Mort vivante est une fiction. La vie d’une femme sous l’emprise d’une personnalité toxique, victime de manipulation, de harcèlement, de diffamation.
Tous les faits de cette fiction sont réels.
Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé n’est pas fortuite.
Une fois de plus, tu avais un cadeau pour moi. Pour quelle raison ? Une réflexion la veille sur le dîner ? Une bouderie de plus ; tu boudes si souvent, t’enfermant dans ta chambre et n’en ressortant que bien plus tard, la mine défaite et le visage fermé. Ce jour-là, je n’ai pas voulu de ton cadeau. Tu as insisté. J’ai persisté dans mon refus. Tu as serré les dents. Tu t’es mis à rougir.
Et subitement, tu as changé de visage. Caméléon du sentiment – si seulement tu en avais ! – tu devenais implorant. Il fallait que je prenne ce cadeau. Il fallait que je te pardonne, une fois de plus. Il fallait que je me taise, encore. Les yeux qui s’affaissent, la bouche qui se tord et semble fondre telle celle d’un visage de cire, coulant lentement vers le menton. Tu déglutis, tu avales de travers. Ta pomme d’Adam joue au yoyo, au rythme de ta salivation. Tu ne comprends pas. Tu ne me comprends pas. Je reste là, assise face à toi, le cadeau posé entre nous, sans bouger. Le cadeau, objet du scandale, objet du déni, objet de l’objet.
Je ne t’obéis plus.
Tu te défais un peu plus. Tu sembles être calme. Je vois tes épaules qui tremblent, oscillation électrique, colérique, que tu ne peux ni contrôler ni dissimuler.
« T’en as rien à foutre de moi. Tout ce qui t’intéresse, c’est mon fric ! »
Le mot est lâché. Tu sembles stupéfait de l’avoir prononcé. Le fric. Ce que tu dépenses pour moi, dans ta si grande bonté. Et moi qui ne suis plus reconnaissante. Qui ne m’agenouille plus, qui ne me prosterne plus devant toi. Le piédestal s’est effrité, ta statue toute puissante s’écroule lentement. Pour la première fois, tu me jettes à la figure ce qui t’insupporte, et ta plus grande peur… qu’on te prenne ton argent. Qu’on te vole, qu’on te spolie, qu’on t’extorque… Combien de synonymes connais-tu ? De combien useras-tu par la suite ? Pas une fois, depuis ce jour, il n’y eut de disputes sans que l’argent soit évoqué. Ton argent. Ce que je te dois. Ce pour quoi j’ai à être reconnaissante. Ce que tu me donnes.
Beaucoup pleurent de perdre l’amour.
Toi, tu pleures sur ton fric.
©Anne-Laure Buffet
Machisme typique… Qui sauvera les machos d’eux-mêmes, de leur dégueulasse conditionnement patriarcal, du malheur qu’ils créent autour d’eux « sans savoir ce qu’il font » (paraît-il) ?