« Ma fille de 34 ans a fréquenté pendant 4 ans 1/2 ce type de personnage….. petit à petit, il a éloigné ses amis, puis nous ses parents. De plus il était Sénégalais musulman et se permettait beaucoup de choses au nom de sa religion ou des usages dans son pays d’origine : il avait de multiples maîtresses, ne permettait plus à ma fille de penser, s’habiller, manger, vivre comme elle l’aurait voulu. A tel point que ma fille nous a insultés au téléphone, en nous traitant de sales racistes, en nous disant d’être plus tolérants, que s’il couchait ailleurs il fallait être tolérant et que dans sa religion, ça se faisait. Il la traitait comme une princesse pendant quelques jours, en faisant miroiter des projets d’avenir commun, puis la rabaissait plus bas que terre sans raison, du jour au lendemain ; il lui disait notamment qu’elle n’était que son « passe-temps », que le jour où il ferait des projets d’avenir sérieux, ça serait avec une fille bien et pas une traînée comme elle, une musulmane et vierge, qu’il était hors de question qu’il s’investisse auprès de ses 2 « batards » de fils, et tant d’autres vulgarités du même style que je n’oserais même pas reprendre ici . Le quotidien de ma fille n’était plus que cette alternance de « je t’aime moi non plus ». Dans les moments de crise, au début elle nous appelait au secours, nous ou ses amis et nous racontait toutes les horreurs qu’il lui faisait vivre ; nous avons tous essayé de lui faire entendre qu’elle n’avait rien à attendre de ce personnage, qu’il ne ferait que son malheur. La réponse de ma fille, c’était qu’elle l’avait dans la peau et qu’elle serait plus malheureuse encore sans lui…. et puis il revenait, elle le reprenait, nous envoyait tous sur les roses. Petit à petit, elle n’a plus osé se rapprocher de nous dans les moments difficiles et elle s’est isolée. Ma fille s’appelait BABETTE, elle avait 34 ans, elle s’est suicidée en septembre l’an dernier, sans rien dire, sans laisser d’écrit. Elle s’est pendue à la fenêtre de sa chambre. Elle nous laisse ses deux jeunes enfants issus de son précédent mariage, Corentin qui vient de fêter ses 11 ans samedi dernier, et Maëlan qui aura 7 ans fin décembre. Voilà, je voulais vous apporter mon témoignage. Enfin, le (je ne sais même pas comment le qualifier) lui continue sa petite vie, avec ses maîtresses dont certainement l’une d’elles a le même profil que ma fille, un peu mal dans sa peau, avec un grand besoin d’amour. Il continue à vivre, rire, s’amuser…. et ça c’est intolérable. Alors si dans votre entourage vous avez quelqu’un qui subit ce genre de personnage, restez vigilants, même si 10 fois, 20 fois, vous lui répètez que c’est sans issue et qu’il (ou elle) y retourne, restez à sa disposition une 21 ème fois, une 30 ème fois parce que quand la « fois de trop » est là et qu’il (ou elle) réalise qu’il ou elle est seule, il est trop tard. »
Les parents de Babette ont adressé ce témoignage à l’association par le biais du blog.
Ils sont prêts à échanger et à recevoir la parole d’autres, en souffrance.
Afin de ne pas les « envahir » de témoignages ou mails, l’association CVP vous transmettra volontiers leurs coordonnées. Pour cela merci de nous écrire en nous les demandant à :
Comme vous j’ai envie de témoigner pour pouvoir aider ne serait-ce qu’une seule personne. Sortir de l’ombre, sortir de l’isolement.
Comme votre fille, j’ai coupé un temps les ponts avec toutes ma famille, avec tous mes amis.
J’avais tellement pris la défense de mon bourreau qu’il est arrivé un temps où je ne pouvais tout simplement plus gérer cette contradiction : dénoncer de torture celui que j’avais porté au pinacle contre vents et marées.
Alors je n’ai plus osé demander de l’aide. Lorsque c’était trop violent j’allais passer la nuit à l’hôtel, mais cela voulait dire laisser mes enfants, mon petit notamment.
