ATTENTION AUX APPARENCES

« Pourtant c’est un bon père… »
« Quand même, elle aime ses enfants, elle ne peut pas être monstrueuse… »

Lui, elle, le ou la MPN(manipulateur pervers narcissique), est au sens le plus commun du terme un monstre. Apparence humaine, corporelle, mais déshumanisé(e). Il, elle, est incapable d’affect. Pas avec une victime en particulier, mais de façon générale. Le sentiment amoureux, l’affection, l’attachement lui sont inconnus, comme le deuil et la tristesse. Son entourage personnel – ou professionnel – n’est qu’objet, destiné à se soumettre et à assouvir ses besoins, à le « nourrir », ou à être détruit lorsqu’il n’apporte plus satisfaction.

En tant que parent « sain », on peut se laisser tromper, être aveuglé. « Regarde ce qu’il fait pour tes enfants… » Certes, le (la) MPN peut en faire, et en faire beaucoup. Beaucoup trop, à bien y regarder. Tous ne sont pas dans l’abandon, loin de là.  Leur omniprésence empêche tout agissement, toute pensée, toute attitude en dehors de leur contrôle. Le parent « sain » attend l’accord, ou le veto, pour agir, ou pour ne rien faire. Habitués, dressés à ne jamais s’engager, à n’avoir aucune initiative, sans l’approbation de ce superviseur malhonnête et ambigu, le parent restera à attendre un verdict qui ne tardera pas à tomber. Et en tout état de cause, le verdict sera toujours cruel. Ce qui a été fait aura été mal fait, ce qui a été dit aura été mal dit, tout cela montre bien l’incapacité déjà mise en avant par le (la) MPN, et le danger couru par les enfants. Car, bien sûr, un des objectifs finaux du parfait petit manipulateur (ou manipulatrice) est d’éloigner définitivement les enfants de l’autre parent.
Certains MPN vont se servir de leur argent, d’autres de la sympathie « naturelle » qu’ils dégagent, d’autres de leur charisme… pour se montrer aux yeux de tous comme des modèles, pour forcer l’admiration, pour ne pas être sujet à la critique. Et pour pouvoir d’autant mieux se plaindre, mais surtout alerter sur les « risques » que leurs enfants subiraient à rester en présence de l’autre parent.

Ce qu’il faut voir, ce n’est pas seulement les actes. C’est aussi le pourquoi des actes, et le comment. C’est ce qu’ils sous-entendent.

Bien sûr, dans les cas de séparation de couples, il est malheureusement classique que l’enfant, les enfants, soi(en)t l’objet de chantages odieux. Chaque parent craignant de perdre l’amour de ses enfants tente, souvent inconsciemment, de conserver des liens, et le fait très maladroitement. Les enfants sont couverts de cadeaux, les limites ne sont plus données, la permissivité bat son plein… Mais le temps passant, l’équilibre revient. Et de nombreux enfants y trouvent même leur compte. Deux Noël, deux anniversaires, N’est-ce pas tout à fait légitime, pour un enfant  divisé entre son père et sa mère, que de tenter de tirer un peu bénéfice de la situation ?

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Lorsque l’un des deux parents est MPN, il en va tout autrement.

Exemple : la famille, l’entourage, les collègues, qui ne voient que l’apparence, vont juger un acte, des actes. « Elle passe sa vie à la critiquer. Pourtant, elle ne fait rien, et il est le seul à s’occuper vraiment des enfants. C’est grâce à lui qu’ils ont tout ce qu’ils ont, qu’ils partent en voyage, qu’ils font des études… »
Ça, c’est la partie immergée de l’iceberg. Mais en analysant plus profondément la situation, il faut voir non seulement ce qui est matériellement calculable (montant d’un cadeau par exemple), mais dans quel contexte il a été offert, à quelles conditions… Il faut chercher à entendre le message implicite de ce parent si généreux, message que l’on peut traduire ainsi : « Si tu veux que je t’aime, tu ne dois pas aimer l’autre. »

Un, une, MPN, ne fait rien gratuitement. Il (elle) ne donne pas. Il (elle) séduit, hypnotise et endort. Son charisme, son charme, le font passer pour un(e) saint(e). Et pendant qu’il (elle) flatte sa propre vitrine, il (elle) assène des coups, toujours plus bas, à sa victime. Dénégation de responsabilités, critiques à répétition, contrôle de tous les actes, accusations mensongères… Le (la) MPN n’ayant peur de rien, et se considérant au-dessus des lois qu’il transgresse avec plaisir, tout est bon pour nourrir son plan machiavélique.

Le parent « victime », quant à lui, à terre psychologiquement, matériellement, parfois physiquement, n’a plus les moyens de se défendre.

Enfin, le, la, MPN sait mieux que quiconque une triste vérité : se plaindre n’attire pas la compassion. Une personne triste, épuisée, fait fuir. Au contraire une personne enjouée, forte, sereine, qui parle calmement de ce qu’elle vit, même des périodes les plus difficiles, attire la sympathie. Aussi, tout en détruisant, il (elle) gardera officiellement le sourire, il (elle) tiendra toujours le même discours – inquiet pour l’enfant, mais serein dans la volonté de protéger – laissant sa victime s’enfoncer un peu plus dans la tristesse et la solitude.

Quand enfin la victime tentera de se relever, de faire constater et juger les comportements destructeurs du MPN, elle entendra : « Pourquoi ne pas t’être défendu(e) plut tôt, pourquoi n’avoir rien dit ? », ou : « Si c’est vraiment si terrible, il fallait réagir avant! », ou encore, pire encore  « Voyons, calmez-vous. C’est encore un conflit parental, et pour vos enfants, il serait temps de passer à autre chose… »

©Anne-Laure Buffet