LES DANGERS DU VIRTUEL (2) : L’INTRUSION

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Il est bien loin le temps où chaque être humain n’était pas en permanence relié à l’autre.

Aujourd’hui, ordinateurs, tablettes, téléphones, montres pour certains, que sais-je encore, nous « permet » d’être en contact 24h/24 avec nos « amis ». Nos « contacts » Nos « relations ». Et le virtuel y a une bonne part. Entre les réseaux sociaux, les mails, les forums, les sites de rencontre divers et variés, le sentiment de solitude peut vite disparaitre, laissant la possibilité illusoire de pouvoir parler à quelqu’un, facilement.

Et plus la personne se sent seule, plus elle va chercher à se relier au monde. Sans le connaitre, sans le voir, sans échanges réels, sans la voix ou le regard, bien souvent. L’écrit prédomine.

La personnalité toxique fait partie de ces vampires du net qui vont y chasser leur proie. Sachant manier à merveille l’art de la séduction, elle aguiche, appâte, intrigue, puis retient. Le petit point vert de Facebook (Ah ! Il / elle est connecté(e)…) est entre autres l’ami, ou l’ennemi, de la victime. Lorsqu’il s’allume, le sourire revient. Il/ elle est là… le dialogue est possible. La future victime l’est déjà de cette connexion voulue ou repoussée par l’agresseur.

Trop heureuse de pourvoir échanger, elle va se livrer, se confier, se croyant protégée derrière son écran, imaginant que son interlocuteur ne devine rien d’elle sauf ce qu’elle en dit, pensant ne pas lui ouvrir grand la porte.
C’est FAUX.

La personnalité toxique décortique, analyse, déduit et comprend. Bientôt, elle sait où vous habitez, ce que vous mangez, à quelle heure vous vous levez, ce que vous faites en vous couchant, ce qui vous fait sourire ou pleurer, ce que vous ferez le week-end prochain. Elle connait le nom de vos amis, pose un jugement sur eux, selon ce que vous racontez, vous conseille, vous oriente et vous console.
Elle vous laisse des messages anodins. « Pas en ligne ? Dommage, j’avais envie de te parler… Pas là ? Tu me fais signe dès que tu te connectes ?… »
Elle vous rend dépendant de ces messages.
Parallèlement elle semble s’intéresser à vous. Elle vous parle de vous. De votre vie. Elle brode autour de ce que vous lui avez dit.

Vient parfois le jour où vous ne voulez plus lui parler, ou moins. Ou une petite remarque de sa part, une petite critique, tombent « J’ai attendu que tu te connectes, tu m’avais dit à minuit… tu aurais pu juste m’envoyer un message pour me dire que tu ne serais pas là ce soir… C’est pas grave, mais préviens-moi, je en savais pas si tu allais bien. Et si je devais m’inquiéter, je n’ai personne à joindre pour avoir de tes nouvelles… »
Vous êtes mal à l’aise, vous vous sentez coupable, vous êtes gêné(e), vous ne savez pas quoi dire.
Vous rappelez que tout de même, il s’agit de votre vie, vous êtes libre.

Alors l’agresseur continue… Il ne fallait pas dans ce cas lui parler autant. Il ne fallait pas le prendre pour un jouet. Il ne fallait pas s’en servir en bouche-trou.

Culpabilisation, quand tu nous tiens….

©Anne-Laure Buffet

LA BELLE AU BOIS DORMANT

Petite analogie, ou comment utiliser un conte de fées… pour ne pas rêver :

Vous connaissez l’histoire de la Belle au Bois dormant.

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Aurore, princesse bien-aimée de ses parents,  de la Cour et du royaume, se retrouve prise comme objet de la vengeance d’une sorcière qui n’avait pas été invitée à célébrer sa naissance. Celle-ci jette un sort à un fuseau, auquel la princesse va se piquer. Elle s’endort pour cent ans, tout comme le château et ses habitants ; jusqu’au jour où un prince redécouvre le château, se fraye un passage à travers la végétation qui le recouvre, et, en embrassant la princesse, la réveille – ou la ramène à la vie, selon les interprétations – ainsi que tous les habitants du château.

