EXTRAIT 2

Reflets - Twin lights

 

Je ne suis pas d’accord. Je ne le dis pas ; je ne suis pas d’accord avec lui. Je ne sais pas ce qui me retient de lui dire. Est-ce que je peux lui dire ? Avons-nous le droit de dire « non » quand nous ne voulons pas ? Ais-je le droit ? J’ai demandé conseil. On m’a ri au nez. Peur de dire non ? C’est ridicule. Il n’y a pas de danger à dire non ; il n’y a pas d’agressivité. C’est exprimer une opinion. C’est asseoir un point de vue.

 

Je devrais pouvoir lui dire non. Non, pas maintenant. Non, ça ne me plaît pas. Non, je ne veux pas, ça ne m’intéresse pas.

Si je lui dis non, il va être déçu. Il va être en colère. Il va se renfermer. Il ne va pas comprendre. Il va demander que je lui explique. Je vais commencer une phrase ; mais il va me couper la parole. Il a toujours des arguments. De bons arguments, et je n’ai rien à rétorquer. Il fait des phrases courtes, froides, lapidaires. Quand il est ainsi, je deviens statue de sel.

 

Si je dis non, s’il me demande pourquoi, je ne sais plus quoi répondre. Je n’ai pas de raison. Je n’ai aucune raison à lui donner. S’il me regarde, s’il attend, mon « non » reste suspendu dans le vide, entre lui et moi ; s’il me demande pourquoi, les yeux braqués sur moi, plus aucun son ne sort de ma bouche.

 

 

–       Alors, qu’en dis-tu ?

–       J’en dis comme toi. Ça me va…