POURQUOI J’AI ÉCRIT CE LIVRE ? PAR ANNE-LAURE BUFFET

le passeur

Pourquoi écrire ce livre sur la violence psychologique, alors qu’il existe tellement d’ouvrages traitant du sujet ? Parce qu’il ne parle pas de la violence comme sujet. Le sujet du livre, c’est la victime. Une personne abîmée, détruite, isolée, apeurée, culpabilisée. Une personne sans repère, sans limite, sans confiance en elle.
Une personne que les proches ne comprennent pas, que la justice n’entend pas, que la médecine reconnaît bien peu, que la société ignore.

Parce qu’elle vit la violence sans que cette violence ne laisse de trace visible. Parce qu’elle vit son quotidien comme un enfermement, un isolement. Elle est prisonnière, aveuglée, rendue mutique. Elle est terrorisée, et vit un terrorisme en huis-clos, inexplicable et indicible. Et même lorsque le huis-clos cesse, elle continue de souffrir, car les portes se ferment devant elles, ou l’enferment un peu plus, l’éloignant de la réalité et de la justice.

J’ai été témoin de cette violence pendant des années. J’ai vu ses ravages sur une personne, sur ses enfants, sur l’entourage impuissant. J’ai vu, constaté, l’ignorance de la justice, des avocats et des magistrats, ou l’impossibilité de protéger étant donné les contraintes et procédures administratives lentes, couteuses, éloignées de la réalité. J’ai observé l’ignorance des professionnels et la douleur des victimes.

Dans ma pratique, que ce soit en individuel ou lors de groupes ou de conférences, les mêmes mots et la même douleur reviennent à chaque fois, exprimées avec quelques nuances, mais l’histoire semble toujours identique.

La victime ne sait pas ou plus qui elle est. Elle ne connait ni ses droits ni ses devoirs. Elle semble être seule contre tous, en souffrance et en déshérence humaine.
Elle est malheureuse.
Et oubliée, car on parle de la violence, on parle du bourreau. Mais on ne parle pas d’elle.

C’est à elle que j’adresse ce livre, à elle et à ceux qui veulent la comprendre. A elle, pour l’aider à sortir de son enfer, de son isolement. Pour qu’elle ne soit plus seule, pour que ce livre soit comme un compagnon qui lui parle, sur lequel elle peut s’appuyer, car il lui tend la main, pour transformer ce qui peut et doit l’être en une vie plus sereine.

Entre observations et témoignages, j’ai cherché à permettre au lecteur de comprendre ce qu’est, ce que vit une victime de violence psychologique.

Anne-Laure Buffet

VICTIMES DE VIOLENCES PSYCHOLOGIQUES – DE LA RÉSISTANCE À LA RECONSTRUCTION

14 réflexions sur “POURQUOI J’AI ÉCRIT CE LIVRE ? PAR ANNE-LAURE BUFFET

  1. Merci Anne-Laure pour ce livre que j’ai découvert lors des conférences données à la Réunion. Cet ouvrage est tellement précieux pour moi : il a constitué l’un des premiers pas dans ma longue marche pour sortir de l’enfer. Celle-ci n’est pas encore achevée, loin de là, car il y a des enfants, mais la route parcourue est inestimable et le retour en arrière heureusement impossible. Merci, du fond d’un cœur meurtri et piétiné durant trop d’années, mais qui se remet doucement à battre sur un rythme plus joyeux.

  2. Merci beaucoup à vous Sylvie pour ce message qui me touche. Je crois – au risque de déplaire à de nombreux autres professionnels – que seuls les mots simples sont compréhensibles, particulièrement lorsque tout est devenu incompréhensible… Nous parlons à des humains, mais beaucoup l’oublient et écrivent ou discourent comme s’ils étaient tenus de faire des thèses universitaires à chaque instant…
    Encore un grand merci. Je vous souhaite une très belle journée.
    Bien cordialement

  3. Madame Buffet,
    Je lis toujours avec beaucoup d’intérêt la « Lettre d’information CVP » que je reçois par mail et qui me dirige en un clic vers votre site pour quelques heures qui s’écoulent trop vite à mon goût.
    Un grand merci de nous faire profiter de votre expérience avec des mots simples, accessibles à chacun, et je vous souhaite une belle réussite dans la promotion de votre ouvrage.
    Avec ma respectueuse considération.
    Sylvie Hippolyte

  4. Bonjour ! Je vais m’empresser d’acheter votre livre qui sera forcément un soutien pour moi, fils de pervers narcissique.
    J’ai utilisé mon livre (Et moi alors ?) comme exutoire mais on ne sort jamais indemne d’une relation parentale toxique, jamais.
    J’ai écouté votre interview sur Fréquence Evasion et je me suis dit … comme j’aimerais avoir été soutenu par une professionnelle comme elle, à l’époque de ma bataille contre mon père !
    Lucas T.

  5. Et je tenais à ajouter que votre site a été un autre outil…ô combien aidant! Je vous en remercie infiniment, et je tente à mon tour de propager les infos, entre autre (mais pas seulement) quand je «repère» une victime potentielle. Je crois que c’est la chaîne solidaire indispensable aux victimes pour se libérer… Et puis, ça empêche certain e s «malintentionné e s» de nuire (j’avoue que ça me motive aussi, même si c’est moins noble ;-)) sans jouer les sauveuses, non plus. Vivre, d’abord, enfin…bref, merci pour ce que j’ai reçu de vous, beau travail! 😉

  6. Merci à vous pour ce message !!! Oui, la reconstruction, l’après, la vie donc est possible, si l’on accepte la possibilité de se tromper encore parfois, mais d’en prendre conscience, et d’admettre la responsabilité de ses erreurs pour en tirer des conséquences positives… C’est douloureux, et indispensable 🙂
    Bonne journée,
    Anne-Laure Buffet

  7. Merci et bravo, j’espère que ce livre arrivera dans les mains de toutes celles et tous ceux qui en ont besoin. Ancienne victime, je veux aussi témoigner qu’un «après» est possible, en sortant du silence, en osant se rebeller aussi bien contre le(s) bourreau(x) ai présent, que contre les paroles mortifères «héritées» du passé…car ce sont souvent les 2èmes qui nous conditionnent à accepter de subir les premières. Et elles sont aussi longues et pénibles à déloger, voire plus encore, car il est si difficile de combattre ces démons intériorisés, ces fantômes «familiaux» (ah, l’infamie, «l’infamille» de certaines «familles»!)…mais ça en vaut la peine, à un point qu’on ne peut imaginer tant qu’on n’y est pas, mais sur ce chemin, on s allège à chaque pas. Pour celles et ceux qui sont en chemin, je tenais ici à insister sur la beauté et la richesse du processus, et la libération incroyable que ce chemin de croix et de deuils m’a apporté.
    Merci, donc, pour ce nouvel outil de déconstruction des liens qui nous emprisonnent, loin de nous «m’aime».
    Bon travail!

  8. Je n’ai pas trouvé d’ouvrage qui parle d’enfant & adolescent détruit, les enfants de la colère, ceux qui ont pris comme réfèrent l’homme fort et méchant : frustration= colère + destruction. Ces enfants qui refusent de grandir et qui n’acceptent aucune contrainte…. Qu’hesiste t-il pour les sauver ? Les obligées à parler ?

  9. Bonjour,
    J’ai aujourd’hui contacter ma librairie locale. Le livre est bien en commande depuis le 4 janvier 2016. J’attendons sa délivrance, telle la délivrance que provoque l’accouchement de notre enfant. J’espère qu’il ne tardera pas à se retrouver entre mes mains. J’ai déjà soif de lui, très soif…

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