La personnalité toxique agit avec celui, ou celle, qu’elle séduit, comme une drogue. Une drogue « dure », pour autant qu’on puisse différencier certaines drogues en dures ou en douces.
Elle est séduisante ; elle attire, car elle fait rêver. Elle fait croire plus de forces, plus de capacités, plus de détente, plus d’imagination. Elle emmène dans un autre monde plein de promesses. De belles promesses. De fausses promesses. De promesses cruelles, destructrices. Mortelles.
Lorsque le drogué, sa proie donc, veut s’en défaire, il a besoin d’aide. Il a besoin de parler. Il souffre. Il est en manque, habitué à une autre souffrance, celle qu’il connaît chaque fois que les effets de la drogue s’éloigne. Il se recroqueville, il se cogne, il s’affole. Il culpabilise, d’avoir cédé, et d’avoir tant de mal à s’en défaire. Il voudrait du mal à tous ceux qui lui en ont fourni. Il se voudrait du mal de ne pas avoir été assez fort pour résister.
Il n’ose pas en parler ; puis il ouvre les vannes de sa souffrance, et la parole ne s’arrête plus. Mais il ne sait comment faire, quel chemin prendre pour s’en sortir, et s’en sortir « vivant ».
Il doit reconstruire une vie, abîmée, ruinée, démantelée, lentement mais sûrement, par tout ce qu’il a dû mettre en oeuvre pour pouvoir se procurer cette drogue.
Il peut connaître des périodes de rechute. Se sentant seul dans son combat, à nouveau attiré même s’il connaît les risques et les dangers, il n’arrive pas à faire autrement. Il replonge et peut replonger plus bas.
Sa famille, ses amis s’éloignent. Ils ne le comprennent plus. Ils tendent une main, mais cette main n’est pas accueillie. Certains restent et s’y épuisent. Les autres se lassent, ou fuient pour ne pas être broyés eux aussi dans cette machine infernale.
La drogue ne s’en prend pas aux plus faibles, aux plus pauvres, aux plus démunis, aux plus « idiots ». Chacun peut sombrer.
Il n’y a pas de malin…
Avec les personnalités toxiques, il en est de même. La victime se retrouve en état de dépendance, et même si elle sent que cette dépendance peut lui être fatale, elle n’arrive ni à s’en défaire, ni à se la pardonner, ni à ne pas culpabiliser.
Elle souffre et la souffrance est tant morale que physique.
Mais ne sachant pas de quoi demain sera fait, elle a peur, peur de ne plus être sous emprise. Peur du combat à mener, de la douleur qu’il provoque. Peur du regard des autres.
La victime rendue malade par la personnalité toxique doit mener un combat. Un combat dans lequelle elle ne joue pas à armes égales.
N.B. : La comparaison entre la drogue et les PN, ou autres personnalités toxiques, s’arrête là. Il s’agit essentiellement de parler non pas de l’origine du mal, mais de ses conséquences.
©Anne-Laure Buffet