LE SYNDROME DE WENDY

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« Je suppose que Wendy devait trouver son séjour particulièrement enchanteur, car sa turbulente famille lui donnait fort à faire. Elle n’avait même pas le temps de monter prendre le frais, sinon le soir et encore, avec une chaussette à la main. »
Peter Pan – Sir J.-M. Barrie

Avant toute chose il est indispensable de faire une mise en garde (comme déjà fait sur ce site concernant le pervers narcissique) : qu’il s’agisse du syndrome de Peter Pan, de celui de Wendy, de la fée Clochette, et pourquoi pas de Crochet, du crocodile ou encore de la chienne Nana, il ne s’agit pas de réalités scientifiques, de pathologies reconnues par le DSM V, ou de diagnostics pouvant être posés de manière formelle.

Ce sont des pistes de réflexion fondées sur des analogies avec des figures stéréotypées et parlantes pour chacun, car véhiculées par des mythes et des contes qui, appris dès l’enfance, permettent au lecteur une identification ou une compréhension. Mais comme toute piste, si elle doit être suivie, elle ne se suffit pas à elle-même.

Le succès de ces différents concepts profite de la vague psycho-pop (pop-psychology en américain), abréviation de l’expression psychologie populaire. Ces concepts sont exposés largement dans les médias et les ouvrages grand public.

Le risque majeur étant d’autoriser, avec une lecture rapide et parcellaire, une interprétation, un amalgame et une fausse compréhension d’une situation qui elle, peut être traumatique ou pathologique. En se contentant d’une lecture, et souvent sans consulter par la suite un professionnel, le lecteur ou la lectrice peut se retrouver à différents problèmes, comme l’ignorance de la solution possible, le déni de sa (ses) propres difficultés, la culpabilité accrue en se « reconnaissant » dans un profil stéréotypé…

Quoiqu’il en soit et à défaut d’une reconnaissance médicale (psychiatrique / psychanalytique) il reste indéniable que certains profils sont identifiables ou reconnaissables. Et comme nous avons tous besoin de les nommer, ces appellations ont ce mérite évident : elles permettent de mettre un nom, de visualiser une situation… et de s’encourager ou inviter à consulter afin de pouvoir débloquer une situation complexe et douloureuse.

Ce qui reste toujours incertain, c’est comment, et en combien de temps cette situation peut se débloquer. Et surtout, par quelles étapes et processus il faudra passer pour pouvoir s’en extraire.

Dans un article précédent, j’évoquais le syndrome de Peter Pan. Adulte immature, enfant orgueilleux, jaloux, rêveur, agaçant, cruel, despotique et insouciant, il vit en enfant dans un monde imaginaire, se déchargeant de toute responsabilité, de tout devoir, fuyant les engagements et rendant cruellement l’autre responsable de ses échecs et de ses angoisses.

Bien loin du charmant et plaisantin Peter Pan de Walt Disney, nous voilà face à un homme qui sait amuser et abuser la galerie qu’il se fabrique – pour finir, toujours, par la fuir quand elle se montre trop adulte, trop responsable – mais qui ne peut vivre seul, puisque comme chaque enfant il a besoin de sa maman.

Aussi, pendant obligé du syndrome de Peter Pan, il fallait bien en imaginer un autre pour que cette « maman » prenne vie. Et c’est ainsi qu’on vit naître le syndrome de Wendy.

Le syndrome de Wendy fait référence au même conte, celui de J.M. Barrie, puisque dans cette histoire, la jeune fille passe tout son temps à nettoyer la maison, à prendre soin de ses frères et des « enfants perdus »… Elle coud, brode, chante, lit, berce, console, nourrit, borde… Elle donne tout pour les autres, et c’est sa manière d’être heureuse. Grande sœur en âge (et donc toujours enfant), elle prend le relai de la maman – mère et veille sur les plus jeunes avec dévotion.

Les femmes « atteintes » du syndrome de Wendy se comportent exactement comme la Wendy du conte : elles se consacrent pleinement aux autres, affirment y trouver leur équilibre, en avoir besoin, le vivre comme une nécessité tout autant qu’un plaisir et non un devoir, faisant précéder leurs attentes par ceux des autres, quitte à sacrifier tout ce qui est important pour elle, loisirs et passions.

Ces personnes qui prennent soin des autres spontanément, sans que personne ne les y oblige, pensent qu’être attentionnée représente un moyen d’offrir leur amour. Mieux, ou pire, elles ne le pensent pas, elles en sont convaincues et ne peuvent imaginer la vie – leur vie – autrement.

Aussi, dans leur vie affective, et dans leur relation de couple, elles vont sans s’en rendre compte chercher un homme qui lui aura besoin de cette maman. Pour quelle raison en aura-t-il besoin ? Ce n’est pas la question, en l’instant. Car les causes peuvent être diverses, et parfois multiples. Ce qui est certain est que ce qui va séduire ces Wendy en puissance est le côté à la fois fantasque, léger, un peu perdu un peu paumé, enfant en tout cas, de l’homme qu’elles vont rencontrer.

C’est d’ailleurs pour cela que dans un premier temps ces femmes « Wendy » s’entendent formidablement bien avec des hommes « Peter Pan ». Ils se laissent ainsi porter et dorloter sans avoir rien à faire, pendant que leur conjointe gère toutes les responsabilités, enfants y compris. Quant à elles, elles n’y voient ni malice ni danger. Elles « assument » car elles se disent faites pour cela et heureuses ainsi.

