RA : Croyez-vous au pervers narcissique ?
ALB : Vous me demandez si j’y crois, comme on demande si l’on croit aux esprits, ou aux fantômes. Je ne crois pas au pervers narcissique. Il ne s’agit pas d’y croire. Il s’agit d’affirmer qu’il existe une part de la population, que l’on appelle pervers narcissique depuis que Racamier l’a dénommée ainsi, qui se trouve dysfonctionnelle, destructrice, maltraitante, malveillante. Cette « catégorie » de personnes pour autant que le terme « personne » puisse leur être appliqué, représenterait 2% de la population. Je ne sais pas comment les statistiques sont faites, et je vois mal des enquêtes et sondages possibles : un ou une pervers narcissique ne se reconnaîtra jamais comme tel ; quant aux victimes, elles utilisent aujourd’hui volontiers ce terme, alors que l’on peut être victime de nombreuses personnalités toxiques, aux comportements différents, et qui ne sont pas pour autant des « PN ». Mais l’utilisation médiatique est si forte qu’il est presque impossible de trouver un autre qualificatif. Aussi, « pervers narcissique » rentre dans le langage usuel. J’y reconnais un avantage, c’est d’être moins vulgaire que de traiter qui que ce soit de « salaud ». Mais c’est fausser très souvent une réalité.
En réalité, je crois bien plus aux violences psychologiques, aux victimes de celles-ci, à l’invisibilité des ces violences tout autant qu’à leur terribles conséquences, qu’à la nécessité de se battre pour savoir si le « PN » existe, et si tel individu est PN, ou jaloux, cruel, sociopathe…
RA : Le pervers narcissique serait donc particulier, à distinguer d’autres personnes maltraitantes.
ALB : Oui. Tout comme un paranoïaque, un jaloux pathologique, un psycho-rigide… Ce sont des personnalités, des syndromes, des névroses ou des psychoses, des comportements différents. Le pervers narcissique « répond » à certains critères. Il met sa victime, quel que soit le contexte, sous emprise, en la dépersonnalisant, en la dénigrant, en la disqualifiant. Il est exempt de tout sentiment, mais il fonctionne sous l’impulsion de la colère et de l’envie. Il est extrêmement patient. Il faut souvent des années pour que la victime comprenne à qui elle a affaire. Il procède par répétition, récurrence, sans pour autant faire preuve de violence verbale ou physique tangible : il est sournois, perfide, insidieux, séducteur, affable, mielleux ; il arrive en « sauveur » dans la vie de sa proie, il se l’accapare, il la grignote lentement, et la laisse à terre, sans qu’elle ne puisse se rendre compte de ce qu’il se passe. Il envie le pouvoir, la puissance. Il agit toujours dans un huis-clos qui isole sa victime et l’empêche à la fois de réaliser, et de communiquer.
RA : Aujourd’hui beaucoup de victimes se disent victimes de PN. Qu’en pensez-vous ?
ALB : Comme je vous l’ai dit, c’est un terme devenu commun. Ne sachant comment qualifier celui ou celle qui fait preuve de violence psychologique, les victimes parlent de PN. Certaines sont bien victimes de pervers narcissiques, d’autres luttent contre une autre forme de personnalité maltraitante. Ce qui compte pour moi n’est pas tant de qualifier l’agresseur de pervers narcissique, ou d’autre chose. Ce qui compte c’est comment, et jusqu’à quel point, il a été toxique pour sa victime ; et c’est d’accompagner cette victime lorsqu’elle cherche à s’en sortir et se reconstruire. Je ne combats pas bille en tête contre les pervers narcissiques et uniquement eux. Je suis du côté des victimes. Je suis là pour les entendre, les comprendre, les aider à reformuler, à analyser, à se distancier et se détacher de la violence vécue. Je suis là non pour catégoriser qui que ce soit, mais pour permettre à une personne en souffrance de sortir de cette souffrance et reconstruire son identité et sa personnalité.
RA : Si vous deviez remplacer pervers narcissique par un autre terme, que diriez-vous ?
Le monstre. A l’apparence humaine, sans aucune humanité. Le vampire, qui ne supporte ni les miroirs ni la lumière, qui se nourrit en vidant sa victime de ce qui lui est essentiel. Le tyran mégalomane, sans morale, sans valeur, sans respect si ce n’est pour le pouvoir et la domination.
Mais aussi, le pas-grand-chose. Sans proie, sans victime, sans public, cet individu n’est rien qu’un pantin désarticulé et ridicule, grotesque.
Si nous avons tous besoin de rapports humains pour vivre, nous n’aspirons pas à détruire nos interlocuteurs, nos proches, notre entourage pour être. Le PN n’aspire qu’à cela, la puissance et la destruction.
Je laisse ce commentaire pour encourager les victimes a se sortir de cet enfer . Aussi incroyable que cela puisse paraître , j ‘ ai vécu avec ce bourreau pendant 30 ans !!! ( Et pas un long fleuve tranquille , vous vous en doutez ! ) Quand je l ‘ ai quitté j ‘ en avais 59 ! A présent j ‘ en ai 63 ! POURTANT ! cela fait 4 ans que je vis ENFIN pour moi ! Simplement pour vous dire qu ‘ il n ‘ est JAMAIS trop tard ( en tout cas rarement … ) Je pense être tombée dans ce piège car enfant , et alors que mon père était décédé quand je n ‘ avais que 16 mois , j ‘ ai par la suite vécu dans une famille dysfonctionnelle , mère hyper – autoritaire et beau – père incestueux ! Le plus difficile a été , ( même si cela ne fait aucun doute que je l ‘ ai été ) de sortir de ma position de victime , car sans cela , je serais restée reliée a lui , même en en étant séparée physiquement . Cela demande beaucoup de courage après tant d ‘ années , d ‘ autant que je n ‘ ai eu aucun soutien de ma famille et que je n ‘ ai pas eu d ‘ enfants. Je signale que je vis seule a présent , avec mes 2 petits chiens que j ‘ adore , et que je tiens a le rester mais par choix , car c ‘ est sans animosité pour autant vis a vis des hommes en général , d ‘ autant qu ‘ existe aussi des femmes perverses . J ‘ ai retrouvé la paix , courage a vous qui lirez mon commentaire , et j ‘ espère que pour vous , ce sera moins long .
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ce sont des dechets humains pour moi ces pantins mon dieu que c difficile en temps que victime d etre comprise le monde exterieur ferme les yeux meme nos proches car ces ordures arrivent a manipuler tous etres vivants
Je crois qu’avant, dans le contexte familial, le terme « tyran domestique » était couramment utilisé. Une psy de ma connaissance les qualifie de « sales bêtes ».
Je me bats pour ne plus être prise pour une folle et n’ai plus peur de dénoncer le PN qui a volé ma vie et violé mon âme pendant 27 ans ! Aujourd’hui je cherche à en rire car bien sûr ce ne sont que des guignols vides et désarticulés du cerveau…