Violences conjugales : on fait quoi mis à part la pub à la télé ?
x octobre 20xx, 10:24
le xx septembre 20xx
Monsieur le Procureur de la République
près du Tribunal de Grande Instance de X
Monsieur le Procureur de la République,
J’ai l’honneur de vous exposer que le (…), j’ai déposé une plainte auprès de la Gendarmerie Mobile de X, contre mon époux, Monsieur X pour violences conjugales répétées. A ce jour, mon époux n’a toujours pas été entendu. Le (…), j’ai à nouveau déposé une plainte au commissariat de X, contre mon époux, pour dégradations volontaires sur mon véhicule et insultes à mon égard. A ce jour, je n’en sais toujours pas plus. On me conseille de me tenir éloignée de mon mari.
Mariée depuis le (…), j’ai subi des violences conjugales à plusieurs reprises et j’ai pardonné plusieurs fois par amour, convaincue que cet amour pourrait aider mon mari à prendre la décision de se soigner et à changer de comportement à l’égard des femmes.
Depuis des années, je m’investis pour le droit à la différence et le respect des êtres humains. Je n’ai aucun a priori vis-à-vis des personnes qui ont commis des délits par le passé car je reste convaincue, malgré tout, qu’un individu peut changer si il le souhaite vraiment. Mère de trois enfants, de mariages antérieurs, je les ai élevés dans le respect et l’acceptation des autres. Il m’a donc été très difficile d’admettre la situation à laquelle j’étais confrontée et qui m’isolait de jour en jour de mon entourage. Obligée de mentir sur les circonstances, lorsque mes proches remarquaient des séquelles de coups portés, pourtant dissimulés par les vêtements ou le maquillage, ce n’est qu’en (…) que j’ai » craqué » psychologiquement et que j’en ai parlé à mes enfants. Les coups portés étaient d’une telle violence que j’en garde encore des traces physiques sur le bas de la jambe gauche. Je suis allée chez mon médecin généraliste et j’ai fait constaté pour la première fois les violences physiques que j’avais subies. Et pourtant, là encore, j’ai pardonné. Mon mari avait juré devant mes enfants et ma meilleure amie, de se faire soigner, d’entreprendre une thérapie chez un psychiatre. Nous avons attendu, en vain. En (…), mon mari niant à nouveau son comportement agressif envers les femmes et refusant de se faire soigner, je lui ai signifié mon désir de divorcer et de quitter le domicile conjugal. Entre temps, ma fille qui vivait avec nous, ne supportant plus le comportement de mon mari, avait choisi d’être interne au Lycée X. Lorsque j’ai pris un appartement le (…) dans un petit village, ma fille est revenue vivre avec moi. Mon mari continuait à me téléphoner pour m’insulter et me dire que je ne l’avais jamais aimé alors que je continuais à souffrir car je vivais très mal cette situation sans issue : je l’aimais toujours mais ma vie était en danger à ses côtés. Pourtant, là encore j’ai accepté de reprendre la vie commune à condition qu’il vienne consulter avec moi un médecin psychologue, le Dr X, . Cette consultation n’a rien apporté de positif mais j’avais repris la vie commune et ma fille, âgée de xx ans à l’époque, était partie s’installer chez son frère aîné pour ne plus être témoin des crises de jalousie maladive qui pouvaient durer des nuits entières et qui l’empêchait, elle aussi, de vivre sereinement. Oui, même ça, je l’ai accepté par dépendance affective. J’étais incapable d’envisager ma vie sans mon mari et je savais que vu l’état psychologique dans lequel je me trouvais, ma fille serait beaucoup mieux avec son frère et son épouse, qu’au sein de notre foyer. Le Dr X m’avait avertie que si je reprenais la vie commune, je mettais à nouveau ma vie en danger mais comment envisager de vivre sans celui que j’aimais tant ? Croire, croire encore une fois que tout était possible, qu’il pouvait changer. Ne pas admettre l’échec, mettre tout en œuvre pour qu’il soit bien, pour que notre environnement soit favorable à sa guérison, accepter sa dépendance au jeu, assurer les finances du foyer, assumer tous les travaux relatifs à la rénovation de notre maison que nous avions achetée … et pourtant le (…), alors que sa maîtresse venait de lui laisser un message sur son portable (oublié sur la table du salon lorsqu’il était allé se coucher en m’insultant copieusement) il se réveillait subitement