Et jusque là tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, imaginaire. Peter Pan s’envole quand il le souhaite, revient chercher du réconfort, reçoit un baiser, et repart, et Wendy continue de chanter, de border, de cuisiner.

Mais nous ne vivons pas dans un monde imaginaire. Et même Wendy peut grandir. C’est d’ailleurs ce que l’on eut découvrir dans le film Hook, de Steven Spielberg (1991). Wendy y est représentée âgée. Et Peter, qui a fini par quitter le pays imaginaire, s’est marié. Avec Moira, la fille de Wendy. S’il a perdu son enfance, ses rêves et son imaginaire en devant lui-même devenir adulte, il va cependant être rattrapé par Clochette et Crochet.

Il n’est pas question d’analyser plus avant le film et surtout pas d’en tirer un énième syndrome.

Ce dont il est question, c’est bien de la maturité à laquelle peut un jour accéder Wendy. Si l’on peut considérer que tant qu’elle « joue » le rôle de maman, par un attachement insecure qu’elle compense en surinvestissant un rôle dans lequel elle se sacrifie bien plus qu’elle ne s’épanouit, si l’on peut admettre qu’elle n’est pas consciente de s’oublier en permanence et de taire ainsi sa personnalité réelle, nous sommes également dans l’obligation de penser que cette relation peut évoluer, voir se transformer radicalement.

Wendy ne souffre pas de cette position tant qu’aucune posture, aucun rôle ne se modifie.

Mais un risque majeur est qu’un jour, « Wendy » découvre que les personnes dont elle prend soin cessent d’avoir besoin d’elles. Elle se retrouve alors seule. S’en suit une perte de repères, une défiance vis-à-vis des autres et d’elle-même, une baisse de l’estime de soi, un trouble de l’attachement, et une dépendance accrue à celui – ceux qui s’éloignent d’elle. Incapable de les laisser « s’envoler », elle cherche à les retenir, par quelque moyen que ce soit, au risque d’entrer dans un jeu pervers de contrainte – soumission – victimisation – culpabilisation, dont elle ne saura plus sortir.

Et puisque l’on évoque l’aspect pervers, il ne faut pas oublier ces Wendy qui se sont soumises à un enfant-tyran, à un séducteur-manipulateur, à un abus de pouvoir oligarque sans lequel elles pensent ne pouvoir vivre et dont, pendant longtemps, elles ont cru pouvoir se satisfaire.

L’idée de ne plus s’occuper, ou de risquer de ne plus s’occuper de personne, de personne les plonge dans une sorte de terreur, car c’est le seul moyen qu’elles ont trouvé de se rendre utiles, et d’offrir de l’amour. Se sentant devenues inutiles et rejetées, elles se retrouvent dans un schéma déséquilibrant, dysfonctionnel, dans lequel elles n’ont plus de place même si elles vont s’investir d’autant plus pour conserver ce qu’elles pensaient être leur bien-être.

C’est précisément la question de l’équilibre qui est en jeu. L’équilibre entre donner aux autres et donner à soi-même. Ou, plus exactement et pour remettre les choses dans un ordre plus logique et constructif : se donner à soi-même pour donner aux autres.

La première réaction d’une Wendy – ou de toute personne se croyant Wendy, sera la culpabilité, et la honte (il semble que l’on y revienne régulièrement – il semble donc que le pervers narcissique ne soit pas le seul à générer ce type de troubles). Culpabilité de s’être « laissée faire », honte de ne pas avoir dit non, d’avoir tout accepté, d’avoir cru à l’amour, de se sentir soudain l’esclave ou pour le moins la « petite bonne » d’individus subitement ingrats, méprisants, ignorants et dédaigneux.

Mise en abîme.

Wendy n’est plus rien. Et ce qu’elle redoute le plus, le rejet, l’abandon, et la perte d’amour, se matérialisent subitement sans qu’elle ne sache ni que faire ni comment réagit ni comment s’en sortir.

Et si l’on en revient au conte de Peter Pan, faut-il alors imaginer que ce sont les sirènes qui ont séduit l’entourage, ou Lili la Tigresse qui a usé de ses charmes et de sa captivité pour détourner de Wendy des personnalités au caractère de « sauveur » ? Non. L’abandon craint ou vécu par Wendy est un ressenti personnel, intrinsèque, lié à une absence de confiance ou d’estime de soi profondément ancrée et qui se traduit douloureusement lorsque son Peter Pan la quitte ou – pire sans doute – la détruit à force de manipulations.

Toute personne se retrouvant en ce profil de Wendy doit l’entendre, comme dit plus haut, comme une piste de réflexion. Et de travail, sur soi. Wendy n’est pas atteinte d’une « tare ». Il y a une raison à ce comportement, à cette nécessité d’être là pour les autres et de l’être totalement. Si elle souffre de son Peter Pan, la première des choses à faire n’est pas toujours de le fuir. De qui peut-elle alors s’occuper ? Est-elle même prête à s’occuper d’elle-même ?

Il s’agit de passer par une acceptation indispensable. Car, à force de tout donner aux autres, Wendy se sent vide et arrive un moment où ne seront ressentis que de l’insatisfaction, de la frustration et de la tristesse. L’acceptation est celle d’une réalité, et non de ce qui lui semble réel. Elle s’est investit, y a trouvé, pendant un temps, un épanouissement, de quoi combler un manque, un vide, ou un besoin. Et sans doute a t’elle réussi, en partie, puisque celui – ceux qu’elle maternait ont pu grandir. On peut alors voir apparaître un autre syndrome (oui, un autre encore) : celui du « nid vide ». (1) Syndrome qui, celui-ci, met directement en cause la relation mère – enfant d’un point de vue générationnel.

