SI…

Sad_Angel

Si tu peux honnir ton père
En portant ton mépris sur ses gestes et ses mots
Et le critiquer jusqu’à le mettre à terre,
Jusqu’à lui cracher en plein milieu du dos ;

Si tu peux chérir et désirer ta mère
Sans jamais respecter l’image de la femme
Et chercher encore ce coupable adultère
Qu’aurait ton corps avec son âme ;

Si tu peux convoiter sans jamais partager
Et inventer, toujours, sans jamais construire
Si tu peux désirer, jalouser, critiquer,
Et sans honte et sans frein aller jusqu’à détruire ;

Si tu peux être froid et pleurer de fausses larmes
Sur l’épaule de celui qui ne te connaît pas,
Le faisant ton allié, et lui confiant tes armes
Pour qu’il porte à ta place le poids du combat ;

Si tu peux être laid, être sot, être sale,
Être vil, arrogant, fier ou présomptueux,
Si tes pensées t’emportent là où sévit le Mal
Et que tu maudisses ce qui rend l’autre heureux ;

Si tu crois que l’amour n’est rien qu’une illusion,
Un prétexte pour nourrir l’abîme de ton cœur
Et que tu te serves des feux de la passion
Pour tromper amante, amie, ou même sœur ;

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront selon toi tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien moins que les Rois et la Gloire

Tu seras un monstre, mon fils.

 ©Anne-Laure Buffet

Ce texte est très librement inspiré du célèbre « If » de Sir Rudyard Kipling

JE T’APPELAIS « MAMAN CHERIE »

« Je t’appelais Maman chérie » est une fiction sous forme épistolaire, retraçant la relation d’une fille à sa mère. Entre amour et emprise, manipulation et culpabilité, Emma essaie de grandir et d’affronter sa réalité. 

Maman que j’aime

Je regarde tous les jours dans la boîte aux lettres pour voir si tu as écris et aujourd’hui c’est une très jolie journée parce que tu m’as envoyé une jolie carte avec Titi. Il me fait beaucoup rire parce qu’il fait tout le temps des farces et j’aime beaucoup aussi faire des farces alors papi a dit qu’il va m’appeler Titi.

Mamie va bien et elle est gentille avec moi, et papi aussi. Et comme tu me l’as dit je fais ce que je peux pour les aider et apprendre à m’occuper d’une maison. Mais là les vacances avec eux maintenant ça dure un peu longtemps, et toi tu me manques beaucoup et j’aimerai te faire des gros calins quand on va se voir.

Je dis rien parce que tu m’as dit que c’est eux qui veulent que je passe le mois de juillet chez eux. Ca me fait plaisir mais sans te voir c’est quand même long, parfois je sais pas quoi faire. Et alors je me dis que tu dois être triste aussi si tu es obligée de m’envoyer chez papi et mamie. Je comprends pas pourquoi tu es obligée. Mais tu me dis qu’il faut pas te dire non alors tu dois pas dire non aussi à tes parents, je crois que c’est ça.

L’année prochaine j’espère que tu pourras venir me chercher plus vite.

Je sais que tu es là dans cinq jours.

Je te fais des gros gros bisous ma maman chérie. Emma

 

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NOUVELLE PARUTION : JE T’APPELAIS « MAMAN CHÉRIE »

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Emma passe chacune de ses grandes vacances chez ses grands-parents. Chaque été, elle écrit à sa maman. Dans cette correspondance d’enfant qui va durer plus de douze ans, Emma va manifester son amour, son admiration, sa confiance, son désir de plaire, son besoin d’être aimée, sa volonté de grandir, son envie d’être. Elle va découvrir l’incompréhension, le doute, la critique, l’autorité incontournable, le rejet.
Entre amour et emprise, manipulation et culpabilité, Emma essaie de grandir et d’affronter sa réalité. 

Fiction sous forme épistolaire, avec la voix candide et simple de l’enfance, Je t’appelais « Maman Chérie » décrit l’évolution psychologique d’une enfant sous emprise d’un parent toxique, relation où vont alterner, au gré des envies et des besoins de ce parent, le chantage, l’humiliation, le dénigrement, le mépris.
Peut-on aimer un tel parent ? Peut-on s’en détacher ? Que se passe-t-il lorsque l’enfant comprend la relation qui lui est « proposée » ? À quel moment commence la maltraitance ?… Autant de questions soulevées dans ce texte court, tour à tour tendre, naïf, cynique, émouvant, et avant tout porteur d’une attente légitime et perpétuelle, celle d’un enfant envers son parent.