Alors, imaginez un instant…

La personnalité toxique est cette vieille sorcière. Jalouse, folle de rage de ne pas avoir pu participer et jouir des dons reçus par un(e) autre, elle cherche à attirer cet(te) personne à elle, à le (la) séduire, pour mieux le (la) posséder, et lui prendre ce qu’elle n’a pas (si on pense au conte : les dons reçus des fées par la princesse à son baptême).
La séduction se fait de diverses manières. Si on repense au dessin animé de Walt Disney, il suffit de se souvenir de la musique ainsi que des lumières qui changent lorsque la jeune Aurore va grimper les marches de l’escalier jusqu’au fuseau ensorcelé.
En se piquant, Aurore cède à la séduction ; attirée malgré elle, elle ne peut résister. Elle devient alors le jouet de la sorcière.
Or, la sorcière, en endormant Aurore, et le royaume, ne reçoit pas pour autant les dons qu’elle convoite ; elle les a « simplement » endormis, donc tenus à l’écart, pour qu’ils ne lui fassent pas d’ombre.

La victime d’une personnalité toxique, ou si l’on n’utilise le terme de « victime », pour le moins la personne sous emprise d’une personnalité toxique, est endormie : elle ne se rend pas compte qu’elle disparaît peu à peu, qu’elle s’évapore au contact de la personnalité toxique. Son entourage (dans le conte, le château et ses habitants) n’en est pas non plus conscient. Lui aussi est endormi, sous le « charme » ou plutôt le sort jeté par la personnalité toxique.

C’est le plus souvent un élément extérieur, un fait ou une personne objective (le prince), qui vont provoquer une réaction, et permettre à la personne sous emprise de se réveiller.

Bien sûr l’analogie est facile.
Mais les contes de fées, rappelez-vous, sont comme des paraboles ou des métaphores. Ils sont fait pour enseigner.

Et si l’on revient au dessin animé, lorsque la sorcière devient dragon avant d’être abattue par le prince, sa colère destructrice, prête à tout enflammer, à tout perdre, plutôt que de renoncer, peut bien s’apparenter à ce que met en place une personnalité toxique qui sent sa « proie » lui échapper.

http://www.dailymotion.com/video/xgui98_la-belle-au-bois-dormant-le-don-des-fees_music

ATTENTION AUX APPARENCES

« Pourtant c’est un bon père… »
« Quand même, elle aime ses enfants, elle ne peut pas être monstrueuse… »

Lui, elle, le ou la MPN(manipulateur pervers narcissique), est au sens le plus commun du terme un monstre. Apparence humaine, corporelle, mais déshumanisé(e). Il, elle, est incapable d’affect. Pas avec une victime en particulier, mais de façon générale. Le sentiment amoureux, l’affection, l’attachement lui sont inconnus, comme le deuil et la tristesse. Son entourage personnel – ou professionnel – n’est qu’objet, destiné à se soumettre et à assouvir ses besoins, à le « nourrir », ou à être détruit lorsqu’il n’apporte plus satisfaction.

