ENFANT DE PÈRE TOXIQUE – TÉMOIGNAGE

Bonjour,

Je n’ai jamais vraiment été très douée pour raconter les choses, mais si je vous écris ce mail aujourd’hui c’est pour vous raconter mon histoire, témoigner… Ou juste pour pouvoir évacuer, je ne sais pas.

Je m’appelle XXX, j’ai XX ans. Je suis une fille de parents toxiques, en tout cas d’un père toxique.

J’ai passé mon enfance à voir mes parents s’hurler dessus… De voir mon père hurler sur ma mère et ma mère pleurer.
A mes deux ans, ma mère a perdu son emploi, mon père lui a dit de ne pas chercher un autre travail (la bonne aubaine)… Il l’a séparé de sa famille, elle n’a plus d’ami.
J’ai donc vu, jour après jour ma mère être détruite, dénigrée, insultée, soumise et mon père qui essayait de me monter contre elle, de me faire participer à sa destruction.

Mais j’ai grandi, je suis devenue une adolescente, un être capable de penser par lui même, ce jour là, mon père a trouver une autre victime.
J’ai suivi le même chemin que ma mère, j’ai perdu toute confiance en moi, j’ai passé le bac qu’il voulait que je passe, je suis devenue dépressive, instable, défaitiste, boulimique et dépendante affective, j’avais RDV toutes les semaines chez le médecin car je somatisais. (Et evidemment on ne me trouvait rien)

Après mon baccalauréat, au début de l’année 2009, il a été diagnostiqué maniacodépressif, il a bien sûr rejeté sa maladie et ne prend pas ses médicaments.

En Mars dernier, c’était la crise de trop, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis parti du domicile familiale pour vivre avec mon copain (Heureusement que je l’ai rencontré)
Au début, il me harcelait, menaçait mon compagnon, venait sonner en bas de mon immeuble, prenait des photos d’où nous vivons. C’était surement sa manière à lui d’essayer de continuer à me contrôler.
J’avais peur pour ma mère, elle m’envoyais des SMS et des mails tous les jours pour me décrire ses moindres faits et gestes. Je lui ai dit de partir, mais rien n’y fait, elle ne veut rien savoir… J’ai fini par abandonner, j’ai fini par me dire que je devais penser à moi et ne plus m’angoisser pour elle… Encore la semaine dernière il s’est énervé contre elle, lui reprochant assez violemment tous les maux du monde, et aujourd’hui, elle me dit que ce n’est pas grave, qu’il s’est calmé.

J’ai déjà passé 24 ans de ma vie a essayé de la protéger.

Je suis parti, j’en suis fière, mais au fond de moi je suis toujours brisée, bien que depuis quelques semaines je recolle enfin les morceaux.
La vie avec mon conjoint est parfois dificile, entre les crises d’angoisses, les peurs incohérentes (De l’abandon notamment mais aussi la peur de « m’engager » pendant les moments intimes) et mes moments de vide…

J’essaye de garder espoir même si c’est souvent difficile, je ne pense pas être devenue une personne toxique mais je sais que les 24 ans que j’ai vécu auprès de mes parents ont fait de moi une personne instable et mon instabilité en devient parfois dangereuse, autant pour moi que pour les autres.
Je n’ai finalement pas fait d’étude, en l’espace de 4 ans j’ai fait souffrir mon compagnon autant que j’ai dû souffrir pendant 24.
Malgré mes moments de vide (Comme aujourd’hui), je sens que je vais mieux.

J’aimerai juste dire à tous ceux qui vivent dans cette prison que, oui c’est dur, oui, nous sommes souvent seul(e) fasse à nous même car nous avons été isolé(e).
Le peu de personnes à qui nous en parlons ne nous comprends pas, on nous dit que l’on fabule ou qu’on exagère.

Mais il ne faut pas cesser de se battre pour (re)devenir celui qu’on est, libérez vous!

J’ai surement oublié des tonnes de choses, mais tout se chamboule dans ma tête… Trop de choses à dire .

