Les troubles dissociatifs sont caractérisés, selon le DSM-IV (1)par la survenue d’une perturbation touchant des fonctions normalement intégrées, comme la conscience, la mémoire, l’identité ou la perception de l’environnement. Ils sont donc dus à des traumatismes.
Cinq troubles dissociatifs sont identifiés: l’amnésie dissociative, la fugue dissociative, le trouble dissociatif de l’identité, le trouble de dépersonnalisation et trouble dissociatif non spécifié.
- L’amnésie dissociative est caractérisée par une incapacité à évoquer des souvenirs personnels importants, habituellement traumatiques ou stressants, cette incapacité ne s’expliquant pas par une mauvaise mémoire.
- Nous avons tous la capacité de dissocier, c’est-à-dire que nous sommes tous capables de séparer des sentiments, des expériences, des comportements de notre mémoire consciente, en les supprimant, en les dissociant, en étant amnésiques, en oubliant ; il y a maintes possibilités de dénommer ces phénomènes.
Si nous nous auto analysons dans notre vie quotidienne, notre comportement peut changer beaucoup selon les circonstances du moment, selon la situation et selon nos interlocuteurs.
Dans le cadre d’un traumatisme, trois types de dissociation sont classés :
Dissociation primaire : Cette forme de dissociation représente le processus de traitement d’information particulier pendant un traumatisme psychique. L’expérience est tellement bouleversante pour l’humain que la conscience ne peut pas intégrer celle-ci normalement. L’expérience ou une partie de celle-ci est dissociée. Cette fragmentation de la conscience est liée à une altération de la conscience normale et elle est un symptôme typique du trouble de stress post-traumatique (TSPT).
Dissociation secondaire : Quand la personne se trouve déjà dans un état dissocié, une désintégration au niveau de l’expérience personnelle peut survenir : Une dissociation entre le «Moi observant» et le «Moi expérimentant». La personne prend de la distance par rapport à l’événement et vit le fait à travers la position d’un observateur. Cette définition se rapproche du trouble de dépersonnalisation (voir ci-dessous).
Dissociation tertiaire : Suite à des traumatismes continuels, les humains sont capables de créer des états du moi indépendants (Ego-states) pour stocker les expériences traumatisantes. Ces états du moi sont dans le cas extrême tellement distincts et développés qu’ils présentent des identités propres complexes. Cette définition se rapproche du trouble dissociatif de l’identité (voir ci-dessous)
Ces trois types de dissociation peuvent être perçus soit comme ayant une qualité différente et bien distincte chacun ou alors on peut les imaginer sur une échelle continuelle et les décrire comme étant une expression de plus en plus forte du phénomène de base qu’est la dissociation.
Une dissociation est donc une séparation entre des éléments psychiques et/ou mentaux, qui, habituellement, sont réunis et communiquent. Le schizophrène voit ou sent des choses dans une zone psychique inaccessible à sa raison, l’amnésique ne communique pas avec une partie de sa mémoire (qui pourtant reste présente), une personnalité multiple ne communique pas avec les autres personnalités qui cohabitent dans son psychisme.
Aujourd’hui, on a identifié plusieurs pathologies dissociatives qui sont différentes de la schizophrénie.
Sur le plan fonctionnel, la dissociation est un processus mental complexe permettant à des individus de faire face à des situations douloureuses, traumatisantes ou incohérentes (exemples donnés ci haut.) Elle est caractérisée par une désintégration de l’ego. En d’autres termes, cet état de dérèglement émotionnel peut être si intense qu’il peut produire, dans les cas extrêmes, une « dissociation ». La dissociation est un écroulement de l’ego si intense que la personnalité est considérée comme littéralement cassée en morceaux. Il ne fat pas confondre dissociation psychique et fugue psychotique. Nous allons donc aborder cette notion dans la partie suivante.`
Les symptômes peuvent concerner trois sphères différentes :
- Idéo-verbale : les propos et leurs liens logiques sont désorganisés, hermétiques. On parle de discordance en cas de franche impénétrabilité. De diffluence lorsque le discours zigzague entre des sujets sans connexion apparente (on parle également de pensée tangentielle). Le mieux est de donner un exemple de discours dissocié :
« Je n’ai pas de nom, j’ai tous les âges, le fluide éternel qui coule dans mes veines ; de l’or ; je vois ce que vous pensez, j’ai un troisième œil qui tourne dans mon cerveau. Je sais que vous voulez m’appauvrir, comme les totems qui hurlent, mais vous ne m’aurez pas car je sais me liquéfier. »
Lorsqu’il est aussi prolixe, le langage des schizophrènes comporte une forte consonance poétique (sans doute l’aspect hermétique qui fascine) ; le délire n’est jamais loin.
- Affective : les affects sont très fluctuants et imprévisibles. On parle d’ambivalence affective. Les patients schizophrènes, en effet, contrôlent mal leurs émotions, qui éclatent de façon totalement nue.
- Comportementale : la discordance a facilement une composante physique. Les gestes sont bizarres, maniérés, incohérents ; l’accoutrement est à la fois baroque et morbide. Toutefois, cette excentricité ne suffit pas à poser un diagnostic. Parfois, on note des formes catatoniques ; le malade est alors figé comme une statue.