L’EMPRISE, LE FILM – REPLAY

Hier, la diffusion du film L’emprise par TF1 a réuni plus de 8 millions de téléspectateurs.
Pour celles et ceux qui souhaitent le voir ou le revoir :

LE REPLAY

Pour une discussion – débat entamée hier sur Facebook, pour y participer et la continuer :


L’EMPRISE – TÉLÉFILM

DEMAIN LUNDI 26 JANVIER
TF1 diffuse à 20H55 un téléfilm réalisé par Claude-Michel Rome : « L’emprise ». 

Capture d’écran 2015-01-25 à 10.34.15

Durant la afin de préserver l’anonymat de chacun :  

L’emprise est l’histoire vraie d’Alexandra Guillemin, née Lange. Alexandra a été mariée pendant 14 ans, et victime de la violence de son mari pendant 14 ans.
En 2009 à Douai, elle poignarde son mari lors d’une dispute conjugale.

LA BANDE ANNONCE DU TÉLÉFILM

Renvoyée devant les assises, elle a été acquittée.

Des documents à voir :

LE PROCÈS D’ALEXANDRA LANGE

ALEXANDRA LANGE, FEMME BATTUE, interview sur BFM TV

 

À lire  : le réquisitoire du procureur Frémiot, qui a permis l’acquittement d’Alexandra Lange :

Alexandra Guillemin, nous avions rendez-vous. C’est un rendez-vous inexorable, qui guette toutes les victimes de violences conjugales. Ce procès vous dépasse parce que derrière vous, il y a toutes ces femmes qui vivent la même chose que vous. Qui guettent les ombres de la nuit, le bruit des pas qui leur fait comprendre que c’est l’heure où le danger rentre à la maison. Les enfants qui filent dans la chambre et la mère qui va dans la cuisine, qui fait comme si tout était normal et qui sait que tout à l’heure, la violence explosera.

Elles sont toutes sœurs, ces femmes que personne ne regarde, que personne n’écoute. Parce que, comme on l’a entendu tout au long de cette audience, lorsque la porte est fermée, on ne sait pas ce qui se passe derrière. Mais la vraie question, c’est de savoir si l’on a envie de savoir ce qui se passe. Si l’on a envie d’écouter le bruit des meubles que l’on renverse, des coups qui font mal, des claques qui sonnent et des enfants qui pleurent.

Ici, dans les cours d’assises, on connaît bien les auteurs des violences conjugales. De leurs victimes, on n’a le plus souvent qu’une image, celle d’un corps de femme sur une table d’autopsie. Aujourd’hui, dans cette affaire, nous sommes au pied du mur, nous allons devoir décider.

Mon devoir est de rappeler que l’on n’a pas le droit de tuer. Mais je ne peux pas parler de ce geste homicide sans évoquer ces mots des enfants : « Papa est mort, on ne sera plus frappés ». «Papa, il était méchant ». « Avec nous, il se comportait mal, mais c’était rien comparé à ce qu’il faisait à maman ».

On n’a pas le droit de tuer, mais on n’a pas le droit de violer non plus. D’emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur.

Je sais la question que vous vous posez. « Mais pourquoi Alexandra Guillemin n’est-elle pas partie avec ses enfants sous le bras ? » Cette question est celle d’hommes et de femmes de l’extérieur, qui regardent une situation qu’ils ne comprennent pas et qui se disent « Mais moi, je serais parti ! ». En êtes-vous si sûr ?

Ce que vivent ces femmes, ce qu’a vécu Alexandra Guillemin, c’est la terreur, l’angoisse, le pouvoir de quelqu’un qui vous coupe le souffle, vous enlève tout courage. C’est sortir faire les courses pendant cinq minutes parce que celui qui vous envoie a calculé exactement le temps qu’il vous faut pour aller lui acheter ses bouteilles de bière. Et c’est à cette femme là que l’on voudrait demander pourquoi elle est restée ?

Mais c’est la guerre que vous avez vécu, Madame, la guerre dans votre corps, dans votre cœur!

Et vous, les jurés, vous ne pouvez pas la juger sans savoir les blessures béantes qu’elle a en elle. C’est cela être juge, c’est être capable de se mettre à la place des autres.

Alexandra Guillemin, il suffit de l’écouter, de la regarder. De voir son visage ravagé. Mais un visage qui change dès qu’elle parle de ses enfants. On a beaucoup dit d’elle qu’elle était « passive ». Mais c’est une combattante, cette femme! Ses enfants, elle leur a tenu la tête hors de l’eau, hors du gouffre. Il n’y a pas beaucoup d’amour dans ce dossier, mais il y a le sien pour ses enfants, et ça suffit à tout transfigurer. Ils ont 13, 11, 8 et 6 ans aujourd’hui, ils vous aiment, ils seront votre revanche.

Nous, la question que nous devons nous poser, c’est : « de quoi êtes-vous responsable, Alexandra Guillemin ? » Quelle serait la crédibilité, la légitimité de l’avocat de la société qui viendrait vous demander la condamnation d’une accusée, s’il oubliait que la société n’a pas su la protéger ?

Alors, je vais parler de légitime défense. Est-ce qu’au moment des faits, Alexandra Guillemin a pu penser qu’elle était en danger de mort ? Est-ce qu’en fonction de tout ce qu’elle a vécu, subi, elle a pu imaginer que ce soir là, Marcelino allait la tuer ? Mais bien sûr ! Cela fait des années que ça dure. Alexandra a toujours été seule. Aujourd’hui, je ne veux pas la laisser seule.”

Et il a conclu  ce bien curieux, mais si humain, si courageux, réquisitoire, par ces mots encore plus curieux dans la bouche d’un procureur, mais tellement humains, tellement courageux :

C’est l’avocat de la société qui vous le dit : vous n’avez rien à faire dans une cour d’assises, Madame.

Acquittez-la !

 

Et le livre – témoignage d’Alexandra Lange :  

Anne-Laure Buffet