Je vous remercie d’avoir créé cette association,

BIPOLARITÉ ET PSYCHANALYSE

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– Avec toutes ces sautes d’humeur, il est forcément bipolaire…
– Il est … quoi ?
– Bipolaire. Maniaco-dépressif, si tu préfères. C’est pareil.
– Ah bon, t’es sûr ?
– Ben oui, si je te le dis…
– Et elle, elle est quoi ?
– Maniaco-dépressive.
– Ah. Donc, bipolaire ?
– Oui, à quelque chose près…
– Je croyais que c’était pareil ?
– C’est pareil. À quelque chose près…

La vulgarisation de termes médicaux désignant certaines pathologies autorise, outre leur connaissance et une meilleure approche de chaque trouble, une généralisation qui va de pair avec le droit que certains néophytes s’accordent de juger ou de qualifier leurs proches – et moins proches.
Or, seuls des professionnels sont en droit et en mesure de déterminer l’existence d’une pathologie chez un individu, et de la qualifier.

De plus, l’utilisation trop facile de certains termes entraîne des confusions. Ainsi, comme l’écrit Sarah Chiche, « On lit souvent que le trouble bipolaire est la nouvelle manière de nommer la psychose maniaco-dépressive (PMD). Pourtant, la notion de « trouble bipolaire a complètement évacué l’apport psychanalytique sur la compréhension de la manie et de la mélancolie. La psychanalyse relit la théorie de l’humeur sous l’angle libidinal et pulsionnel. »

La manie est la manifestation, pendant au moins une semaine, d’exubérance, d’euphorie, d’irritabilité extrême, compromettant le fonctionnement de la personne. L’énergie et l’activité sont en augmentation, les pensées partent dans tous les sens, la concentration diminue. La personne dort peu, ou pas, et sans ressentir de fatigue ; elle surestime ses capacités. L’optimisme et l’estime de soi sont exagérés. Elle va prendre des risques (alcool, tabac, drogue, sexe, conduites addictives et dangereuses). Elle peut devenir agressive. Dans le cas de manies graves, il peut y avoir hallucinations, idées délirantes, d’où le fait qu’on puisse penser à de la schizophrénie.

La mélancolie est en psychanalyse un état de dépression très grave. La personne ressent un état de profond désespoir, avec des pensées morbides et suicidaires, pouvant aller jusqu’au passage à l’acte. On observe une baise ou une augmentation importante de l’appétit, du sommeil, de l’intérêt en général pour des activités normales pour cette personne.

Il existe des états mixtes correspondant à la présence  sur la même période d’éléments de la série maniaque et de la série dépressive.

Pour le mélancolique, son « moi » est vide.

Dans Deuil et Mélancolie, Sigmund Freud explique que la Verstimmung (déshumeur) est liée à un rapport particulier à l’objet.

Toujours selon Sarah Chiche, « le deuil et la mélancolie sont deux réactions à la perte d’un objet d’amour ou d’un idéal, la libido se désinvestissant de l’objet perdu… Mais dans le deuil, il n’y a ni abaissement du sentiment de soi via l’autoaccusation, ni attente délirante de la punition… Le maniaque, lui, va tenter de résoudre cette ambivalence en niant la perte de l’objet. Ce que croit le maniaque, c’est qu’il peut triompher de la perte, du manque et de la mort. »

Pour plus d’informations sur la bipolarité, voir le dossier de Sciences Humaines, de mars 2013.

LE TROUBLE BIPOLAIRE

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Pourquoi le trouble bipolaire est-il considéré comme une « maladie » ?

Dans la vie, il y a toujours des hauts et des bas. Il est normal de se sentir heureux, triste ou irrité. Le trouble bipolaire, que l’on appelle également maladie affective bipolaire, est un état pathologique ; les personnes qui en sont atteintes, souvent qualifiées de maniacodépressives, présentent des sautes d’humeur extrêmes, qui n’ont parfois rien à voir avec les événements qu’elles ont vécus. Ces sautes d’humeur se répercutent également sur la façon dont la personne pense, se comporte et agit.

