Vous lui avez posé une question. Plusieurs fois. Vous l’avez appelé(e) ; vous avez laissé des messages. Vous lui avez envoyé des SMS. Vous avez écrit des mails.
Vous n’avez toujours pas de réponse.
Pourtant, la question devient urgente. Il vous faut prendre une décision.
Vous n’osez pas insister, une fois de plus.
Vous finissez par craquer. « Bon, alors ? Tu réponds quoi ? » Ce message, vous l’écrivez cent fois. Vous ne l’envoyez jamais. Vous attendez. Vous passez par différents états. L’impatience ; la colère ; le doute ; l’hésitation. Y-a-t-il si grande urgence finalement, pour se décider, sur ce point, précisément ? Peut-être vous a t’il (elle) déjà répondu, mais vous avez oublié. Vous fouillez votre mémoire. Vous relisez vos messages. Vous ne trouvez rien. Vous êtes exaspéré(e). Vous avez envie de taper dans un mur. De lui taper sur la tête. De vous mettre à pleurer.
La nuit, vous tergiversez.
Lui avez-vous formulé correctement votre demande ? N’êtes-vous pas trop insistant(e), et devant tant d’insistance, il (elle) préfère ne pas répondre car il (elle) est lassé(e) ? Cette décision, ne pouvez-vous pas la prendre seul(e) ?
Vous demandez conseil. À des amis. Chaque avis est différent. « Allez, demande-lui encore, tu ne peux pas rester comme ça… » , « Laisse tomber, tu sais bien que c’est comme d’habitude, il (elle) ne te répondra pas… » , « Fais comme tu veux, montre-lui que tu peux décider sans lui (elle)… ».
Vous êtes encore plus perdu(e).
Vous contactez un avocat. C’est votre première consultation. Le coût de la réponse est entre 150 et 300 €. Au mieux, ce spécialiste écrira un joli courrier, à votre place, en votre nom. Et vous tremblez encore. Un courrier d’avocat. Voilà qui est une agression, pour lui (elle). Comment va t-il (elle) le prendre ? Qu’allez-vous encore entendre ?
Au pire, vous aurez un avis, au téléphone. « Calmez-vous. Faites comme bon vous semble. Vous pourrez toujours revenir sur vos pas, en expliquant qu’il fallait décider mais que malgré vos demandes vous n’aviez pas de réponse… »
Le (la) manipulateur pervers narcissique a ce talent. Il vous plonge dans le silence et l’hésitation. Vous n’êtes plus capable de discerner ce qu’il vous revient naturellement de faire, de ce qui doit être décidé, à deux. Vous ne contrôlez rien. Vous êtes sous sa coupe.
Il le sait, et il en profite. Il veut vous obliger à accepter ce que LUI décide. Ce que LUI considère comme devant être fait. Il vous mène par le bout du nez. Vous n’arrivez pas à réagir… C’est son objectif. Il le fait d’autant mieux que le terrain est propice. Vous êtes fragilisé(e). Il jouera sur votre corde sensible. Vous serez contraint(e) d’attendre quand il s’agira des enfants. D’un déménagement. De toute décision engageant votre avenir.
Quoi que vous fassiez, il vous le reprochera. Vous ne faites rien ? Cela prouve bien qu’il a raison, vous êtes incapable. Vous décidez sans lui : comme à votre habitude, vous le dénigrez, vous lui manquez de respect, vous êtes égoïste et calculateur(trice).
C’est à cela qu’il faut vous préparer. Aux reproches. Aux accusations. Au dénigrement.
Respirez. Soufflez. Videz du mieux possible votre cerveau de son image. Il (elle) vous a réduit à l’état d’enfant. On vous demande de décider en adulte. Prenez une feuille, un crayon. Écrivez clairement la question qui se pose. Écrivez tout aussi clairement ce que vous feriez si vous étiez TOTALEMENT seul(e) à décider.
Soufflez encore.
Relisez-vous.
Ce que vous avez écrit, est-ce VRAIMENT ce que vous voulez ?
Et agissez. Vous allez le faire en hésitant encore. C’est normal. Il faut du temps pour apprendre à grandir, pour couper le cordon. Pour se libérer d’une personnalité toxique. Personne n’est en droit de vous le reprocher. Mais c’est un premier pas. Les autres suivront. Chaque jour, vous serez un peu plus fort(e).
Même si vous chutez encore, vous êtes sur la bonne voie.
Enfin, quand il (elle) vous accusera, quand il (elle) vous montrera du doigt en disant qu’à nouveau, vous avez agi seul(e) et contre lui (elle), avalez un bon bol d’air. Et, le plus calmement, le plus doucement possible, répondez-lui : « Devant ton silence, il a fallu que je décide. C’est ainsi. C’est ton opinion si tu penses que c’est contre toi. Tu peux avoir cette opinion. Moi, je sais que j’ai agi dans notre intérêt à tous. »
Et si, après cela, vous craquez, vous pleurez, est-ce grave ? Êtes-vous faible ? Non. Vous êtes humain(e), et ça, il (elle) n’a pas pu vous le retirer.
©Anne-Laure Buffet
C’est bien vrai !! Le mien n’a jamais rien construit !! Je suis issue d’une famille de migrant travailleur, solidaire les uns envers les autres !!! J’ai construit le peu que j’ai pour assurer un avenir a ma fille et a la fin de notre relation, pour lui j’étais une sale capitaliste qui aimait l’argent et qui utilisait les autres !!! En attendant lorsque j’ai fuit je lui ai laisse mon appartement dont j’étais la seule propriétaire !!!! Chaque fois que je construisais quelquechose, en plus des démarches et des difficultés a traverser je devais lutter contre lui qui me dénigrait !!!
C’est bien vrai ! Mon arrière-grand-mère disait : « On détruit ce que l’on ne peut pas avoir ».
Les PN me font penser aux chiens de par leur détermination à poursuivre les voitures alors qu’ils se doutent bien que sans permis… à la différence notable que le chien s’en remet très vite et vient pas nous harceler avec ses limites ontologiques.
Chien : 1 / PN : 0
Leur pire angoisse tout autant que leur plus grand désir ; et c’est bien parce qu’ils jalousent « mortellement » ce que nous sommes et qu’ils ne sont pas et en seront jamais, qu’ils sont aussi destructeurs.
Un(e) PN rejettera toute endossement d’une forme de responsabilité quelle qu’elle soit car dans son monde la culpabilité est associée à la prise de décision. Ce qui traduit bien son infantilisme profond et cette aversion pour cette liberté, qui lui ayant échappé de par son attachement à son image et à ses géniteurs, lui fait chercher des épaules partout.
D’où la panoplie d’injonctions paradoxales multipliant les doubles contraintes pour faire croire à l’autre qu’il devient schizophrène.
Sa croyance est que le pouvoir réside dans l’aptitude à bloquer une situation. Cette immaturité manifeste va donc à l’encontre du principe que le pouvoir est reconnu à celui qui sait trancher. La leçon est donc mal apprise ! C’est une corruption de la vision du pouvoir (analysée à moitié, en l’occurrence) : délaisser une alternative ne suppose pas exercer ce fameux pouvoir. C’est juste assumer celle qui est retenue. Encore un exemple de fuite.
En face d’un tel comportement, on comprend aisément que notre psychisme intégrera que toute forme de légèreté est impossible. Inconsciemment, nous nous bloquons devant le prédateur en lui refusant la complicité qui est la marque d’une relation autant heureuse que souhaitée.
Et cette frustration inclinera la hyène à mépriser sa proie. Les PN sont fermés à toute manifestation adulte de vie ; notre envie de vivre est leur pire angoisse.