LES MOTS QUI FONT MAL – NOTE

Samedi 9 avril 2016 se réunissait un groupe de discussion proposé par l’association CVP[1] dont le thème était : «Les mots qui font mal»

Les participants à ce groupe étaient très nombreux. Et il est nécessaire de rappeler que ces groupes s’adressent aux personnes victimes de violences psychologiques, que ces personnes soient hommes, femmes ou enfants.

Pour rappel, cette note reprend en grande partie ce qui a pu être dit pendant le groupe et parfois s’autorise à aller plus loin que les partages de samedi dernier ; de plus elle n’a pas pour vocation d’être exhaustive sur ce sujet très vaste, très complexe, et, très inscrit dans une relation toxique ; or chaque relation étant individuelle, il est difficile d’être parfaitement complet. Aussi, les exemples donnés n’excluent pas d’autres mots, d’autres phrases, d’autres injonctions. Ce qu’il faut retenir, c’est non seulement la dureté de ces mots, mais leur inscription dans un mode de pensée par leur répétition, et leur résonance sur un fonctionnement ou sur des souffrances non guéries et non comprises.

Avant de résumer ce qui a été partagé toute au long de ce groupe, quelques références bibliographiques :

Afin de déterminer les mots qui font mal et pourquoi ils font mal, il faut avant tout se rappeler qu’une relation toxique dans laquelle le bourreau va utiliser des techniques de manipulation appropriées à la personnalité de sa victime, s’installe dans le temps. C’est à la fois la périodicité et la répétition de certains mots (et de certains silence), accompagnés ou non de gestes, qui vont peu à peu enfermer les victimes et les mettre sous emprise. Durant le groupe nous ne nous sommes pas particulièrement interrogés sur la conscience que la personnalité toxique peut avoir de ces paroles. Nous avons échangé sur ses intentions (dénigrer, discréditer, imprimer un mode de pensée, instaurer des croyances, nuire et tirer profit d’une situation ou d’une personne.)

[1] cvpcontrelaviolencepsychologique.com

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©Anne-Laure Buffet – – Le Passeur éditeur

VENDREDI 26 FÉVRIER – DÉDICACE ET CONFÉRENCE

Vendredi 26 février Anne-Laure Buffet viendra en dédicace et en conférence à la Une à 17h30 pour la sortie de son livre « Victimes de violences psychologiques : de la résistance à la reconstruction ».

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VOUS NE SEREZ JAMAIS À LA HAUTEUR DE SES DÉSIRS – TÉMOIGNAGE

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Bonjour à tous,
Je tiens à faire partager mon expérience, une de plus, qui bien qu’elle rejoint souvent vos propres histoires, il y a un côté qui me semble ne pas être mis en valeur.
Le pervers narcissique est oui, bien souvent, discret.
Il ne vous mettra jamais mal à l’aise en public ! au contraire, il fera tout pour vous valoriser. Pourquoi? parce que dans le terme pervers narcissique le terme narcissique n’est pas là par hasard. En vous mettant en avant, en fait il cherche à se faire briller lui.  » je suis avec quelqu’un de bien, donc je suis un homme genial ». C’est ainsi qu’il vantera toujours votre beauté / travail interressant / votre don etc…
Ces compliments, il vous les fera à vous aussi, mais jonglera aisement avec enormément de jugement sur vous-même et sur ce qu’il soit disant admire aux yeux des autres, vous complexera par rapport à ses exs « parfaites », vous fera très souvent du chantage affectif  « si tu ne fais pas ça, je n’ai pas besoin de toi ». L’important est que vous puissiez vous sentir nul, et que lui seul vous trouve assez bien. J’ai eu droit à  » c’est normal que tu ne te fasses pas souvent draguer, les hommes ici aiment les bimbos, moi je ne suis pas comme eux, je te trouve très belle ». J’ai finis par me convaincre qu’effectivement lui seul pouvait me trouver jolie, alors que contrairement à ce qu’il disait je plaisais beaucoup.
Le PN nous fait entrer dans un monde où vous finissez par admettre que les autres sont moins biens que lui, et que vous, vous ne serez jamais à la hauteur de ses désirs.
Parce qu’il joue avec vos peurs, et surtout celle naturelle que l’on ressent tous la solitude.
« s’il me quitte c’est parce que je ne suis pas assez bien pour lui ».
Alors on redouble d’efforts, en vain.
A la moindre reflexion sur son egoisme, il saura vous pointer du doigt toutes les fois où il a été présent pour vous, et oui effectivement c’est le cas ! Le paradoxe est là. Il prévoit tout à l’avance pour ne jamais avoir à avouer ses torts.
Le pervers narcissique choisit des femmes/hommes intelligents, le challenge est plus grand, la victoire plus belle.
Enfin n’oubliez jamais, un pervers narcissique n’aimera jamais personne d’autre que lui même.

