PREMIÈRE APPROCHE SUR LA QUESTION DU PARDON

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« Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu’il te plaise de lui donner : haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur ! […] Merci, ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing. »[1].

L’enjeu du pardon est considérable, puisqu’il s’agit de se libérer à la fois de la rancœur et de la culpabilité.

Il est un don par surcroît, le don suprême offert après une offense par un être blessé, en lieu et place de la haine ou du désir de vengeance. Le pardon aux parents présente une difficulté supplémentaire car il est unilatéral : ceux-ci demandent rarement pardon à leurs enfants.

« Il n’y a pas de honte à éprouver de mauvais sentiments envers père ou mère mais, en contrepartie, il y a des risques à les nier ! »[2]

L’acceptation ne découle pas du pardon. On peut accepter sans pardonner.

De même, conserver un lien avec le(s) parent(s) toxique(s) est propre à chacun et ne peut être jugé par l’extérieur. Certains enfants auront développé des mécanismes de défense et de protection les autorisant à maintenir ce lien.

D’autres préfèreront couper toutes relations, pour un temps, ou définitivement.

Quant au parent victime, il doit aussi accepter cette position de l’enfant. Il n’est pas trahi parce que son enfant conserve des contacts avec le parent toxiques.

Plutôt que de pardon, il faudrait parler de désaliénation. Le lien entre le bourreau et sa victime serait alors définitivement rompu. Le sujet ne sera plus sidéré par sa douleur et pourra au moins penser au parent concerné, condition du pardon. C’est seulement quand nous sommes libérés du pouvoir que nous octroyons à l’autre que nous pouvons changer notre regard sur lui, le voyant de nouveau comme un être humain à part entière.

En définitive, ce qui est en jeu, c’est d’accepter que ses parents aient été strictement ces êtres là, avec leurs limites, leurs manquements et non pas des parents idéaux.

[1] Hervé Bazin, Vipère au poing

[2] Virginie Megglé, Aimer ses parents même quand on en a souffert, ed Harmonie Solar

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