En tant que parent « sain », on peut se laisser tromper, être aveuglé. « Regarde ce qu’il fait pour tes enfants… » Certes, le (la) MPN peut en faire, et en faire beaucoup. Beaucoup trop, à bien y regarder. Tous ne sont pas dans l’abandon, loin de là.  Leur omniprésence empêche tout agissement, toute pensée, toute attitude en dehors de leur contrôle. Le parent « sain » attend l’accord, ou le veto, pour agir, ou pour ne rien faire. Habitués, dressés à ne jamais s’engager, à n’avoir aucune initiative, sans l’approbation de ce superviseur malhonnête et ambigu, le parent restera à attendre un verdict qui ne tardera pas à tomber. Et en tout état de cause, le verdict sera toujours cruel. Ce qui a été fait aura été mal fait, ce qui a été dit aura été mal dit, tout cela montre bien l’incapacité déjà mise en avant par le (la) MPN, et le danger couru par les enfants. Car, bien sûr, un des objectifs finaux du parfait petit manipulateur (ou manipulatrice) est d’éloigner définitivement les enfants de l’autre parent.
Certains MPN vont se servir de leur argent, d’autres de la sympathie « naturelle » qu’ils dégagent, d’autres de leur charisme… pour se montrer aux yeux de tous comme des modèles, pour forcer l’admiration, pour ne pas être sujet à la critique. Et pour pouvoir d’autant mieux se plaindre, mais surtout alerter sur les « risques » que leurs enfants subiraient à rester en présence de l’autre parent.

Ce qu’il faut voir, ce n’est pas seulement les actes. C’est aussi le pourquoi des actes, et le comment. C’est ce qu’ils sous-entendent.

Bien sûr, dans les cas de séparation de couples, il est malheureusement classique que l’enfant, les enfants, soi(en)t l’objet de chantages odieux. Chaque parent craignant de perdre l’amour de ses enfants tente, souvent inconsciemment, de conserver des liens, et le fait très maladroitement. Les enfants sont couverts de cadeaux, les limites ne sont plus données, la permissivité bat son plein… Mais le temps passant, l’équilibre revient. Et de nombreux enfants y trouvent même leur compte. Deux Noël, deux anniversaires, N’est-ce pas tout à fait légitime, pour un enfant  divisé entre son père et sa mère, que de tenter de tirer un peu bénéfice de la situation ?

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Lorsque l’un des deux parents est MPN, il en va tout autrement.

Exemple : la famille, l’entourage, les collègues, qui ne voient que l’apparence, vont juger un acte, des actes. « Elle passe sa vie à la critiquer. Pourtant, elle ne fait rien, et il est le seul à s’occuper vraiment des enfants. C’est grâce à lui qu’ils ont tout ce qu’ils ont, qu’ils partent en voyage, qu’ils font des études… »
Ça, c’est la partie immergée de l’iceberg. Mais en analysant plus profondément la situation, il faut voir non seulement ce qui est matériellement calculable (montant d’un cadeau par exemple), mais dans quel contexte il a été offert, à quelles conditions… Il faut chercher à entendre le message implicite de ce parent si généreux, message que l’on peut traduire ainsi : « Si tu veux que je t’aime, tu ne dois pas aimer l’autre. »

Un, une, MPN, ne fait rien gratuitement. Il (elle) ne donne pas. Il (elle) séduit, hypnotise et endort. Son charisme, son charme, le font passer pour un(e) saint(e). Et pendant qu’il (elle) flatte sa propre vitrine, il (elle) assène des coups, toujours plus bas, à sa victime. Dénégation de responsabilités, critiques à répétition, contrôle de tous les actes, accusations mensongères… Le (la) MPN n’ayant peur de rien, et se considérant au-dessus des lois qu’il transgresse avec plaisir, tout est bon pour nourrir son plan machiavélique.

Le parent « victime », quant à lui, à terre psychologiquement, matériellement, parfois physiquement, n’a plus les moyens de se défendre.

Enfin, le, la, MPN sait mieux que quiconque une triste vérité : se plaindre n’attire pas la compassion. Une personne triste, épuisée, fait fuir. Au contraire une personne enjouée, forte, sereine, qui parle calmement de ce qu’elle vit, même des périodes les plus difficiles, attire la sympathie. Aussi, tout en détruisant, il (elle) gardera officiellement le sourire, il (elle) tiendra toujours le même discours – inquiet pour l’enfant, mais serein dans la volonté de protéger – laissant sa victime s’enfoncer un peu plus dans la tristesse et la solitude.