LE BRUIT EST SOUVENT TROMPEUR

Mégaphone (3)

Les victimes de violences psychologiques sont fragilisées. Elles n’ont plus de « radar », plus de limites ; elles sont incapables de se distancier de la réalité, prêtes à croire le premier venu, ou au contraire à fuir toute main tendue, aussi bienveillante soit elle.
Elles ne parlent pas – pourquoi le feraient-elles, alors que personne ne les croit ?
Elles ne se plaignent pas – se plaindre de quoi, alors qu’elles sont convaincues d’avoir tort, au moins en partie ?
Elles ne gémissent pas, n’accusent personne, se font discrètes, se tiennent en retrait, en silence. Elles ne pavoisent pas.
Quand elles s’expriment, c’est souvent confusément, cherchant leurs mots, leurs idées, le fil conducteur, qu’elles n’arrivent ni à tenir ni à suivre.
Elles n’ont pas de hargne, pas de colère, pas de revanche.

Il faut du temps pour que la colère s’exprime. Une colère légitime, qui est bien plus un cri, un hurlement, et même, pardon de la comparaison, le cri d’une mère en train d’accoucher, de mettre au monde un être destiné à vivre et grandir, et si possible, librement. Cet être que les victimes – hommes ou femmes – mettent au monde, c’est elles-mêmes. Elles expulsent le meilleur d’elles-même, trop longtemps en gestation, interdit de respirer par la volonté d’un autre.

Les victimes dissimulent leur souffrance. Elles ne la trouvent même pas injuste. Elles ne trouvent pas leur situation injuste. Elles l’acceptent, jusqu’au jour où une vraie prise de conscience leur permet de mettre en place un changement. Et ce changement prend du temps.

En revanche, certaines personnes se qualifient de victimes. Elles le font haut et fort. Elles crient, hurlent et gémissent, et tel un dramaturge de film muet, portent leur main sur le front, se déforment le visage dans des grimaces à faire cauchemarder tous les enfants du voisinage, se désespèrent de leurs « malheurs », invectivent tant qu’elles peuvent, dénoncent sans rien redouter et nommément celui ou celle qu’elles accusent.
C’est une inversion, destinée à attirer le regard, la complaisance et la compassion.
C’est un jeu dont les manipulateurs savent se servir avec brio.
Pendant qu’ils semblent mourir dans des souffrances aussi atroces que bruyantes, ils étouffent avec leur vacarme le peu de bruit que la VRAIE victime essaie de faire… Imaginez, pour faire une comparaison, une brise de fin de journée qui tenterait de recouvrir le fracas d’une tempête.

A ce jeu cruel, c’est bien souvent la FAUSSE victime qui gagne.
Et si elle se retrouve prise le « doigt dans le pot de confiture », si sa manipulation est décelée, elle fait encore plus de bruit, ne redoutant ni Dieu ni diable, mais simplement de perdre l’aura qu’elle s’était créée de toute pièce. Comme on imagine un enfant capricieux, orgueilleux et colérique, vexé d’avoir été surpris pendant sa bêtise, et qui cherche à se dédouaner en pleurant, gesticulant et niant, ces FAUSSES VICTIMES ne tardent pas, dès qu’elles sont dévoilées, à tenter toute manoeuvre, bruyante, spectaculaire, pour retourner la situation. Et projeter sur la victime ce qu’elles sont, elles.

La vie n’est pas un spectacle. Nous en sommes les acteurs, pas les comédiens.
Comme disait une marionnette dans une célèbre émission : « Méfiez-vous des contrefaçons ».
Méfiez-vous de ceux qui, ici ou là, sur le net ou ailleurs, crieraient au scandale, drapés dans leur prétendue bonne foi, n’hésitant pas à nommer le responsable de leurs maux, et à lui faire porter un sac rempli d’accusations mensongères et farfelues – mais ô combien cruelles. Leur bruit inquiète et fait fuir. Elles restent seules, ou avec la pitié et l’amitié de ceux qui veulent les croire. Elles continuent de courir. Et si personne ne fait rien, la VRAIE victime, celle qui est vraiment en souffrance, le reste, et s’y enfonce encore plus.
Silencieusement. Sans laisser de trace.
Ce qu’elle vit est invisible.
Et le manipulateur ne cesse de s’en servir.

©Anne-Laure Buffet