LA MÉGALOMANIE

chat-1a81083

 

La mégalomanie s’exprime par une surestimation de soi-même, une auto-attribution de capacités extraordinaires, la certitude d’être quelqu’un de grand…alors qu’il n’en est rien en réalité. Qu’il s’agisse de ses capacités intellectuelles, physiques, sociales ou amoureuses, le ou la mégalomane se voit plus grand qu’il n’est. Cette surestimation de soi-même assez répandue devient trouble psychique lorsqu’elle se métamorphose en délire de grandeur, avec comportements incohérents.

La mégalomanie entre dans le cadre général des psychoses délirantes chroniques.

Tout d’abord, évitons d’associer « mégalomanie » et « plaisanterie ». Loin de jouer, le mégalomane se croit réellement supérieur aux autres, a une estime démesurée de lui-même, et est persuadé avoir un don dans tel ou tel domaine, de grandes capacités intellectuelles ou, beaucoup de succès auprès des autres…

Plusieurs niveaux de mégalomanie

Votre patron veut monter une multinationale en 3 mois, votre cousin pense être le nouveau Carl Lewis, une amie se prend pour une virtuose du piano, votre oncle, qui dit avoir raté sa vocation de chanteur, se défoule au karaoké en s’y croyant vraiment… Aucun doute : vous êtes cerné de mégalomanes.
A ce niveau pourtant, rien d’inquiétant : tout cela est tout au plus drôle. Au pire, agaçant.
Mais il existe aussi une mégalomanie plus pathologique : qui n’a jamais entendu parler de la folie des grandeurs à propos d’un proche ou d’une célébrité ? Le mégalomane, le vrai, se prend alors pour un roi, Dieu, le maître du monde, affirme même être un descendant d’un grand de l’Histoire, avoir une mission sur terre, communiquer avec des puissances surnaturelles (comme parfois dans la schizophrénie)… Et sur le terrain, affirmer être une figure historique, un duc ou une vedette peut conduire le mégalomane à se couvrir de ridicule : certains vont ainsi jusqu’à porter des costumes d’époques, aménager leur appartement comme un château, utiliser un langage particulier, précieux… La croyance d’être conduit par une puissance surnaturelle ou d’être soi-même tout puissant peut même pousser à des actes immoraux et entraîner dans leur folie de nombreuses personnes (sectes, actes de barbarie)…

Dans un premier temps, le mégalomane est en général perçu par son entourage sous son jour le plus chatoyant. L’originalité de ses vues, le brio, la capacité de conviction dans des domaines aux perspectives insoupçonnées, grandioses, en particulier au plan financier le tout joint au sens pratique bien préservé, attirent autour de lui les admirateurs, voire les petits ou grands mécènes ; bref une petite cour, d’autant plus insidieuse que le sens pratique du mégalomane est susceptible d’organiser une véritable chasse aux notabilités toujours avides de flatteries. L’encensement mutuel consolide le groupe. On est en plein Andersen et son conte « les habits neufs de l’empereur ».

Pourtant à ce stade, le mégalomane demeure peu dangereux et les beaux esprits – ceux qui tiennent à ne pas être vus comme s’en laissant conter – gardent un petit sourire, qui les préserve en cas de dérapage… Ils l’auraient trouvé simplement amusant et ce serait leur élégante porte de sortie…

Mais – seconde phase – que, tout à coup, les circonstances changent et qu’une bonne fortune mette le personnage en situation de responsabilité, le climat varie aussitôt. Fini l’amusement. Toutes les potentialités du mégalomane se déploient. La petite cour du départ agrège une clientèle beaucoup plus vaste qui voit là s’ouvrir une nouvelle carrière à des appétits jusque-là contenus.

Le terme de mégalomanie est souvent et justement employé à propos des gourous. Encore faut-il bien définir ce que ce mot recouvre. Selon les circonstances, les troubles de la mégalomanie se manifestent en deux temps. Il importe de bien connaître le premier – celui du brio et de la séduction – afin de déceler à temps le second, celui du délire irréversible.