« MON » TRÈS CHER PN (2e courrier)

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« Mon » très cher PN

Tu as tant de culot que les bras m’en tombent – ou plus exactement, m’en tomberaient, si je ne te connaissais pas si bien.

Jusqu’à il y a encore peu de temps, tu arrivais à me surprendre. Je me serais volontiers passée de tes surprises, des plus médiocres aux plus cruelles, mais tu y arrivais encore. Logique, je gardais espoir que tu ne sois pas totalement taré.

Excuse-moi ! C’est sorti tout seul. Je t’assure que je ne voulais pas écrire « taré ». Mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Hop, j’y avais à peine pensé, le mot était déjà sur la ligne. D’un autre côté, je ne vois pas quel adjectif te qualifie mieux que « taré ». Tordu ? Malade ? Fou ? Dangereux ? Criminel ? Taré me plaît bien. Je le garde pour cette fois.

Donc, pour en revenir à ce que je disais, je gardais espoir. Tu allais à revenir la raison. Tu allais arrêter tes tentatives de séduction, puis de destruction. Tu allais te comporter en homme – en père – et non en Ceausescu mêlé de Raspoutine ou de Pinochet – je te laisse le choix.

Et combien mes espoirs ont été déçus ! Pas une fois où tes promesses, tes douces promesses, ont été accomplies. En revanche, toutes celles émises pour me faire du mal, me faire du tort, me faire hurler, toutes, tu les as satisfaites.

Je revois ce petit sourire en coin, la bouche un peu tordue, les commissures des lèvres pincées, je revois cette grimace sarcastique lorsque tu me regardais me débattre, tentant de me justifier, ou simplement de parler, sans trouver le mot juste, sans savoir quoi dire qui te calme. Sans comprendre de quoi j’étais coupable. Devant simplement assumer de l’entendre, au risque sinon de supporter de nouveaux reproches.

Cette fois encore tu m’as fait une promesse. Pas directement, pas formulée. C’est au travers de tes actes qu’elle a pris corps, au travers de tes argumentations, au travers de tout ce que tu as mis en place contre moi, pour tenter de me mettre à terre, de m’abattre, une fois encore. Tu as vraiment tout essayé. Tu as cherché à me salir. Auprès de ta famille, rendue à ta cause ; auprès de la mienne. Auprès de nos amis communs, le peu qu’il en reste. Auprès des médecins. Devant la loi.

J’ai tenu bon, « mon » cher PN. Un sursaut de lucidité, une envie farouche de vivre, une soudaine conscience, que sais-je ? ont fait que toutes tes tentatives pour me faire taire ont été infructueuses. Chaque fois, j’ai redressé la tête, m’épuisant un peu plus, mais luttant toujours. Le cou brisé, le dos tordu sous les coups – moraux – que je reçois, je continue à marcher droit, je continue à avoir la foi en demain, ce fameux jour qui te verra te taire.

Tu as tout tenté. Tu as beaucoup obtenu.

Là, te voilà face à un miroir, face à un mur. Tu as tellement voulu m’anéantir que tu t’es laissé dépasser par la machine. Dr Frankenstein, votre créature – vous-même – êtes devenu bien plus puissant que vous ne le pensiez. Bien trop puissant ; et tu ne peux plus revenir en arrière.

Il va te falloir assumer.

Il va te falloir parler, expliquer, raconter pourquoi. Justifier, si tu le peux encore.

Tu sais que tu ne pourras pas tricher. Tu sais que tu risques gros, tu risques d’être découvert. Tu sais que les autres pourraient connaître ton vrai visage, le monstrueux, celui qui se déforme sans que tu le contrôles lorsque ta folie te domine.

Tu sais tout cela.

C’est à ton tour d’avoir peur.

La honte qui te tomberait dessus serait telle que tu ne pourrais t’en relever.

Alors – honteux chant d’un cygne bien maléfique – tu cherches encore à apaiser. À séduire.

C’est trop tard, « mon » très cher PN.

Sois un homme. Pour une fois. Cherche au moins le goût des regrets. C’est tout ce qu’il va te rester.