Quand enfin la victime tentera de se relever, de faire constater et juger les comportements destructeurs du MPN, elle entendra : « Pourquoi ne pas t’être défendu(e) plut tôt, pourquoi n’avoir rien dit ? », ou : « Si c’est vraiment si terrible, il fallait réagir avant! », ou encore, pire encore  « Voyons, calmez-vous. C’est encore un conflit parental, et pour vos enfants, il serait temps de passer à autre chose… »

©Anne-Laure Buffet

ATTENTION : Cha…

ATTENTION : Chaque pervers narcissique possède son propre langage, ses mots, ses gestes, adaptés et évoluant selon les victimes.
Ne vous attachez pas à la forme, mais au fond.
Analysez, écoutez, observez.
Trop de gentillesse, de bienveillance, de séduction peuvent être un signal.
La vigilance est nécessaire. Des victimes de pervers narcissiques ayant pu fuir sont tout de même retombées dans d’autres pièges.

La séduction nimplique pas la perversité. Mais demandez-vous toujours si elle n’est pas trop présente…

Dr Gregory House

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Dr Gregory House…

Il est brillant, charmant, caustique, sarcastique, provocateur.

Il est tout autant arrogant, moqueur, irrespectueux de la vie privée des autres.

Il peut se montrer méchant et menteur. Ce que révèle sa phrase fétiche : « Everybody lies ».

Il est dépendant au Vicodin, n’hésitant pas à falsifier des documents et des signatures afin de s’en procurer, pour éviter non seulement la douleur, mais le manque.

Il ne respecte ni la déontologie, ni la souffrance des patients. Il se moque des autorisations, s’immisce dans la vie privée des malades sans aucune considération, mais en justifiant ses actes par la nécessité à trouver la cause la source de leur mal. Il peut aller jusqu’à transformer les malades en cobayes pour étayer ses hypothèses.

Les jeunes médecins qui l’assistent lui sont totalement dévoués, se mettant eux aussi à transgresser règles et codes. Il les rudoie, il est désobligeant, critique, intrusif. Il met en avant leurs points faibles et les complimente exceptionnellement. Il utilise la dérision et les sarcasmes si cela lui est utile, poussant ses collègues dans leurs retranchements et se justifiant en arguant d’une motivation à nécessairement entretenir chaque jour.

La réussite d’un diagnostic lui est toujours attribuée, les succès lui reviennent malgré le travail de toute une équipe, et jamais il ne les partage avec son équipe.

Il est blessant et agressif, appuyant sur les faiblesses des uns et des autres pour exciter leurs instincts, les poussant toujours plus loin, jusqu’au mal, comme le souligne le Dr Cuddy, pourtant amoureuse de lui : « Ceux que vous recrutez, vous les pourrirez comme vous avez pourri James. Vous l’avez détruit, il ne distingue plus le bien du mal. »

Il ne reconnaît pas ses erreurs. Il constate l’échec d’un diagnostic mais en attribue la faute à un manque de chance ou à une résistance au traitement de la part du patient, non à une faute ou un oubli qu’il aurait pu commettre.

Pourtant, il est séduisant, il tire le spectateur de sa somnolence. Celui-ci va imaginer une vie privée au « charmant » Docteur, une vie pénible, une enfance blessée. Sa boiterie augmente l’instinct de sauveteur et le besoin de réparer de ceux qui s’attachent à lui.

Lorsqu’il doute et qu’il se remet en question, lorsque le personnage s’adoucit, il perd de son attractivité. La série a d’ailleurs eu moins de succès lorsque le « bon » Dr House s’interrogeait sur lui et pondérait son caractère irascible et hautain vis-à-vis des malades et du personnel médical.

Alors, ce bon Dr House… séducteur brillant souffrant d’un manque de moralité, à l’ego surdimensionné, personnage satirique et railleur dont le cœur tendre serait dissimulé, ou pervers narcissique ?

 

 

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