SAVOIR FREINER

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Une personnalité toxique est un vampire. Elle prend l’énergie, le caractère, l’optimisme, la joie de vivre, la volonté de la personne. Elle accapare chacun de ses instants, de ses moments, chaque seconde sa vie. Elle ne lâche jamais. La victime, sous emprise, n’a plus, au sens propre du terme, une seconde à elle. Elle vit presque « sous télécommande », se demandant en permanence quoi faire, quoi dire, quoi penser pour satisfaire celui, ou celle, dont elle est devenue – involontairement – dépendante, et par qui elle est lentement mais sûrement détruite.
La victime culpabilise de s’accorder du temps.

Exemples :

 – prendre un bain, pour se détendre, n’est plus possible. Le moment où l’on s’assoupit légèrement n’est plus. Puis vient le temps du bain, transformé en douche. Puis, la course vers la douche, pour ne pas manquer d’être disponible, au cas où…

– appeler un/une amie semble toujours hors contexte et interdit : c’est le moment que choisit la personnalité toxique, comme si elle l’avait senti, pour se mettre à parler et vouloir tenir un grand discours. Directement ou indirectement, elle fait un reproche : « J’avais quelque chose à te dire, mais ton appel devait être important… Comme d’habitude, tu dis que nous ne parlons pas, mais quand je suis disponible, tu fais autre chose… »

– toute activité personnelle de détente (sport, art, loisirs divers…) devient interdit… sans que ce soit clairement exprimé. Ce moment où le cerveau se repose, se détend, trouve une source d’énergie, un échappatoire, n’est plus possible. À nouveau le reproche est insidieux « J’espère que tu en as bien profité… je me suis occupé(e) de tout pendant ce temps là; tu n’as plus rien à faire, je suis crevé(e), mais si TOI tu vas bien, c’est sans doute le principal… »

– les weekend, les vacances, n’arrivent jamais au bon moment : « Je ne vois absolument pas comment faire pour me reposer, alors que tu sais parfaitement ce qui m’attend au retour au bureau… mais bon, tu as décidé (attention : il/elle a décidé mais retourne cet élément contre vous), et je n’ai pas du tout l’intention de te laisser dire que je te/vous laisse tomber… »

Et ce ne sont que quelques exemples…

La personnalité toxique arrive à convaincre sa victime qu’elle est responsable, et ne peut donc s’accorder le moindre instant, pour elle. Or, il est reconnu, médicalement, que le corps comme le cerveau ont besoin de ces instants pour souffler, à défaut de s’asphyxier. Il faut donc le plus possible tenir bon. Arriver à sauver, chaque jour, un court instant pour soi. C’est un réflexe vital à acquérir.

Comment ? Progressivement. Discrètement. Arriver à faire s’échapper sa pensée, par exemple, ne serait-ce que 5 minutes. Même si c’est en passant l’aspirateur, en écoutant une chanson, en s’enfermant dans une pièce (et pourquoi pas… les toilettes…) avec un journal, et lire un article, une page de journal, ou d’un livre. En construisant, mentalement, un jardin secret. Non pas un monde illusoire, féérique, car il ne fait pas disparaître la réalité, il la rend encore plus terne et sombre. Mais en faisant remonter , en soi, ce dont on pouvait rêver plus jeune. Ce que l’on aimait.
On aimait le goût de la glace à la fraise ? Il faut l’imaginer. On aimait rire et raconter des histoires ? Il faut s’en raconter une, et retrouver un sourire. On aimait ne rien faire ? Un instant, on ne fait rien. On souffle. On se pose. On se vide la tête.

Imaginez que vous êtes une voiture. Vous êtes sur une petite route départementale. La personnalité toxique conduit. Elle conduit à 200 km/h. Vous allez finir dans le fossé, contre un arbre, ou encore en vol plané, des mètres plus loin. Vous êtes toujours cette voiture, mais une voiture douée d’intelligence. Vous savez que vous risquez l’accident. Vous rétrogradez, de vous-même. Vous imposez, le temps que le conducteur comprenne, un autre rythme. Vous n’êtes plus en surchauffe.
Bien sûr il y aura un nouveau coup d’accélérateur. Vous le savez.
Mais vous avez évité l’explosion.