Mais la question qui se pose à Wendy est : qui est-elle, ELLE, réellement ? Qu’a t’elle enfoui au fond d’elle, qu’a t’elle tu, ignoré, caché ? De quoi a t’elle peur, pour ne pas le laisser s’exprimer, ou qui veut-elle être sans savoir comment s’y prendre et par quels chemins passer ?

Il lui sera répondu : « Penses à toi ! Ne t’oublies pas ! Reprends ton espace ! Ose dire non ! ». Il lui sera plus rarement dit, pour commencer : « Chacun a le droit d’avoir son temps, son lieu, son espace, sa réalité. Sa vie. Penser sa vie permet de penser celle des autres, non l’inverse. » Penser à soi n’est pas être égoïste, penser à soi est se donner la possibilité d’être encore une Wendy, mais une Wendy qui se mesure, qui pose des limites, met des freins, impose des règles, et le respect, pour elle-même.

Alors, à la lecture de ces articles résumant bien vite le syndrome de Wendy, il faut aussi savoir mettre de la distance. Il n’y a pas de condamnation à être dans une position maternelle / maternante, tant qu’elle ne devient pas sacrificielle. Tant qu’il n’y a pas perte de soi. Etre mère n’interdit pas d’être femme. Etre femme ne s’oppose pas à être mère.

Tout n’est pas que question d’équilibre. Mais lorsque le déséquilibre prédomine, le système ne tient jamais longtemps. Et c’est à Wendy d’aller chercher cet équilibre, de se l’approprier, pour retrouver ou prendre sa place.

Pour aller plus loin sur le thème de Wendy, il faut aussi s’intéresser au travail de Angelica Liddell, artiste, metteuse en scène, auteure et interprète espagnole. En 2013, elle écrit, met en scène et interprète Tout le ciel au-dessus de la Terre (le syndrome de Wendy).

La majeure partie du travail artistique d’Angélica Liddell tourne autour du thème de l’abandon, de la peur d’être abandonné et de la peine qu’un tel sentiment fait naître. Elle parle de la solitude en terre d’abondance. Pour la psychologie moderne, Peter et Wendy sont devenus l’incarnation de symptômes de plus en plus présents dans les sociétés occidentales. Des adultes font preuve d’immaturité émotionnelle, refusent de passer à l’âge adulte. Mais comment l’humanité peut-elle continuer à vivre dans un monde où les tentatives d’un seul individu pour vivre avec une seule autre personne engendrent des situations douloureuses et pathologique ?

Et si rien ne peut ramener l’heure

De la splendeur dans l’herbe, de l’éclat dans la fleur

Au lieu de pleurer, nous puiserons

Nos forces dans ce qui n’est plus.

 

Ces vers de William Wordsworth ponctuent, tel un leitmotiv, la création d’Angélica Liddell

La matrice de cette mise en scène, explique Angelica Liddell, fut la découverte de ce que l’on appelle, en psychologie, « dilemme (ou syndrome) de Wendy », qui se traduit par une peur pathologique de l’abandon. « Un jour, j’ai compris que ce que je ressentais avait un nom, le « syndrome de Wendy », en référence au personnage féminin dans Peter Pan, se souvient-elle.

Dans mon cas, il est associé à la perte de la jeunesse, quand ce que vous aimez commence à disparaître et vous plonge dans la solitude. » Le résultat, Todo el cielo…, est une forme théâtrale polymorphe et éclatée, qui prend, pendant les deux heures trente du spectacle, diverses incarnations : conte, récit de voyage, valse ou one-woman-show.

(1) Le jour où les enfants s’en vont – Béatrice Copper-Royer, Albin Michel

©Anne-Laure Buffet

 

LE SYNDROME DE PETER PAN

« Je ne veux pas devenir un homme … jamais, dit-il avec passion. Je veux rester pour toujours un petit garçon et m’amuser. Alors, je me suis sauvé à Kensington Gardens et j’ai vécu longtemps avec les fées. »

Peter Pan – James Matthew Barrie

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Peter Pan. Un conte soi-disant destinés aux enfants, mais pas qu’aux enfants. Un conte dont Walt Disney s’est emparé, pour le vider en partie de sa substance. La mort, bien présente dans le récit de J.M. Barrie, n’apparaît que peu. Comme celle que Peter Pan donne aux enfants perdus lorsqu’ils décident de grandir ; celle de Crochet et du crocodile dont l’apparition est plus grotesque qu’effrayante ; celle de la jeunesse qui est vouée, en principe, non à disparaître mais à construire une personnalité.

Peter s’obstine à rester un enfant pour toujours afin d’échapper aux devoirs et obligations du vieillissement. Il se mure alors dans un monde imaginaire qui est la représentation du monde de l’enfance.

La psychanalyste Kathleen Kelley-Laîné (1) éclaire l’histoire de J.M. Barrie sous l’angle de l’absence d’une mère endeuillée et donne à Peter le visage d’un enfant perdu c’est à dire abandonné ou mort, dans tous les cas, maltraité par des parents négligents.

