La honte est à la fois une émotion ressentie au contact de l’extérieur quand ce dernier nous communique un sentiment d’infériorité teinté de gêne, le sentiment que cette gêne est vraiment justifiée et passible d’exclusion et l’intériorisation du jugement susceptible de consacrer cette exclusion. Avec la honte, nous sommes à la fois bourreau et victime, dès lors que nous avançons sur un terrain social qui active notre sentiment d’infériorité. Réaction face à l’adversité réelle ou supposée, elle nous incite à devancer la critique tout en la confirmant : « Je suis inférieur ? C’est ce que vous alliez dire ? Non ? Ce que vous pensez ? Oui, je le sais, j’en ai honte… » Elle est là comme un bouclier entre nous et le regard qui nous rabaissera, mais un bouclier en creux qui nous entame plus qu’il ne nous protège.
La honte défie l’objectivité : un enfant peut avoir honte de bien travailler à l’école, un autre d’être trop bien habillé. Celui-ci d’être (trop) petit, celui-là d’être (trop) grand. Et quand nous nous sentons coupable de faiblesse, celle-ci entérine cette culpabilité.
Virginie Megglé – Le bonheur d’être responsable, ed. Odile Jacob
À nouveau un grand merci à Virginie d’avoir été parmi nous lors du groupe de parole du 12 avril dernier.