AU SECOURS DOCTEUR !

« Peut-on soigner un pervers narcissique ? » La question revient souvent…
Il serait tellement plus agréable de pouvoir répondre : « Oui. Une pilule matin et soir, et le tour est joué. » Mais ça ne fonctionne pas ainsi. Pour soigner un malade, pour aider une personne qui souffre d’une pathologie – quelle que soit la pathologie – il faut que cette personne l’accepte.
Le problème, c’est que le pervers narcissique refusant de considérer qu’il est malade, les thérapies n’ont pas de prise sur lui.

S’il accepte de s’y soumettre, pour pouvoir dire qu’il a fait « tous les efforts possibles », pour pouvoir argumenter auprès de son entourage « qu’une fois de plus il se soumet à des caprices, en espérant que la situation s’améliore ensuite », il va vite considérer le thérapeute comme nul et incompétent et la thérapie comme totalement inutile.

Il arrive également – et c’est encore plus pernicieux – qu’il retourne le thérapeute contre celui ou celle déjà victime. La « proie », qui pendant un temps a pu se sentir rassurée, soulagée, se disant qu’elle allait, enfin ! , être entendue, se retrouve non seulement à devoir supporter de nouvelles réprimandes et autres brimades, mais à devoir assumer le regard méfiant du thérapeute, certes prêt à l’aider, mais complètement abusé par une personnalité toxique.
Et le PN gagne deux fois : il ne sera pas suivi ; il passe à nouveau pour victime, lorsqu’il est le bourreau.

Le refus de se considérer comme malade pousse encore plus loin le PN.
Non seulement il ne suivra aucun conseil de thérapeute, non seulement il pourra retourner la situation contre sa victime, mais plus encore, il s’instruira du jugement du psychiatre/psychologue… rencontré, apprendra de lui les mots et les termes utiles pour mieux les resservir en plats chauds, et trois, à sa victime, lorsqu’il aura choisi de lui faire un peu plus mal. De lui dire à nouveau que c’est elle, la folle. De faire en sorte qu’elle se croit malade.

2 réflexions sur “AU SECOURS DOCTEUR !

  1. Merci à vous, pour votre fidélité et pour vos commentaires.
    Il est très difficile de parler de ce sujet. Les victimes qui sont aidées peuvent prendre peur, se demandant si elles sont bien accompagnées. Les psys apprécient peu ce qu’ils prennent pour une remise en cause, alors que ça ne l’est pas.
    Je crois surtout que parler, échanger, avec des personnes qui peuvent apporter un témoignage, est complémentaire d’un travail avec un psy. L’un et l’autre ne sont pas incompatibles, et parfois peuvent même aller parfaitement de pair.
    Le psy peut aider déjà à comprendre pourquoi la victime est devenue victime. Il peut l’aider à ne pas retomber dans le piège d’un manipulateur, ce qui malheureusement arrive fréquemment.
    L’expérience de celui qui a connu un PN peut apporter du soutien, du réconfort, de l’espoir. Il faut savoir regarder le passé, et l’avenir. Et toutes les thérapies ne sont pas tournées directement vers le futur.
    La TCC, thérapie assez controversée, permet cependant cette projection.
    Je ne la pratique pas, mais je sais l’aide qu’elle peut apporter.
    J’ai aussi tendance à me répéter cette phrase : le futur fait le présent. Alors, je regarde devant, et j’essaie d’aider ceux qui en ont besoin à en faire autant.

  2. Bravo ! Cet article est d’une redoutable pertinence.
    Pour en avoir validé chacun de ses termes lors de cuisantes expériences, il apparaît que les fondamentaux de cette forme particulière de narcissisme trouvent dans leur racine première la limite qui fige la pathologie, tout en exaltant les stratégies d’évitements : l’infantilisme profond, et l’attachement viscéral – car je ne veux pas dire « vital » – à ce mode de fonctionnement.

    Scotchés à ce point à leur posture immature, les PN luttent (au-delà de leur capacité à sublimer un état de conscience défini) de toutes leurs forces afin de conserver le stade anal jamais dépassé. Peut-on parler de piège originel ?

    La mise en perspective des éléments servis par les différents thérapeutes se présentera ainsi comme une palette d’aiguillons ; dont nos dos se rappellent les blessures lorsqu’ils sont retournés et reçus comme des glaives ou des missiles plus perfides les uns que les autres.

    Ces retournements sont le corollaire de leur discours victimaire, harceleur et diffamant : à les écouter, s’il on prend soin d’inverser les personnages, alors on distingue leur nature mise à nu.
    Cette liberté d’analyse est possible suite à une prise de recul salutaire, motivée par un certain niveau d’autonomisation … ce qui arrive après avoir commencer à supporter l’insupportable au bout d’un temps précieux mais révolu.

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