Peter Pan souffrirait dès lors de « confusions handicapantes » dont l’une d’elles serait le fait que Peter agit tel un adolescent et se dit être « un garçon qui refuse de grandir ».

Régis Loisel (2), décèle la cruauté d’un monde enfantin car il n’y a pas de concept du Bien ou du Mal. Il n’y a pas de culpabilité, ni d’embarrassants souvenirs et encore moins de compassion et reconnaissance. Ce monde est « juste une société enfantine qui instaure des lois sans principe. Ici nous pouvons voir les dédales des passages sombres de l’enfance. Donc Régis Loisel nous dévoile les restrictions de ce monde enfantin par leurs sentiments égocentriques. Pour autant, cette bande-dessinée ne peut être considérée comme un préquelle du Peter Pan de J.M. Barrie.

Le terme « handicapant » est bien loin d’être exagéré. Peter Pan souffre de handicaps. Cet enfermement dans le monde de l’enfance lui permet ainsi d’éviter toutes les responsabilités inhérentes au monde de l’adulte.

Par analogie, le syndrome de Peter Pan désigne les enfants angoissés par l’idée de grandir et surtout les adultes qui ne se sentent pas à l’aise dans le monde des adultes. Il a été défini pour la première fois en 1983 par le psychanalyste Dan Kiley (3). Bien loin d’une psycho-pathologie ou d’une maladie, le syndrome de Peter Pan est une tendance de certains individus, « hommes de par leur âge, et enfants par leurs actes ».

Un enfant dans un corps d’adulte, voilà qui pourrait résumer le syndrome de Peter Pan. Autrement dit: la personne, de sexe masculin, passe directement de l’enfance à l’âge adulte, sans franchir les étapes qui jalonnent l’adolescence et permettent d’acquérir la maturité.

Il s’agit d’un ensemble de symptômes, plus ou moins intenses. Le plus souvent, le syndrome de Peter Pan se dévoile au début de l’âge adulte, quand l’individu est confronté à ses premières responsabilités. Les « Peter Pan » sont souvent décrits comme immatures, égocentriques et parfois manipulateurs. Ils sont toujours dans le déni, et rejettent avec virulence toute forme de critique. En listant rapidement ces symptômes au nombre de 7, on trouve :

  • L’incapacité d’exprimer les émotions telles qu’elles sont ressenties, car les «Peter Pan» ne savent pas ce qu’ils ressentent.
  • La procrastination, qui consiste à remettre au plus tard possible les tâches à accomplir.
  • La difficulté à se faire de vrais amis, malgré le grand désir d’appartenir à un groupe et l’angoisse de la solitude.
  • Le recours aux faux-fuyants pour ne pas avoir à admettre sa responsabilité («ce n’est pas ma faute!»). Ce comportement peut aboutir à la consommation de drogues pour tenter de faire disparaître les problèmes.
  • Un sentiment de colère et de culpabilité envers la mère. La personne «atteinte» du syndrome de Peter Pan voudrait se libérer de l’influence de celle-ci, mais culpabilise en le faisant. Les plus jeunes essaient d’apitoyer leur mère pour obtenir de l’argent.
  • Un désir d’être proche du père tout en ayant le sentiment que ce père ne pourra jamais offrir son approbation. Lorsqu’ils sont plus âgés, de 30 à 40 ans, les «Peter Pan» admirent leur père et n’admettent pas qu’il commette des fautes ou ait des limites.
  • De fréquents problèmes avec les femmes. Le «Peter Pan» peut cacher sa peur d’être rejeté et sa sensibilité derrière un masque cruel. Il ne supporte pas les femmes indépendantes, il a besoin de pouvoir protéger une femme dépendante. L’impuissance sociale se retrouve sur le plan sexuel.

Mais attention : un Peter Pan réunit plus ou moins ces symptômes, ou ne les laisse apparaître qu’en cas de nécessité. Par exemple, son rapport aux femmes et sa sexualité varient selon ses attentes, ses besoins, et même le moment. Sexualité et tendresse peuvent se confondre et il va donner dans une relation sexuelle presque mécanique, libératrice pour lui, ce qu’il ne peut donner autrement. Et si le risque de perdre une femme-mère se présente, il reprendra avec celle-ci un rôle séducteur, tout en cherchant ailleurs à conforter son image virile et puissante.

Confusions, mauvaise répartition des rôles, déni, cruauté vis-vis de ceux qui ne veulent plus être enfant, narcissisme et égoïsme, possessivité exagérée de ceux qui l’entourent, l’aiment, ou le protègent, exigences insatisfaites et permanentes. Moqueur, ironique, tout à tour joyeux ou méchant, il se moque de ce qui ne le concerne pas directement, rejette la responsabilité sur les autres, se précipite en sauveur tout en exigeant une reconnaissance et une soumission totales. À la fin de l’histoire, il finit par oublier ses anciens amis (et ennemis), et les anciennes aventures qu’il a vécues sont perpétuellement remplacées par de nouvelles. Tout, à part lui, est interchangeable ; il va chercher les enfants génération après génération et oublie à chaque fois les précédents. « Ainsi, les enfants, dès qu’une nouveauté les sollicite, sont-ils toujours prêts à abandonner aussitôt ceux qu’ils aiment le plus. »

Bien qu’ils soient prompts à blâmer les autres, il demeure extrêmement sensible au rejet. Reprocher ? Oui. Subir le reproche ? Non. Il a toujours une bonne excuse, une bonne raison. Et la tête penchée, œil de cocker en coin, il interdit toute contre argumentation le temps d’expliquer pourquoi il fut si cruel. Pause. Rémission. Et il recommence.