pendant que je parlais à cette dame en lui demandant ce qu’elle cherchait exactement. Je n’ai pas eu le temps de parler avec mon mari, il m’a arraché le téléphone des mains et j’ai subi sa fureur. J’ai reçu de nombreux coups sur le visage, j’ai eu la mâchoire démise, une balafre sous l’œil gauche, l’arrête du nez enfoncée, une plaque de cheveux arrachés et de multiples contusions sur le corps. Je ne dois la vie sauve qu’à la chaise qui a cédé sous moi alors qu’il m’étranglait et continuait à me secouer violemment. Je n’arrivais plus à respirer ni à remuer mes membres. J’ai bien cru que ma dernière heure était arrivée. J’ai alors vécu dans la peur et la honte, honte de l’amour que je lui vouais, honte d’être séparée de mes enfants, honte d’accepter d’être traitée comme une esclave. J’ai été battue, bafouée, humiliée, obligée à des pratiques sexuelles contre mon gré et je ne comprends pas aujourd’hui comment j’ai pu accepté tout cela.
Ce n’est qu’en (…), grâce au soutien psychologique de mes collègues à qui je me suis confiée et de la direction du collège où je travaille, que j’ai enfin compris que personne n’avait le droit de traiter un être humain de cette façon. J’ai enfin accepté l’idée que je ne comptais pas pour lui, que j’étais au même rang qu’un objet et qu’il s’était marié avec moi par intérêt financier. Je lui ai dit que plus jamais il ne lèverait la main sur moi et que j’avais fait constaté les coups chaque fois (ce n’était pas le cas). Je lui ai proposé un divorce à l’amiable car malgré tout je ne lui voulais aucun mal. Nous avons pris contact avec Maître X et j’ai accepté qu’il rachète le crédit de la maison pour qu’il puisse la garder. J’ai dû quitter le domicile conjugal le vendredi xx pour me réfugier dans une chambre de l’internat du collège. Ce jour-là en rentrant du travail, j’ai trouvé mon mari avec une amie et ils étaient en train de fouiller les papiers relatifs aux impôts et à la maison. Ayant commencé mon service plus tôt pour remplacer une collègue, j’étais rentrée plus tôt que d’habitude. J’ai été reçue par des insultes et j’ai constaté que mon mari était déjà fortement alcoolisé. Il est parti en proférant des menaces et je n’ai pas voulu encourir à nouveau le risque d’être violentée. Selon lui, je ne vaux rien, je suis une » salope « , j’ai le » feu au cul » et je ne mérite qu’une chose c’est de » crever « . Si je reste en Ardèche, je vais avoir des problèmes, dixit mon mari. Il m’avait prévenue que si je portais plainte pour violences conjugales et que par ce fait il ne puisse plus voir son fils, je ne serais plus là pour le voir. Récidiviste en matière de violences (sur son ex compagne et son père), il semblait conscient qu’il encourait à nouveau une peine de prison. Il m’a menacée de représailles si je continuais à voir sa mère qui a xx ans et dont je m’occupe régulièrement ainsi que son fils qui a x ans et auquel je me suis attachée. Bien que séparée de corps depuis le (…), je continue à recevoir régulièrement des menaces de mort par téléphone ou lorsque je me retrouve en sa présence forcée, ainsi que des insultes. Il a essayé de me sortir de chez ma belle-mère par la force et les menaces et il est parti lorsque ma belle-mère lui a dit qu’elle appelait les gendarmes. Ma belle-mère m’a accompagnée à la gendarmerie pour porter plainte car elle en a peur aussi. Il raconte partout qu’il a demandé le divorce parce qu’il a épousé une » pute « . Il prétend que je couche et que je » partouze » avec mes employeurs, mes amis, les amis de mes enfants, et la liste est longue, même avec mon avocate. Je n’en peux plus d’être traitée de la sorte et je voudrais que tout cela cesse. J’ai démissionné de mon ancien emploi car il était persuadé que je couchais avec mon patron. Mon patron a constaté les coups que j’avais reçus. Avant de me marier, je n’ai jamais été informée du fait qu’il avait fait de la prison parce qu’il avait envoyé son père à l’hôpital ainsi que la mère de son fils alors qu’elle était enceinte de son propre fils. Je savais qu’il avait fait de la prison pour actes de violence mais sans plus. J’ai toujours été quelqu’un de confiant et je n’ai pas pour habitude de creuser dans le passé des autres. Je crois à l’instant présent et à l’avenir, c’est peut-être le plus grand tort que j’ai eu.