La mort je l’ai appelé de tous mes vœux, non pas pour mourir ! Mais pour cesser de souffrir.
Un jour j’ai acheté des lames de rasoir et je suis allée m’enfermer à l’hôtel, bien décidée à en finir.
Mais voilà, j’ai 5 enfants. Comment décider comme ça, à froid de les abandonner ?
Il faut que vous compreniez que dans ces moments là on a vraiment le sentiment d’être une personne négative, mauvaise, et ce pour nos enfants aussi, pour nos enfants surtout.
Je me disais, assise sur sur lit d’hôtel, les lames dans ma main, que ce serait peut-être dur au début pour mes enfants mais qu’ils s’en remettraient et qu’ils trouveraient vite une belle-mère bien plus vaillante que moi, bien plus positive.
Qu’il était temps qu’ils cessent d’avoir sous les yeux une mère aussi médiocre, aussi minable. Qu’ils cessent de voir mes pleurs, mon état physique déplorable, qu’ils cessent d’entendre nos cris, notre échec.
Ce qui est terrible c’est que je pensais que ce serait mieux aussi pour mon mari, qu’il méritait une meilleure femme, que finalement je n’avais pas été à la hauteur.
Peut-être que c’est ce que s’est dit votre fille pour ainsi prendre cette terrible décision de ne pas voir grandir ses fils.
Il arrive un temps où notre souffrance est tout simplement plus forte que notre amour, et cela quel que soit la force de notre amour.
Ce qui m’a maintenue en vie finalement, c’est parce que ma fille aînée (adoptive) avait déjà perdu sa maman une fois et que je ne voulais pas qu’elle en perde une deuxième.
J’ai posé les lames sur le lit et j’ai pu me rappeler alors les merveilleux moments avec tous mes enfants. Mon coeur s’est gonflé d’amour pour eux.
J’ai réalisé que ce serait terrible de les laisser avec un père bourreau.
J’ai pensé à mon plus jeune fils, autiste, qui avait 6 ans à l’époque et qui avait tant besoin de moi.
J’ai jeté les lames de rasoir dans la corbeille, je suis resté encore de longues heures sur ce lit d’hôtel à reprendre mes forces.
J’ai mis encore 3 ans pour m’échapper et aujourd’hui même si je suis encore fragile, je me sens libre, en convalescence.
Pour autant cette idée de la mort comme une solution, je l’ai expérimentée et jamais je n’oublierai à quel point ce pas à franchir est là, juste à porté de nous.
En une fraction de seconde on peut le franchir.
J’essaye d’imaginer ce que serait ma vie si l’un de mes enfants devait un jour franchir ce pas, sachant toute la douleur qui l’aurait amené à le franchir… Je n’y arrive pas. Je n’arrive tout simplement pas à imaginer votre souffrance.
C’est très difficile de raisonner les personnes qui sont sous la coupe de ces manipulateurs, pervers et égocentriques. Elles sont prisonnières en quelque sorte de leur bourreau, n’ont plus la capacité de discernement qui leur permettrait de dire « stop ».
Nous avons essayé pendant plus de 4 ans de lui faire entendre que cette relation était destructrice ; à chaque crise, quand elle revenait vers nous (ou ses amis) et nous racontait comment ça se passait entre eux, elle semblait nous écouter, réaliser qu’il fallait qu’elle cesse tout ça, pour elle et ses enfants. Et puis il revenait vers elle, la saoulait avec des promesses, la couvrait d’attentions et immédiatement, nous écartait d’elle (ses parents ou ses amis) plus ou moins violemment (toujours violences verbales, jamais physiques) pour nous empêcher de lui ouvrir les yeux, pour l’isoler et pouvoir la manipuler à son gré.
Cette alternance de chaud et de froid était très rythmée, les crises étaient fréquentes ce qui a contribué à l’épuiser nerveusement et psychologiquement.
La tactique est simple : petit à petit, à chaque crise, il réussissait à convaincre ma fille qu’elle était nulle, stupide, moche etc…. Si bien qu’à chaque fois qu’il revenait vers elle, non seulement elle pardonnait mais en plus, elle lui « baisait les pieds » reconnaissante qu’un gars aussi bien que lui ( !) daigne s’intéresser à une nullité comme elle. Ce sont les principes de base de fonctionnement des gourous dans les sectes.