De fait il va avoir tendance à pousser les limites au-delà du raisonnable afin de « tester » cet amour. Ce besoin est tel qu’il ressent beaucoup de vide sauf quand il est entouré et au centre de l’attention.

Il pense que l’amour d’une compagne doit être comme un amour maternel inconditionnel et positif. C’est une pensée inconsciente et dont il se cache. Peter Pan mais dans un corps d’adulte, il retient les codes nécessaires et utiles qui trompent le monde, son monde, et lui avant tout. Mais livré à lui-même, il oublie tout, et les codes en premier lieu. S’il vous plait, merci ? Du superfétatoire sous-entendu et qui ne mérite pas d’être dit, puisque forcément son interlocuteur doit savoir qu’il le pense. En revanche, flatterie, amabilité, sourire et plaisanterie font de lui un homme à l’apparence sociable et conviviale. Plus les années passent et plus la culpabilité est grandissante, celle de n’avoir « rien fait » de sa vie pendant de nombreuses années, celle de dépendre des autres, d’une autre, généralement une femme, la Wendy du conte qui se voit alors attribuée un rôle de mère. Rôle qu’elle supportera à son corps défendant, ou non. Il y a alors interaction de deux personnalités.

Cette solitude et cette souffrance peuvent conduire à une dépendance alcoolique ou toxicologique. Il y a toujours une quête d’un absolu que lui seul peut déterminer, et qui varie selon les époques, les périodes, les nécessités. Il peut aller jusqu’à l’abandon total de toute responsabilité, s’en remettant complètement à cette Wendy qui lui tient lieu de mère. Comme un enfant de 4 ans, il se mettra dans des colères insupportables lorsqu’il n’obtiendra pas satisfaction, mais sa peur du rejet le conduira à se montrer, par la suite, doublement gentil – comme l’enfant de 4 ans, toujours, qui après avoir dit à sa mère « je ne t’aime plus » va lui dessiner un joli paysage et un cœur en espérant recevoir un baiser. « D’après l’opinion générale, Peter se conduisait pour l’instant d’une façon correcte uniquement pour endormir les soupçons de Wendy, mais on sentait qu’il ne tarderait pas à changer d’attitude, dès que serait prêt le nouveau costume que la fillette lui taillait contre son gré dans les plus méchants habits de Crochet. »

Il est très difficile de guérir du syndrome de Peter Pan, car il s’agit d’un cercle vicieux. « Bas les pattes, madame! Personne ne va m’attraper et faire de moi un adulte. » L’incompréhension du monde des adultes pousse la personne à s’isoler dans un monde d’abstraction, ce qui renforce encore le décalage et fait monter l’angoisse. Les personnes atteintes sont tellement dans le déni de leur problème qu’elles ne voient pas la nécessité de se prendre en charge. Seule la souffrance va pousser le malade à faire un travail sur lui-même, volontairement. Un travail long et difficile dans tous les cas, mais qui en vaut largement la peine

Face au syndrome de Peter Pan, Dan Kiley, suivi par le psychologue Jaime Lira, développe .

Le syndrome de Wendy se manifeste par une nécessité absolue de satisfaire les autres, et plus particulièrement en couple. La femme qui connaitra ce syndrome va surinvestir son rôle. Plus maternante que femme, elle sera séduite par le côté joueur, innocent, léger, de son compagnon, et prendra à sa charge toutes les responsabilités. Lorsqu’il faudra le confronter à la réalité, elle se heurtera à un mur, et continuera ce qu’elle faisait auparavant, cherchant à dédouaner son compagnon ou espérant un « mieux », toujours promis. « C’est la coutume, le soir, chez toutes les bonnes mères, une fois leurs petits endormis, d’aller fureter dans leurs esprits et d’y faire du rangement pour le lendemain matin, remettant à leurs places respectives les innombrables choses et notions qui se sont égaillées, égarées durant la journée. Si vous pouviez rester éveillés (ce qui, bien sûr, est impossible), vous surprendriez votre propre mère se livrant à cette activité et vous l’observeriez avec le plus vif intérêt. C’est un peu comme mettre de l’ordre dans un tiroir. Vous la verriez à genoux, je suppose, pensée, souriante, sur tout ce que vous recelez, se demandant où diable vous avez pris cette idée, allant de surprise en surprise — pas toujours agréable — pressant ceci contre sa joue qui lui paraît aussi doux qu’un chaton, rejetant en hâte cela hors de ça vue.

Quand vous vous réveillez le matin, le mal et les passions mauvaises avec lesquels vous vous êtes endormis au lit ont été pliés avec soin et relégués au fond de votre esprits ; et par dessus, bien aérées, sont étalées vos plus jolies pensées, prêtes à vous servir. »

Les comparaisons ou analogies au syndrome de Wendy seraient le parent qui a fait le travail de l’enfant, accompagne dans tous les projets, a pour objectifs de faciliter toujours la vie. Ou un membre d’un couple qui assume ou se voit contraint d’assumer sans s’opposer toutes les fonctions et décisions. La personne, en raison de sa crainte de rejet ou d’abandon, cherche trop à satisfaire.

