerri, qui pour autant n’est pas pervers, peut entraîner bien loin dans la souffrance, la perte de confiance en soi, la dévalorisation, l’annihilation des capacités, les personnes qui lui sont le plus proches.

Ce qu’il faut regarder, pour mieux comprendre, aider, accompagner les victimes, ce n’est pas tant la pathologie de la personne qui les harcèle, mais le mode de harcèlement, la façon dont celui-ci se manifeste, et ce qu’il engendre chez la victime. Car un jaloux, pathologiquement jaloux, qui pour autant n’est pas PN, va harceler son (sa) conjoint, jusqu’à l’empêcher de vivre, et d’avoir goût à la vie. Que dire de ces enfants et adolescents qui prennent pour cible l’un des leurs, le poussant parfois au suicide, plus souvent à abandonner ses études, à tomber malade, à se retrouver en dépression ?
Il s’agit donc bien en premier lieu de constater, puis de combattre, le harcèlement moral, quel qu’en soit l’auteur, et de protéger au mieux les victimes de celui-ci.

C’est pour cela qu’en se plaçant du côté de la protection des victimes de harcèlement, le terme plus général de personnalité toxique me semble mieux adapté. Car il n’est pas question, sous prétexte d’informer sur ce blog de la perversion narcissique, d’écarter d’autres types ou auteurs de harcèlement. Il est d’ailleurs plus judicieux, lors de procédures, de porter plainte pour harcèlement que contre un pervers narcissique…
Personnalités toxiques, car ils insufflent chez leurs victimes un poison mortel : la sous estimation de soi, la perte de confiance, la disqualification de l’individu. Toxiques, car ce qu’ils vont transmettre est étranger à leurs victimes, mais pénètre jusqu’à leur organisme, pouvant entraîner diverses pathologies, parfois mortelles.
Toxiques, si l’on s’en réfère à l’étymologie grecque toksikos : qui convient pour les flèches. Or, ce sont bien des flèches que le manipulateur va envoyer à sa proie, des flèches faites le plus souvent de mots, de phrases destinées à l’abattre.
Comme le dit Paul Valery : « Le mélange de vrai et de faux est énormément plus toxique que le faux pur ».

Pour autant, informer, dénoncer, protéger contre les pervers narcissiques demeure l’objectif de ce blog, tout autant que la volonté d’aider les victimes et leurs proches. Il faut donc à la fois informer sur ces personnalités destructrices, et sur le harcèlement commis par des personnalités toxiques de manière plus globale.

©Anne-Laure Buffet