– Kleenex (innombrables)
– Heures perdues à attendre, heures perdues à trembler
– Famille, amis, perdus de vue ; ceux qui fuient quand la parole se libère, conscients de ne rien pouvoir faire et trop lâches pour assumer
– Appels aux avocats, aux thérapeutes. Les rendez-vous, les minutes dans les salles d’attente, les trajets la peur au ventre d’entendre qu’on ne peut rien pour vous, que c’est votre faute
– Médicaments contre la migraine, contre l’insomnie, contre l’anxiété, contre toute somatisation, jusqu’aux plus graves, aux plus handicapantes
– Temps passé à se dire : « Pourquoi ? »
– Tribunal ; et les dossiers à constituer, les photocopies à faire, les accusés de réception à envoyer, ceux à aller chercher, les convocations sans raison, les convocations exigées, mais auxquelles il faut se présenter sans paniquer
– Déjeuners et dîners reportés, annulés, évités, et les soirées seul(e) devant la télé, sans arriver à la regarder, sans pouvoir se concentrer
– Jours d’insultes et nuits de cauchemars. Et les marques sur le visage, celles du temps, celles de la peur, celles des coups qui ne s’effacent plus
– Perte d’un travail. L’incapacité à en trouver un autre ; l’impossibilité d’en chercher un autre ; la certitude d’être incompétent
– Déménagement ; et un quotidien à rebâtir, sans pouvoir imaginer de quoi chaque jour sera fait, de quoi le réfrigérateur sera rempli, et comment l’électricité sera payée
– Cigarettes ; toujours plus. Un paquet fumé, c’est plus d’un billet de 5 € coincé pour toujours dans vos poumons
– Téléphone ; un forfait qui est devenu illimité. Les minutes à réfléchir avant de décrocher, avant de répondre, sans se mettre à pleurer. Les numéros qui changent mais finissent par être retrouvés. Un nom qui revient, et un tremblement qui reprend
– Vacances gâchées, vacances reportées, vacances annulées. Le repos impossible à trouver tant l’estomac est noué, l’esprit préoccupé
– Expertises sociales, psychologiques pour vous faire aider, quand vous pouvez encore les payer, si vous avez pu un jour les payer. Si vous avez osé les demander, quand enfin vous avez compris que ce n’est pas vous le (la) malade
– Flics mal informés, mal préparés, auxquels il faut raconter, en pensant perdre encore du temps
– Enfants à consoler, à protéger, à rassurer, à soigner, à gâter, à retrouver
– Le temps, toujours le temps, qui file entre vos doigts, jusqu’au jour où il n’y a plus de temps
… et les honoraires des avocats qui tombent ; les ordonnances des médecins qu’il faut régler ; les assurances qui ne couvrent rien, et surtout pas le temps perdu à essayer de vivre…
Vivre avec un pervers narcissique a un coût. La facture est considérable. Incalculable.
On la paye avec lui. On la paye après lui. Mais qui règle ensuite ce que chaque victime pourrait demander en simple indemnité ?
©Anne-Laure Buffet
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