Dans le conte Peter Pan, il ne faut pas oublier le rôle de la fée Clochette. « Clochette n’était pas totalement mauvaise ou, plutôt, elle était totalement mauvaise à ce moment-là tandis qu’à d’autres, elle était entièrement bonne. Les fées doivent être une chose ou l’autre: elles sont si petites qu’elles ne peuvent malheureusement héberger qu’un sentiment à la fois. »

Fée que Peter Pan recherche, dont il a besoin même à son corps défendant, qui lui permet de chasser ses angoisses et ses peurs. Elle est à la fois son tuteur, son ange gardien, et son contrôle. Et d’ailleurs, elle n’hésite pas à se fâcher (ce que Walt Disney transforme en bouderies), à s’éloigner pendant un temps, à le quitter. Peter Pan ne le supporte pas, il se désespère, ressent le rejet, se met en colère. Et lui fait payer. Très cher. Ce qui l’arrête ? Si Clochette plie. Sinon, il fuit, drapé dans sa superbe enfantine.

L’accumulation et la tentation modernes de « créer » des syndromes n’a pas épargné Clochette. La psychanalyste Sylvie Tenenbaum dans « Le syndrome de la fée Clochette » décrit ce syndrome et les femmes qui en seraient atteintes ou porteuses. « Clochette » est brillante, travailleuse, perfectionniste, enjôleuse, romantique parfois. Mais cette séductrice, experte en manipulation, n’est jamais satisfaite de ses conquêtes. En réalité, à force d’exigences forcément déçues, elle est tout le temps en proie à une colère intérieure qu’elle doit s’employer à cacher. Elle sait si bien « jeter de la poudre » aux yeux. C’est une fée, ne l’oublions pas !

Ainsi, nous nous retrouvons avec un adulte-enfant-tyran, une femme-mère-dépendante et une autre autoritaire-manipulatrice-possessive. Terrible trio, ou double duo, toujours dévastateur. Je ne positionne pas ainsi Clochette, dans cet article. Clochette assume le rôle de mère. Elle surveille, protège, met en garde, contrôle, punit. Elle n’est pas la maman que Wendy doit être. Selon Kathleen Kelley-Laîné : « Comme toutes les autres fées, Clochette symbolise la mère morte, celle qui ne vous quitte jamais car elle est toujours auprès de vous par son esprit. C’est ce qu’on dit. Clochette est ainsi : elle est l’ange gardien de Peter ; c’est elle qui trouve son ombre, et dans votre histoire, elle le découvre et le ramène sur l’île du Jamais-Jamais. D’une certaine manière, c’est elle qui met au monde Peter Pan. Elle est jalouse des autres femmes qui s’approchent de son Peter, comme le font les mères…« 

Elle a donc bien le rôle de mère – à la nuance près que dans le conte, elle ne veut pas voir son enfant, Peter Pan, s’envoler.
Mais dans la vie ? Dans la vie, elle sera celle qui succombera – elle aussi – au charme de Peter Pan. Tout en sentant qu’elle peut imposer une forme d’autorité bienveillante. Reste à savoir ce que son Peter Pan décidera. Grandir – souffrir pour grandir et renoncer à son pays imaginaire. Ou la rejeter, et conserver ce qu’il connaît le mieux : l’immaturité souvent cruelle.

©Anne-Laure Buffet

  • Peter Pan ou l’enfant triste – K. Kelley-Laine, Calmann-Levy
  • Peter Pan, bande dessinée, 6 volumes, Vents d’Ouest – Régis Loisel
  • – Ces hommes qui ont refusé de grandir» ; Dan Killey – Odile Jacob

PERVERS NARCISSIQUE : UN MYTHE À DÉCONSTRUIRE PRUDEMMENT

Non, on ne peut pas tout dire.

Surtout, on ne peut pas le dire n’importe comment.

Et sans doute vais-je encore me fâcher avec certain(e)s. Mais la question n’est pas de savoir à combien on plait, ni même de plaire. La question est de dire réellement ce qui doit être dit.

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Hier, je vois passer cet article : « Pour en finir avec le “mythe“ du pervers narcissique. » Voilà un titre qui me plaît. Car en effet, autour de cette notion de pervers narcissique aujourd’hui diffusée très largement se retrouvent des confusions, des amalgames, des abus de langage et de compréhension très dangereux. Le danger est pour les personnes victimes des comportements déviants et mortifères de ces pervers narcissiques. A trop user du terme, on ne sait plus qui est qui. Et il existerait aujourd’hui presqu’autant de pervers narcissiques que de tristes sires ou de capricieuses tendance méchantes.

Le « pervers narcissique » est partout. Il fait la Une des hebdomadaires, remplit les reportages télé de seconde partie de soirée, investit des blogs, des forums, les réseaux sociaux. Unetelle sait qu’elle a un « PN » dans sa vie parce qu’il n’est vraiment pas gentil son compagnon. Une autre redoute d’en avoir rencontré un parce que pour le moment, Monsieur se montre très aimable, ce qui laisse à penser qu’un jour il ne le sera plus. Une troisième est formelle : depuis quelques semaines, Monsieur rentre plus tard du travail, a critiqué deux fois son dîner, s’est énervé et a fait une remarque désobligeante, a ignoré sa nouvelle coupe de cheveux. Il s’est dévoilé : c’est un pervers narcissique ! Mais grâce à ses lectures, elle est informée. Effrayée également, et elle court derrière les conseils pour savoir tout ce qu’elle ne doit plus ni dire ni faire ni penser de peur de se mettre en danger.