Maintenant mon mari refuse de racheter la maison alors qu’il y habite et que je continue de payer ma part du crédit. Il ne veut pas partir de la maison et m’a dit que je serai obligée de continuer à payer et qu’il ne souhaitait plus un divorce à l’amiable et qu’il allait tout faire pour que cela traîne pendant des années. Une femme, la même que celle que j’avais eu au téléphone, y loge régulièrement. J’ai dû faire appel à un autre avocat pour engager une procédure de divorce.
Samedi dernier , alors que je passais le week-end dans mon département d’origine avec une collègue de travail pour me changer les idées et ne pas le rencontrer, j’ai dû me rendre dans un garage après avoir constaté que le bruit que j’entendais dans une roue depuis quelques jours n’était pas un caillou mais une vice auto perceuse, vissée dans le profil du pneu avant gauche. Le garagiste était perplexe. Etrange coïncidence après avoir reçu des menaces de mort. Le pneu ne fuyait pas mais je risquais à tout moment qu’il explose. J’ai voulu faire une main courante contre X au commissariat de X mais on m’a dit que ce n’était pas possible et que j’avais sans aucun doute roulé sur la visse. Je suis donc repartie sans plus.
Mon employeur et mes collègues ainsi que mes enfants et mes amis pensent que je ferai mieux de quitter l’Ardèche car ils ont peur pour ma vie. J’ai pris contact avec le médecin de famille qui connaît mon mari depuis son enfance et son conseil a été de partir loin, que mon mari ne voulait pas se soigner et qu’il était dangereux. C’est lui qui avait constaté les coups reçus par la mère de son fils. J’ai également parlé avec le Dr X qui a reçu mon mari après qu’il ait frappé sur sa compagne et son père et là aussi le conseil a été de partir du département et de vous écrire pour vous informer des faits. Tous deux m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas venir témoigner de leur plein gré mais que le Tribunal pouvait demander la saisie des dossiers. Peu à peu les langues se délient et parlent à l’étrangère que je suis de choses que j’aurais du savoir avant mon mariage. J’espère que mon témoignage évitera à d’autres femmes de subir ce genre de sévices.
Je sais que la lecture de ma lettre sera fastidieuse et je vous prie de m’en excuser mais je n’ai aucun autre recours.
Je vous prie de croire, Monsieur le Procureur de la République, à l’expression de ma considération distinguée.
La plainte a été jugée et le récidiviste condamné à 8 mois de prison avec sursis … et à ce jour il tabasse et humilie une autre femme.
Chére princesse, ton témoignage me blesse toujours quand je lis de telle vie et parcours et je veux juste t’adresser tout mon amour et ma compassion car c’est si beau une femme et si sacrée!
Courage, bats toi pour toi même et tes enfants, quelque soit le temps car la patience paye toujours.
Néanmoins tes dires représentent un schéma classique de tous ces individus perdus dans la souffrance et la colére. Ca n’excuse rien mais c’est un fait. Il faut du courage pour toutes ces femmes qui sortent de l’ombre.
Alors j’espére de tout mon coeur que tu vas te battre pour l’amour de toi meme et l’avenir de tes chers enfants.
Je t’embrasse tendrement et t’envoie beaucoup de lumiére.
Carole
Merci pour ce témoignage qui malheureusement ressemble a mon histoire et lequel malheureusement me prouve que je ne suis pas la seule, pourrons nous un jour ne plus nous faire piéger par ces bourreaux et prétendre au bonheur, enfin ! Courage et tenons bon…