TU ES MALTRAITANT !

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J’ai lu que dire à son enfant…
J’ai haussé le ton avec ma fille…
Hier j’ai craqué, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer…
Ma fille a puni son enfant en le privant de télévision, est-ce que le père peut se retourner contre elle ? (et inversement, mon fils a puni…)
… est-ce grave ?

Ces questions, j’en reçois plusieurs fois par semaine. De parents, de grands-parents, parfois de proches, inquiets, affolés pour certains, se demandant ce qui peut, ce qui va leur être reproché. Parce que, classiquement, un parent toxique cherchera constamment la petite bête, la fera grossir, grossir, jusqu’à ce qu’elle vous explose en pleine figure.
Plainte pour maltraitance. Information auprès du Procureur de la République. Dénonciation. Accusations. Reproches. Appels, mails, SMS pour vous dire, vous rappeler, ô combien vous venez de faire du tort à votre enfant, donc ô combien vous êtes dangereux(se)! Assistantes sociales, expertises medico psy, enquêtes sociales, AEMO.
Parce que c’est déjà arrivé, parce qu’à force d’en entendre parler, ou d’être menacé(e), le pire est craint, constamment.

Alors… Alors il faut, même lorsque la destruction  psychologique est si avancée que tout provoque la panique, savoir raison garder.
Un parent qui va envoyer son enfant dans sa chambre (et l’on ne va pas faire un débat ici sur l’intérêt ou non de cette punition) parce qu’il désobéit en permanence, est insolent, capricieux… n’est pas un parent maltraitant. Un parent qui va envoyer son enfant dans sa chambre avec interdiction d’en sortir pendant 24 heures, et qui ne lui donnera qu’un verre d’eau et un morceau de pain est maltraitant.

Un parent qui refuse l’usage du téléphone portable pendant que l’enfant fait son travail scolaire n’est pas maltraitant. Un parent qui supprime le téléphone portable, donc le contact tant avec les amis qu’avec, et surtout avec, l’autre parent est maltraitant.

Un parent qui emmène ses enfants en week-end à la campagne sans en informer l’autre parent n’est pas maltraitant. Un parent qui éloigne ses enfants pendant une longue durée, sous prétexte de vacances par exemple, et sans informer l’autre parent, sans que les enfants ne puissent le dire, est maltraitant.

Un parent qui se met à pleurer devant son enfant, d’épuisement ou d’inquiétude, ne va pas l’entraîner dans des affres dramatiques. Il (elle) s’est simplement autorisé(e) à montrer sa propre peine… un parent a le droit de ne pas être un Superman, ou Wonder Woman, mais un être humain avec ses émotions. Exprimer ses émotions, devant ses enfants, c’est les autoriser également à en avoir.
Un parent qui va pleurer chaque jour, se désespérer, cesser de manger, errer de pièce en pièce l’âme en peine, est maltraitant. Indirectement, il est dans l’attente d’une réponse, d’un soutien… Il confie à son enfant le rôle de consolateur et avant même d’être consolateur, il en fait le réceptacle de ses souffrances.
Un enfant doit se construire et accepter d’avoir des émotions. Mais un enfant n’est ni le parent, ni le psy de son propre parent. Lui demander de l’être, c’est l’empêcher d’être lui. Là est la maltraitance.

De même, un parent qui dira face à un bulletin de notes mauvais (je dis bien : « mauvais », c’est-à-dire où l’espoir du passage s’envole, où les commentaires incitent à se demander si votre enfant a un jour trouvé la salle de classe…), ce parent donc qui dira : « mais qu’est-ce que je vais faire de toi ?! » n’est pas maltraitant. Il est inquiet.
Un parent qui tous les soirs obligera son enfant à s’acharner sur des exercices de maths ou des conjugaisons de verbes irréguliers, en lui répétant que sinon, jamais, il ne fera rien de sa vie, et qu’il est stupide de ne pas y arriver est maltraitant.

Comme écrit dans la mise en garde précédente… Tous les manuels, essais, guides, ouvrages, documentaires… sur le sujet de la maltraitance sont indispensables, pour informer. Mais lorsqu’un parent, victime de manipulation, de harcèlement, de violence psychologique, lorsque ce parent qui déjà est en perte de repères, lit de tels articles, il est confronté(e) en permanence au doute. Ais-je bien fait ? Ais-je bien dit ? Quelle attitude dois-je avoir ? Et, pour finir, ce parent calquera son attitude sur celle décrite comme idéale par le parent toxique, en croyant éviter ainsi des reproches. Dans la supposition permanente de ce que le parent toxique dira, critiquera, fera, l’autre parent perdra tout naturel, et… toute raison.
C’est alors du pain béni offert au maltraitant, qui lui-même, n’attend qu’une chose : déceler une faute. Une erreur. Et qui fait tout pour vous y pousser.

Alors, oui, il faut lire, s’informer, se renseigner, et se protéger. Oui, il faut un cadre éducatif, pédagogique, parental pour que l’enfant se construise avec le droit d’être un enfant, et d’être respecté comme tel. Mais il ne faut jamais oublier que donner des limites à un enfant est indispensable, que celui-ci les attend et qu’il en a  besoin, car elle le rassurent. Fixer des limites ne veut pas dire être maltraitant. Avoir de l’autorité ne peut pas dire détruire son enfant. Être parent aimant , c’est également savoir dire Stop ! à temps.

©Anne-Laure Buffet