Mais elles ont un pervers narcissique dans leur vie, c’est une évidence. Et parfois, il est terrible de voir apparaître en filigrane une étrange fierté à avoir, elles aussi, un monstre quotidien.

Aussi, pour en revenir à cet article, j’étais assez heureuse de lire que d’autres comme moi pensent qu’il faut cesser de voir et mettre du PN partout. Car, c’est vrai, on lit ou entend de plus en plus : « mon PN », « c’est un PN », « PN a fait… ». Avec un risque énorme et qui ne devrait pas passer inaperçu : même si la perversion narcissique n’est pas reconnue comme une maladie ou un trouble mental au sens du DSM, il n’en demeure pas moins que c’est une forme de diagnostic, qui pourrait s’apparenter si le terme est mal ou faussement utilisé à de l’injure ou de la calomnie.

Et je pensais lire qu’il est préférable de s’intéresser aux personnes qui se montrent en souffrance.

Mais ce ne fut pas le cas.

Alors, et au risque de me fâcher avec l’auteur de l’article, je souhaite rappeler certains points.

D’une part ce qui amène à dire que « c’est un PN » est un ensemble de comportements récurrents qui suivent un schéma et un processus bien défini et qui ont pour intention de chosifier la personne qui en devient victime. Ces comportements relèvent du harcèlement, du dénigrement, du mépris, de la manipulation mentale, de l’abus de langage, de l’irrespect, tout autant que de la séduction et de l’amabilité. Ils alternent sans cesse et sans raison, sont toujours en décalage avec les faits, induisant le trouble et la confusion. Ils s’installent dans le temps, laissant la victime de plus en plus inerte. Ils se nourrissent de paradoxes, et émanent d’une personnalité qui utilise un ensemble complet d’artifices et de masques. Caméléon, acteur, vampire, séducteur, Dr Jekyll et Mr Hyde, imperturbable, simulant parfaitement toutes les émotions, sauf une : la colère, qui explose dès que sa soif de pouvoir n’est plus satisfaite. En quête perpétuelle de puissance qu’il ne peut jamais combler, le pervers narcissique manie la violence psychologique avec un talent à nul autre pareil. Peu à peu sa victime est dépossédée de tout, intellectuellement, affectivement, psychiquement, sexuellement, économiquement. Elle n’est plus maître de rien, ne décide plus rien, ne sait plus rien. Elle se retrouve dans une totale dépendance, une complète soumission, et l’on parle alors d’emprise.

D’autre part, et contrairement à ce que l’article laisse supposer, le pervers narcissique n’est pas forcément un homme. Il peut également être une femme. Ce n’est pas le sexe qui fait le monstre, ce sont ses comportements. N’en déplaise à certains qui il y a peu encore ont jugé bon de m’attaquer en disant que mes propos nuisent aux femmes et au combat féministe, je profite de cet article pour dire et affirmer une fois de plus que la perversion narcissique peut être le fait d’une femme. Et ceux à qui cela déplaît peuvent encore m’attaquer, ça m’est bien égal. Je persiste et signe.

Aussi, écrire un article permettant de croire, puisqu’il est adressé à des femmes, que seuls les hommes – certains hommes – pourraient être « PN », est une erreur, ou pour le moins contient une terrible omission.

De plus, il y a dans cet article un passage qui me déplaît: « aujourd’hui nous voulons vibrer, nous voulons du bad boy, nous voulons un mec tatoué, nous voulons un mec qui a du caractère, qui nous met la fessée lors de nos ébats. Mais en même temps, nous voulons qu’il nous comprenne, qu’il obéisse à nos moindres caprices, qu’il nous offre des fleurs, qu’il s’engage. » Je ne le crois pas, et surtout je ne crois pas aux généralités, de toute sorte. Je trouve ces termes exagérés, disproportionnés, et hors contexte. Bref, je les trouve inappropriés s’il s’agit de mettre à mal ce mythe du pervers narcissique.

Parce que, et ainsi que, cette fois avec raison, l’auteur le dit plus loin dans l’article : « Un pn vous détruit, vous isole, vous réduit au néant. Vous devenez une entité, une morte vivante, l’ombre de vous même. Il vous vide de toutes substances. Un pervers narcissique n’est autre qu’un sociopathe, ah là ça fait un peu plus peur non ? Mais vivre avec un pn n’a rien d’amusant ni de divertissant. » Même si je ne suis pas d’accord avec certains mots ou formules, il n’en est pas moins certain que vivre avec un individu aux comportements pervers narcissiques est mortel, psychiquement, parfois physiquement. Une personne qui en est victime n’a plus l’envie et l’énergie pour en parler, tout simplement parce qu’elle n’en a pas conscience et n’a pas le droit ni la possibilité d’en avoir conscience.

Il faut cependant reconnaître une chose : les réseaux sociaux sont utiles et mal utilisés. Utiles, car ils peuvent être la première étape pour sortir de l’isolement. Aussi écrire qu’une victime se retrouve incapable de parler, ou de lire quoi que ce soit, est faux. C’est aujourd’hui souvent le premier pas vers une forme de libération, de prise de conscience. Sur un forum, sur un groupe, elle va trouver un mot, une aide, une écoute, ce qu’elle a complètement perdu. Elle va s’y accrocher comme un noyé à sa bouée et va chercher un peu plus. Elle va hésiter, va avoir peur d’être découverte par son agresseur, va faire un pas en arrière, couper le contact, puis le reprendre. Et les réseaux sociaux et toute la médiatisation autour de la perversion narcissique ont eu cela de bon qu’ils ont permis à beaucoup de comprendre, de faire des démarches et de s’en sortir.

