En pleine période des trêve des confiseurs, il semble impossible, et même impensable, qu’un manipulateur, ou une manipulatrice, digne de ce nom – j’entends pas « digne de ce nom » celle ou celui dont l’objectif est de posséder l’autre et de détruire – mette un terme à ces agissements.
Il semblerait même que la période des fêtes, avec Noël en point d’orgue, exerce chez les personnalités toxiques l’effet d’un accélérateur. Comment mieux nuire, mieux faire mal, mieux mettre à terre, mieux abîmer ? Priver la personne devenue victime de tout contact avec ses enfants, de toute capacité matérielle ou financière, de tout lien… L’isoler, un peu plus encore, en l’ignorant ou en s’en moquant, en la méprisant ouvertement… Grand nombre de victimes disent avoir reçu un tel « cadeau » au moment des fêtes (sans oublier les périodes d’anniversaire, qui elles aussi ont un impact affectif important). Pas d’enfant, pas de moyens de parler avec eux, pas de possibilité de les câliner, de les gâter, de passer un moment de joie simple.
La période des fêtes exacerbe la colère, le besoin d’écraser, de faire mal, de nuire, d’ignorer. Et la douleur ressentie est d’autant plus violente que les émotions sont poussées à leur extrême. Refuser à un parent de lui répondre, refuser qu’il puisse communiquer avec ses enfants, c’est le nier en tant que parent, et plus encore lorsque tout est fait pour rappeler que ces quelques jours sont jours de joie, de partage, de retrouvailles, de sourires…
J’ai reçu ces derniers jours un nombre de demandes d’aide, de soutien et d’accompagnement particulièrement important. Avec, toujours, en ligne directrice, la souffrance émanant de l’impossibilité de voir, de toucher, de communiquer avec ses enfants. Et je ne parle pas que d’enfants petits. Je parle d’enfants, quel que soit leur âge. Le parent toxique les éloigne et les manipule. Et le parent victime de cette toxicité a peu de moyens de se défendre. « Mais c’est Noël ! »… Oui, c’est Noël…mais la convention de divorce attribue cette période, cette semaine, au père (à la mère). S’il ne veut pas que vous les voyez, vous ne pouvez rien faire… »
S’il est désormais classique de lire dans des jugements de divorce que le jour de la fête des mère sera chez la mère et de même pour la fête des pères (quel que soit le rythme de garde), répartir ainsi la fête de Noël qui n’est pas à un jour fixe de la semaine mais à date fixe semble presque inconcevable dans des cas de séparation conflictuelle.
Aussi… aussi le mieux est d’aller, en tant qu’adulte, au-delà de sa peine et de ses ressentiments. Autant que possible. Je dis bien ‘autant que possible ». Et dans la difficultés de ces cas liés à des relations toxiques, j’imagine ici ceux où le parent victime n’est pas encore privé totalement de ses enfants, où les enfants ne se sont pas totalement détournés de lui.
C’est entre autres à ce moment qu’un travail sur soi, sur l’estime de soi, sur la reconstruction, est indispensable. Vous n’avez pas eu vos enfants à Noël ? Vous n’avez pas pu leur parler ? Posez vous la question : qui en souffre le plus ? Eux, ou vous ? Quelle blessure se réveille lorsque vous êtes face au silence ?
« Je n’aurai pas mes enfants à Noël…
C’est dégueulasse de te faire ça ! »
Oui, c’est « dégueulasse ». Mais c’est ainsi. Dépenser son énergie à entretenir inconsciemment ce lien toxique en se demandant comment il est possible de vous faire ça ne fait que nourrir un peu plus la personnalité toxique, et lui donner une importance supplémentaire et néfaste dans votre vie.
Vous n’avez pas eu vos enfants à Noël ? Fêtez Noël tout de même. Si ce n’est le jour même, fêtez Noël avec eux. Ce sera le 31 décembre, le 1er janvier, le 2, le 3… Ce sera votre fête. À vous, et à eux. Ce n’est plus la date fatidique du 25 décembre qui compte. C’est ce que vous allez faire de cette fête, avec eux.
Des plus jeunes aux plus âgés, ils attendent Noël, ils attendent une fête, c’est à vous de leur offrir. Pas par vengeance, ou par dépit. Par bonheur de les voir.
Faites de ce dont vous vous sentez privé(e) pour un instant unique, à un autre instant, bien plus unique. Les enfants attendent de la magie, cette fameuse « magie de Noël ». Donnez-leur.
©Anne-Laure Buffet