L’ASSOCIATION CVP À CÔTÉ DES VICTIMES

Lutter contre la violence psychologique est un combat et un investissement de chaque jour.

En ouvrant le blog cvpcontrelaviolencepsychologique.com, en créant l’association CVP – Contre la Violence Psychologique, j’étais bien loin d’imaginer ce qui allait devenir à la fois une réalité et un terrible paradoxe de chaque instant : les appels à l’aide, les demandes de soutien, l’incompréhension de celles ou ceux que je rencontre, que les bénévoles de l’association entendent chaque jour. Toutes ces souffrances qui s’expriment enfin, et chaque jour de plus en plus nombreuses.

Mon objectif est non seulement de pouvoir informer et accompagner au mieux les victimes, de faire entendre leurs voix et mettre en lumière ce qu’est réellement la violence psychologique dans la sphère privée, mais également de leur rendre leur vie, leur personnalité, leur humanité dont elles ont été privées si longtemps.

Femmes, hommes, parents, enfants, personne n’est à l’abri d’une telle souffrance.
Et chacun devrait être apte à l’entendre et à la comprendre.

Quand on me demande pourquoi je suis devenue thérapeute, pourquoi j’ai créé cette association, je ne peux fournir qu’une réponse : je connais. Je sais, de l’intérieur, ce qu’est l’emprise. Sur un être humain. Adulte, ou enfant. Je sais le poids, la force et les conséquences de la manipulation, du dénigrement, de l’humiliation, de la diffamation. En tant que femme, en tant que mère, je l’ai vécu. Je n’ai pas besoin que les victimes qui s’adressent à moi me disent. J’entends, au-delà des paroles, l’indicible. La cassure dans les yeux. Les mains croisées, jointures blanches à force de se serrer, tremblantes, la voix brisée entre honte et culpabilité, et le doute qui ressurgit toujours : « Est-ce que je vais enfin être crue ? »
Je sais quel parcours psychologique, juridique, elles vont avoir à suivre, quel combat elles vont avoir à mener, pour pouvoir être un jour – il faut l’espérer – entendues, et défendues.

La diffamation, la rumeur, l’accusation mensongère, s’exercent partout. Dans toute relation sociale, réelle, ou virtuelle. La rumeur, maquillage de la jalousie et de l’envie. Qui permet à celui ou celle qui en est à l’origine de cacher ses propres faiblesses ou ses manquements.
Dans ce quotidien qu’est l’écoute et l’accompagnement des victimes, j’entends et vois des rumeurs courir ici ou là. Je n’en ai cure. Je ne me soucie que des victimes. Victimes qui se retrouvent au cœur d’un tourbillon. À nouveau elles sont perdues, inquiétées, désespérées, ne comprenant plus, ne sachant plus à qui faire confiance.

Je constate l’agressivité de celles ou ceux qui se sentent démasqués. La victime n’est jamais agressive. La victime est effondrée, détruite. Elle souffre, silencieusement. Elle s’épuise. Un jour, elle décroche un téléphone, elle envoie un mail. D’une voix tremblante, elle prend enfin la parole. 


Les querelles de clocher, jusqu’aux combats de coqs déplumés, cachant leur défaite derrière cet écran de fumée fait de mensonges et de ragots, m’effraient. Car les seules réelles victimes sont justement ceux et celles qui le sont déjà.

Pour ma part, je me concentre uniquement sur le sort des victimes. Par l’écoute offerte par l’association. Par mon accompagnement quotidien, comme thérapeute. Par le choix de travailler avec des professionnels qui connaissent, savent, agissent pour mettre en lumière une souffrance ignorée, les causes de cette souffrance, et ses auteurs.

N’attendez pas de moi de dénonciation. Ne pointez pas devant moi du doigt telle ou telle personne. Encore une fois, mon seul intérêt est tourné vers les victimes. Les entendre. Les aider à se reconstruire. Les orienter dans la mesure du possible, au mieux pour elles.

Et je laisse les mêmes victimes libres de leur choix, de leur engagement. Je les invite à reprendre en main le cours de leur vie. Je n’impose aucune solution. Je n’impose aucun professionnel. Je rends aux victimes ce dont elles ont été privées, en tout premier lieu : leur liberté. Liberté d’agir et de penser.

Et je laisse à ceux qui ne vivent que pour leur ego en défaillance ce que je leur accorde : mon indifférence.

Anne-Laure Buffet

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