Le trouble bipolaire est tout à fait involontaire, et ne résulte pas d’une personnalité « faible » ou instable. Il s’agit d’une affection médicale qui peut être traitée.

Le trouble bipolaire est-il une maladie courante ?

Vous ou un être qui vous est cher peut-être atteint d’un trouble bipolaire. Vous vous sentez peut-être isolé face à cette maladie, mais vous n’êtes pas seul. En effet, environ un ou deux pour cent des adultes dans le monde en souffrent. Par ailleurs, le trouble bipolaire s’attaque tant aux hommes qu’aux femmes.

À quel moment de la vie survient le trouble bipolaire ?

Les signes avant-coureurs du trouble bipolaire sont décelés de plus en plus souvent pendant l’adolescence et au début de l’âge adulte. Cependant, plus la personne est jeune au moment où les symptômes commencent à se manifester, plus ces symptômes s’écartent du portrait habituel de la maladie. On peut les attribuer à tort à un sentiment de détresse ou de rébellion typique de l’adolescence, et c’est pourquoi il arrive que le diagnostic de trouble bipolaire ne soit posé qu’à l’âge adulte.

Chez certaines femmes, le trouble bipolaire apparaît pendant la grossesse ou peu de temps après l’accouchement. On constate des épisodes de manie, ou d’exaltation, après la grossesse dans environ 0,1 pour 100 des cas. La dépression est toutefois plus fréquente. Si vous ou une proche avez ressenti des symptômes de dépression après la grossesse et si ces symptômes sont graves ou durent plus de deux semaines, il est souhaitable de demander de l’aide.

Il existe 5 types de troubles bipolaires : 

Troubles bipolaires de type 1 : ce sont des troubles maniaco-dépressifs à proprement parler. Si une phrase devait résumer l’état d’esprit des patients qui en souffrent, ça serait « je suis le champion du monde toutes catégories et rien ni personne ne pourra me déloger de mon piédestal ». Un sentiment d’invincibilité, de puissance caractérise le malade qui est dans un délire de grandeur.
Troubles bipolaires de type 2 : ils sont plus fréquents mais restent sous-évalués car les manifestations sont plus discrètes et moins prononcées que dans le type 1. Le tempérament de la personne qui en souffre reste assez nuancé : elle respire une certaine joie de vivre, réduit son temps de sommeil, a une sensibilité exacerbée… Ces personnes arrivent à rester intégrées mais elles peuvent facilement se mettre en péril à cause de leur optimisme naïf.

Troubles bipolaires de type 3 : ce type de troubles s’exprime par un état de surexcitation suite à la prise d’antidépresseurs.

Troubles bipolaires de type 4 ou troubles cyclothymiques. Dans ce cas, il y a alternance de phases atténuées avec des phases d’excitation et de dépression. Les personnes en souffrant sont très difficiles à vivre et ont beaucoup de mal à s’intégrer, notamment à cause de leur humeur instable. Elles se présentent sous plusieurs jours différents.

Troubles bipolaires de type 5 : ces patients sont toujours dans une phase de surexcitation, ce sont des personnes qui vivent à 200km/h et qui ont généralement des responsabilités importantes dans le cadre de leur travail. Ce sont en quelque sorte des locomotives. Ils sont dits hyperthymiques. Par contre, ils peuvent entrer à n’importe quel moment dans une phase dépressive.

De manière générale, lorsque l’on parle de troubles bipolaires de type 1, on fait référence à une alternance entre des phases d’excitation et de dépression.

  • Entre les deux, il y a des périodes normales, que l’on appelle les intervalles libres. Si aucun traitement n’est entrepris, il y a un risque d’accélération des cycles et présence de symptômes résiduels durant les intervalles libres.
  • C’est ainsi qu’après quelques années sans traitement, le trouble qui était périodique peut devenir chronique.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, les troubles bipolaires sont la 6ème cause de handicap dans le monde chez les personnes âgées de 15 à 44 ans et occupent la 9e position de nombre de « daly » (nombre d’années de vie perdues ou d’invalidité).