Ce personnage agissait vicieusement ; nous-mêmes il ne nous a agressés directement qu’une seule fois par téléphone, nous menaçant de porter plainte contre nous pour racisme. Sa tactique qui consistait à « bourrer le crâne » de notre fille pour qu’elle-même consomme la rupture avec nous ou ses amis proches était beaucoup plus efficace. Une des dernières altercations téléphoniques que nous avons eue avec elle quelques semaines avant son décès me reste en mémoire car elle nous a alors assené des critiques, des accusations totalement infondées, des horreurs, et nous entendions parfaitement son bourreau qui lui soufflait quoi nous dire. En bon petit soldat, ma fille répétait consciencieusement ce qu’il lui dictait. Nous étions anéantis et sans voix, ça n’était absolument plus elle qui parlait, nous ne la reconnaissions pas.
Ces propos étaient tellement violents et injustifiés qu’ils nous ont fait terriblement mal.
Au fond d’elle-même, je pense qu’elle en était consciente et qu’elle culpabilisait mais son «maître » avait décidé, alors elle obéissait.
Ses amis ont subi le même processus, à différents degrés. Ceux qui lui étaient les moins proches (donc les moins influents) ont vite été écartés. Deux de ses amies les plus proches ont subi comme nous des agressions verbales puis une période où il a tenté de les « charmer » (je suis victime de l’intolérance de ses parents, de leur racisme, de leurs préjugés). Beau parleur, qui s’était inventé une vie et des compétences loin de la réalité, il faisait illusion mais pas très longtemps, sauf auprès de ma fille. Les derniers mois, nous étions atterrés de voir toutes les inepties, tous les mensonges aussi énormes soient-il qu’il avait réussi à lui faire gober….. Et puis, à l’heure où l’on dénonce tant le racisme, lui savait très bien se servir de ses origines et de sa religion pour justifier ses comportements et pour couper court à toute critique et toute contestation : « vous êtes des sales racistes, c’est puni par la loi, je vais vous attaquer en justice » était sa défense absolue.
Et puis à chaque crise, quand ma fille se retrouvait seule et très mal, elle appelait ses amies. Une fois, 2 fois, 3 fois, 10 fois….. le discours était toujours le même, les réponses aussi. Si bien que petit à petit, comme elle retournait toujours vers lui malgré tout, les amis se sont lassés et ma fille n’a plus osé les solliciter. Je ne leur en veux pas, je comprends très bien.
La conséquence directe c’est qu’après une ultime crise en septembre l’an dernier, ma fille n’a pu appeler personne au secours ; ses illusions se sont écroulées une fois de plus, elle était seule, elle n’a pas osé demander de l’aide à ses amis, par rapport à ses agressions envers nous elle n’a pas osé non plus nous appeler.
A-t-elle pris conscience à ce moment là du gâchis et de l’impasse dans laquelle cette relation l’avait menée ? a-t-elle pris conscience que toute cette relation n’était basée que sur du vent ? Ma fille n’a pas vu d’autre issue de qu’en finir.
Je tiens à préciser que Babette n’était pas une marginale. C’était une très jolie jeune femme, intelligente, avec beaucoup de caractère, indépendante, courageuse, très entourée par ses amis et sa famille. Elle était certes fragilisée par l’échec récent de son mariage et la difficulté à élever seule ses 2 garçons mais de là à devenir peu à peu une marionnette sans volonté, sans capacité de jugement….. C’est là où l’on peut mesurer tout le « talent » de ces pervers.
Notre regret aujourd’hui, c’est de ne pas avoir su lui faire comprendre que la porte était toujours ouverte chez nous pour elle, quoiqu’il se soit passé, malgré les paroles blessantes, malgré tout.
Peut-être qu’elle aurait eu ce sursaut qui aurait tout changé, qui l’aurait empêchée de….