Je t’appelais « Maman Chérie » (3)

« Je t’appelais Maman chérie » est une fiction sous forme épistolaire, retraçant la relation d’une fille à sa mère. Entre amour et emprise, manipulation et culpabilité, Emma essaie de grandir et d’affronter sa réalité. 

À paraître prochainement en format numérique.

Extrait 3 :

 

Ta lettre arrivée ce matin m’a plongée dans une infinite tristesse. J’ai honte, si honte de moi… Je me sens tellement coupable depuis que je t’ai lue… Comment peux-tu te demander si je passe aussi des bons moments avec toi ? Comment peux-tu te poser la question ou imaginer le contraire ? Qu’est-ce que j’ai dit ou fait, maman, qui te laisse croire ça ? C’est évident que tous les moments passés avec toi sont merveilleux. Et je n’oublie pas tes mises en garde ; je sais faire attention à ce que papi me dit, surtout lorsqu’il grogne. Mais je t’assure qu’avec moi il est si gentil, je ne pense vraiment pas qu’il fasse quoique ce soit contre toi.

Je comprends bien que tu redoutes d’aller seule chez le médecin pour tes migraines, et je sais qu’elles te fatiguent beaucoup. Peut-être que Daniel peut y aller avec toi ? Puisque maintenant il vit à la maison, il peut t’accompagner un soir, et ensuite vous rentrez ensemble. Ainsi tu ne seras pas seule, à attendre le médecin, ou à réfléchir sur ce qu’il a dit. Parfois, de plus, c’est tellement mieux d’être deux à entendre un diagnostic. Ça évite tant d’erreurs d’interprétations. Il faudrait toujours pouvoir avoir un autre regard sur ce que nous vivons, sur ce que nous entendons. Ce ne serait pas de la méfiance, ce serait s’empêcher de ne pas voir ou de ne pas comprendre.

LA BELLE AU BOIS DORMANT

Petite analogie, ou comment utiliser un conte de fées… pour ne pas rêver :

Vous connaissez l’histoire de la Belle au Bois dormant.

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Aurore, princesse bien-aimée de ses parents,  de la Cour et du royaume, se retrouve prise comme objet de la vengeance d’une sorcière qui n’avait pas été invitée à célébrer sa naissance. Celle-ci jette un sort à un fuseau, auquel la princesse va se piquer. Elle s’endort pour cent ans, tout comme le château et ses habitants ; jusqu’au jour où un prince redécouvre le château, se fraye un passage à travers la végétation qui le recouvre, et, en embrassant la princesse, la réveille – ou la ramène à la vie, selon les interprétations – ainsi que tous les habitants du château.

Alors, imaginez un instant…

La personnalité toxique est cette vieille sorcière. Jalouse, folle de rage de ne pas avoir pu participer et jouir des dons reçus par un(e) autre, elle cherche à attirer cet(te) personne à elle, à le (la) séduire, pour mieux le (la) posséder, et lui prendre ce qu’elle n’a pas (si on pense au conte : les dons reçus des fées par la princesse à son baptême).
La séduction se fait de diverses manières. Si on repense au dessin animé de Walt Disney, il suffit de se souvenir de la musique ainsi que des lumières qui changent lorsque la jeune Aurore va grimper les marches de l’escalier jusqu’au fuseau ensorcelé.
En se piquant, Aurore cède à la séduction ; attirée malgré elle, elle ne peut résister. Elle devient alors le jouet de la sorcière.
Or, la sorcière, en endormant Aurore, et le royaume, ne reçoit pas pour autant les dons qu’elle convoite ; elle les a « simplement » endormis, donc tenus à l’écart, pour qu’ils ne lui fassent pas d’ombre.

La victime d’une personnalité toxique, ou si l’on n’utilise le terme de « victime », pour le moins la personne sous emprise d’une personnalité toxique, est endormie : elle ne se rend pas compte qu’elle disparaît peu à peu, qu’elle s’évapore au contact de la personnalité toxique. Son entourage (dans le conte, le château et ses habitants) n’en est pas non plus conscient. Lui aussi est endormi, sous le « charme » ou plutôt le sort jeté par la personnalité toxique.

C’est le plus souvent un élément extérieur, un fait ou une personne objective (le prince), qui vont provoquer une réaction, et permettre à la personne sous emprise de se réveiller.

Bien sûr l’analogie est facile.
Mais les contes de fées, rappelez-vous, sont comme des paraboles ou des métaphores. Ils sont fait pour enseigner.

Et si l’on revient au dessin animé, lorsque la sorcière devient dragon avant d’être abattue par le prince, sa colère destructrice, prête à tout enflammer, à tout perdre, plutôt que de renoncer, peut bien s’apparenter à ce que met en place une personnalité toxique qui sent sa « proie » lui échapper.

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