Mal utilisés, parce qu’ils manquent souvent de modérateur, laissant effectivement la porte ouverte aux abus, aux mauvaises interprétations, aux conclusions trop rapides.

S’y retrouvent alors des personnes victimes de la violence psychologique exercée par un-e manipulateur-trice pervers-e narcissique et d’autres qui partagent leur vie avec un-e individu au caractère fort, désagréable, difficile et auquel ils ne savent pas s’opposer, par manque de confiance en eux. Les uns et les autres sont invités à résister, à se battre, à aller en justice, à protéger les enfants, à porter plainte, à agir. Les premiers à le faire sont les moins en souffrance. Les autres, mis à terre par cette violence psychologique récurrente, ont besoin de temps. Un temps qui dure parfois des années. Ils ont besoin d’une réelle écoute et d’un réel soutien, et Internet est alors insuffisant. Ils ont besoin d’un accompagnement complet et d’une présence empathique. Ils ont besoin d’interlocuteurs parfaitement informés et formés, car c’est à tous niveaux qu’ils devront être aidés et entendus.

Oui, c’est une évidence et c’est indispensable de le rappeler, le terme trop vulgarisé de pervers narcissique, dit « PN », mérite un certain nombre de rappels. Après la mode, car il s’agissait bien de mode, des bipolaires qui foisonnaient autant que les cailloux du chemin, après celle des enfants hyperactifs ou précoces qui remplissaient les salles de classe et les cours de récré (nourrissant souvent l’ego de leurs parents sans le savoir), on en est à celle du pervers narcissique. Et vouloir arrêter cette mode pour prendre réellement en considération la perversion narcissique et également pour la laisser à ce qu’elle doit être est indispensable.

Mais il faut le faire avec je crois plus de distance qu’il n’y en a dans cet article. Ainsi, écrire ou laisser entendre que certaines « fanfaronnent » parce qu’elles pensent vivre avec un PN, et le disent, est un jugement hors de propos. Si elles le font, c’est sans doute parce qu’elles souffrent de quelque chose – quoi, je n’en sais rien. Mais elles sont en difficulté, et il faut entendre cette difficulté. Et cette phrase me frappe, dans l’article : (vous) « chouinez comme une enfant à qui son jouet ne répond plus ! ». Car c’est alors faire des femmes qui disent être avec un pervers narcissique ce qu’exactement elles reprochent à l’autre ; c’est leur attribuer un comportement infantile et culpabilisant pour celui qui l’observe. Et c’est entre autres ce comportement qui constitue la personnalité perverse narcissique : la capacité à « chouiner », à avoir des larmes de crocodiles, à culpabiliser l’autre tout en en faisant un objet.

Aussi, j’étais contente de voir que le pervers narcissique, ou plus exactement l’utilisation abusive du terme, à ses détracteurs et ses opposants. Je regrette la fausse légèreté du ton et le manque d’informations. Je comprends la colère de l’auteur qui, elle-même victime, veut remettre certaines choses à leur juste place et ne plus lire de débordements. Mais son propos gagnerait en justesse s’il se départissait de cette colère.

Comme elle, je peux dire : « Non, mesdames, vous n’êtes pas toutes victimes d’un « PN » parce que les journaux féminins en remplissent leurs pages. » Mais j’ajouterai : « Oui, messieurs, vous pouvez être concernés et vous avez le droit de le dire. Et oui, mesdames, et messieurs, si ces articles vous intriguent, s’ils font naître un doute, s’ils génèrent un malaise, alors allez plus loin dans vos recherches, informez-vous au-delà de vos lectures. Car vos doutes doivent être dissipés, quelle qu’en soit la raison. »

©Anne-Laure Buffet

CONFERENCE : LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE, UN PROCESSUS DE DESTRUCTION INDICIBLE ET INTIME

C’était donc aujourd’hui et c’est à la 10eme minute. Une interview avant la première des trois conférences données à la Réunion.
Demain à St Gilles, au Village Corail à 18h15, pour parler des violences faites aux enfants, de la prévention, et des moyens d’action; Et jeudi à St Denis, à 18h15, à l’université (amphi Cadet), pour évoquer la prise de conscience et la reconstruction.
Et la conférence de ce soir mardi 27 septembre était : Violence psychologique, une processus de destruction indicible et intime. Plus de 150 personnes dans l’amphi, un public attentif, de nombreuses questions. Et la chance d’échanger directement, de faire des rencontres… et même avec des lecteurs de ce site, qui encouragent le travail de CVP.
Merci à eux, et merci à tous ceux qui sont venus assister à cette conférence.

Pour en retrouver les grandes lignes  :

QUE VOYEZ-VOUS ?

Racontez cette toile.
Qui sont ces personnages ? Que font-ils et où se trouvent-ils ?
Quelle est leur histoire ?
A vous de jouer – A vous d’écrire.
(aucune contrainte en nombre de signes, lignes…)

L’équipe de CVP adressera aux auteurs des trois meilleurs récits une fiction (en PDF) sur la relation mère – enfant. Les trois récits seront publiés avec l’accord des auteurs sur ce site.

Pour participer : AVANT LE 15 OCTOBRE :
en commentaire SUR LE BLOG ou par mail à : en indiquant : PARTICIPATION A : QUE VOYEZ-VOUS ? 

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