Je pense qu’au fond elle le savait bien mais elle n’a pas pu ;
Imaginer ce qu’elle pensait ce jour là, comment elle a pu réfléchir au moyen d’en finir, préparer le « matériel » pour en finir, a-t-elle eu une pensée pour ses enfants à cet instant ou n’était-elle déjà plus en mesure de raisonner…. Toutes ces questions nous hantent depuis 14 mois et nous hanteront jusqu’à la fin de nos jours.
Donner un conseil aux personnes qui sont confrontées à ce type d’individu ?? je ne crois pas être habilitée à le faire.
Mais notre expérience nous fait penser que le déclic ne peut venir que de la victime elle-même.
L’entourage doit être présent, à l’écoute, essayer de faire passer le message sans culpabiliser la personne qui est sous emprise, essayer de mettre en évidence les mensonges, les aberrations de la relation, les incohérences du discours du pervers, et ça n’est pas facile.
Mais surtout, surtout, laisser une issue de secours grande ouverte et LE DIRE, le FORMALISER, que la porte reste ouverte, même après 10, 20, 30 fois où ça n’aura pas eu l’effet escompté, même si des choses dures ont été dites (elles l’auront été sous influence), pour que le jour où le déclic se fait, il reste une bouée à laquelle se raccrocher.
Le médecin légiste qui est intervenu ce soir là chez ma fille a pris le temps de s’asseoir avec nous et de nous parler. Il nous a dit qu’à l’instant où une personne est sur le point de se suicider, pendant quelques secondes, la plus petite et insignifiante des choses peut tout changer : un téléphone qui sonne, un bruit dans l’escalier qui laisse supposer que quelqu’un vient chez vous, une pensée d’une fraction de seconde vers quelqu’un qu’on aime et tout bascule, d’un côté ou de l’autre. Je pense que si à cet instant crucial elle avait eu en mémoire notre dernier « on t’aime » ou « on sera toujours là pour toi » alors peut-être …..
Savoir qu’on est aimé n’est pas suffisant parfois, il faut aussi se l’entendre dire avec des mots et quand ces mots là ne sont pas prononcés haut et fort……..
Témoigner pour moi est très important, c’est probablement une forme de thérapie aussi, ça me permet d’extérioriser ma colère, ma culpabilité, mon chagrin.
Je me dis que peut-être quelqu’un qui connait une situation similaire elle-même ou une personne de son entourage et qui me lira pourra y trouver un réconfort, un éclaircissement sur les façons de faire de ces individus.
Si mon témoignage peut aider ne serait-ce qu’une seule jeune fille, un seul jeune homme qui souffre, une seule maman, un seul papa confronté à une situation comme celle-là, ce sera l’essentiel.
Valérie, vous avez déjà compris en grande partie comment avancer et s’en sortir… Dénoncer. Ecrire. Sans cesse. Même si parfois on pense ne pas être entendue. Parfois, une voix suffit. Alors il ne faut jamais baisser les bras.
j’ajouterai que la justice n’aime pas la vérité, la maman qui s’enfuit avec ses enfants et ose dire ce qu’elle subit, est accusée de propos diffamatoires, c’est un comble!
plein d’hommes comme celui-là circulent et vivent « tranquilou » en toute impunité, je crois que cette mode d’égalité entre les hommes et les femmes ne nous protège pas du tout, depuis quand un homme peut il remplacer une maman par exemple? sauf exceptions, en majorité ce sont les femmes et leurs petits qui sont victimes. Il faut toujours des preuves pour la justice, comment peut-on présenter des preuves pour des années de souffrance morale ? et que dire des enfants qui vivent dans la peur et qui se renferment sur eux-mêmes , et se taisent .
oui, c’est insupportable
Je suis sous le choc d’un tel témoignage. Quelle souffrance. Quelles souffrances !!
Le cauchemar que cette jeune fille a vécu et qui s’étend aujourd’hui à sa famille, à ses enfants.
Comment protéger les victimes que nous croisons !!! Comment leur faire entendre raison !
Je ne cesse de me demander ce qui aurait pu me faire admettre mon erreur et je ne vois pas, non, je ne vois pas.
Savoir que cet homme continue son carnage sans payer le prix de cette vie perdu, c’est insupportable.