Il me paraît important de revenir une fois de plus sur un sujet déjà abordé sur ce blog : la nécessité à ne pas chercher à qualifier l’autre, mais à mettre un terme à des comportements qui nous sont toxiques et de fait destructeurs.
Je continue de lire dans la presse, dans des publications récentes, sur les réseaux sociaux, les critères permettant de repérer le parfait MPN (manipulateur pervers narcissique), de s’en méfier, de le fuir. Ces écrits ont pour avantage d’informer. Ils ont donc bien sûr un intérêt.
Ils ont également un inconvénient majeur : la chasse aux sorcières sous-entendue.
S’ils permettent d’éclairer une situation, s’ils permettent de se remettre en question, de s’interroger, de commencer à comprendre qu’une situation vécue est anormale est dangereuse, ils ne font pas loi, ni foi, de manière catégorique.
Ils invitent à la réflexion et à l’action ; ils invitent aussi et surtout à consulter des professionnels de l’accompagnement, des juristes, des personnes objectives, neutres et compétentes.
Leur prêter parole d’évangile ne permet pas de se sortir d’une situation d’emprise, mais de qualifier « l’autre », le bourreau ou celui vu comme tel, de monstre, de vampire, de malade, de danger. Ils font naître à la fois la compréhension d’une situation et la peur de celle-ci, en la démultipliant.
De plus, ils poussent à des conclusions parfois rapides, et elles-mêmes dangereuses pour ceux ou celles qui les tirent.
– Je sais que c’est un PN, je l’ai lu… (ah bon ? son nom était dans le journal ? Vous avez consulté un professionnel ? Vous avez eu un diagnostic précis ?)
– J’ai compris que j’étais manipulée… Au début de notre relation il y a quelques mois il sortait les poubelles et me rapportait des fleurs ; aujourd’hui c’est fini. Je n’ai rien d’autre à dire, si ce n’est que maintenant qu’il n’a plus à me séduire, il va me détruire… (et si tout simplement il était fatigué ? S’il avait en ce moment plus de travail, ou plus de soucis ? Si vous-même vous montrez moins réceptive, mois attentionnée…)
– Il m’a fallu à peine un an et j’ai su qu’elle était comme une mante religieuse ; depuis la naissance du petit elle ne s’occupe que de lui et ne me donne pas de temps (donc elle ne s’occupe que d’un enfant de 3 mois, qu’elle nourrit, lave, berce, soigne, protège… ne remplirait-elle pas simplement avec amour son rôle de mère ? )
– Sa mère est castratrice et je sais qu’il va me faire du mal (attention aux projections et aux anticipations négatives)
En règle générale et quelle que soit la situation d’emprise ou de violence psychologique, si elle est avérée, il n’en demeure pas moins qu’un travail sur soi est indispensable. Savoir QUI est l’autre ne suffit pas à sortir d’une relation d’emprise, à se protéger et se reconstruire. Comprendre ses propres failles, ses fragilités, analyser ce qui a permis à une personnalité toxique de voir en vous une proie est indispensable. Pour se renforcer, pour s’apprécier, pour s’aimer à nouveau, pour avancer et construire.
Lisez, lisez, il en restera quelque chose… Mais ne restez pas sur des conclusions trop rapides. Lisez. Analisez. Consultez.
Et recommencez à penser à vous, et non à l’autre.
©Anne-Laure Buffet
Oui un travail sur soi est indispensable et cela fait un bien fou. On apprend à se connaître et à devenir soi. Merci